Mythomanies littéraires-Carrère l'Adversaire - Analyse littéraire, ch. 7 - la fabrique de la fiction, du mensonge, de l'adversaire-EAF 2020

Problématique : En quoi peut-on dire que ce passage soit envisagé à trois niveaux : au niveau de la fabrique de la fiction, du mensonge et de l’adversaire?

Carrere

 

Carrere

Mythomanies littéraires-Carrère l'Adversaire analyse, entretien avec l'auteur, questionnaires, lectures cursives.Romand,Meursault, vérité et mensonge 

Carrère, l'Adversaire. Analyse littéraire. Entretien avec l'auteur, questionnaires, lectures cursives.Romand et Meursault, vérité et mensonge-Analyse littéraire d'une oeuvre intégrale - Le titre du roman : pourquoi “L’Adversaire” ?Questionnaire et adaptation cinématographique- genre littéraire et genèse- EAF 2020 -

 

"Divonne est une petite station thermale proche de la frontière Suisse..... il n'y avait pas de vrai Jean Claude Romand"

Divonne est une petite station thermale proche de la frontière suisse, réputée surtout pour son casino. J’y ai situé autrefois quelques pages d’un roman sur une femme qui menait une double vie en cherchant à se perdre dans le monde du jeu. Ce roman se voulait réaliste et documenté mais, faute d’avoir visité tous les casinos dont je parlais, j’ai écrit que Divonne est au bord du lac Léman, distant en réalité d’une dizaine de kilomètres. Il y a bien quelque chose que l’on appelle un lac, mais ce n’est qu’un petit plan d’eau devant lequel se trouve un parking où il stationnait souvent. J’y ai stationné, moi aussi. C’est le souvenir le plus net que je garde de mon premier voyage sur les lieux de sa vie. Il n’y avait que deux autres voitures, inoccupées. Il ventait. J’ai relu la lettre qu’il m’avait écrite pour me guider, regardé le plan d’eau, suivi dans le ciel gris le vol d’oiseaux dont je ne connaissais pas les noms-je ne sais reconnaître ni les oiseaux ni les arbres et je trouve ça triste. Il faisait froid. J’ai remis le contact pour avoir du chauffage. La soufflerie m’engourdissait. Je pensais au studio où je vais chaque matin après avoir conduit mes enfants à l’école. Ce studio existe, on peut m’y rendre visite et m’y téléphoner. J’y écris et rafistole des scénarios qui en général sont tournés. Mais je sais ce que c’est de passer toutes ses journées sans témoin : les heures couché à regarder le plafond, la peur de ne plus exister. Je me demandais ce qu’il ressentait dans sa voiture. De la jouissance ? une jubilation ricanante à l’idée de tromper si magistralement son monde ? J’étais certain que non. De l’angoisse ? Est-ce qu’il imaginait comment tout cela se terminerait, de quelle façon éclaterait la vérité et ce qui se passerait ensuite ? Est-ce qu’il pleurait, le front contre le volant ? Ou bien est-ce qu’il ne ressentait rien du tout ? Est-ce que, seul, il devenait une machine à conduire, à marcher, à lire, sans vraiment penser ni sentir, un docteur Romand résiduel et anesthésié ? Un mensonge, normalement, sert à recouvrir une vérité, quelque chose de honteux peut-être mais de réel. Le sien ne recouvrait rien. Sous le faux docteur Romand il n’y avait pas de vrai Jean-Claude Romand.

Problématique :

 

En quoi peut-on dire que ce passage soit envisagé à trois niveaux : au niveau de la fabrique de la fiction, du mensonge et de l’adversaire?

 

 

Emmanuel carrere

Mythomanies littéraires-Carrère l'Adversaire - Commentaire littéraire "La vieille dame douce et craintive...de ma vie", EAF 2020 

Mythomanies littéraires-Carrère l'Adversaire - Commentaire littéraire "La vieille dame douce et craintive...de ma vie", EAF 2020 -Montrez que les différents arguments relatifs à l’origine de l’écriture répondent au dilemme de faire ou de ne pas faire un livre sur l’affaire Romand. L'origine de l'écriture -

 

I- la fabrique de la fiction 1- le rapport aux choses 2- la vraisemblance 3- l'intention

Notes introductives :

1 -

La présence d’un narrateur écrivain est-elle palpable?

Oui, Emmanuel Carrère  a passé plusieurs années à essayer d'écrire le texte comme un roman mais n'a pas réussi et en tire la classe de neige
L'adversaire est le récit de l'impossibilité d'un roman

La présence d'un narrateur écrivain est très palpable

Il y a la question du «?comment?», comment faire? Comment concevoir :  On la retrouve ici à trois niveaux : ...

I-

la fabrique de la fiction

1 -

  le rapport aux choses

1 -

Quels sont les trois types de fiction?

