Quiz ton bac de français Gargantua Rabelais, "Rire et savoir", "la bonne éducation"

  • Quiz oral EAF prologue Gargantua Rabelais, exercice classe de 1ère

    Objet d'étude : "La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle"  Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat   Commentaire du prologue de Gargantua Rabelais. Parcours : "Rire et savoir"  Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux, car c’est à vous, non aux autres, que je dédie mes écrits, Alcibiade, dans un dialogue de intitulé le Banquet, faisant l’éloge de son précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses qu’il est semblable aux silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boites, comme celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire (comme le fut Silène, maitre du Bacchus). Mais à l’intérieur on conservait les drogues fines, comme le baume, l’ambre gris, l’amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix. Alcibiade disait que Socrate leur était semblable, parce qu’à le voir du dehors et à l’évaluer par l’aspect extérieur, vous n’en auriez pas donné une pelure l’oignon, tant il était laid de corps et d’un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d’un taureau, le visage d’un fou, le comportement simple, les vêtements d’un paysan, de condition modeste, malheureux avec les femmes, inapte à toute fonction dans l’état ; et toujours riant, trinquant avec chacun, toujours se moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu’humaine, une force d’âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d’âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l’égard de tout ce pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent. A quoi tend, à votre avis, ce prélude et coup d’essai ? C’est que vous, mes bons disciples, et quelques autres fous oisifs, en lisant les joyeux titres de quelques livres de votre invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte. La dignité des braguettes, des pois au lard avec commentaire, etc., vous pensez trop facilement qu’on n’y traite que de moqueries, folâtreries et joyeux mensonges, puisque l’enseigne extérieure est sans chercher plus loin, habituellement reçue comme moquerie et plaisanterie. Mais il ne faut pas considérer si légèrement les œuvres des hommes. Car vous-mêmes vous dites que l’habit ne fait pas le moine, et tel est vêtu d’un froc qui au-dedans n’est rien moins que moine, et tel est vêtu d’une cape espagnole qui, dans son courage, n’a rien à voir avec l’Espagne. C’est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est traité. Alors vous reconnaitrez que la drogue qui y est contenue est d’une tout autre valeur que ne le promettait la boite : c'est-à-dire que les matières ici traitées ne sont pas si folâtre que le titre le prétendait. Et en admettant que le sens littéral vous procure des matières assez joyeuses et correspondant bien au titre, il ne faut pourtant pas s’y arrêter, comme au chant des sirènes, mais interpréter à plus haut ses ce que hasard vous croyiez dit de gaieté de cœur.Avez-vous jamais crocheté une bouteille ? Canaille ! Souvenez-vous de la contenance que vous aviez. Mais n’avez-vous jamais vu un chien rencontrant quelque os à moelle ? C’est, comme dit Platon au livre II de la République, la bête la plus philosophe du monde. Si vous l’avez vu, vous avez pu noter avec quelle dévotion il guette son os, avec quel soin il le garde, avec quelle ferveur il le tient, avec quelle prudence il entame, avec quelle passion il le brise, avec quel zèle il le suce. Qui le pousse à faire cela ? Quel est l’espoir de sa recherche ? Quel bien en attend-il ? Rien de plus qu’un peu de moelle. Il est vrai que ce peu est plus délicieux que le beaucoup d’autres produits, parce que la moelle et un aliment élaboré selon ce que la nature a de plus parfait, comme le dit Galien au livre 3 Des Facultés naturelles et IIe de L’Usage des parties du corps.A son exemple, il vous faut être sages pour humer, sentir et estimer ces beaux livres de haute graisse, légers à la poursuite et hardis à l’attaque. Puis, par une lecture attentive et une méditation assidue, rompre l’os et sucer la substantifique moelle, c’est-à-dire _ ce que je signifie par ces symboles pythagoriciens _ avec l’espoir assuré de devenir avisés et vaillants à cette lecture. Car vous y trouverez une bien autre saveur et une doctrine plus profonde, qui vous révèlera de très hauts sacrements et mystères horrifiques, tant sur notre religion que sur l’état de la cité et la gestion des affaires.

