Une autobiographie vous parait elle devoir être complétée autant que possible par la lecture d’une biographie?

intérêts de la biographie et de l’autobiographie, l’une peut elle aller sans l’autre? Faut il éclairer une autobiographie par une biographie? Il faut se demander si elle est vraiment utile et si oui,

Rousseau

 
 

I - les limites de l’autobiographie II –Corrections et dépassement des limites de l’autobiographie par le biographe III– L’indispensable recours à la biographie

 

Sujet :

La lecture d’une autobiographie vous parait elle devoir être complétée autant que possible par la lecture d’une biographie? Vous justifierez votre réponse et appuierez votre réflexion sur vos connaissances et lectures personnelles.

Consignes :

Il faut dans un premier temps bien lire et relire le sujet de façon à bien le comprendre, il invite à une confrontation entre les intérêts de la biographie et de l’autobiographie, l’une peut elle aller sans l’autre? Faut il éclairer une autobiographie par une biographie? Il faut se demander si elle est vraiment utile et si oui, en quoi? Quels manques comble t’elle? L’autobiographie a-t-elle des limites? Comment y remédier?

 

 

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I - les limites de l’autobiographie

Transition

II - Correction et dépassement des limites et des erreurs de l'autobiographie par le biographe

Transition

III - L'indispensable recours à la biographie dans l'autobiographie

Conclusion avec ouverture

 

 

Plan proposé

Introduction :

L’autobiographie est le récit de sa vie par un auteur, c’est pour reprendre les mots de Philippe Lejeune, «le récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité »? En ce sens, l’autobiographie n’a rien à voir avec le journal, les mémoires et le roman autobiographique. En effet, l’autobiographie suppose une identité entre l’auteur, le narrateur et le protagoniste du récit; elle suppose en outre un pacte de sincérité et de vérité. Se suffit-elle à elle-même ou nécessite-t-elle de l’aide de la biographie pour l’éclairer de tous les feux nécessaires à la compréhension? Nous savons qu’au XXème siècle, on estimait indispensables les informations sur l’écrivain. Mais comment comprendre qu’une biographie puisse présenter un intérêt relativement à une autobiographie déjà rédigée par un auteur? Ce rajout est-il indispensable, ou la lecture de l’ouvrage autobiographique suffit-il à nous faire découvrir l’écrivain? Quelles sont les véritables motivations du biographe? En quoi et comment la lecture d’une autobiographie doit-elle être complétée autant que possible par la lecture d’une biographie?

 

I - les limites de l’autobiographie

Nous retrouvons l’état d’esprit socratique dans l’exigence autobiographique, le «?connais toi toi-même?» y répond. Cependant il nous faut reconnaitre les limites de l’autobiographie, en effet, si nous nous référons aux essais de Montaigne, nous voyons un penseur soucieux de transmettre à travers ses expériences personnelles ses réflexions sur les grands problèmes religieux, philosophiques, politiques qui préoccupent les hommes et parce que «?tout homme porte la forme entière de l’humaine condition?», l’homme se reconnait et se retrouve dans les pensées d’un seul homme, mais néanmoins on peut deviner les limites à cette exigence de lucidité, à cette affirmation de sincérité.

On peut également citer Rousseau dans les Confessions, il cherche à former une entreprise «?qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur?», il s’engage dans une quête de lui-même avec ce sentiment dominant d’être incompris, il cherche en conséquence à se justifier, à se déculpabiliser, à rendre raison de ses actes, mais quand il proteste de son entière sincérité, «?je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon?», on peut craindre que les enjeux, justifier sa conduite et confondre les accusateurs, n’aient pu infléchir ses intentions.

Nous voyons donc que le projet autobiographique se heurte à des difficultés, à des limites, à des impossibilités concernant le désir de se justifier, voire même de s’autocélébrer, nous le voyons avec Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe, mémoires dans lesquelles il fait son autoportrait plutôt flatteur, tentant de «?présenter au monde que ce qui est beau?». Il cible la postérité et tente de perpétuer le souvenir d’un homme exceptionnel qu’il fût, artiste et politique. Ainsi, les mobiles qui poussent les hommes à écrire leur autobiographie sont multiples mais dans tous les cas l’artiste écrivain est confronté au risque de déformer la réalité passé, celle des faits, il y a souvent une projection de désirs inconscients dans la manière de rapporter les souvenirs qui peuvent en outre être altérés par une mémoire plus ou moins fidèle. Le manque d’objectivité et l’éloignement dans le temps font que la réalité transcrite n’est pas toujours le reflet des faits passés.

