Ponge

Ponge, "Le parti pris des choses". Analyse du recueil et des poèmes en prose

Un parti pris poétique

Ressources bac 2024

Ponge la rage de l expressionPonge

Biographie de Francis Ponge

Francis ponge 1

Francis Ponge (27 mars 1899 – 6 août 1988)
Francis Ponge nait à Montpellier le 27 mars 1899, de Juliette Saurel et Armand Ponge, issu d’une famille huguenote nîmoise. Ponge était un amateur d'art et de philosophie
En 1915, il obtient la meilleure note de l’académie en philosophie pour une dissertation sur ' L’art de penser par soi-même '.
En 1916, il entre en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand. Il publie son premier sonnet dans la Presqu’île n° 4 (octobre) sous le pseudonyme de Nogères.
En 1921, il rédige ' Esquisse d’une parabole ',
Francis Ponge se dit lui-même de la génération surréaliste, il partage certains principes – mysticisme, irrationnel et appel à l’inconscient –
il adhère au parti socialiste et entre chez Gallimard suite à sa rencontre avec Paulhan.
En 1926, il publie Douze Petits Ecrits que l’on peut définir comme le fondement de sa poétique.
En 1937, il entre au Parti Communiste Français et en 1942, il publie Le Parti Pris des Choses qui marque son entrée dans le monde littéraire.
en 1947 acquiert une renommée internationale alors qu’il est professeur à l’alliance française.
Il publie Proêmes en 1948, La Seine en 1950, La Rage de l’Expression en 1952, Le Soleil placé en abîme en 1954, Pour un Malherbe en 1965 ainsi que divers textes sur la peinture.
Il meurt à Bar-sur-Loup le 6 août 1988.

Le drame de l'expression chez Ponge

Poète contemporain, il éprouve déjà, à l'âge de dix-sept ans, une violente révolte contre le parler ordinaire : « N'en déplaise aux paroles elles-mêmes, étant donné les habitudes que dans tant de bouches infectes elles ont contractées, il faut un certain courage pour se décider non seulement à écrire, mais même à parler » (Proêmes, « Des Raisons d'écrire », II). Ponge souligne les difficultés qu'il éprouve à exprimer sa douleur après le décès de son père mais il écrit tout de même La Famille du sage à la suite de sa disparition. Son sentiment d'un « drame de l'expression » s'avive : le désir irrépressible de s'exprimer ce que Ponge appelle la « rage de l'expression »

Dans cette perspective, le poète doit-être utile, une mission lui est confiée : il invente le langage

Ponge choisit de construire des « définitions-descriptions » de l'objet et consacre son écriture aux choses familières qui nous entourent (le cageot, la cigarette, la bougie, l'orange, le galet, le savon, l'assiette... )

Ce travail aboutit, après dix ans d'écriture, à la publication, en 1942, du Parti pris des choses.

A consulter 

 

Quiz

Connais-tu Ponge et le recueil "La Rage de l'expression"? 

Le projet de préface sur la poésie de Ponge. Introduction au Parti pris des choses

Francis Ponge, Projets d'introduction non publiés pour le Parti pris des choses, 1928

Que nous apprend ce projet de préface sur la poésie de Ponge ?

Ponge

Introduction au Parti-pris des choses

Longtemps je me posai les questions les plus difficiles. Je m'applique à présent aux choses les plus simples.

Il s'agit pour moi de faire parler les choses, puisque je n'ai pas réussi à parler moi-même, c'est-à-dire à me justifier moi-même par définitions et par proverbes.

Je tâcherai donc de former les choses en notions pratiques. Mais pratiques en quoi ? Pour la conversation la plus terre à terre.

Renonçant à me modifier moi-même, ni d'ailleurs les choses – Renonçant également à me connaître moi-même, sinon en m'appliquant aux choses. Me formant du monde une image, des notions pratiques.

L'on ne me connaîtra, l'on n'aura une idée de moi que par ma coquille, ma demeure, mes collections. Ou plutôt, car ce sont des armes, mes panoplies. Par l'accent de ma représentation du monde.

Longtemps je reprochai aux paroles de me duper. A présent je les remercie. Elles me trompent, et donc elles me découvrent. Si je suis quelque chose, ma lâcheté d'abord me confondait à elles. Mon effort contre elles, ou plutôt malgré elles me découvre. Ma façon de rouler le rocher de Sisyphe, voilà ce que j'ai de plus personnel.

Je tendrai donc aux définitions.

Il faudra donc me pardonner un style didactique. Je ne cherche qu'à m'assurer moi-même de certaines choses. Ce que je parais enseigner, je cherche à m'en persuader, ce sont des notions que j'avale pour tenir debout.

