Le langage est-il une spécificité humaine ?La dimension éthique du langage -construction du sujet - Parole et conscience de soi - Langage et politique

Humanités, littérature, philosophie - Nouveau programme

Saussure

Les pouvoirs de la parole

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Ressources académiques, HLP = problématisation, séquences

 La théorie platonicienne de la parole dans Phèdre   - Parcours HLP de l'académie de Nancy   -  Problématisation et documents numériques, académie de Bordeaux

Problématisation sur les pouvoirs de la parole, académie de Strasbourg   -  Académie de Lille, ressources les pouvoirs de la parole et les représentations du monde  

Propositions de séquences élaborées par des professeurs de philosophie et de Lettres de l’académie de Versailles 

Philosophie et poésie d’hier à aujourd’hui    -   -Entre Ulysse et Shéhérazade : la parole et le pouvoir

Accords et désaccords : à quelle condition la parole peut-elle créer du lien ? 

Quelle valeur accorder à la parole qui séduit ?   -   - L’exercice de la parole en démocratie

Propositions de séquences élaborées par les professeurs de l’académie de Dijon

- Projet 1
Un premier axe de travail : comment la parole est constitutive d’une identite?. The?me aborde? : l’autorite? de la parole
Un deuxie?me axe de travail : comment les formes essentielles de la parole (chant, rhe?torique, dialogue) correspondent au conflit entre se?duction et re?flexion, entre de?sir et raison.
The?mes aborde?s : l’art de la parole, les se?ductions de la parole

- Projet 2
Proposition d’entrée dans le thème des "pouvoirs de la parole " par une réflexion en deux temps : d’abord sur l’amour, puis sur la justice.

Le langage - Ferdinand de Saussure

Le langage

Nous appelons signe la combinaison du concept et de l'image acoustique : mais dans l'usage courant ce terme désigne généralement l'image acoustique seule, par exemple un mot (arbor, etc.). On oublie que si arbor est appelé signe, ce n'est qu'en tant qu'il porte le concept "arbre", de telle sorte que l'idée de la partie sensorielle implique celle du total. L'ambiguïté disparaîtrait si l'on désignait les trois notions ici en présence par des noms qui s'appellent les uns les autres tout en s'opposant. Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifié et signifiant(...) Le lien unifiant le signifiant et le signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. Ainsi l'idée de "sœur" n'est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons s-ö-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n'importe quel autre : à preuve les différences entre les langues et l'existence même de langues différentes (...) Le mot arbitraire appelle aussi une remarque. Il ne doit pas donner l'idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant (on verra plus bas qu'il n'est pas au pouvoir de l'individu de rien changer à un signe une fois établi dans un groupe linguistique) ; nous voulons dire qu'il est immotivé, c'est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n'a aucune attache naturelle dans la réalité.

Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, 1916.

 

Ferdinand de Saussure, né à Genève le  et mort à Vufflens-le-Château le , est un linguiste suisse. Reconnu comme le précurseur du structuralisme en linguistique, il s'est aussi distingué par ses travaux sur les langues indo-européennes.

On estime (surtout en Europe) qu'il a fondé la linguistique moderne et établi les bases de la sémiologie. Dans son Cours de linguistique générale (1916), publié après sa mort par ses élèves, il définit certains concepts fondamentaux (distinction entre langage, langue et parole, entre synchronie et diachronie, caractère arbitraire du signe linguistique, etc.) qui inspireront non seulement la linguistique ultérieure mais aussi d'autres secteurs des sciences humaines comme l'ethnologie, l'analyse littéraire, la philosophie et la psychanalyse lacanienne.

La fin ultime de Saussure est de proposer une théorie cohérente du langage, qui sera à même de saisir son objet avec la plus grande rigueur et netteté possibles, en distinguant le phénomène linguistique de tout phénomène connexe. Cela amène Saussure à distinguer le langage des langues.

Par langage, Saussure entend la faculté générale de pouvoir s'exprimer au moyen de signes. Cette faculté n'est pas propre aux langages naturels mais elle caractérise toute forme de communication humaine. Par langue, Saussure entend en revanche un ensemble de signes utilisés par une communauté pour communiquer : le français, l'anglais ou l'allemand, pour ne citer que quelques exemples.

Mais au-delà de cette distinction, Saussure différencie en outre la langue et la parole. La parole est, pour lui, l'utilisation concrète des signes linguistiques dans un contexte précis. Par ce concept de parole, Saussure tente de distinguer l'usage concret du langage de la langue elle-même, entendu comme ensemble de signes.

Les animaux parlent-ils?Le langage est-il une spécificité humaine? dimension éthique du langage-construction du sujet-Parole et conscience de soi -Langage et politique

 

Les animaux parlent-ils ? : Le langage est-il une spécificité humaine ? Est-il "le propre de l'homme", comme on le dit traditionnellement ? Ou bien d'autres espèces ont-elles également accès à cette faculté ?

- Pour une présentation de la position classique sur le sujet, voir ce texte de Descartes tiré du Discours de la méthode.

- Le mettre en rapport avec les travaux de Karl Von frisch sur la communication chez les abeilles.

- Pour une réflexion sur ces expériences et les limites du "langage" des abeilles, voir ce texte du linguiste Émile Benveniste.