 

Nous devons par conséquent reconnaitre les difficultés et les limites de l’autobiographie dans son projet de se justifier, de s’autocélébrer, d’où l’indispensable recours à la biographie au sens d’une objectivité de méthode scientifique. Elle parait nécessaire à une éventuelle correction et dépassement des limites et erreurs de l’autobiographie.

 

II – Corrections et dépassement des limites et des erreurs de l’autobiographie par le biographe

Le manque d’objectivité et de point de vue rationnel dans les écrits autobiographiques sont comblés par le regard objectif et extérieur du biographe qui intervient pour rectifier les erreurs parfois volontaires de l’autobiographe. Le biographe intervient en menant une enquête la plus rigoureuse possible et validée par des documents sérieux et témoignages de contemporains, voire d’archives. Ce travail vaut l’objectivité d’une méthode scientifique.

On peut citer Jean Paul Sartre, son ouvrage autobiographique, les Mots, nous confie qu’il se félicite de la disparition précoce de son père à la guerre prétendant ne rien savoir de lui. Or dans sa biographie de Sartre, Annie Cohen Solal, rétablit la vérité. Nous apprenons que contrairement à ce que nous dit Sartre, son père était un homme brillant, un grand esprit à la personnalité très affirmée, physiquement assez ressemblant à son fils. Dans le cadre de cet exemple bien précis, nous  comprenons que l’intervention du biographe permet de rectifier les erreurs de l’autobiographe.

Le temps altère nos sens et nos souvenirs, il y a des années qui séparent les souvenirs à raconter et le moment de l’écriture, entre ce passé et ce présent, la distance affective et temporelle sont telles que l’intervention du biographe permet de centrer les perspectives de l’autobiographe. Il en complète la vie de manière plus précise et plus objective en discernant les influences. Si on reprend l’exemple des essais de Montaigne, nous constatons qu’il ne s’agit pas d’un journal intime tenu régulièrement, au contraire le penseur y livre ses pensées au fil de la plume, il suscite des questions d’ordre très général en omettant ce qui lui semble secondaire. C’est à ce niveau que le biographe intervient, il s’attache au Montaigne «?politique?», pas seulement témoin mais acteur dans son siècle, au cœur du conflit des guerres de religion?; nous savons du point de vue historique que Montaigne était le protégé du roi Henri III et qu’il a rempli plusieurs missions dont il ne fait pas cas dans les Essais. Nous voyons par conséquent que l’intervention du biographe permet d’élargir les perspectives de l’autobiographe.

 

Il nous faut reconnaitre les vertus de la biographie de par l’objectivité de sa méthode scientifique, la correction des erreurs de l’autobiographe et l’élargissement de perspective de l’autobiographie en général. Il semblerait donc que l’autobiographie et la biographie se complètent et se rendent indispensables l’une à l’autre.

 

III – L’indispensable recours à la biographie dans l’autobiographie

Il semblerait donc que la biographie soit un complément nécessaire à l’autobiographie puisque dans cette dernière, l’écrivain se compose plus ou moins consciemment un personnage pour se valoriser ou se dévaloriser. L’image qui ressort de l’artiste écrivain n’est donc pas toujours vraiment objective, vraie, complète, c’est à ce niveau qu’intervient la biographie. Elle nous dévoile l’intimité de l’écrivain le rendant ainsi plus attachant et plus transparent au lecteur, la compréhension est facilitée, la vie de l’auteur reflétant le personnage lui-même.

 

Indispensable, la biographie l’est en outre dans le sens où elle dévoile l’être profond sans pour autant favoriser l’intrusion dans la vie d’un auteur de manière indécente.  En fait la lecture d’une autobiographie nous fait rencontrer ce qui est le plus intime chez l’écrivain, «?mon style et mon  esprit vont vagabondant de même?» nous confie Montaigne. La lecture d’une autobiographie laisse de la place à l’ineffable, l’indicible, le non dit, des espaces ouverts à l’imagination, des zones d’incertitudes et d’ombre. C’est ainsi que le biographe intervient pour tout mettre en lumière et nous éclairer de manière plus objective sur le personnage.

 

Conclusion?:

Nous avons donc vu que l’autobiographie se heurtait à des difficultés diverses, des limites, des impossibilités et que les vertus de la biographie permettait de combler les lacunes de l’autobiographie en apportant de l’objectivité au sens d’une méthode scientifique, en corrigeant les erreurs et en élargissant les perspectives de l’écriture autobiographique de sorte que l’autobiographie et la biographie sont  devenues indispensables l’une à l’autre.

 
 
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Date de dernière mise à jour : 03/08/2021

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