1928

 

Introduction au Parti pris des choses

Les qualités que l'on découvre aux choses deviennent rapidement des arguments pour les sentiments de l'homme. Or nombreux sont les sentiments qui n'existent pas (socialement) faute d'arguments.

D'où je raisonne que l'on pourrait faire une révolution dans les sentiments de l'homme rien qu'en s'appliquant aux choses, qui diraient aussitôt beaucoup plus que ce que les hommes ont accoutumé de leur faire signifier.

Ce serait là la source d'un grand nombre de sentiments inconnus encore. Lesquels vouloir dégager de l'intérieur de l'homme me paraît impossible, ou beaucoup plus difficile. Et pourtant souhaitable (Progrès des Lumières autant en ce qui concerne les choses que l'homme lui-même – harmonie entre l'homme nouveau et la nature qu'il connaît et possède de mieux en mieux).

Telles sont les ressources morales (aussi bien qu'esthétiques) du visible.

Sans parler des vertus propres à l'attention elle-même.

Automne 1928

Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge et paru en 1942.

PongeLe Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge et paru en 1942.

Le titre évoque un parti pris pour les choses : un enjeu déjà posé : la poésie se détourne de l'homme. 

Caractéristiques du recueil : un poème définition

Dans ce recueil, il tente de décrire les objets et les choses du quotidien d'une apparence banale et les investie de connotations diverses. Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles. Les fonctions sont déplacées et la poétisation des objets à son paroxysme. Les objets sortent ainsi de leur banalité quotidienne grâce aux mots dotés de qualités linguistiques nouvelles. Ce poète est l'un des seuls à avoir donné une telle beauté aux objets du quotidien.

L'objet devient poétique 

Ponge veut sortir l'objet de ses topos qui l'enferment. Sortir de l'inconscient collectif = sortir les objets de leur stéroétype. Le regard doit prendre le parti des choses. Ainsi, le papillon, "est un minuscule voilier des airs malmenés par le vent". 

Chaque poème est une définition proposée pour une chose :

Ex le cageot.

La définition va du signifiant, la sonorité, au signifié,  le sens. Ainsi le cageot est "à mi chemin de la cage au cachot la langue française a cageot »

Il utilise les images, métaphores, comparaisons, pour mettre en avant l'originalité de ses descriptions et offre de ce fait au lecteur une autre perception des choses hors du sens commun.

Il nous suggère une poésie hors des stéréotypes et des règles d'écriture. Le papillon devient "une allumette volante", la fleur, "une tasse mal lavée"...

Il créé ses propres objets poétiques, le pain, le cageot, l'orange, l'assiette..... et subjectivise leur rapport au monde. Il recrée les choses au-delà de tous les stéréotypes possibles.

C'est une écriture en prose, objective qui restaure dans son effort de définition, l'étymologie des mots. 

Une vision poétique d'objets

Définition du mot "objet" : du lat objectum : ce qui se place devant ; sens large : toute chose (y compris les êtres animés ) qui affecte les sens et spécialement la vue. Chose solide ayant unité et indépensance et répondant à une certaine destination (=> utilité le plus souvent, sinon on parle d'oeuvres).

La poésie est généralement associée au lyrisme, c'est-à-dire à l'expression de sentiments personnels. Ainsi la mytholologie associe cet art à la figure d'Orphée qui, accompagné de sa lyre, épanchait sa douleur liée à la perte de sa douce Eurydice.

Loin de ces thèmes traditionnels, la poésie moderne quant à elle, fait place au quotidien et à ses objets, et non plus aux seuls sujets jugés nobles. Cette révolution poétique est amorcée dans la seconde moitié du XIXème siècle par Baudelaire et Rimbaud.

Mais étant donné l'aspect trivial de ces sujets, la difficulté sera de susciter l'intérêt voire l'émotion chez le lecteur. Dès lors, on peut se demander : comment le poète transfigure-t-il par son travail sur le langage mais aussi une réflexion sur le monde les objets quotidiens?

Une poétisation du banal

Ponge

Diversité des objets définis : Une poétisation du banal 

  • "La pluie" : les éléments 
  • "Le cageot", "L'assiette" : objets 
  • "L'orange", "L'huître", "Le pain" : aliments
  • "Le gymnaste" : personne 

 

Il y a une poésie du cageot comme il y a une poésie des objets de consommation et une poésie de la Nature.

Pourquoi? 

