Bac G. philosophie métropole 2021, les sujets corrigés en ligne dès la sortie de l'épreuve

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Bac 2017 4

Epreuve : BAC Général

Matière : Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Métropole

Date : jeudi 17 juin 2021

Heure : 08h00

Durée : 4h

 

 

 

Aménagement de l'épreuve de philo 

Cette année, afin de couvrir le programme, vous aurez le choix entre quatre sujets (au lieu de trois) :

un sujet de commentaire et analyse de texte

trois sujets de dissertation (au lieu de deux en temps normal)

 

Le candidat traite, au choix, un des quatre sujets proposés.

Sujet 1: Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

Sujet 2: L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance?

Sujet 3: Sommes-nous responsables de l’avenir ?

Sujet 4: Explication de texte autour d'un extrait de l'ouvrage De la Division du travail social, d'Emile Durkheim

« Chaque peuple a sa morale, qui est déterminée par les conditions dans lesquelles il vit. On ne peut donc lui en inculquer une autre, si élevée qu’elle soit, sans le désorganiser, et de tels troubles ne peuvent pas ne pas être douloureusement ressentis par les particuliers. Mais la morale de chaque société, prise en elle-même, ne comporte-t-elle pas un développement indéfini des vertus qu’elle recommande ? Nullement. Agir moralement, c’est faire son devoir, et tout devoir est défini. Il est limité par les autres devoirs : on ne peut se donner trop complètement à autrui sans s’abandonner soi-même ; on ne peut développer à l’excès sa personnalité sans tomber dans l’égoïsme. D’autre part, l’ensemble de nos devoirs est lui-même limité par les autres exigences de notre nature. S’il est nécessaire que certaines formes de la conduite soient soumises à cette réglementation impérative qui est caractéristique de la moralité, il en est d’autres, au contraire, qui y sont naturellement réfractaires et qui pourtant sont essentielles. La morale ne peut régenter outre mesure les fonctions industrielles, commerciales, etc., sans les paralyser, et cependant elles sont vitales ; ainsi, considérer la richesse comme immorale n’est pas une erreur moins funeste que de voir dans la richesse le bien par excellence. Il peut donc y avoir des excès de morale, dont la morale d’ailleurs est la première à souffrir ; car, comme elle a pour objet immédiat de régler notre vie temporelle, elle ne peut nous en détourner sans tarir elle-même la matière à laquelle elle s’applique. »

Emile Durkheim, De la division du travail social (1893

 

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Corrigé du commentaire = Emile Durkheim, De la division du travail social-Objet du texte : L'existence de la morale est-elle nécessaire pour les peuples ?

« Chaque peuple a sa morale, qui est déterminée par les conditions dans lesquelles il vit. On ne peut donc lui en inculquer une autre, si élevée qu’elle soit, sans le désorganiser, et de tels troubles ne peuvent pas ne pas être douloureusement ressentis par les particuliers. Mais la morale de chaque société, prise en elle-même, ne comporte-t-elle pas un développement indéfini des vertus qu’elle recommande ? Nullement. Agir moralement, c’est faire son devoir, et tout devoir est défini. Il est limité par les autres devoirs : on ne peut se donner trop complètement à autrui sans s’abandonner soi-même ; on ne peut développer à l’excès sa personnalité sans tomber dans l’égoïsme. D’autre part, l’ensemble de nos devoirs est lui-même limité par les autres exigences de notre nature. S’il est nécessaire que certaines formes de la conduite soient soumises à cette réglementation impérative qui est caractéristique de la moralité, il en est d’autres, au contraire, qui y sont naturellement réfractaires et qui pourtant sont essentielles. La morale ne peut régenter outre mesure les fonctions industrielles, commerciales, etc., sans les paralyser, et cependant elles sont vitales ; ainsi, considérer la richesse comme immorale n’est pas une erreur moins funeste que de voir dans la richesse le bien par excellence. Il peut donc y avoir des excès de morale, dont la morale d’ailleurs est la première à souffrir ; car, comme elle a pour objet immédiat de régler notre vie temporelle, elle ne peut nous en détourner sans tarir elle-même la matière à laquelle elle s’applique. »

Emile Durkheim, De la division du travail social (1893

 

Objet du texte : L'existence de la morale est-elle nécessaire pour les peuples ?

Thèse de l'auteur : La morale est nécessaire au peuple mais sans excès qui en viendrait à nuire à ce qu'elle est censée régler.

