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Commentaire linéaire "Le Mimosa", La Rage de l'expression de Francis Ponge

"Le Mimosa", commentaire 

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Ponge la rage de l expressionPonge

Commentaire linéaire "Le Mimosa", La Rage de l'expression de Francis Ponge
Etude du poème en prose du début "Sur fond d'azur... au mimosa sans moi..." 

 

Problématique :  Comment le mimosa donne t'-il naissance à un poème?

 Ponge la rage de l expressionIntroduction
Véritable leçon poétique, "Le Mimosa" est tiré de la 5ème section du recueil de "La Rage de l'expression" de Francis Ponge en date de 1952. 
"Le Mimosa" propose plusieurs variantes d'un même poème au coeur du texte centré sur la description d'une fleur évocatrice de la Provence natale du poète. 
Il s'offre en spectacle et crée le poème dans un  rapport intime en lien avec l'enfance de l'auteur. 
La création poétique s'enrichit des qualités de l'objet à définir. Le poète, au service de l'objet se soumet à sa supériorité déjà reconnue dans Les "Berges de la Loire".  


Problématique : 
Comment le mimosa donne t'-il naissance à un poème?


Mouvements 
Mouvement 1 
Lignes 1 à 16 : Impasse de la description de la fleur : les limites de la mise en scène du mimosa
Mouvement 2
Lignes 17 à 39 : la création du poème dans le rapport intime en lien avec l'enfance du poète
Mouvement 3 
Lignes 40 à 43 : le poète fait retour à la fleur et à ses qualités
 

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Mouvement 1  Impasse de la description de la fleur : les limites de la mise en scène du mimosa

Ponge la rage de l expressionEtude linéaire 


Mouvement 1 
Impasse de la description de la fleur : les limites de la mise en scène du mimosa


     Dès la première ligne, le présentatif "le voici" offre la fleur au lecteur à la manière d'un personnage de la "comédie italienne". "Le voici, comme un personnage de la comédie italienne". La comparaison fait du mimosa un personnage de théâtre usant d'effets outranciers "avec un rien d'histrionisme". D'abord assimilé par la comparaison à "Pierrot" de la commedia dell'arte "dans son costume à pois jaunes", la fleur révèle ensuite son caractère outrancier, jaune par nature, elle devient blanche par son maquillage avec l'adjectif "poudré".
     Ligne 4 : la conjonction de coordination "mais" recadre le mimosa par l'analogie avec l'astre "solaire" en opposition à "l'arbuste lunaire" qui s'enrichit d'une autre "multisolaire" faisant du mimosa, une fleur unique par son éclat et sa beauté. 
     De l'arbuste à l'astre, le mimosa est aussi "un caractère d'une naïve gloriole, vite découragé" : le vocabulaire péjoratif par "gloriole" et "découragé" fait de la fleur un objet aux caractéristiques négatives. Les défauts soulignés font du mimosa une fleur pleine de vanité, en métaphore théâtrale, sa mise en scène alterne la présentation péjorative et méliorative. 
     La fleur prend vie sous la plume du poète qui procède par analogie. 
     Lignes 7 et 8 : la fleur devient un objet délicat par la métaphore "poils soyeux" encore valorisée par la comparaison " les feuilles ont l'air de grandes plumes". De l'anthropomorphisme précedemment évoqué avec "gloriole" et "découragé", Ponge fait à présent du mimosa une fleur du monde animal avec le nom "plume" pouvant également connoter l'activité littéraire. Il joue ainsi sur le sens polysémique de "plumes", elles sont "légères et cependant très accablées d'elles-mêmes, plus attendrissantes que d'autres palmes". La fleur se distingue, elle se particularise par les superlatifs "plus attendrissantes", elle est supérieure par la comparaison à "d'autres palmes", une distinction honorifique qui la valorise et la recentre sur scène. 
     Les dernières lignes du premier mouvement du texte dévoilent les limites de la mise en scène de la création du poème car le poète se heurte à l'impasse de la description de la fleur. "Et pourtant, il y a quelque chose actuellement de vulgaire dans l'idée du mimosa; c'est une fleur qui vient d'être vulgarisée". Lignes 12 à 14. 
     Le poète souligne par l'adverbe de temps "actuellement", la difficulté à décrire cette fleur sans tomber dans les clichés, les images stéréotypées de la poésie rendant "vulgaire" cette fleur. 
     La lucidité de l'écrivain transparaît en outre dans la comparaison finale, lignes 15 et 16 : "comme dans tamaris, il y a tamis, dans mimosa il y a mima". Mima du latin mimus signifie mime. Ponge fait une analogie entre la fleur et l'art dramatique à partir de l'étymologie du mot. Par la ressemblance des termes "mimosa/mima", le poète élève la fleur au rang de mime de théâtre. 
 