Pour révéler la nature intime des choses et donner vie aux objets définis dans le but d'associer le poème et le monde 

 Quête de fusion avec la Nature et le monde 

Point de départ de toute création poétique. Du parti pris des choses au parti pris poétique

Un parti pris du réel en poésie contemporaine

Francis ponge 1

Ponge

  • Considérer la réalité dans ce qu'elle a de plus ordinaire, de plus banal.
  • Un refus d'idéaliser la réalité = un regard neuf sur l'objet, la chose
  • Il s'agit de faire vivre des objets, par exemple avec Ponge, les objets les plus communs et de leur donner la parole, de les faire vivre dans la vie de tous les jours.
  • Le parti pris des choses est un parti pris poétique. La poésie devient une lecture du réel, ainsi Ponge considère différents objets dans son recueil et leur donne une beauté particulière en les faisant vivre et en les dotant d'une personnalité. Il en fait des sujets et les valorise en éloge.
  • Parmi les objets, nous pouvons citer =
  • Le cageot, objet créé par l'homme dont la fonction première est purement utilitaire
  • Le pain, objet de consommation
  • Le coquillage est perçu comme une petite chose
  • Le galet n'est pas «une chose facile à bien définir» du point de vue du langage, mais c'est aussi un objet du point de vue de la perception.
  • L'Assiette, la radio, la bougie, le cageot, le savon..... sont des objets fonctionnels, non symboliques
  • L'esthétique intègre le beau comme le laid "chaque morceau de viande est une sorte d'usine, moulins et pressoirs à sang".
  • Exaltation de la Nature, même la plus destructrice, "La Nature déchire ses manuscrits, démolit sa bibliothèque".
  • Reconnaissance de la supériorité de la Nature. Le poème est objet parmi les objets, la Nature lui est supérieure ainsi que l'affirme Ponge à propos des escargots, "(Ils) sont plutôt des héros, c'est-à-dire, des êtres dont l'existence même est oeuvre d'art, -que des artistes, c'est-à-dire, des fabricants d'oeuvre d'art". 

 

Ponge

Point de départ de toute création poétique : l'homme n'est plus le centre du monde 

la banalité, non pas celle de l'objet mais celle de la vie quotidienne. Il faut exorciser le banal, le sublimer, l'esthétiser. Une nouvelle fonction est donnée à la poésie = l'écriture poétique doit faire voir le banal. Le regard doit se tourner vers les choses, les objets. Valoriser l'objet et diminuer l'homme en proie à un égo disproportionné. Le monde des choses doit renaître et l'homme doit comprendre qu'il doit exercer sa liberté de penser en remettant en question les idées reçues, les idéologies de masse. Ponge appelle l'homme à cette prise de conscience et décide de la transcrire dans son traitement des choses, des objets riches d'enseignement. L'objet devient support d'une leçon.

Créer ses propres objets poétiques pour renouveler notre perception du monde 

Ponge s'inscrit dans la lignée poétique de Rimbaud, Lautréamont et Mallarmé

  • Des traditions poétiques détournées 
  • Rejet des expressions idiomatiques, stéréotypées : ex. La fleur n'est plus l'objet d'un lieu commun : elle devient "une tasse mal lavée". Le papillon devient "une allumette volante".
  • Onomatopées, "gou-glou des gouttières"
  • Paronomases 
  • Néologismes : ex, l'objeu : contraction de objet et de jeu : jouer avec les lettres d'un mot
  • Ryptures de registres 
  • Humour 

 

Le poème devient un poème-définition d'un objet ordinaire dont l'intimité et la beauté sont révélées en fusion avec la Nature et le monde 

Questionnaire sur "Le parti pris des choses"

Ponge

Le but du recueil de Ponge, le Parti-pris des choses est de dévoiler le «million de qualités inédites» des choses, les richesses insoupçonnées qu'elles renferment. Il veut faire de la réalité concrète et ordinaire, la matière poétique. Il faut restituer la présence du réel. Il fait l'éloge de l'ordinaire et du quotidien à travers les objets comme le cageot, l'assiette... Cela correspond à une nouvelle poésie qui refuse toute spéculation intellectuelle, tout engagement, elle repose sur les transgressions des valeurs et codes artistiques. Il rééduque les esprits à travers la distraction et l'enseignement que nous apportent les objets les plus divers du quotidien. La poésie repose sur le banal, l'ordinaire, il n'y a pas de sublime, pas d'élévation d'esprit. L'extraordinaire c'est l'ordinaire, c'est une nouvelle forme d'art.

L'écriture est celle du contact avec l'objet, celle de l'immédiateté, de la proximité avec le quotidien, l'ordinaire. Il rejette toutes les règles et les codes de création artistique et fait un simple retour aux choses. Il donne une dimension métaphysique à l'ordinaire = Naissance de la poésie du banal.

