Analyse grammaticale des chapitres 15, 18 de Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil

Les questions possibles de grammaire en littérature d'idées sur Léry, Histoire d’un voyage fait en la terre de Brésil

Lery 1

- Analyse des propositions subordonnées du chapitre 15, Léry, Histoire d’un Voyage fait en la terre du Brésil

 

Chapitre XV. Comment les Américains traitent leurs prisonniers pris en guerre, et les cérémonies qu’ils observent tant à les tuer qu’à les manger.

Extrait : « Comparaison de la cruauté française avec celle des barbares »

 je dirai en premier lieu sur cette matière, que si on considère à bon escient ce que font nos gros usuriers (suçant le sang et la moelle, et par conséquent mangeant tous en vie, tant de veuves, orphelins et autres pauvres personnes auxquels il vaudrait mieux couper la gorge d’un seul coup, que les faire ainsi languir) qu’on dira qu’ils sont encore plus cruels que les sauvages dont je parle.

combien de propositions subordonnées comptez vous et quelle est leur nature respective? (La phrase complexe)

– « qu’on dira : subordonnée complétive, COD du verbe de la principale « Je dirai»;

« qu’ils sont encore plus cruels que les sauvages»:  subordonnée complétive (introduite par la conjonction «que»), COD du verbe «on dira»

«dont je parle»:  proposition subordonnée relative adjective, épithète, complément del’antécédent «sauvages» (le pronom relatif «dont» est complément du nom «sauvages»)

- Analyse des propositions subordonnées du chapitre 18, Léry, Histoire d’un Voyage fait en la terre du Brésil

Jean de Léry, Histoire d’un voyage faict en la terre de Brésil, 1578, chapitre 18, « Ce qu’on peut appeler lois et police civile entre les sauvages : comment ils traitent et reçoivent humainement leurs amis qui les vont visiter : et des pleurs, et discours joyeux que les femmes font à leur arrivée et bienvenue »

Lecture du texte

Car comme nous fûmes entrés en une maison de ce village, où selon la mode du pays, nous nous assîmes chacun dans un lit de coton pendu en l’air : après que les femmes (à la manière que je dirai ci-après) eurent pleuré, et que le vieillard, maître de la maison eut fait sa harangue à notre bienvenue : le truchement à qui non seulement ces façons de faire des sauvages n’étaient pas nouvelles, mais qui au reste aimait aussi bien à boire et à caouiner qu’eux, sans me dire un seul mot, ni m’avertir de rien, s’en allant vers la grosse troupe de ces danseurs, me laissa là avec quelques-uns : tellement que moi qui étais las, ne demandant qu’à reposer, après avoir mangé un peu de farine de racine et d’autres viandes qu’on nous avait présentées, je me renversai et couchai dans le lit de coton sur lequel j’étais assis.

Mais outre qu’à cause du bruit que les sauvages, dansant et sifflant toute la nuit, en mangeant ce prisonnier, firent à mes oreilles je fus bien réveillé : encore l’un d’eux avec un pied d’icelui cuit et boucané qu’il tenait en sa main, s’approchant de moi, me demandant (comme je sus depuis, car je ne l’entendais pas lors) si j’en voulais manger, par cette contenance me fit une telle frayeur, qu’il ne faut pas demander si j’en perdis toute envie de dormir. Et de fait, pensant véritablement par tel signal et montre de cette chair humaine qu’il mangeait, qu’en me menaçant il me dît et voulût faire entendre que je serais tantôt ainsi accoutré joint que comme une doute en engendre une autre, je soupçonnais tout aussitôt, que le truchement de propos délibéré m’ayant trahi m’avait abandonné et livré entre les mains de ces barbares : si j’eusse vu quelque ouverture pour pouvoir sortir et m’enfuir de là, je ne m’y fusse pas feint. Mais me voyant de toutes parts environné de ceux desquels ignorant l’intention (car comme vous ouïrez ils ne pensaient rien moins qu’à me mal faire) je croyais fermement et m’attendais devoir être bientôt mangé, en invoquant Dieu en mon cœur toute cette nuit-là. Je laisse à penser à ceux qui comprendront bien ce que je dis, et qui se mettront en ma place, si elle me sembla longue. Or le matin venu que mon truchement (lequel en d’autres maisons du village, avec les friponniers de sauvages avait riblé toute la nuit) me vint retrouver, me voyant comme il me dit, non seulement blême et fort défait de visage, mais aussi presque en la fièvre : il me demanda si je me trouvais mal, et si je n’avois pas bien reposé : à quoi encore tout éperdu que j’étais, lui ayant répondu en grande colère, qu’on m’avait voirement bien gardé de dormir, et qu’il était un mauvais homme de m’avoir ainsi laissé parmi ces gens que je n’entendais point, ne me pouvant rassurer, je le priai qu’en diligence nous nous ôtissions de là. Toutefois lui là-dessus m’ayant dit que je n’eusse point de crainte, et que ce n’était pas à nous à qui on en voulait : après qu’il eut le tout récité aux sauvages, lesquels s’éjouissant de ma venue, me pensant caresser, n’avaient bougé d’auprès de moi toute la nuit : eux ayant dit qu’ils s’étaient aussi aucunement aperçu que j’avais eu peur d’eux, dont ils étaient bien marris, ma consolation fut (selon qu’ils sont grands gausseurs) une risée qu’ils firent, de ce que sans y penser, ils me l’avaient baillée si belle.