Mouvement 2 La création du poème dans le rapport intime en lien avec l'enfance du poète

Mouvement 2
Ponge la rage de l expressionLa création du poème dans le rapport intime en lien avec l'enfance du poète


     Dans le second mouvement du texte, l'intime se met en lien avec l'enfance du poète. Tout d'abord, parlant de l'écriture poétique, le poète trouve malgré l'impasse et les limites de la mise en scène du mimosa, l'élan de l'écriture "j'ouvre un cahier" : "comme c'est un sujet très difficile, il faut donc que j'ouvre un cahier", lignes 17 à 19.
     Le texte se remplit de contradictions. Dès la ligne 20, l'auteur en souligne une autre sous la forme d'une négation totale, "il faut noter que le mimosa ne m'inspire pas du tout". L'usage du pronom personnel "je" s'associe à la volonté du poète d'exprimer le souvenir "l'idée de lui au fond de moi" dans le but de poursuivre l'écriture du poème : "je veux en tirer profit".  Sur la base d'une question rhétorique, Ponge fait un détour dans son enfance, "il me donnait de l'émotion". Ce constat contraste avec l'absence d'inspiration du poète aujourd'hui. C'est un échec, la vision de l'enfance n'enrichit pas la vision du poète, le souvenir si riche en émotions s'efface. Le conditionnel se substitue à l'imparfait marquant ainsi cet éloigement du temps du souvenir et du temps de l'écriture : "...il me passionnait. Je doute si ce ne serait pas par le mimosa qu'a été éveillée ma sensualité, si elle ne s'est pas éveillée aux soleils du mimosa". 
     Cette perception est encore accentuée par la métaphore "les ondes puissantes de son parfum". Le plaisir sensuel du mimosa ne s'exprime plus, il semble perdu, ligne 32. 
     Le poète fait retour à l'objet, le mimosa dans le but d'en distinguer les qualités et lui rendre hommage "j'écris", en l'observant, "je tourne autour", avec "respect" pour en souligner "la sensibilité", "la délicatesse". 
 

Mouvement 3 Le poète fait retour à la fleur et à ses qualités

Ponge la rage de l expression Mouvement 3 
Le poète fait retour à la fleur et à ses qualités


     Dans notre dernier mouvement, le poète fait un retour à la fleur, dans le dernier paragraphe encadré de points de suspension, il s'associe au mimosa dans un premier temps. Cette association du poète et de la fleur par le conditionnel peut paraître suprenante par sa fusion avec l'objet encore soulignée par le jeu des sonorités en "M" : "tout ce préambule devrait être intitulé : "le mimosa et moi" ". 
     La conjonction de coordination "mais" doublée de l'oxymore "douce illusion" donne naissance au poème -"qu'il faut maintenant en venir : si l'on veut, au mimosa sans moi..." - 
     Ce n'est pas un poème sur le mimosa mais le poème du mimosa qui devient le moteur du texte-poème. 
 

Ponge la rage de l expressionConclusion :
     Ainsi, malgré l'impasse de la description de la fleur et les limites de sa mise en scène, le poète par une contemplation sensuelle, loin des stéréotypes vulgaires, reconnaît au mimosa le pouvoir de donner naissance à un poème. 
     Au service de l'objet "mimosa", le poète en dévoile les qualités dans le plus grand souci, la rage, la quête du mot juste. Concentré sur l'objet reconnu supérieur, le poète s'engage à le décrire avec la plus grande justesse. 


Ouverture possible :
La parole poétique du mimosa fait écho à la parole poétique de l'arbre des "forêts" d'Hélène Dorion.  

Francis Ponge, "La Rage de l'expression". Parcours bac : "Dans l'atelier du poète"

Ponge Rage de l'expression Parti pris des choses L'atelier du poète

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