EAF 2022-Voyage au centre de la Terre Jules VERNE Parcours Science et fiction-Voyage scientifique ou imaginaire?motif ou personnage romanesque?

"Voyage au centre de la Terre" / parcours : Science et fiction.Contenu scientifique du roman - Deux séquences bac EAF 2022

Jules verne

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  •  La vie et l'oeuvre de J. Verne
  • 20 questions / Correction 
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  • Quiz n° 2
  • Parcours "Science et fiction"
  • 18 questions / Correction 
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Quiz pour revoir les études linéaires, l'oral de l'EAF 

  • Jules verneQuiz n° 3
  • Revoir les commentaires bac
  • l'exploration scientifique de la grotte 
  • 17 questions / Correction 
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  • Quiz n° 4
  • chapitre 39 découverte de créatures disparues
  • 14 questions / Correction 
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Exercices

Exercices bac français J. Verne Voyage au centre de la Terre/parcours Science et fiction- Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

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« Science et fiction » - contextualiser / problématiser

Le questionnement des rapports entre science et fiction est tellement vaste, les entrées tellement multiples, qu’il est impossible - comme nous l’avons fait pour les autres œuvres et autres thématiques de parcours associés - de proposer un ensemble synthétique de ressources qui permettraient de contextualiser et problématiser le champ de réflexion.

 

LE ROMAN ET LE RÉCIT DU MOYEN-ÂGE AU XXIe siècle Voyage au centre de la Terre, Jules VERNE Parcours : Science et fiction-Voyage scientifique ou imaginaire ?

OBJET D’ÉTUDE : LE ROMAN ET LE RÉCIT DU MOYEN-ÂGE AU XXIe siècle

Voyage au centre de la Terre, Jules VERNE

Parcours : Science et fiction

 

Voyage scientifique ou imaginaire ? 

Extrait n°1 : « Ce cabinet était un véritable musée », chapitre II, du début du chapitre à « …auquel pendait un signet décoloré. » (p. 43-45)

problématique possible : cabinet de curiosité, laboratoire, bibliothèque, lieux scientifiques, point de départ pour un voyage ?

Extrait n°2 : « Cependant mon imagination m’emporte », chapitre XXXII, de « Cependant mon imagination m’emporte » à « qui tracent dans l’infini leur orbite enflammée ! » (p. 272-274) problématique possible : un rêve éveillé scientifique ou les hallucinations d’un narrateur pétri de culture paléontologique.

Extrait n° 3 : « C’est insensé, profondément insensé ! », chapitre XXXIX, de « Mon oncle regardait. » à « …profondément insensé ! » (p. 325-327)

problématique possible : voyage « naturel » ou « merveilleux » ?

Jules Verne, Voyage au centre de la Terre / parcours : Science et fiction. Série technologique.

Académie de Toulouse

sciencefiction_jules_verne.pdf

Texte complémentaire :

extrait de L’Avenir de la science, Ernest RENAN, 1890. « Le jour où l’humanité de ne croira plus »

     Oui, il viendra un jour où l’humanité ne croira plus, mais où elle saura ; un jour où elle saura le monde métaphysique et moral, comme elle sait déjà le monde physique ; un jour où le gouvernement de l’humanité ne sera plus livré au hasard et à l’intrigue, mais à la discussion rationnelle du meilleur et des moyens les plus efficaces de l’atteindre. Si tel est le but de la science, si elle a pour objet d’enseigner à l’homme sa fin et sa loi, de lui faire saisir le vrai sens de la vie, de composer avec l’art, la poésie et la vertu, le divin idéal qui seul donne du prix à l’existence humaine, peut-elle avoir de sérieux détracteurs ?

     Mais, dira-t-on, la science accomplira-t-elle ces merveilleuses destinées ? Tout ce que je sais, c’est que si elle ne le fait pas, nul ne le fera, et que l’humanité ignorera à jamais le mot des choses ; car la science est la seule manière légitime de connaître, et si les religions ont pu exercer sur la marche de l’humanité une salutaire influence, c’est uniquement par ce qui s’y trouvait obscurément mêlé de science, c’est-à-dire d’exercice régulier de l’esprit humain.