Plan :

A) Le développement de la morale ne peut être absolu et est relatif aux différents peuples

la morale est relative à chaque peuple, il est donc impossible de l'imposer

en effet la morale ne peut pas être considérée comme absolue, elle ne peut pas être développée de façon indéfinie et doit connaître des limites (relatives à chaque peuple)

La définition de la morale par Durkheim la réduit à l'effectuation de son devoir

La morale contient donc une limite interne, elle doit viser un juste milieu (possible de faire un lien avec la définition aristotélicienne de la vertu dans l'Éthique à Nicomaque)

B) Nos devoirs sont limités par le fait de ne pas nuire à ce que précisément ils sont censés régler

la morale ne contient pas seulement une limite interne mais également une limite extérieure

la morale n'est pas la seule dimension de l'être humain qui lui est nécessaire, ses conditions matérielles le sont également

la cause de cette limitation extérieure se trouve dans le fait qu'elle a pour objet de "régler notre vie temporelle"

Les limites extérieures de la morale viennent donc du fait que la morale dans ce texte de Durkheim n'est pas une fin en soi mais à un but d'organisation des sociétés, ainsi que l'indiquait le verbe "désorganiser" au début du texte.

Conclusion :

Ouvrir sur le lien entre le caractère relatif de la morale et le fait qu'elle n'est pas une fin en soi. Il est possible alors d'opposer la vision de Durkheim à celle de Kant.

Corrigé de la dissertation n°1 - Sujet 1: Discuter, est-ce renoncer à la violence ?

Discuter, est-ce renoncer à la violence

Définitions : 
Discuter = usage de la parole avec autrui marquée par des dispositions d'écoute ; il est important d'insister sur la dimension verbale du terme "discuter" et de donner à voir l'effectuation de cet acte

violence = emploi de la force ou de la menace pour soummettre quelqu'un ; ce qui heurte un sujet dans le développement de son être, ce qui contrevient à sa nature

Problématique : 
La discussion est-elle l'origine de l'apaisement, ou bien  la violence est-elle le seul moyen de produire une société pacifiée où la discussion est possible ?

Plan : 

I  La discussion comme dépassement de la violence dans la résolution d'un conflit

A) La violence comme état premier des rapports interpersonnels, qu'il s'agira de dépasser par la discussion
Dire qu'il s'agit par la discussion de renoncer à la violence, c'est admettre que celle-ci est première dans le temps.
Possible de s'appuyer sur la description de l'état de nature par Hobbes dans le Léviathan. Afin de se préserver, tous les moyens sont bons pour les hommes, y compris la violence.

B) Violence et discussion ont ceci de commun qu'ils sont tous les deux des outils pour résoudrent les conflits, faire le choix de la discussion c'est alors rejeter la violence comme mode de résolution d'un conflit
On peut s'appuyer ici sur un ouvrage de sociologie sur la pacification des sociétés par l'emploi de la discussion

II Nécessité de l'instauration de la violence légitime

A) Ce n'est pas discuter qui est renoncer à la violence, c'est le renoncement à la violence qui est la condition de possibilité de la discussion
Dans la partie précédente nous avons postulé que la discussion n'était qu'un mode alternatif de résolution des conflits qu'il s'agissait de préférer à la violence, toutefois c'est bien plutôt la fin de l'usage de la violence qui rend possible la discussion
Difficulté de l'acte même de la discussion quand la menace de la violence est présente
exemple : récit du rapport à l'autre en temps de guerre, dans un roman ou une oeuvre cinématographique.
B) Le renoncement à la violence ne peut se faire que par une autorité supérieure chargée d'empêcher son expression dans le cadre d'un conflit de tous contre tous
approfondissement de notre référence à Hobbes en montrant que la sortie de l'état de nature ne peut se faire que par l'acte de chacun de confier son droit à la défense de son intégrité dans une autorité supérieure à tous qui aura alors un droit absolu à user de la violence pour protéger les citoyens

III La discussion est l'instauration d'une forme de paix plus haute que le simple renoncement à la violence : une communauté dans le dialogue

A) Le renoncement à la violence n'est que la condition de possibilité de la discussion, et non sa fin
On ne peut pas définir quelque chose par sa condition de possibilité, mais sa compréhension nécessite d'en saisir le sens, la finalité
La discussion a pour finalité la rencontre de l'altérité 
exemple : la Phénoménologie de l'esprit où Hegel décrit la dialectique du maître et du serviteur qui a bien pour point commun avec la vision Hobbes du rapport à Autrui la dimension de violence. Toutefois, cette description insiste sur la recherche de soi-même par la médiation de l'altérité qui préside à cette dialectique. La discussion rend compte de cette destination essentielle dans le rapport à Autrui
B) Discuter c'est se laisser tranformer par cette altérité qu'est Autrui
la violence est vécue comme une forme d'extériorité menaçante
la discussion est disparition du caractère menaçant de cette extériorité
Toutefois il s'agit de préserver l'extériorité d'Autrui afin de se laisser tranformer dans l'acte même de la discussion
ex : l'art de la dialectique dans les dialogues de Platon
La paix offerte par le dialogue est la paix de la communauté des interlocuteurs qui s'acceptent dans leur différence mutuelle
 

Corrigé de la dissertation n°2 = L'inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?

