Le programme de français 2020 - Classes de 1ères générales et technologiquesGuillaume Apollinaire, "Alcools" / parcours : Modernité poétique ?

Apollinaire, Vendémiaire-Comment la promenade nocturne dans Paris se transforme t'-elle en tentative de captation du monde entier par la poésie ?

Programme du bac de français

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Apollinaire 9

Questionnaires pour les révisions

Recueil "Alcools" parcours bac

Exercices bac français Apollinaire "Alcools" parcours " Modernité poétique ?"Evaluez votre niveau-Progressez avec les exercices corrigés pour la classe de 1ère

Exercices 2 4

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Faire une fiche synthèse, réviser pour l'entretien de français

METHODE :

 

  • 1 - on lit le texte en soulignant les idées essentielles du  passage pour pouvoir les redire à l'oral avec ses propres mots
  • 2 - On note les idées importantes soulignées sous forme de tirets, les unes à la suite des autres
  • 3 - On les insère dans l'axe titre que l'on garde 
  • 4 - On s'entraîne ensuite à le dire à l'oral avec la fiche, puis sans la fiche.
  • On a donc les idées, l'analyse est raccourcie, on restitue les idées importantes avec ses mots et surtout on n"ouble pas de citer

Lecture de la poésie, Vendémiaire, Apollinaire

Hommes de l'avenir souvenez-vous de moi
Je vivais à l'époque où finissaient les rois
Tour à tour ils mouraient silencieux et tristes
Et trois fois courageux devenaient trismégistes

Que Paris était beau à la fin de septembre
Chaque nuit devenait une vigne où les pampres
Répandaient leur clarté sur la ville et là-haut
Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux
De ma gloire attendaient la vendange de l'aube

Un soir passant le long des quais déserts et sombres
En rentrant à Auteuil j'entendis une voix
Quui chantait gravement se taisant quelquefois
Pour que parvînt aussi sur les bords de la Seine
La plainte d'autres voix limpides et lointaines

Et j'écoutai longtemps tous ces chants et ces cris
Qu'éveillait dans la nuit la chanson de Paris

J'ai soif villes de France et d'Europe et du monde
Venez toutes couler dans ma gorge profonde

Je vis alors que déjà ivre dans la vigne Paris
Vendangeait le raisin le plus doux de la terre
Ces grains miraculeux aui aux treilles chantèrent

Et Rennes répondit avec Quimper et Vannes
Nous voici ô Paris Nos maisons nos habitants
Ces grappes de nos sens qu'enfanta le soleil
Se sacrifient pour te désaltérer trop avide merveille
Nous t'apportons tous les cerveaux les cimetières les murailles
Ces berceaux pleins de cris que tu n'entendras pas
Et d'amont en aval nos pensées ô rivières
Les oreilles des écoles et nos mains rapprochées
Aux doigts allongés nos mains les clochers
Et nous t'apportons aussi cette souple raison
Que le mystère clôt comme une porte la maison
Ce mystère courtois de la galanterie
Ce mystère fatal fatal d'une autre vie
Double raison qui est au-delà de la beauté
Et que la Grèce n'a pas connue ni l'Orient
Double raison de la Bretagne où lame à lame
L'océan châtre peu à peu l'ancien continent

Et les villes du Nord répondirent gaiement

Ô Paris nous voici boissons vivantes
Les viriles cités où dégoisent et chantent
Les métalliques saints de nos saintes usines
Nos cheminées à ciel ouvert engrossent les nuées
Comme fit autrefois l'Ixion mécanique
Et nos mains innombrables
Usines manufactures fabriques mains
Où les ouvriers nus semblables à nos doigts
Fabriquent du réel à tant par heure
Nous te donnons tout cela

Et Lyon répondit tandis que les anges de Fourvières
Tissaient un ciel nouveau avec la soie des prières

Désaltère-toi Paris avec les divines paroles
Que mes lèvres le Rhône et la Saône murmurent
Toujours le même culte de sa mort renaissant
Divise ici les saints et fait pleuvoir le sang
Heureuse pluie ô gouttes tièdes ô douleur
Un enfant regarde les fenêtres s'ouvrir
Et des grappes de têtes à d'ivres oiseaux s'offrit

Les villes du Midi répondirent alors

Noble Paris seule raison qui vis encore
Qui fixes notre humeur selon ta destinée
Et toi qui te retires Méditerranée
Partagez-vous nos corps comme on rompt des hosties
Ces très hautes amours et leur danse orpheline
Deviendront ô Paris le vin pur que tu aimes