     Sans doute, si l’on s’en tenait à ce qu’a fait jusqu’ici la science sans considérer l’avenir, on pourrait se demander si elle remplira jamais ce programme, et si elle arrivera un jour à donner à l’humanité un symbole comparable à celui des religions. La science n’a guère fait jusqu’ici que détruire.

     Appliquée à la nature, elle en a détruit le charme et le mystère, en montrant des forces mathématiques, là où l’imagination populaire voyait vie, expression morale et liberté…  sans doute ce monde enchanté, où a vécu l’humanité avant d’arriver à la vie réfléchie, ce monde conçu comme moral, passionné, plein de vie te de sentiment, avait un charme inexprimable, et il se peut qu’en face de cette nature sévère et inflexible que nous a créée le rationalisme, quelques-uns se prennent à regretter le miracle et à reprocher à l’expérience de l’avoir banni de l’univers. Mais ce ne peut être que par l’effet d’une vue incomplète des résultats de la science. Il ne faut jamais s’effrayer de la marche de la science, puisqu’il est sûr qu’elle ne mènera qu’à découvrir d’incomparables beautés. Laissons les âmes vulgaires crier avec Mika ayant perdu ses idoles : « J’ai perdu mes dieux ! J’ai perdu mes dieux ! » Laissons les dire avec Sérapion, l’anthropomorphiste converti du Mont Athos : « Hélas ! on m’a enlevé mon dieu, et je ne sais plus ce que j’adore ! » Pour nous, quand le temple s’écroule, au lieu de pleurer sur ses ruines, songeons aux temples qui, plus vastes et plus magnifiques, s’élèveront dans l’avenir, jusqu’au jour où l’idée, enfonçant à tout jamais ces étroites murailles, n’aura plus qu’un seul temple, dont le toit sera le ciel.

Voyage au centre de la Terre, Jules VERNE Parcours : Science et fiction-Sciences & technologies : motif ou personnage romanesque ?

OBJET D’ÉTUDE : LE ROMAN ET LE RÉCIT DU MOYEN-ÂGE AU XXIe siècle

Voyage au centre de la Terre, Jules VERNE

Parcours : Science et fiction

Sciences & technologies : motif ou personnage romanesque ? 

Texte n°1 :

La Bête Humaine, Émile ZOLA (1890), chap. V, de « Dans le vaste hangar fermé… » à « la personnalité de la machine, la vie. »

problématique possible : quand la machine se fait femme…

Texte n°2 :

Naissance d’un pont, Maylis de Kerangal (2010), p. 150-151 de l’édition Gallimard-folio de « Autour d’elle… » à « …le masque de sa solitude. » problématique possible : quand la femme et la matière ne font qu’un…

Texte n° 3 :

Latium, Romain LUCAZEAU (2016), édition Denoël-Lunes d’encre, p. 17-19, de « Un long frisson parcourut les quarante kilomètres d’envergure du Vaisseau… » à « … à la colle des instruments qui les fait naître. »

problématique possible : un univers romanesque sans homme est-il possible ?

 

Texte n°2 :

Naissance d’un pont, Maylis de Kerangal (2010), p. 150-151 de l’édition Gallimard-folio de

« Autour d’elle… » à « …le masque de sa solitude. »