Faire redécouvrir le banal à ses lecteurs

Les questions à se poser

  • Quel est le but de Ponge?
  • Pourquoi ce recueil?
  • Justifier le titre du recueil?
  • Est-il révélateur de son intention?
  • De quoi fait-il l'éloge?
  • Dans quel but?
  • Qu'est-ce que l'extraordinaire pour Ponge?
  • Quelle définition Ponge donne t'-il de la poésie?

 

 

Commentaires, les poèmes de Ponge

Le parti pris des choses

Etude d'un poème : «La Cruche», 1961 Ponge

Une réflexion sur la poésie

«La Cruche», 1961

Ponge a écrit des poèmes sur les objets les plus banals, les plus humbles qui reposent sur les rapports entre le mot et la chose. Dans Pièces, un recueil publié en 1961, Ponge écrit un poème intitulé «La cruche».

 

Problématique d'étude

En quoi ce poème est-il une réflexion sur la poésie?

 

Dans le but de conduire notre étude, nous verrons dans un premier temps, comment le poème naît des rapports entre le mot et la chose, en quoi l'objet la cruche est le prétexte d'un objeu et enfin de quelle manière le poète mène une réflexion sur le langage poétique, réflexion qui procure l'objoie.

 

I – Le mot et la chose

– Programme

Quel rapport s'instaure entre le mot et la chose et en quoi consiste le programme?

Les strophes sont annoncées par la première

Quel est l'objectif?

Il s'agit de redonner la densité de la chose par les signes, disséminer.

On peut parler de brouillon, de réécriture.

– Cratylisme = imiter

A quel niveau le cratylisme se manifeste t-il?

A trois niveaux, sonore, visuel et tactile

Citez pour justifier votre réponse

– Qualités

Citez trois qualités ou caractéristiques relatives à l'objet

le vide, le milieu et la fragilité

Justifiez votre réponse

II – L'objeu: le trésor

– texte = poème, chant

Il s'agit de montrer que l'objet cruche est le prétexte d'un objeu

Que peut-on dire sur le titre?

C'est le nom d'une chose et le titre d'un poème

Le texte est associé à un poème chant

A quelle autre idée l'objet est-il assimilé?

A un vide à remplir et au manque (le désir)

– Texte = méthode d'écriture, l'objet = allégorie du travail de Ponge

Montrez en quoi

Proverbe, didactisme

Ecrire, c'est faire jouer des rapports, faire vivre, faire fonctionner, dynamiter, dynamiser

Les gestes sont précautionneux.

– Le texte est un mouvement et non plus monument. Ponge, L'Ecrit Beaubourg, «le texte n'est plus monument mais moviment» = régime de lecture, l'objet = allégorie de notre lecture.

A quoi lire est-il associé?

Lire c'est déchiffrer les signes et observer. Lire c'est aussi interpréter et enfin lire c'est relire.

III – Purifier le langage pour procurer l'objoie

Une réflexion sur le langage poétique qui procure l'objoie

– Mots = quotidien et transcrire le banal

– Travail du poète = purifier

Quel est le travail du poète?

Il doit laver, remplir, vider, remotiver (Sancho Panca/ Don Quichotte)

– Casser la cruche du lecteur pour procurer l'objoie

Par la parole.

Il s'agit de casser la cruche pour que la cruche existe: casser la cruche, Greuze

Dans quel but?

Pour créer de nouveau

Ponge, l'assiette. Commentaire littéraire et questionnaire bac

Pour le consacrer ici, gardons-nous de nacrer trop cet objet de tous les jours. Nulle ellipse prosodique, si brillante qu’elle soit, pour assez platement dire l’humble interposition de porcelaine entre l’esprit pur et l’appétit.

Non sans quelque humour, hélas (la bête s’y tenant mieux !), le nom de sa belle matière d’un coquillage fut pris. Nous, d’espèce vagabonde, n’y devons pas nous asseoir. On la nomma porcelaine, du latin — par analogie —

porcelaine, vulve de truie... Est-ce assez pour l’appétit ?

Mais toute beauté qui, d’urgence, naît de l’instabilité des flots, prend assiette sur une conque... N’est-ce trop pour l’esprit pur ?

L’assiette, quoi qu’il en soit, naquit ainsi de la mer : d’ailleurs multipliée aussitôt par ce jongleur bénévole remplaçant parfois en coulisse le morne vieillard qui nous lance à peine un soleil par jour.

C’est pourquoi tu la vois ici sous plusieurs espèces vibrant encore, comme ricochets s’immobilisant sur la nappe sacrée du linge.