Et un râle infini qui venait de Sicile
Signifiait en battement d'ailes ces paroles

Les raisins de nos vignes on les a vendangés
Et ces grappes de morts dont les grains allongés
Ont la saveur du sang de la terre et du sel
Les voici pour ta soif ô Paris sous le ciel
Obscurci de nuées faméliques
Que caresse Ixion le créateur oblique
Et où naissent sur la mer tous les corbeaux d'Afrique
Ô raisins Et ces yeux ternes et en famille
L'avenir et la vie dans ces treilles s'ennuyent

Mais où est le regard lumineux des sirènes
Il trompa les marins qu'aimaient ces oiseaux-là
Il ne tournera plus sur l'écueil de Scylla
Où chantaient les trois voix suaves et sereines

Le détroit tout à coup avait changé de face
Visages de la chair de l'onde de tout
Ce que l'on peut imaginer
Vous n'êtes que des masques sur des faces masquées

Il souriait jeune nageur entre les rives
Et les noyés flottant sur son onde nouvelle
Fuyaient en le suivant les chanteuses plaintives
Elles dirent adieu au gouffre et à l'écueil
A leurs pâles époux couchés sur les terrasses
Puis ayant pris leur vol vers le brûlant soleil
Les suivirent dans l'onde où s'enfoncent les astres

Lorsque la nuit revint couverte d'yeux ouverts
Errer au site où l'hydre a sifflé cet hiver
Et j'entendis soudain ta voix impérieuse
O Rome
Maudire d'un seul coup mes anciennes pensées
Et le ciel où l'amour guide les destinées

Les feuillards repoussés sur l'arbre de la croix
Et même la fleur de lys qui meurt au Vatican
Macèrent dans le vin que je t'offre et qui a
La saveur du sang pur de celui qui connaît
Une autre liberté végétale dont tu
Ne sais pas que c'est elle la suprême vertu

Une couronne du trirègne est tombée sur les dalles
Les hiérarques la foulent sous leurs sandales
Ô splendeur démocratique qui pâit
Vienne le nuit royale où l'on tuera les bêtes
La louve avec l'agneau l'aigle avec la colombe
Une foule de rois ennemis et cruels
Ayant soif comme toi dans la vigne éternelle
Sortiront de la terre et viendront dans les airs
Pour boire de mon vin par deux fois millénaire

La Moselle et le Rhin se joignent en silence
C'est l'Europe qui prie nuit et jour à Coblence
Et moi qui m'attardais sur le quai à Auteuil
Quand les heures tombaient parfois comme les feuilles
Du cep lorsqu'il est temps j'entendis la prière
Qui joignait la limpidité de ces rivières

O Paris le vin de ton pays est meilleur que celui
Qui pousse sur nos bords mais aux pampres du nord
Tous les grains ont mûri pour cette soif terrible
Mes grappes d'hommes forts saignent dans le pressoir
Tu boiras à longs traits tout le sang de l'Europe
Parce que tu es beau et que seul tu es noble
Parce que c'est dans toi que Dieu peut devenir
Et tous mes vignerons dans ces belles maisons
Qui reflètent le soir leurs feux dans nos deux eaux
Dans ces belles maisons nettement blanches et noires
Sans savoir que tu es la réalité chantent ta gloire
Mais nous liquides mains jointes pour la prière
Nous menons vers le sel les eaux aventurières
Et la ville entre nous comme entre des ciseaux
Ne reflète en dormant nul feu dans ses deux eaux
Dont quelque sifflement lointain parfois s'élance
Troublant dans leur sommeil les filles de Coblence

Les villes répondaient maintenant par centaines
Je ne distinguais plus leurs paroles lointaines
Et Trèves la ville ancienne
A leur voix mêlait la sienne
L'univers toout entier concentré dans ce vin
Qui contenait les mers les animaux les plantes
Les cités les destins et les astres qui chantent
Les hommes à genoux sur la rive du ciel
Et le docile fer notre bon compagnon
Le feu qu'il faut aimer comme on s'aime soi-même
Tous les fiers trépassés qui sont un sous mon front
L'éclair qui luit ainsi qu'une pensée naissante
Tous les noms six par six les nombres un à un
Des kilos de papier tordus comme des flammes
Et ceux-là qui sauront blanchir nos ossements
Les bons vers immortels qui s'ennuient patiemment
Des armées rangées en bataille
Des forêts de crucifix et mes demeures lacustres
Au bord des yeux de celle que j'aime tant

Les fleurs qui s'écrient hors de bouches
Et tout ce que je ne sais pas dire
Tout ce que je ne connaîtrai jamais
Tout cela tout cela changé en ce vin pur
Dont Paris avait soif
Me fut alors présenté