Phrase 1 = analyse grammaticale

Car comme nous fûmes entrés en une maison de ce village, où selon la mode du pays, nous nous assîmes chacun dans un lit de coton pendu en l’air : après que les femmes (à la manière que je dirai ci-après) eurent pleuré, et que le vieillard, maître de la maison eut fait sa harangue à notre bienvenue : le truchement à qui non seulement ces façons de faire des sauvages n’étaient pas nouvelles, mais qui au reste aimait aussi bien à boire et à caouiner qu’eux, sans me dire un seul mot, ni m’avertir de rien, s’en allant vers la grosse troupe de ces danseurs, me laissa là avec quelques-uns : tellement que moi qui étais las, ne demandant qu’à reposer, après avoir mangé un peu de farine de racine et d’autres viandes qu’on nous avait présentées, je me renversai et couchai dans le lit de coton sur lequel j’étais assis.

Phrase 1 = analyse grammaticale

« le truchement .. me laissa là »

Pour connaître le verbe principal et son sujet, il faut faire le test de suppression, (ce qui reste, une fois que l'on a retiré tout le reste ). Dans la première phrase, le verbe principal est « laissa »

Nous notons la présence de nombreuses propositions :

Une proposition subordonnée circonstancielle complément circonstanciel de temps du verbe « laissa » : « Comme nous fûmes entrés en une maison de ce village »

« où selon la mode du pays, nous nous assîmes chacun dans un lit de coton pendu en l’air » : proposition subordonnée relative ayant pour fonction d'être complément de son antécédent « maison de village ».

« après que les femmes (à la manière que je dirai ci-après) eurent pleuré, et que le vieillard, maître de la maison eut fait sa harangue à notre bienvenue « 

Deux subordonnées circonstancielles ayant pour fonction d'être complément circonstanciel de temps du verbe principal « laissa ».

(à la manière que je dirai ci-après) = proposition incidente introduite par une locution conjonctive « à la manière que «, c'est une comparative.

le truchement « à qui non seulement ces façons de faire des sauvages n’étaient pas nouvelles, mais qui au reste aimait aussi bien à boire et à caouiner qu’eux, sans me dire un seul mot, ni m’avertir de rien, s’en allant vers la grosse troupe de ces danseurs » = Deux propositions relatives introduite par la préposition « à » et le pronom « qui », puis le pronom « qui » en fonction sujet. Les deux propositions relatives sont compléments de l'antécédent « truchement ».

« tellement que moi qui étais las, ne demandant qu’à reposer, après avoir mangé un peu de farine de racine et d’autres viandes qu’on nous avait présentées, je me renversai et couchai dans le lit de coton sur lequel j’étais assis. »

« tellement que ….. je me renversai et couchai dans le lit de coton » » = proposition subordonnée circonstanciellle de conséquence du verbe « renversai » coordonné à « couchai »

« moi qui étais las » = proposition relative, qui est le sujet du verbe « étais », « Moi » est l'antécédent du pronom relatif « qui »

«  après avoir mangé un peu de farine de racine et d’autres viandes » = subordonnée circonstancielle temporelle qui marque la succession

«  qu’on nous avait présentées » = propostion relative, « que » est un pronom relatif COD du verbe « avait présentées ».

«  sur lequel j’étais assis » = proposition subordonnée relative. « Lequel » est le pronom relatif qui est complément circonstanciel de lieu du verbe « étais assis ».

 

Phrase 2 = analyse grammaticale

 

Mais outre qu’à cause du bruit que les sauvages, dansant et sifflant toute la nuit, en mangeant ce prisonnier, firent à mes oreilles je fus bien réveillé : encore l’un d’eux avec un pied d’icelui cuit et boucané qu’il tenait en sa main, s’approchant de moi, me demandant (comme je sus depuis, car je ne l’entendais pas lors) si j’en voulais manger, par cette contenance me fit une telle frayeur, qu’il ne faut pas demander si j’en perdis toute envie de dormir.

« Outre qu' ... je fus bien réveillé » = locution conjonctive + subordonnée dont le verbe et le sujet sont « je fus réveillé ».

« Que les sauvages....firent à mes oreilles » = Que est un pronom relatif, son antécédent est « bruit », la subordonnée relative est complément de son antécédent. Que est COD du verbe « firent ».

Proposition principale = « L'un d'eux.... me fit une telle frayeur »

« qu’il ne faut pas demander si j’en perdis toute envie de dormir. » = subordonnée qui est une périphrase verbale « faut demander » qui construit une subordonnée complétive interrogative indirecte « si j'en perdis toute envie de dormir ».