Voilà tout ce qu’on peut dire d’un objet qui prête à vivre plus qu’il n’offre à réfléchir

 

Francis Ponge, « L’Assiette », 1961

Francis Ponge: 1899-1988

Fréquente Albert Camus, et s’engage dans la Résistance en 1942.

1er recueil : le parti-pris des choses (1942).

Un mot a :

-Un Signifiant (une graphie+ une sonorité)

-Un Signifié (un sens : une dénotation-> sens dans le dictionnaire)

- Connotation = sens second ou figuré d'un mot

Présentation de l'Assiette de Ponge

Francis Ponge (1899-1988) publie son premier recueil

Au XXème siècle, l’objet trivial devient un sujet digne d’un poème

Francis Ponge (1899-1988) publie son premier recueil le parti pris des choses en 1942

En 1961, dans le recueil des pièces, il tente de définir/ décrire l’assiette.

Pour montrez en quoi ce texte est un poème, nous verrons dans un premier temps que Ponge tente de définir et de décrire l'objet mais que les mots font obstacle. Enfin, en troisième partie, nous verrons que malgré tout, la poésie autour de l'objet permet au poète de reconfigurer le monde.

Problématique

  • En quoi ce texte est-il un poème?

Plan d'étude possible

  • I. une tentative de définition
  • II.  les mots font obstacle
  • III. la poésie permet de reconfigurer le monde

 

 

  • I, une tentative de description/ définition
  • 1. Définir
  • a. Tirets, parenthèses
  • b. Connecteurs logiques+ structure en paragraphes, (6) avec un résultat final (voilà)
  • c. Présent de vérité générale+ on (x2)
  • 2. Simplicité
  • a. Poème en prose, vocabulaire simple, registre courant
  • b. Objet banal, thème du repas
  • c. Refus de l’étincelant
  • 3. Décrire
  • a. Donner à voir : présence du lecteur (nous/tu) -> l’objet (jette en avant)
  • b. Matière forme
  • c .Présence de l’objet : « ici », démonstratif « cet »

Questionnaire sur l'axe I : 

  • Comment Ponge tente t'-il de définir l'objet avec les mots?
  • La forme du texte confère t'-elle une autorité à sa volonté de description?
  • Quel effet le présent de vérité générale a t'-il sur la tentative de définition?
  • Montrez que ce texte est un poème en prose qui refuse l'éclat et revendique la simplicité?
  • Citez le texte pour justifier vos réponses
  • Comment l'objet est-il décrit?
  • S'agit-il de donner à voir?
  • Relevez tout ce qui est relatif à la matière et à la forme de l'objet

II. les mots sont impropres

1. Car ils dénotent/ déraillent vers l’animalité

-Porce (Truie)/Laine (mouton?)

-> Truie-> Ponge, par l’étymologie, perd de vue l’assiette

-Analogie -> Fonction basse du corps -> assiette = ingestion/digestion

-«Appétit » -> sexuel/ nourriture

2. Car ils le rapprochent du coquillage (assiette)

-Mot : « coquillage »/« conque »

-Allusion au tableau de Botticelli, La naissance de Vénus -> Le coquillage le (Ponge) fait se perdre dans sa culture : « beauté », « nait », « flots », « naquit », « mer »

3. La religion

-Sa culture religieuse l’éloigne aussi de l’assiette : « consacre » -> « nappe sacrée », « espèces » -> Le pain et le vin, le sang et la chaire de Jésus, opération magique

-Assiette = plat utilisé pour la liturgie ? Posé sur l’autel ? Comme le graal, objet sacré ? Comparaison

-Répétition de « l’esprit pur » + Miracle ? « Multipliée »

Questionnaire sur l'axe II :

  • Montrez que l'analogie est un obstacle à la description
  • Donnez un exemple précis
  • Montrez que Ponge passe de la dénotation, sens premier d'un mot à la connotation, sens second d'un mot, du sens propre au sens figuré
  • De ce fait, les mots peuvent-ils être qualifiés d'impropres?
  • Donnez un exemple qui montre que les mots versent dans l'animalité
  • Analysez le glissement vers le coquillage
  • Relevez les connotations religieuses

III, Pourtant, le poète parvient à atteindre son objectif : dire l’assiette

1. L’eau pour purifier

-Élément très présent dans le poème : « l’assiette (…) naquit ainsi de la mer »

-> Là où la vie naît : les mots peuvent donc renaître, neufs, purifiés

-« Ricochets », le poète dessine/trace les assiettes sur la page

-Les mots se régénèrent= « nacrer » -> « nappe sacrée »

->auto engendrement du poème -> Référence à la naissance de Vénus

2. L’objeu

-Mouvement « moviment » et pas « monument » : le test doit être dynamique -> image du « jongleur ».