Actions belles journées sommeils terribles
Végétation Accouplements musiques éternelles
Mouvements Adorations douleur divine
Mondes qui vous rassemblez et qui nous ressemblez
Je vous ai bus et ne fut pas désaltéré

Mais je connus dès lors quelle saveur a l'univers

Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers
Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres

Écoutez-moi je suis le gosier de Paris
Et je boirai encore s'il me plaît l'univers

Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie

Et la nuit de septembre s'achevait lentement
Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine
Les étoiles mouraient le jour naissait à peine

 

Apollinaire, Vendémiaire

Fiche de révisions, séquence poésie, Vendémiaire d'Apollinaire. La poésie comme ivresse, le poète à travers le temps et l''espace

I. La poésie comme ivresse 

-Promenade nocturne en solitaire (voir texte) 
-Temps du récit : passé coupé du présent d'énonciation 
-Mais pas racontée sur le mode réaliste : titre du poème « Vendémiaire » : mois du calendrier révolutionnaire qui correspond à Septembre-Octobre 
- Période des vendanges : champ lexical de la vigne « pampre » « vendange » 
-métaphore poétique complexe dans la seconde strophe : nuit = vigne 
-Ivresse se traduit par une versification légèrement irrégulière : alexandrins à rimes plates mais des accrocs dans la régularité 

II. Le poète a travers le temps et l'espace 

-Solitude du poète dans la nuit lui permet d'être dans une posture d'accueil 
-Poète et le temps : premier quatrain particulier. Est au temps du discours donc suppose contemporanéité de l'auteur et du lecteur mais adressé aux hommes de l'avenir : rupture 
-Poète et les lieux : univers se concentre en lui. Dialogue des villes entre elles Bretagne puis Nord. 
-Image du don qui est recueilli par Paris et par le poète. 
-poésie comme connaissance mais brève, s'arrête avec l'aube.

Comment la promenade nocturne dans Paris se transforme en tentative de captation du monde entier par la poesie ?

Problématique :

  • Comment la promenade nocturne dans Paris se transforme en tentative de captation du monde entier par la poesie ?

 

Plan de l'étude :

  • I -La poésie comme ivresse
  • II. Le poète à travers le temps et l'espace

 

I. La poésie comme ivresse

I - Questionnaire

  • - En quel sens pouvons-nous assimiler la poésie à une ivresse dans cette poésie?
  • On peut assimiler la poésie à une ivresse dans cette poésie car dès le titre du Recueil Alcools, nous retrouvons la connotation de l'ivresse poétique.
  • De nombreux vers reflètent le champ lexical de la vigne «pampre », «vendange » « vigne », «raisin », «grains miraculeux », l'ivresse est suggérée : c'est dans le sens second du terme que nous en retrouvons l'état d'esprit. Le poète s'enivre. L'excès est implicite et pour cette raison nous pouvons également parler d'inspiration dionysiaque. Par une versification irrégulière le poète évoque l'univers dans sa totalité comme si le langage poétique lui permettait de s'enivrer à l'infini en embrassant le monde entier.
  • - Quel est le thème du poème?
  • Il s'agit d'une promenade nocturne en solitaire
  • « Que Paris était beau à la fin de Septembre » puis « Un soir passant le long des quais déserts et sombres » « les bords de la Seine »
  • - Etudiez les temps
  • Le temps présents sont le passé, le futur et le  présent d'énonciation
  • - Le ton est-il réaliste?
  • Le ton du poème n'est pas réaliste.  Nous sommes dans un récit poétique qui retrace une nuit d'ivresse
  • - Etudiez le titre du poème
  • - Qu'évoque t'-il?
  • Vendémaire correspond au mois du calendrier révolutionnaire = septembre, octobre =  Il évoque la période des vendanges.
  • - Comment l'ivresse se traduit-elle?
  • L'ivresse se traduit dans l'état d'esprit du poète et elle lui donne l'illusion de ne faire plus qu'un avec l'univers. L'idée d'harmonie  domine entre le poète et l'univers. L'impression d'osmose rythme toute la poésie.  L'ivresse est douce et le chaos n'existe plus, il n'y a aucun désaccord. Le poème est une métaphore filée sur le thème de l'ivresse. Les villes sont personnifiées et se confondent avec le poète qui lui-même devient l'univers tout entier : dans le temps et dans l'espace.
  • "Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers"
  • - Etudiez la versification
  • La versification est irrégulière, il y a des alexandrins avec des rimes plates. La strophe 6 n'a aucune rime.
  • - Quels sont les effets "d'harmonie"?
  • On note la présence de versets, (Le verset en poésie est une forme d'écriture située entre le vers et le paragraphe), ces derniers altèrent l'impression d'harmonie dans les alexandrins. 