« avec un pied d’icelui cuit et boucané qu’il tenait en sa main, s’approchant de moi, me demandant (comme je sus depuis, car je ne l’entendais pas lors) si j’en voulais manger »

«  s’approchant de moi » = apposition de « l'un deux », de même que « me demandant »

«  qu’il tenait en sa main » = proposition subordonnée relative introduite par le pronom relatif que ayant pour antécédent « pied »

«  si j’en voulais manger » = proposition interrogative indirecte introduite par la conjonction « si »

« (comme je sus depuis, car je ne l’entendais pas lors) «  = Deux incidentes coordonnées par la conjonction de coordination car.

Phrase 3 = analyse grammaticale

Et de fait, pensant véritablement par tel signal et montre de cette chair humaine qu’il mangeait, qu’en me menaçant il me dît et voulût faire entendre que je serais tantôt ainsi accoutré joint que comme une doute en engendre une autre, je soupçonnais tout aussitôt, que le truchement de propos délibéré m’ayant trahi m’avait abandonné et livré entre les mains de ces barbares : si j’eusse vu quelque ouverture pour pouvoir sortir et m’enfuir de là, je ne m’y fusse pas feint.

 

« si j’eusse vu quelque ouverture pour pouvoir sortir et m’enfuir de là, je ne m’y fusse pas feint. » = proposition principale et une subordonnée conjonctie circonstancielle

«  qu’il mangeait » = proposition subordonnée relative complément de l'antécédent « chair humaine », le pronom relatif est COD du verbe « mangeait ».

«  qu’en me menaçant il me dît et voulût faire entendre ... accoutré » = subordonnées conjonctives complétives. « Voulût faire entendre » = périphrase verbale + « En me menaçant » = gérondif cc de manière

«  que je serais tantôt ainsi accoutré » = subordonnée conjonctive complétive

«  comme une doute en engendre une autre » = subordonnée conjonctive circonstancielle de cause complément circonstanciel de cause du verbe principal « soupçonnais ».

 

Analyse des phrases 4 et 5

Phrase 4

« Mais me voyant de toutes parts environné de ceux desquels ignorant l’intention (car comme vous ouïrez ils ne pensaient rien moins qu’à me mal faire) je croyais fermement et m’attendais devoir être bientôt mangé, en invoquant Dieu en mon cœur toute cette nuit-là. « 

«  je croyais fermement et m’attendais devoir être bientôt mangé » = deux propositions principales coordonnées

(car comme vous ouïrez ils ne pensaient rien moins qu’à me mal faire)  = propositions incidentes

«  en invoquant Dieu en mon cœur toute cette nuit-là » = gérondif

 

Phrase 5

« Je laisse à penser à ceux qui comprendront bien ce que je dis, et qui se mettront en ma place, si elle me sembla longue »

 

« Je laisse à penser » = proposition principale

«  ceux qui comprendront bien » = proposition relative périphrastique

«  ce que je dis » = proposition relative

«  et qui se mettront en ma place » = proposition relative

« si elle me sembla longue » = proposition subordonnée conjonctive interrogative indirecte introduite par la conjonction « si

Analyse grammaticale de la phrase 6

« Or le matin venu que mon truchement (lequel en d’autres maisons du village, avec les friponniers de sauvages avait riblé toute la nuit) me vint retrouver, me voyant comme il me dit, non seulement blême et fort défait de visage, mais aussi presque en la fièvre : il me demanda si je me trouvais mal, et si je n’avois pas bien reposé : à quoi encore tout éperdu que j’étais, lui ayant répondu en grande colère, qu’on m’avait voirement bien gardé de dormir, et qu’il était un mauvais homme de m’avoir ainsi laissé parmi ces gens que je n’entendais point, ne me pouvant rassurer, je le priai qu’en diligence nous nous ôtissions de là. »

 

« il me demanda »/ « je le priai » = Deux juxtaposées

« Le matin venu » = proposition subordonnée participiale cc de temps du verbe de la principale « demanda »

«  mon truchement me vint retrouver » = proposition subordonnée conjonctive cc de temps du verbe « demanda »

« lequel en d’autres maisons du village, avec les friponniers de sauvages avait riblé toute la nuit » = Proposition subordonnée relative

«  si je me trouvais mal, et si je n’avois pas bien reposé » = deux propositions subordonnées conjonctives interrogatives indirectes, COD du verbe « demanda »

«  tout éperdu que j’étais » = Proposition subordonnée relative

«  lui ayant répondu en grande colère, qu’on m’avait voirement bien gardé de dormir, et qu’il était un mauvais homme » = deux propositions subordonnées conjonctives complétives

«  de m’avoir ainsi laissé parmi ces gens que je n’entendais point, ne me pouvant rassurer » = proposition subordonnée cironstancielle de cause

«  que je n’entendais point » = Proposition subordonnée relative complément de l'antécédent « ces gens »

« je le priai qu’en diligence nous nous ôtissions de là. » = Proposition subordonnée complétive COD du verbe « priai »

  • Les questions de grammaire, la littérature d'idées au bac oral de français 4

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Date de dernière mise à jour : 14/03/2021

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