  • Quiz oral EAF chapitre XXI Gargantua Rabelais, exercice classe de 1ère

    Objet d'étude : "La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle"  Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat  Gargantua, Rabelais, ch XXI Gargantua se réveillait donc vers  heures du matin. Pendant qu’on l’astiquait, on lui lisait une page de la divine Ecriture, à haute et intelligible voix et avec une diction claire ; mission confiée à un jeune page natif de Basché, nommé Anagnostes. En fonction du thème et du sujet de ce passage, il se consacrait à vénérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, dont la lecture montrait la majesté et le jugement merveilleux. Puis il se retirait aux lieux d’aisances pour se purger de ses excréments naturels. Là son précepteur répétait ce qui avait été lu en lui en expliquant les points les plus obscurs et difficiles. En revenant, ils considéraient l’état du ciel : s’il se présentait comme ils l’avaient noté le soir précédent, dans quelle partie du zodiaque entraient le soleil et la lune pour la journée. Cela fait, il était habillé, peigné, coiffé, adorné et parfumé ; pendant ce temps, on lui répétait les leçons de la veille. Lui-même les récitait par cœur et en tirait quelques conclusions pratiques sur la condition humaine ; ils y passaient parfois jusqu’à deux ou trois heures, mais d’habitude ils s’arrêtaient lorsqu’il avait fini de s’habiller. Puis pendant trois bonnes heures on lui faisait la lecture. Cela fait, ils sortaient, en conversant toujours du sujet de la leçon, et allaient se récréer au Jeu de Paume du Grand Braque ou dans une prairie ; ils jouaient à la balle ou à la paume, s’exerçant le corps aussi lestement qu’ils l’avaient fait auparavant de leur esprit. Ils jouaient librement, abandonnant la partie quand ils voulaient et s’arrêtant ordinairement quand ils étaient bien en sueur ou fatigués. Alors, bien essuyés et frottés, ils changeaient de chemise et, se promenant tranquillement, ils allaient voir si le déjeuner était prêt. En attendant, ils récitaient clairement, en y mettant le ton, quelques sentences retenues de la leçon. Cependant, Monsieur l’Appétit venait, et ils s’asseyaient à table au moment opportun. Au début du repas, on lisait quelque histoire plaisante tirée des anciennes légendes, jusqu’à ce qu’il eut bu son vin. Alors, selon l’envie, on continuait la leçon ou bien ils commençaient à converser joyeusement ensemble : les premiers temps, ils parlaient des vertus, des propriétés efficaces et de la nature de tout ce qu’on leur servait à table : le pain, le vin, l’eau, le sel, les viandes, les poissons, les fruits, les herbes, les légumes, et la façon dont ils étaient apprêtés. De cette façon, il apprit en peu de temps tous les passages se rapportant à ces suets chez Pline, Athénée, Dioscoride, Galien, Porphyre, Opien, Polybe, Héliodore, Aristote, Elien et d’autres. En parlant, ils faisaient souvent, pour plus de sureté, apporter à table les livres en question. Et il retint si bien en mémoire ce qu’on y disait qu’il n’y avait pas alors de médecin qui en sut moitié autant que lui.Par la suite, ils parlaient des leçons lues le matin ; après avoir achevé le repas d’une confiture de coings, il se curait les dents avec un tronc de giroflier et se lavait les mains et le visage de belle eau fraiche, puis ils rendaient grâce à Dieu par quelque beau cantique à la gloire de la grandeur et de la bonté divines. Cela fit, on apportait des cartes, non pour jouer mais pour y apprendre mille petits tours et inventions nouvelles relevant de l’arithmétique. Ainsi il se prit de passion pour la science des nombres, et tous les jours, après diner et souper, ils y passaient leur temps aussi agréablement qu’il le faisait avant avec les dés ou les cartes. A force, il devint si savant en cette discipline, aussi bien théorique que pratique, que l’Anglais Tunstall, qui en avait abondamment disserté, confessa qu’en vérité, par rapport à lui, il n’y entendait que les rudiments.

