Explication linéaire: Entrée de New York sous l’orage, Andrée Chedid-Parcours associé, "Alcools" / parcours : Modernité poétique ?

programme du bac de français 2022

Andree chedid

Apollinaire 9

Questionnaires pour les révisions

Recueil "Alcools" parcours bac

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« Entrée de New-York sous l’orage » d’Andrée Chedid

Surgissant des trottoirs
la pluie des gratte-ciel
incise l'averse
et s'élance vers des fragments d'espace

Les trombes d'eau
se rabattent sur la ville
heurtent ces
Goliaths de pierre
qui surplombent le marécage humain

Au sol
Seul l'éclat safran des taxis
perce la confusion des hommes et de la brume

Parcours linéaire
Signalisations casquées
Rues sans nom
Exaltation du chiffre

La foule
fantôme aux épaules rognées
se délaie dans l'aqueuse grisaille

Entre les parois jaunes du véhicule
le cuir s'écaille
les sièges s'éventrent
les mégots s'entassent

Derrière la vitre pare-balles
qui rompt l'échange
la nuque du conducteur
barre l'horizon

Je parle
je questionne

Les sons patinent sur le verre

Je crie des mots
pour exister
pour franchir la glace
pour raccorder les mondes…

La nuque reste d'acier

     J'appelle
     J'appelle plus fort

     L'homme
     enfin
     se retourne

     Et m'offre
     sa face

          comme une bouée !

Tandis que la ville
se trouble sous les rafales d'eau
Que ses images chancellent sous l'ondée

Tandis que la machine vorace
engloutit entre ses quatre roues
la forte langue d'asphalte…

     Des mots d'ici - d'ailleurs
     s'abordent se rejoignent
     apprivoisant la cité :

Cette Métropole
Gerbe ou taupinière de béton
Inflexible géographie du siècle

     que l'œil rejette
     dont l'œil s'éprend

Cette Capitale
Aux carrefours de l'exploit et des terreurs
des fièvres et du prodige

     auxquels on résiste
     auxquels on consent

Vitre rabaissée entre nous
Les paroles vont et viennent

     Qu'importent
     averses menace pierres ou plomb !

Secouru par les mots
le souffle s'apaise
le regard s'amarre

Etranger      résonne
comme un prénom !

comment Andrée Chedid décrit-elle, sous le déluge la ville inhospitalière de New York?Description du déluge, de la population et le regard extérieur porté sur le taxi.

Introduction : Les écrits de Andrée Chédid se caractérisent par un questionnement continu de la condition humaine et des liens entre l'homme et le monde. Cette auteure a rédigé le recueil “Poème pour un texte” en 1991, composé de poèmes rédigés entre 1970 et 1991, faisant écho à son recueil “textes pour un poème paru” en 1970. Le poème, “Entrée de New York sous l’orage” paru en 1991, évoque le passage d’une personne dans un taxi, à travers la ville de New York. On pourrait donc se demander comment Andrée Chedid décrit-elle, sous le déluge la ville inhospitalière de New York? Afin de répondre à cette problématique nous allons tout d’abord mettre en évidence la description du véritable déluge, de la population et enfin le regard extérieur porté sur le taxi.

  1. Un véritable déluge

→ “Entrée de New York sous l’orage” : nous met directement dans le contexte, avant même le début du texte nous avons la vision de la métropole de New York, avec la description d’un jour de pluie et ses gratte-ciels en arrière plan : il s’agit donc d’une description de la ville sous la pluie.

→ Le toponyme “New York” n’est présent que dans le titre mais de nombreux indices renvoyant à la réalité urbaine de New York sont disséminés dans le texte.