-Le poète : un « jongleur », face à l’usage habituel de la langue (noms : « morne vieillard »)

-Le lecteur, s’il est attentif, doit découvrir la perle dans son texte -> l’’image de l’huître (dans le mot « truie ») est efficace : le poème, qui est tentative (questions, doutes) est un succès.

3. L’ellipse

-l.2 -> figure géométrique -> la spirale (quelque chose avance)

-Ellipse= blanc, silence : les mots les plus efficaces sont passés sous silence

-Objoie : orgasme que le poème doit provoquer chez le lecteur. Après l’objeu, le lecteur a trouvé la perle dans l’huître (=truie). ->l’objet -> Objeu -> Objoie

Un sapate= présent, cadeau, don humble, banal, simple, qui renferme un objet de grande valeur

Questionnaire sur l'axe III : 

  • A quoi l'élément eau est-il associé?
  • Relevez les termes qui le montrent
  • Quel effet, la purification par l'eau a t'-elle sur les mots?
  • Relevez les termes qui sacralisent l'eau et contribuent à la renaissance du poème
  • Que traduit la référence à la Naissance de Vénus
  • Pourquoi le poète doit-il être un jongleur?
  • Finalement, le poème est-il un succès?
  • Le poète parvient-il à dire l'assiette?
  • Montrez et analysez la progression de l'objeu à l'objoie

Conclusion

Ainsi dans ce poème en prose, Ponge tente de faire une description, de définir mais les mots échappent et font obstacle. Le poète ne parvient pas à dire «l'assiette», à atteindre son objectif.

La poésie est renouvelée dans un nouveau pacte qui réconcilie l'homme et l'objet souvent dénigré. Elle se voit conférée une nouvelle mission qui est de sublimer le banal à travers un objet, ici «l'assiette». Le parti-pris de la chose, l'assiette est associé à un autre parti-pris, le parti-pris poétique.

Ouverture possible

Mais ce parti-pris poétique ne redéfinit-il pas la place du poète?

Commentaire, Le Gymnaste, Ponge, "Le parti pris des choses"

Francis Ponge poète contemporain du XX siècle auteur qu'on peut rapprocher du mouvement surréaliste, publie en 1942 ,un recueil intitulé le parti pris des choses rassemblant 32 petits poèmes en prose consacrés aux choses les plus ordinaires ,les plus banales ,décrivant des éléments de la vie quotidienne.Il s'agit des choses au sens large ,c'est à dire d'animaux (crevettes, papillons) ,des minéraux (le galet) des objets (le cageot,la bougie) des comestibles (le pain ,l'orange).

Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles.Il refuse le lyrisme, et l'utilisation d'un langage artificiel. La poésie doit venir de l'objet décrit. Le poème étudié s’intitule le gymnaste.Le gymnaste est un poème particulier car il est le seul poème à traiter de l’homme.


Problématique :
Doit on considérer ce poème comme une définition-description?


Support :

Le Gymnaste

Comme son G l'indique le gymnaste porte le bouc et la moustache que rejoint presque une grosse mèche en accroche-cœur sur un front bas.

Moulé dans un maillot qui fait deux plis sur l'aine il porte aussi, comme son Y, la queue à gauche.

Tous les cœurs il dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est baste!

Plus rose que nature et moins adroit qu'un singe il bondit aux agrès saisi d'un zèle pur. Puis du chef de son corps pris dans la corde à nœuds il interroge l'air comme un ver de sa motte.

Pour finir il choit parfois des cintres comme une chenille, mais rebondit sur pieds, et c'est alors le parangon adulé de la bêtise humaine qui vous salue.


Analyse du poème

1)description du gymnaste :

Nous avons tout d'abord une description physique du gymnaste , « il porte le bouc et la moustache » il est « plus rose que nature » il est en plein effort. s'ajoutera à cela une description de ses habits « moulé dans un maillot »,de ses mouvements « bondit,rebondit »et de son environnement « corde ».Ce qui fait la description d'un objet en mouvement .Il définit ainsi le gymnaste comme tel sans « apparat » il n'est qu'un simple homme. Ponge se sert de la définition description pour entamer l'objeu

2)description sert a l'objeu :