 

II. Le poète a travers le temps et l'espace

II - Questionnaire

  • - Quelle image avons-nous du poète?
  • Le poète est dans la plus grande solitude de la nuit, seul, il s'ouvre au monde tout entier qui s'offre à lui telle une ivresse incontrôlable. Il accueille, il écoute, il aiguise ses sens pour se confondre avec l'univers. Il recherche l'unité et l'harmonie dans la plus grande ivresse poétique, l'excès de sa quête l'éloigne du genre humain pour ne faire plus qu'un avec le reste du monde. Le lecteur à la vision d'un être différent, inaccessible, inadapté à la réalité du monde concret. La poésie semble nous inviter à nous dépasser, le poète est ailleurs et le langage poétique nous y invite. La fonction est ici évasive et salvatrice car en s'identifiant à l'artiste on s'échappe en tant que simple lecteur de la réalité du quotidien.  Nous devenons l'espace d'un instant le poète enivré et l'univers ressenti.
  • - Est-il un homme solitaire?
  • Le poète est un homme solitaire. C'est le seul homme présent dans la poésie ainsi que le suggère la récurrence du pronom personnel «je » et du pronom complément « me ».
  • - Que recherche t'-il?
  • L'unité, la paix, la douceur et la beauté du monde à travers la poésie et le langage privilégié des vers. L'état d'esprit est celui de l'accord et de l'harmonie. Le poète cherche à accueillir le monde entier.
  • - Comment le désir d'harmonie est-il perçu?
  • Au delà de la versification évoquée dans le I, le désir d'harmonie est perceptible grâce au chant : «j'entendis un voix », «mélodie », «chantait », «chanson de Paris ». L'effet rendu est celui d'une mélodie qui orchestrerait l'ensemble de la poésie. De plus, l'aspiration du poète à la totalité et à l'unité se fait par l'intermédiaire d'une ingestion du monde :
  • « j'ai soif villes de France et d'Europe et du Monde »
  • « venez toutes couler dans ma gorge profonde »
  • - A qui le poème s'adresse t'-il?
  • Le poète s'adresse aux hommes comme un hommage rendu à la poésie afin de rendre cette découverte du monde exceptionnelle.  Le lecteur est ainsi plongé dans un monde recrée par l'artiste.
  • - Comment le poète se perçoit-il dans le temps?
  • Le poète se perçoit comme appartenant au passé, il s'adresse aux hommes de demain
  • - En quel sens pouvons-nous parler d'une expérience  unique?
  • L'expérience du poète est exceptionnelle car unique. La quête d'harmonie et de totalité du poète et du monde restera dans la mémoire des hommes celle d'un artiste rare et unique. Poésie de la postérité. 
  • - Pouvons-nous parler d'une intériorisation de l'univers dans le personnage du poète?
  • - En quel sens?
  • - Justifiez votre réponse en citant
  • Les vers sont très nombreux, ils connotent l'intériorisation de l'univers, temps et espace par l'ingestion des villes successives dans le personnage du poète
  • «Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers»
  • - Relevez les références mythologiques
  • Ixion = dans la mythologie grecque est un Lapithe , un habitant du nord de la Thessalie.
  • On a donc une référence à une mythologie plus parodique avec Ixion pour désigner le Nord, son industrie, sa modernité, strophe 7.
  • - Relevez une métaphore
  • Il y a une métaphore de la Bretagne :
  • « ces grappes de nos sens qu'enfanta le soleil
  • se sacrifient pour te désaltérer trop avide merveille »
  • - Relevez une énumération
  • Strophe 6
  • - Quel est le ton du poème?
  • Le ton est surréaliste
  • - Quelle est l'image de la religion catholique?
  • Nous pouvons penser que les vers suivants évoquent l'image de la foi catholique:
  • Aux doigts allongés nos mains les clochers
  • Et nous t'apportons aussi cette souple raison
  • Que le mystère clôt comme une porte la maison
  • Ce mystère courtois de la galanterie
  • Ce mystère fatal fatal d'une autre vie
  • Double raison qui est au-delà de la beauté
  • Et que la Grèce n'a pas connue ni l'Orient
  • Double raison de la Bretagne où lame à lame
  • L'océan châtre peu à peu l'ancien continent

     

 

Date de dernière mise à jour : 28/11/2022

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