→ Verbes de mouvement : “surgissant”, “incise”, “s’élance” : le poète se trouve dans un taxi

→ V2, V3, V6 : Gradation : “pluie”, “averse”, “trombes d’eau” : montre un véritable déluge→ épisode biblique + dimension épique dans la manière d’écrire avec des termes d'agrandissement, dimension d’une ville sous la pluie qui prend progressivement une dimension épique

→ V9 : métaphore “Goliaths de pierre” mise en valeur par le contre-rejet, fait basculer la description de la ville dans le registre épique. Elle grandit, voire amplifie la hauteur de ces gratte-ciels qui, associés au géant biblique, surplombent le marécage humain V10-11. Elle traduit surtout le sentiment de fragilité qui étreint le sujet lyrique + le temps utilisé est le présent de l’indicatif à valeur d’énonciation, ce qui montre que les actions sont en cours de réalisation, donc dans le domaine du non-accompli.

  1. La description externe, portée sur la population

→ V.12 : “Au sol” : mise en relief de la vision en hauteur  à une vision terre à terre, celle de l’auteur

→ V.13 : “seul” : désigne l’éclat safran des taxis qui est le seul objet réellement en mouvement, opposé aux humains qui restent telle de l’eau stagnante qui ne bouge pas

→ V.14-V.15 : ces deux vers sont mis en association avec la conjonction de coordination “et” placée à la fin du V.14 ainsi les humains et la brume sont réduits au même niveau montrant le peu de caractère humain de cette ville, ils constituent une masse comme la brume

→ V.16-V.17-V.18 : cette strophe est composée de 3 phrases non verbales juxtaposées, cette énumération correspond à l’image de la ville saccadée depuis le taxi qu’a l’auteure

→ V.19 : “Exaltation du chiffre” : cette hyperbole, mise en valeur car c’est un monostiche, désigne les rues de New york qui sont d’une part toutes des chiffres ce qui accentue le nombre de rues traversées par l’auteure en taxi traduisant l’immensité de l’espace ressenti 

→ V.20 : “la foule” : mise en valeur : associée au fantôme, donnant une importance particulière aux vers qui vont suivre

→ V.21 : “fantôme” : métaphore de la foule, les Hommes sont désignés comme des morts vivants, une foule sans âme. Cela est justifié par “épaules rognées”: la pluie ronge tout sur son passage, en particulier les humains.

→ V.22 : “se délaie” : insiste sur le vers précédent, l’humain se dissout dans la ville à cause de cette pluie qui a un caractère péjoratif  = associée à un déluge

  1. Le regard extérieur porté sur le taxi

→ Le regard de la poétesse passe à l'intérieur du véhicule

→ V24, 25, 26 : accumulation des verbes pronominaux : le cuir, les sièges, les mégots sont animés à l’inverse des humains à l'extérieur du taxi : les verbes pronominaux engendrent la personnification de leur sujet

→ V27 : “vitre pare-balle” montre un manque de communication,  caractère d’une ville violente, dangereuse.

→ V.30 : “barre” : la violence est retrouvée, de plus on peut associer la nuque qui barre l’horizon de la voiture aux gratte ciels qui barrent l’horizon de la ville de New York

→ V31, 32 : nous pouvons voir un parallélisme - le poète s’interroge

→ le pronom personnel “Je” souligne l’isolement lyrique et poétique, ces deux vers sont perdus, à l’image de la poétesse

→ V33, “les sons patinent sur le verre”  cela souligne une absence  de communication - l’auteure peut entendre les bruits les plus insignifiants heurtant le verre

 V.35, 36, 37 : répétition anaphorique du complément circonstancielle de but “pour”, qui suggère une augmentation de la puissance des mots et de la parole, l’objectif est atteint en fin de poème, la ville inquiétante est contaminée par l’eau. Les points de suspension en fin de poème désignent les pensées de l’auteure, persuadée que la ville terminerait ainsi.

Conclusion : Ainsi, le poème Entrée de New York sous l’orage d' Andrée Chédid décrit la ville de New York à travers un déluge, une description du paysage portée sur la population et enfin le regard extérieur  centré sur le taxi. Ce poème nous révèle la ville de New York sous la pluie de façon poétique transfigurant la ville de manière inhospitalière, inquiétante où l’humain est déshumanisé et la communication impossible.

 

Date de dernière mise à jour : 28/11/2022

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