  • Quiz oral EAF ch. XXIII Gargantua Rabelais, exercice classe de 1ère

    Objet d'étude : "La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle"  Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat  Gargantua, Rabelais, ch XXIII Comment Gargantua fut institué par Ponocrates en telle discipline qu'il ne perdait heure du jour. Quand Ponocrates1 connut la vicieuse manière de vivre de Gargantua, délibéra autrement l'instituer en lettres, mais pour les premiers jours le toléra, considérant que Nature ne endure mutations soudaines sans grande violence. Pour donc mieux son œuvre commencer, supplia un savant médecin de son temps, nommé Maître Theodore, à ce qu'il considérât si possible était remettre Gargantua en meilleure voie, lequel le purgea canoniquement2 avec ellébore d’Anticyre et par ce médicament lui nettoya toute l'altération et perverse habitude du cerveau. Par ce moyen aussi Ponocrates lui fît oublier tout ce qu'il avait appris sous ses antiques précepteurs, comme faisait Timothé à ses disciples qui avaient été instruits sous autres musiciens. Pour mieux ce faire, l'introduisait dans la compagnie des gens savants que là étaient, à l'émulation desquels lui crurent l'esprit et le désir d’étudier autrement et se faire valoir. Après en tel train d'étude le mît qu'il ne perdait heure quelconques du jour, mais tout son temps consommait en lettres et honnête savoir. S'éveillait donc Gargantua environ quatre heures du matin. Cependant qu'on le frottait, lui était lue quelque pagine3 de la divine Écriture hautement et clairement, avec prononciation compétente à la matière, et à ce était commis un jeune page, natif de Bâché, nommé Anagnostes4. Selon le propos et argument de cette leçon5 souventes fois se adonnait à révérer, adorer, prier et supplier le bon Dieu, duquel la lecture montrait la majesté et jugement merveilleux. Puis allait aux lieux secrets faite excrétion des digestions naturelles. Là son précepteur répétait ce que avait été lu, lui exposant les points plus obscurs et difficiles. Eux retournant, considéraient l'état du ciel : si tel était comme l'avaient noté au soir précédent, et quels signes entrait le soleil, aussi la lune, pour cette journée. Cela fait, était habillé, peigné, testonné6, accoutré et parfumé, durant lequel temps on lui répétait les leçons du jour d'avant. Lui-même les disait par cœur, et y fondait quelque cas pratiques et concernant l'état humain, lesquels ils étendaient parfois jusque deux ou trois heures, mais ordinairement cessaient lors qu'il était du tout habillé. Puis par trois bonnes heures lui était faite lecture. Ce fait, issaient hors7, toujours conférant des propos de la lecture, et se déportaient en Bracque8 ou au pré, et jouaient à la balle, à la paume, à la pile trigone, galantement s’exerçant les corps comme ils avaient les âmes auparavant exercé. Tout leur jeu n'était qu'en liberté, car ils laissaient la partie quand leur plaisait et cessaient ordinairement lors que suaient parmi le corps, ou étaient autrement las. Alors étaient très bien essuyés et frottés, changeaient de chemise et, doucement se promenant, allaient voir si le dîner était prêt. Là attendent, récitaient clairement et éloquemment quelques sentences retenues de la leçon. Ce pendent Monsieur l'Appétit venait, et par bonne opportunité s'asseyaient à table. Au commencement du repas était lue quelque histoire plaisante des anciennes prouesses, jusqu'à ce qu'il eût pris son vin. Lors (si bon semblait) on continuait la lecture, ou commençaient à deviser joyeusement ensemble, parlant, pour les premiers mois, de la vertu, propriété efficace9 et nature de tout ce que leur était servi à table : du pain, du vin, de l'eau, du sel, des viandes, poissons, fruits, herbes, racines, et de l'apprêt de celles-ci. Ce que faisant, apprit en peu de temps tous les passages relatifs à ce sujet dans Pline10, Athénée, Dioscorides, Jullius Pollux, Galien, Porphyre, Oppien, Polybe, Héliodore, Aristote, Elien11 et autres. Ces propos tenus, faisaient souvent, pour plus être assurés, apporter les livres susdits à table. Et si bien et entièrement retint en sa mémoire les choses dites, que pour lors n'était médecin qui en sut à la moitié tant comme il faisait. Après, devisaient des leçons lues au matin, et, parachevant leur repas par quelque confection de cotoniat12, se curaient les dents avec un tronc de lentisque13, se lavaient les mains et les yeux de belle eau fraîche, et rendaient grâces à Dieu par quelques beaux cantiques faits à la louange de la magnificence et bonté divine. Ce fait, on apportait des cartes, non pour jouer, mais pour y apprendre mille petites gentillesses et inventions nouvelles, lesquelles toutes usaient d'arithmétique. 1. En grec, « endurant », « travailleur ». 2. Dans les règles.  3. Page.  4. En grec, « lecteur ».  5. Lecture.  6. Coiffé. 7. Sortaient dehors. 8. Allaient au jeu de paume du Grand Bracque à Paris. 9. Effet. 10. Écrivain et naturaliste romain. 11. Grammairiens, médecins, philosophes et poètes grecs. 12. Confiture de coing. 13. Petit arbuste.