Nous allons commencer par définir l'objeu .L'objeu est la contraction des termes d’objet et de jeu qui fait du poème un objet de jeu avec les mots. Voyons les différents types de jeux présentés ici:

a) jeu Lexicographique

il joue d'abord avec l’étymologie du mot « aine » et détourne un cliché avec « moins adroit qu'un singe »

b)jeu de dérivation

il joue également avec un jeu de dérivation il passe de dévaste cœur à « accroche coeur »
il crée grâce à ces jeux de mots une poétisation


c)une poétisation en prose

il continue de jouer avec les mots et notamment avec la mise en place d'homéotéleute : L’homéotéleute est une figure de style qui consiste à répéter des finales de mots ou de syllabes pour créer une assonance ou un effet de mise en relief.
« il dévaste mais se doit d'être chaste et son juron est baste ».il joue avec le mot « Gymnaste »
Ponge joue avec le titre de son poème, il place les lettres du titre comme le Y qui symbolise le sexe masculin.
Il utilise le cratylisme : en effet Ponge joue avec le mot désignant et le désigné G Y M N astes .
Il joue également avec le suffixe aste : le gymnaste « devaste,chaste,baste.

Cependant pour une fois le jeu est satirique et rabaisse l'objet ici humain


3)Une satire du Gymnaste

1)L’animalité du Gymnaste


Le gymnaste est déshumanisé il fait en sorte qu'il tende vers l'animal avec un champ lexical se rapportant aux animaux «bouc, singe, ver, chenille » de plus il y associe le vocabulaire gestuel des animaux avec les termes «bondit, rebondit »

2)Le ridicule du gymnaste :

Le Gymnaste est tourné au ridicule il est dénué d'intelligence « Puis du chef de son corps » et « front bas » : il est comparé à l'animal «bêtise »
on peut se poser la question : mais ou est l'homme ,le gymnaste du départ?
Le gymnaste est donc rabaissé au rang d'objet ou d'animal.On peut remarquer que c'est le seul poème traitant de l'homme.

Conclusion :

Expert en acrobaties littéraires et poétiques Ponge joue avec les mots afin de ridiculiser le gymnaste.Il se sert à bon escient du cratylisme des lettres du gymnaste pour en faire une certaine satire et rabaisser ce gymnaste au rang d'animal

Ouvertures possibles :

Ponge est-il tel le voyant rimbaldien qui est capable d'aller au-delà de la surface des mots et des choses?

Retrouve t'-on cet au-delà des mots dans le pain et l'huître?

Notes pour un coquillage, Ponge Commentaire.

 

Notes pour un coquillage , FRANCIS PONGE : Commentaire

Le parti pris des choses

 

Lecture du texte :
Un coquillage est une petite chose, mais je peux la démesurer en la replaçant où je la trouve, posée sur l'étendue du sable. Car alors je prendrai une poignée de sable et j'observerai le peu qui me reste dans la main après que par les interstices de mes doigts presque toute la poignée aura filé, j'observerai quelques grains, puis chaque grain, et aucun de ces grains de sable à ce moment ne m'apparaîtra plus une petite chose, et bientôt le coquillage formel, cette coquille d'huître ou cette tiare bâtarde, ou ce "couteau", m'impressionnera comme un énorme monument, en même temps colossal et précieux , quelque chose comme le temple d'Angkor, Saint-Maclou ou les Pyramides , avec une signification beaucoup plus étrange que ces trop incontestables produits d'hommes.
Si alors il me vient à l'esprit que ce coquillage, qu'une lame de la mer peut sans doute recouvrir, est habité par une bête, si j'ajoute une bête à ce coquillage en l'imaginant replacé sous quelques centimètres d'eau, je vous laisse à penser de combien s'accroîtra, s'intensifiera de nouveau mon impression, et deviendra différente de celle que peut produire le plus remarquable des monuments que j'évocais tout à l'heure !
Les monuments de l'homme ressemblent aux morceaux de son squelette ou de n'importe quel squelette, à de grands os décharnés : ils n'évoquent aucune habitation à leur taille. Les cathédrales les plus énormes ne laissent sortir qu'une foule informe de fourmis, et même la villa, le château le plus somptueux faits pour un seul homme sont encore plutôt comparables à une ruche ou à une fourmilière à compartiments nombreux, qu'à un coquillage. Quand le seigneur sort de sa demeure il fait certes moins d'impression que lorsque le bernard-l'hermite laisse apercevoir sa monstrueuse pince à l'embouchure du superbe cornet qui l'héberge.
Je puis me plaire à considérer Rome, ou Nîmes, comme le squelette épars, ici le tibia, là le crâne d'une ancienne ville vivante, d'un ancien vivant, mais alors il me faut imaginer un énorme colosse en chair et en os, qui ne correspond à rien de ce qu'on peut raisonnablement inférer de ce qu'on nous a appris, même à la faveur d'expressions au singulier, comme le Peuple Romain ou la Foule Provençale.
Que j'aimerais qu'un jour l'on me fasse entrevoir qu'un tel colosse a réellement existé, qu'on nourrisse en quelque sorte la vision très fantomatique et uniquement abstraite sans aucune conviction que je m'en forme ! Qu'on me fasse toucher ses joues, la forme de son bras et comment il le posait le long de son corps.
Nous avons tout cela avec le coquillage : nous sommes avec lui en pleine chair, nous ne quittons pas la nature : le mollusque ou le crustacé sont là présents. D'où une sorte d'inquiétude qui décuple notre plaisir.