Les 3 types de fiction  : les mensonges de JC le film et le roman qu'il a écrit et qui est hors d'atteinte. (1987)

2 -

Comment le rapport aux choses se traduit -il? Qu’essaye de comprendre E. Carrere dans ce passage?

Il essaye de comprendre le mensonge de J.Claude, pourquoi il agit ainsi. La référence = le renvoi aux choses dans la fiction : en fait il n’y en a pas. 

La référence est aussi ce à quoi le mot dans la linguistique se réfère.

3 -

Le mensonge est-il compréhensible?

Le mensonge est incompréhensible car il n'y a rien contre le mensonge. Non seulement le mensonge est une phrase qui n'a pas de référence mais ici il n'y a aussi rien derrière le mensonge

4 -

Que traduit le «je»?

"Je" montre qu'il est lié au romancier ce n'est pas seulement J. Claude  qui est le maître de la fiction mais  le narrateur, il utilise  propre expérience

5 -

Le roman fait-il un écart par rapport à la réalité?

Le roman fait un écart par rapport à la réalité

Réaliste : ce qui prétend ressembler à la réalité

- le sens restreint va s’ attacher a ce que la réalité à de moins réjouissant
-2ème moitié du 19è, la réalité reflète  la société = s'attacher aux classes sociales. Balzac : représentation d’un monde fictif crédible qui reflète la réalité.  Ex : le père Goriot.

Différences entre Balzac et Zola, le réalisme et le naturalisme. 

6 -

Quelle est la différence entre le réalisme et le naturalisme dans la transcription de la réalité?

Réalisme : Balzac prend le modèle du roman sur la zoologie.

Zola prend le modèle du roman sur la biologie.  Pour ce dernier le rapport entre les personnages sont héréditaires. Chez Balzac tous les individus, toutes les classes sociales sont différents comme l'ambitieux, la paternité pour Goriot. Chaque personnage incarne un type.

Chez Zola la question de l'expérimentation " domine.  L’auteur met en avant le déterminisme, génétique, social…  Le milieu influe sur les personnages. 

7 -

La réalité peut-elle expliquer le monde de Jean Claude? 
Mais avec Carrere il y quelque chose qui ne marche pas c'est Jean Claude Romand.

c'est l'épreuve de la crise du roman pour E.Carrère. Il tente de dire la réalité sans passer par la fiction = le cinéma.  Ecrire des scénarios, c’est de la fiction. 

8 -

Relevez l’expression du texte qui traduit l’estime de l’auteur pour cette activité

«?J’y écris et rafistole des scénarios «?Il n’a pas une grande estime pour cette activité.  Il semblerait donc que l’art, la cinématographie ne soit pas à la hauteur de la réalité qu’il ne parvient que relativement à restituer. 

Est ce que l'art peut exprimer la réalité ? Le film n'y arrive pas car il se "finit bien" il essaye de créer.

I-

la fabrique de la fiction

2-

la vraisemblance

1 -

Comment la vraisemblance se traduit-elle dans le texte?

On retrouve la vraisemblance dans la fiction. C’est la vraisemblance de la fiction.
"Il pensait retrouver ... Revenir " -> La vraisemblance des liens logiques rapport de causalité mais d'un autre côté il y a l'absence de lien logique/syntaxique
Ici il y a un synopsis :  il y a des liens logiques en omettant des parties donc des liens logiques

C’est  le travail de Carrer : faire des synopsis  : "Rafistole", rend des scénarios plus vraisemblables.

2 -

Comment procède t’-il?
Il se met a la place de J.Claude, c’est de l’empathie, il va ainsi tester la vraisemblance des hypothèses en se posant des questions. Il imite Jean Claude, il se met dans la voiture au même endroit, il nomme le sentiment : jouissance, jubilation. Il développe le sentiment pour tester la vraisemblance.

I-

la fabrique de la fiction

3-

L'intention

1 -

Quel est le pacte présent dans la fiction?

la fiction est caractérisée pas un pacte / contrat entre le lecteur et le narrateur  = quand on lit un roman on accepte ce qui n'est pas réel.
Grace à l'analyse de Carrere chacun des trois genres ( roman, cinéma, l'adversaire )  apparaît comme un  récit vrai lié par une intention différente.

2 -

Qu’en est-il du roman?

Le roman : être réaliste et documenté > à ce moment  le lecteur va y croire

But -> suspendre l'incrédulité du lecteur

L'intention réaliste du roman peut très bien coexister avec le mensonge,  c'est pourquoi Carrere  s'éloigne de ce genre, il mime la réalité mais sans la dire.  L’objet, le but de l’Adversaire n’est pas de divertir mais de trouver la vérité = tâche de la littérature,  nouvelle fonction pour un genre nouveau. 

3 -

Qu’en est-il du cinéma?