L'inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?

Définitions :

inconscient : ce qui n'est pas conscient, des principes déterminant l'action d'un sujet sans pour autant être connus de lui

connaissance : acte d'un sujet qui saisit un objet par les sens ; savoir issu d'une recherche méthodique

Problématique : Une science de l'inconscient est-elle possible ou bien la prise de conscience des causes inconscientes de l'agir humain n'entraîne-t-elle pas nécessairement la disparition ?

Plan :

I L'inconscient c'est précisément ce qui n'est pas connu du sujet

A) L'inconscient ne peut pas être l'objet des sciences de la nature, dans la mesure où il implique une démarcation vis-à-vis d'un état de conscience propre au sujet humain.

B) Connaître pouvant être défini, dans le cas des sciences de l'homme, comme le fait de rendre claire pour une conscience un ensemble de lois réglant les actes humains, il implique l'existence préalable d'un impensé, de causes non encore connues par l'esprit humain. Mais précisément l'inconscient c'est alors simplement le domaine de ce qui n'a pas encore été découvert.

exemple : l'histoire des sciences humaines telle qu'elle est développée par Michel Foucault dans Les mots et les choses.

II Il existe des sciences des causes inconscientes de l'action humaine

A) La psychanalyse se propose de connaître l'inconscient, réduisant par là l'autorité que le sujet pensait avoir sur ses propres actes.

- exemple : Freud, Nouvelles conférences sur la psychanalyse.

B) La sociologie : la connaissance des causes sociales des actions humaines. Ce que je pensais être un choix absolument personnel et singulier, n'est en réalité que la conséquence de mon milieu social.

- Exemple : Bourdieu, La Distinction, critique sociale du jugement.

III Prendre conscience de causes inconscientes tranforme le rapport du sujet à ces causes

A) L'étude de l'inconscient donne à voir une autre forme de connaissance, qui n'est pas de nature explicative mais procède par compréhension

B) Étudier l'inconscient c'est le voir changer de nature. Or, celui-ci se distinguant en tant qu'il guide nos actes sans que nous en ayons conscience, notre agir s'en trouve tranformé.

- exemple de la différence entre le peuple, les demi-habiles et les habiles dans les Pensées de Pascal. Les demi-habiles ont conscience des lois d'imagination qui règlent l'agir des sujets, et changent leur attitude en conséquence.

 

Corrigé de la dissertation n°3 = Sommes-nous responsables de l'avenir ?

Sommes-nous responsables de l'avenir ?

Définitions :

nous : à la fois adresse à un sujet indéfini et un ensemble de personnes en tant que communauté

responsable : dont il est possible d'imputer la cause d'un acte ; la responsabilité peut être morale, juridique ou bien métaphysique.

l'avenir : l'ensemble de ce qui n'est pas encore ; également ce qui est "à venir", ce qui n'est pas nécessaire mais néanmoins possible.

Problématique : Le caractère inexistant de l'avenir rend-il inconcevable de juger d'une responsabilité à son égard ou bien sa présence à titre d'horizon laisse t'elle voir la possibilité d'une préoccupation pour lui de la part de la communauté humaine ?

I Impossibilité d'imputer à quelqu'un une chose qui n'a pas encore eu lieu

A) L'avenir c'est ce qui n'a pas encore eu lieu

- exemple : Augustin dans les Confessions

B) Or, l'ordre juridique de l'état de droit n'admet pas que l'on puisse imputer un acte qui n'a pas encore eu lieu à quelqu'un

- exemple : la théorie du droit de Kelsen

II Le sujet se caractérisant par son intentionalité, l'avenir existe à titre d'horizon, y compris de nos actions

A) Le sujet a toujours l'avenir comme horizon de façon existentielle, même lorsque nous abordons le passé c'est toujours en vue de l'avenir.

exemple : les déterminations temporelles de l'être-au-monde dans Sein und Zeit d'Heidegger.

B) Le sujet lui-même, lorsqu'il agit, agit toujours en vue de l'avenir

- exemple : Aristote, dans l'Éthique à Nicomaque, insiste sur le fait que nous ne délibérons qu'en vue de l'avenir et jamais du passé. Dans chacun de nos actes nous portons une décision sur l'avenir que nous souhaitons.

III C'est précisément dans la détermination d'un avenir commun que le "nous" se constitue

A) Chaque communauté humaine se constitue par un projet commun, ne serait-ce que celui de sa perpétuation

exemple : La définition par Ernest Renan de la communauté nationale comme une communauté qui se propose un projet commun.

B) La communauté humaine ne peut être responsable de faire nécessairement advenir tel ou tel futur précis, elle doit toutefois prendre soin qu'un tel avenir soit encore possible.

Exemple : le Principe de responsabilité, d'Hans Jonas

Sujets corrigés de philosophie métropole 2019

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Date de dernière mise à jour : 17/06/2021

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