 

Problématique :
Comment PONGE montre t-il la démesure de l'homme qui l'oppose a la mesure de la chose?
Plan du commentaire :
I) LE COQUILLAGE
a) La démesure
b) La mesure
Transition
II) LA DEMESURE HUMAINE
a) Architecture démesurée par rapport à l'homme
b) Orgueil manifesté par cette démesure
Conclusion
Ouverture
 

 

Commentaire

Introduction

Poète du 20ème siècle, Francis Ponge est marqué par les courants réalistes, surréalistes et absurdes. Son oeuvre est profondément marquée par toutes formes d'opposition à l'anthropomorphisme et à une dizaine d'années d'écriture qui débouche en 1942 sur la publication, Le parti prix des choses. Dans ce recueil le poème "notes pour le coquillage" présente un certain nombre de réflexions sur la mesure et la démesure. Comment  PONGE montre t-il la démesure de l'homme qui l'oppose a la mesure de la chose?

Si le coquillage parait démesuré face au grain de sable, l'auteur souligne que la bête qui l’ occupe est à la mesure même de la chose. Cela lui permet de souligner ce qu'il considère comme un défaut chez l'homme, la démesure illustrée ici par l'architecture afin de conserver l'image de la bête habitant son coquillage. Cependant l'homme est capable de mesurer lorsqu'il produit toute forme de son intériorité comme la musique mais surtout la parole. Celle-ci habite l'homme dans sa totalité et à la façon du mollusque dans son coquillage. Elle épouse la forme de l'écrivain. Dans un premier temps, nous étudierons le coquillage, puis, en second lieu, la démesure humaine.

I) LE COQUILLAGE

a)La démesure

Le coquillage est très grand par rapport au grain de sable « démesurer en la remplaçant où je la trouve, posée sur l’étendue du sable »  mais tout petit par rapport à la plage « un coquillage est une petite chose  », démesurée.

b)La mesure

Le coquillage est un mollusque où vit une bête, un être vivant qui s’accroît fortement et très rapidement grâce à l’eau. Ce qui est très différent des monuments.  


II) LA DEMESURE HUMAINE

a) Architecture démesurée par rapport à l'homme

L’architecture est démesurée ici par rapport à l’homme. Ponge nous enseigne que les plus grands monuments ne sont pas forcément les plus remplis par exemple le château pour une seule personne ou a contrario les cathédrales  remplies de « fourmis »

b) Orgueil manifesté par cette démesure

Ponge nous montre l’orgueil humain de cette démesure,  il site même des villes très connues comme « Rome » « Nîmes » et exagère en énumérant de nombreux ordres grâce à l’impératif, il faut  continuer de créer de nombreux monuments ainsi. Mais il se rend compte que l’exagération n’est pas une bonne choses pour la société il faut se contenter de peu dans la vie pour en faire profiter plus d’un.

CONCLUSION

Usant donc de l'image du coquillage et de la bête habitant, Ponge met en avant l'orgueil démesuré qui se manifeste dans les constructions humaines. Cependant et afin de conserver sa première image il souligne la capacité dont dispose l'homme pour sa production artistique et intellectuelle a garder la mesure à l'échelle de l'artiste. Pourtant ces constructions extérieures et particulièrement architecturales que parait condamner Ponge ne sont-elle pas la marque d'un être vivant en société et la comparaison de l'homme semblerait plus loyale avec une abeille au milieu de sa ruche qu'avec un coquillage isolé sur la plage. En fait  Ponge semble vouloir mettre en garde l'Homme contre la démesure non pas tant de son architecture que son imagination orgueilleuse.

Le rapport des mots aux choses 

Ponge - Villon - Mallarmé 

Le pouvoir de la parole en poésie -Le langage et le rapport des mots et des choses. Mallarmé, "Sonnet en X" - Villon,Testament, Poèmes CXIV et CXV

Francis Ponge, ressources pour le bac EAF 2024. Le Parti pris des choses, La Rage de l'expression. Parcours "Dans l'atelier du poète"

Ponge Rage de l'expression Parti pris des choses L'atelier du poète

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