problématique possible : quand la femme et la matière ne font qu’un…

Autour d’elle, la centrale à béton ronronne, les ouvriers - conducteurs de chargeuses et chauffeurs de camions malaxeurs - travaillent, les granulats s’acheminent à vitesse constante, bien répartis sur les bandes transporteuses et ce flux d’énergie continu la sécurise, l’enveloppe comme une couverture, une sorte de cabane mentale où elle passe maintenant le plus clair de son temps : la centrale est devenue sa demeure, un abri. Disposant d’un point de vue sur l’ensemble du site, elle y contrôle tout l’outil industriel, baissant les yeux sur l’écran tactile dernier cri, y suit en temps réel, étape par étape, la fabrication du béton, prête au moindre ajustement : à tout moment, la nature variable des granulats peut exiger la modification d’un paramètre de l’une des trois cent cinquante formulations mémorisés dans l’ordinateur. À ceux qui la charrient fayote, moquant son temps de travail record, y voyant excès de zèle, ou d’ambition - Sanche Cameron en tête - ou encore, et beaucoup plus pernicieux, et violent à entendre, à ceux qui sous - entendent que la pauvre, elle n’avait donc que cela dans la vie, rien d’autre à part scruter son pupitre et réagir à la détection d’une anomalie sur la courbe énergétique du malaxeur, graphe informant sur la consistance du béton, Summer répond avec calme qu’elle aime se tenir là, sur son lieu de travail, à son poste de commande, que la métamorphose de la matière est spectacle qui la fascine, qu’il faut bien que les choses avancent - peu convaincante en cet instant, on s’entête à voir dans son discours articulé le masque de sa solitude. 

Texte n° 3 :

Latium, Romain LUCAZEAU (2016), édition Denoël-Lunes d’encre, p. 17-19, de « Un long frisson parcourut les quarante kilomètres d’envergure du Vaisseau… » à « … à la colle des instruments qui les fait naître. » problématique possible : un univers romanesque sans homme est-il possible ?

Un long frisson parcourut les quarante kilomètres d’envergure du Vaisseau : les rares systèmes réflexes actifs durant la longue phase de sommeil sursautaient, comme surpris par une brutale montée des eaux, lorsque la crue change un ruisseau en fleuve, le perd en mille canaux, à travers la terre sèche, et fait fleurir les graines patientes que recèle le sol. À la vitesse des photons, le signal traversa le réseau de fibres optiques tressées de synapses semi-biologiques. Sur son passage, la machinerie se ralluma, dans un grésillement d’appareillage électronique, qui plana un instant dans les soutes vides et les coursives désertes, dans les cités aux spires cristallines et des réservoirs emplis d’algues luminescentes, dans les jungles sous serre et les usines plongées dans l’ombre. Au sein des génératrices de premier niveau, des barres de combustible glissèrent dans des cuves de confinement, et les atomes de thorium entamèrent leur processus de fission. Le câblage supraconducteur recommença à pomper de la puissance, qu’à son tour les supports semi-organiques transformèrent en capacité de calcul. Le processus était à la fois mécanique et biologique, causal et finalisé. Il se développait par ramifications successives, comme un déploiement d’états mentaux, qui s’engendrent les uns les autres. La complexité s’additionnait à la complexité, la conscience émergeait du machinal, des perceptions s’étendaient en tous sens, reprenaient le contrôle des instruments de détection, des bras articulés , des laboratoires et des ateliers. Mais pour avoir plus de pensée, il fallait plus d’énergie : dans l’accélérateur de particules, fin trait de métal courant sur toute la longueur de la soute centrale, des atomes d’hydrogène prirent de la vitesse, des champs magnétiques subtils se mirent en place pour capturer et guider l’antimatière engendrée par les myriades de collisions microscopiques vers le mélangeur situé à la poupe. Bientôt, les premières annihilations de couples électron/positron crépitèrent, libérant une chaleur fulgurante. Cette dernière vaporisa, au sein de tubes en alliage spécial, un flux d’argon comprimé, qui, à son tour, mit en branle les turbines des alternateurs géants de la poupe. L’intérieur de la Nef changea. La lumière, la couleur, le mouvement furent offerts à toutes les âmes qui peuplaient à présent les différents écosystèmes cognitifs du Vaisseau. Les flux et reflux d’informations s’intensifièrent. Des demandes de vérification de protocoles de communication trouvèrent une réponse, à mesure que les noèmes s’influaient réciproquement, alignant leurs états internes jusqu’à ce que leurs perspectives coïncident. Comme des milliers de fleurs percent le manteau de neige à travers un champ gelé par l’hiver, des esprits élaborés, dotés de langage, se constituèrent en une vaste société. Ils n’avaient aucun sens de l’individualité ni de la séparation. Ils étaient des modalités d’un même grand tout, des points de vue multiples sur une seule substance qui, paradoxalement, n’existait pas encore - des aspects sans substrat, des ombres agitées en une danse folle d’états non corrélés. Ils se rapprochèrent autant qu’ils le purent, et communièrent, ensemble, à l’unisson. Il fallait qu’un miracle ait lieu, que cet instant éphémère de grâce créatrice, de perfection esthétique et de signification atteignît son but. Il n’était pas question ici du lent et hésitant éveil que connaît l’esprit des vivants, enchâssé de chair périssable, et pas non plus de la pénible et grinçante poussée du métal contre le métal d’un appareil mécanique. En toute rigueur, la Nef était un monde. Elle ne pouvait qu’exister ou n’être pas, sans états intermédiaires. Les dieux naissent ainsi, fulgurants et parfaits, symphonie irréductibles aux cordes, au bois, à la colle des instruments qui les fait naître.