Le cinéma : divertir et nous faire oublier nos soucis

PASCAL: le divertissement c'est ce qui permet aux hommes d’oublier leur condition humaine misérable et d’échapper l’ennui

La comédie : soulager nos peines

Légende opposée à la réalité donc le film peut coexister avec le mensonge.

Carrere part des données réelles et les transforme "mais" montre l'écart que le film essaye de creuser

II- la fabrique du mensonge 1- Moi - 2- Satan - 3- Romand

II-

la fabrique du mensonge

1-

Moi

1 -

Comment percevez-vous E. Carrère dans son rapport au mensonge?

Il enquête par empathie : refait ce que J. Claude a fait, la dimension est mimétique, il y a une succession de propositions courtes, asyndètes : il essaye de se mettre à la place de J. Claude.  

C'est une manière d'assurer le lecteur qu'il est dans la réalité et de l'existence du caractère non mensongé des faits. Pour dire que l'adversaire est véridique. Il y a une ambiguïté qu’il essaye de mettre en évidence

Le vrai est en fait ce qui peut être vérifié.

C'est cette ambiguïté/ double rapport Carrère et Jean Claude qui lui permet d’écrire ce livre. 

II-

la fabrique de mensonge
2-

Satan

1 -

S’envisage t’-il en mythomane?

Il pourrait être un mythomane car personne ne peux vérifier ce qu'il fait. -> il est à un carrefour car il n'a pas de témoin donc il pourrait raconter n'importe quoi. Son existence à la même structure que celle de J. Claude.  

L'adversaire fait référence à l'évangile de marc où le diable est appelé adversaire

II-

la fabrique de mensonge

3-

Romand

1  -

Jean Claude est-il perçu comme le diable?

Non, J. Claude n’est pas le diable. Il est davantage un mystère dont on aura la clé à la fin du premier paragraphe.  Jean Claude est perçu par Carrère comme une coquille vide. C’est un mystère troublant car il n’y a pas de raison au mensonge. Il n’a rien à cacher, rien de honteux en tout cas. Le mensonge qu’il crée est gratuit, il ment pour mentir et non pour obtenir quelque chose.  Il y a une sorte de disparition de l’identité de Jean Claude derrière le mensonge, il se crée et se recrée au fur et à mesure du mensonge. 

2 -

Qu’est-ce qu’E. Carrere tente de définir?

Il essaye de définir le mensonge de JC et pas le mensonge normal.
Isotopie de la vérité
Syllogisme : ....or....donc... E. Carrere essaye d'arriver a la vérité de J. Claude par tous les moyen mais il omet les connecteurs logiques.

3 - Quelles sont les trois hypothèses? 

contraste mensonge/vérité faux/vrai et rien/réel

Il y a trois hypothèses : - est il diabolique, -est-ce un corps vide? / machine, - est-il déprimé?

Il déduit qu'il est une machine !

Les questions véritables se transforment en question rhétoriques. Il se les pose pour essayer de comprendre.

III- la fabrique de l'adversaire 1- Enquête - 2  - Empathie - 3 - L’écriture

III-

la fabrique de l'adversaire

1-

Enquête

1 -

Quels sont les éléments permettant à Carrère de mener son enquête?

Lieu : Divonne : Carrère y accède avec les indications de J. Claude.  Carrère  refait en quelque sorte le chemin, quotidien de J. Claude et pense qu'il va comprendre ce qui lui passait par la tête

La reconstitution: la lettre
Les questions : 3 hypothèses
La démonstration : syllogisme
La comparaison : avec les autres arts le film et le roman

=> les éléments qui lui permettent de faire son enquête

III-

la fabrique de l'adversaire

2  -

Empathie

1 -

Montrez que ce texte modélisé tente de fonctionner sur le mode de l’empathie.

Carrère essaye de comprendre le fonctionnement et les raisons du mensonge que rien n’explique car il n’y a rien à cacher. C’est un texte modélisé constitué d’un ensemble de marques.  Carrère partage son expérience mais ne l’explique pas, la description est purement factuelle. On peut ainsi parler d’un texte modélisé au sens subjectif du terme, non dogmatique, texte ouvert qui fonctionne à base de souvenirs. 

Identification J. Claude et Carrère, reconstitution «?je «? et «?lui?», «?je garde de sa vie?».

III-

la fabrique de l'adversaire

3 -

L’écriture

1  -

Quel rapport peut-on établir avec le travail d’écriture et ce passage de Carrère?

L’Adversaire, par l’écriture tente de trouver la vérité de Jean Claude = recherche de la vérité par la recherche de la vraisemblance.

L’écriture est perçue comme un art de l’imbrication, tout imbriquer dans le but de donner un sens au mystère. 

 

Date de dernière mise à jour : 15/11/2022

Ajouter un commentaire