- Voir les expériences réalisées dès les années 60 avec des chimpanzés pour leur apprendre le langage humain

Langage et construction du sujet :

Quel rôle joue le langage, l'interlocution, dans la constitution du sujet comme tel ainsi que dans la prise de conscience de l'existence ou la constitution d'autrui comme d'une réalité extérieure à moi ?

La dimension éthique du langage :

Quels liens entre langage et violence ? N'est-ce pas en parlant avec l'autre qu'on le reconnaît comme un égal, comme un sujet ? Parler ne nous fait-il pas hommes ?

Parole et conscience de soi :

- Lire le texte de Kant tiré du livre Anthropologie du point de vue pragmatique (1798).

- Benveniste, Est ego qui dit "ego".

- Penser à la psychanalyse dont le but est de restaurer le sujet dans sa position de sujet grâce à sa parole : cf. phrase célèbre "Wo Es war, soll Ich werden" que l'on peut traduire, littéralement par "Là où le ça était, le je doit advenir".

La rencontre d'autrui dans le dialogue :

- Texte de Marcel Conche tiré de son livre Le fondement de la morale.

- Martin Buber, Solitude et vie dialogique.

Peut-on penser sans les mots ? 

Quels sont les liens entre la pensée et le langage ?

Une pensée peut-elle exister avant ou en dehors des mots ?

Ou bien à l'inverse doit-on considérer que la pensée n'existe réellement que dans les mots, qu'elle se réalise en eux ?

- Hegel, Le langage et la pensée.

- Bergson, Le langage et l'ineffable.

Les mots ont-ils un pouvoir ?

 Parler est-ce le contraire d'agir ?

Quels peuvent être les pouvoirs des mots ?

Pouvoir thérapeutique :

La psychanalyse comme cure par la parole ou talking cure selon la patiente Anna O.

Quand dire c'est faire :

Les énoncés performatifs découverts par le philosophe J.L. Austin dans le livre Quand dire, c'est faire.

Langage et politique :

L'usage du langage pour séduire, persuader ou manipuler : des sophistes dénoncés déjà par Platon à l'ère de communication et de la publicité actuellement, en passant par l'utilisation qu'ont su en faire tous les totalitarismes... Etre maître des mots pour être maître des pensées : cf. dans le domaine littéraire, la novlange imaginée par Georges Orwell dans son roman 1984. Voir également le livre écrit par le philologue Victor Klemperer pendant la deuxième guerre mondiale : la langue du IIIe Reich.

Langage et vérité :

En quoi la vérité est-elle "fille de discussion" comme dit Bachelard ? Quel lien y'a-t-il entre les mots et les choses qu'ils désignent ? Nous permettent-ils de saisir le réel ? Peut-on tout dire ?

- Toute véritable pensée est dialogique, c'est-à-dire se fait dans une sorte de dialogue

- au minimum, "de l'âme avec elle-même" comme disait Platon, chez qui la pensée justement ou le progrès vers la vérité se déroulait 89 dans des dialogues entre Socrate et divers interlocuteurs.

- Cf. Montaigne et son éloge de "l'art de conférer" dans les Essais (Livre III, chapitre VIII)

- Mais aussi par exemple, Kant et l'usage public de la raison qui seul peut nous faire accéder aux Lumières (cf. Qu'est-ce que les Lumières ?); ou encore ce texte dans lequel Kant énonce ce qu'il appelle les maximes du sens commun qui doivent permettre à l'homme de mieux penser, en particulier en se mettant à la place d'autrui.

- Voir également dans le cours sur la vérité, le fait que dans les sciences également les discussions, les polémiques, les controverses sont le moyen de parvenir à la vérité; comme le dit Bachelard, "La vérité est fille de discussion".

 

Compléments : Langage, société et humanité - Vocabulaire et sujets de dissertation pour vous entraîner et réviser le thème

Compléments :

Langage, société et humanité :

- L'homme devient homme dans le commerce de ses semblables , cf Alain.

- C'est par les mots, et dans le dialogue avec les autres, que nous humanisons le monde, que nous mettons en forme notre expérience par exemple les thèses d'Hannah Arendt.

- Penser également au livre de Michel Tournier, Vendredi, ou les limbes du Pacifique : analyse des ravages de la solitude. Peur de Robinson de perdre l'usage du langage et donc de s'engager un peu plus dans un processus de déshumanisation

Vocabulaire

Distinguer : Langage/langue/parole (cf. Lexique); Signe/ signifiant/signifié (cf texte de Saussure plus haut); Enoncés constatifs/performatifs (cf Austin).

A lire

- Victor Klemperer, LTI, La langue du IIIe Reich (1947).

- Georges Orwell, 1984 (1949).

- J.L. Austin, Quand dire c'est faire (1962).

- Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique (1967).

- Jean Tardieu, La comédie du langage (1987) 

Exemples de sujets

Le langage trahit-il la pensée ?

Le langage ne sert-il qu'à communiquer ?

Les mots nous éloignent-ils des choses ?

Recourir au langage est-ce renoncer à la violence ?

Faut-il accorder de l'importance aux mots ? Le langage nous éloigne-t-il de la réalité ?

Suffit-il de communiquer pour dialoguer ?

Les mots peuvent-ils agir ?

 

Date de dernière mise à jour : 12/01/2023

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