Texte complémentaire :

Alain DAMASIO, « L’art du présent », dans le Hors-série Le Point-Pop, Les chefs d’œuvre de la Science-fiction, nov-déc 2018.

La science-fiction est un art du présent. Des présents. Parce que le présent est toujours ample, dilaté, multiple, travaillé du dedans par une myriade de vecteurs, de poussées, de possibilités larvaires que la science-fiction a précisément vocation à désenvelopper pour en désosser les tendances crues. Quel journaliste n’a pas déjà lâché cette phrase naïve : « Mais cet avenir que vous décrivez là, dans votre livre, c’est déjà ce qu’on vit, c’est maintenant ! » ? Évidemment… Évidemment… C’est nécessairement de maintenant qu’on parle et qu’on part. Ce que nous anticipons, nous auteurs de SF, c’est toujours la mise hors d’air et hors d’eau d’un présent potentialisé à l’extrême, révélé dans sa promesse cachée, porté au bout de ce qu’il peut. C’est un portrait de Dorian Gray peint « d’après société » où nos tares et nos beautés sont des forces qui déforment sans pitié nos visages, à la façon d’un Francis Bacon. Mettre en récit un monde où les villes ont été privatisées au point qu’un citoyen standard n’a accès qu’à 50% des rues, des parcs ou des places de sa ville, tandis que le citoyen privilégié circule sur la totalité des espaces n’est pas imaginer le futur. C’est juste voir et lire ce qui s’installe, s’insinue doucement, prend position dans certains quartiers, s’aménage par poches, progressivement. Pronostiquer que l’intelligence artificielle personnalisée, dialoguant avec nous comme notre alter ego, en langage naturel, et archivant de nous la totalité de ce qu’on fait, échange et dit, est l’horizon qui nous attend n’est pas plus « anticiper ». C’est décrypter la stratégie déjà à l’œuvre des Gafa, lui redonner sa visibilité inquiétante, tenter de conjurer, en l’exposant, sa sublime perversion sociale. Si la science-fiction a une force qu’aucun autre genre ne peut s’enorgueillir d’avoir, c’est qu’elle sait mettre en scène, en images et en mots, la façon dont la technologie change et refonde sans cesse notre rapport au monde, à l’autre et à soi. Et dans notre époque férocement anthropotechnique, où nos vies s’abritent et se déploient dans des technococons chaque année mieux tissés, plus denses, plus proches de nous, où rien n’échappe plus aux réseaux, où nous sommes devenus sujets de nos objets connectés, des personnas dans la machine-monde, comment ne pas voir que la SF est entrée dans son âge d’or - lequel n’est pas prêt de s’achever ? Cinéma, jeux video et séries télé le savent, qui accumulent les blockbusters. Nous, pour qui écrire est une liberté et une arme, affrontons cette responsabilité particulière, et plutôt haute : montrer que derrière le clinquant divertissant des robots et des sabres laser, des IA sentientes ou des clones, la SF n’est jamais plus brillante et subversive que lorsqu’elle s’empare de nos quotidiens assistés où nous quémandons à la technologie des pouvoirs… qu’on nous retire par ailleurs presque partout. Elle se pose là, vigie, au pli entre pouvoir machinique et puissance intime, pour interroger l’humain que nous fabriquons, si finement doué pour les servitudes volontaires.

 

Date de dernière mise à jour : 28/11/2022

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