Comment trouver facilement un plan pour réussir un commentaire littéraire? Entraînement. Zola, L'Assommoir

Repérage sur texte

La méthode à suivre pour réussir un commentaire

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Comment trouver facilement un plan pour réussir un commentaire littéraire? S'exercer à trouver les idées directrices d'un texte

S'entraîner à la méthode du commentaire 

Exercice 
I - Faire le repérage 
II - Trouver la problématique
III - Proposer un plan 

Lecture du texte 
La mort de Gervaise
L'excipit L'Assommoir Emile Zola, fin du chapitre 13
 

Emile Zola - L'Assommoir

Gervaise dura ainsi pendant des mois. Elle dégringolait plus bas encore, acceptait les dernières avanies, mourait un peu de faim tous les jours. Dès qu’elle possédait quatre sous, elle buvait et battait les murs. On la chargeait des sales commissions du quartier. Un soir, on avait parié qu’elle ne mangerait pas quelque chose de dégoûtant ; et elle l’avait mangé, pour gagner dix sous. M. Marescot s’était décidé à l’expulser de la chambre du sixième. Mais, comme on venait de trouver le père Bru mort dans son trou, sous l’escalier, le propriétaire avait bien voulu lui laisser cette niche. Maintenant, elle habitait la niche du père Bru. C’était là-dedans, sur de la vieille paille, qu’elle claquait du bec, le ventre vide et les os glacés. La terre ne voulait pas d’elle, apparemment. Elle devenait idiote, elle ne songeait seulement pas à se jeter du sixième sur le pavé de la cour, pour en finir. La mort devait la prendre petit à petit, morceau par morceau, en la traînant ainsi jusqu’au bout dans la sacrée existence qu’elle s’était faite. Même on ne sut jamais au juste de quoi elle était morte. On parla d’un froid et chaud. Mais la vérité était qu’elle s’en allait de misère, des ordures et des fatigues de sa vie gâtée. Elle creva d’avachissement, selon le mot des Lorilleux. Un matin, comme ça sentait mauvais dans le corridor, on se rappela qu’on ne l’avait pas vue depuis deux jours ; et on la découvrit déjà verte, dans sa niche.
    Justement, ce fut le père Bazouge qui vint, avec la caisse des pauvres sous le bras, pour l’emballer. Il était encore joliment soûl, ce jour-là, mais bon zig tout de même, et gai comme un pinson. Quand il eut reconnu la pratique à laquelle il avait affaire, il lâcha des réflexions philosophiques, en préparant son petit ménage.
    — Tout le monde y passe… On n’a pas besoin de se bousculer, il y a de la place pour tout le monde… Et c’est bête d’être pressé, parce qu’on arrive moins vite… Moi, je ne demande pas mieux que de faire plaisir. Les uns veulent, les autres ne veulent pas. Arrangez un peu ça, pour voir… En v’la une qui ne voulait pas, puis elle a voulu. Alors, on l’a fait attendre… Enfin, ça y est, et, vrai ! elle l’a gagné ! Allons-y gaiement !
    Et, lorsqu’il empoigna Gervaise dans ses grosses mains noires, il fut pris d’une tendresse, il souleva doucement cette femme. qui avait eu un si long béguin pour lui. Puis, en l’allongeant au fond de la bière avec un soin paternel, il bégaya, entre deux hoquets :
    — Tu sais… écoute bien… c’est moi, Bibi-la-Gaieté, dit le consolateur des dames… Va, t’es heureuse. Fais dodo, ma belle !

Emile Zola - L'assommoir
 

Correction de l'exercice

Repérage 
1 - Dénuement total suggéré par le champ lexical de la misère : "mourait un peu de faim", "gagner dix sous", "quatre sous", "le ventre vide", "misères", "ordures", "caisse des pauvres". 
2 - Elle ne mange pas à sa faim et Zola évoque une Gervaise déshumanisée
"Elle ne mangerait pas à sa faim", "la terre ne voulait pas d'elle", "on ne sut jamais au juste de quoi elle était morte".
3 - Animalisation de Gervaise qui vit tel un animal
"niche", pour évoquer la couche d'un chien ou d'un autre animal,  "bec" en guise de bouche, "avachissement"
4 - L'animalisation est associée à l'idée de précarité extrême et de saleté
"dégoûtant", "ordures", "ça sentait mauvais", "déjà verte". 
La progression se poursuit jusqu'à assimiler Gervaise à un objet "pour l'emballer". La déshumanisation est totale.
5 - Une morte lente dans la dégradation et la déchéance : "dura des mois", "mourait un peu de faim tous les jours", "petit à petit", "morceau par morceau", "traînant ainsi jusqu'au bout"
L'idée d'une mort lente est renforcée par l'imparfait
La dégradation de son état est explicite, progressive, Gervaise "devenait idiote", "les os glacés", connotation d'une mort qui la grignote, même vivante, elle est déjà un peu morte 
6 - Chute sociale de Gervaise qui finit dans un "trou sous l'escalier". Connotation tragique du texte avec idée d'une progression vers le malheur car elle passe du "sixième étage" à "un trou sous l'escalier". 
7 - Une mort personnifiée "la mort devait la prendre petit à petit" : effet de la personnification qui insiste sur l'aspect inexorable, fatal d'une mort qui approche, ce qui par effet de contraste met en avant l'impuissance de Gervaise. 
La mort est représentée pa rle croque-mort, le père Bazouge, "ses grosses mains noires"
Le père Bazouge est l'image d'un destin tragique 
Mystère sur sa mort : "on ne sut jamais au juste de quoi elle était morte".
Destinée tragique 
Satire d'une société : Une société indifférente, déshumanisée, insensible
Le quartier : pronom indéfini "on" = anonymat
Caractéristiques dominantes de l'attitude générale vis-à-vis de Gervaise : l'indifférence, le mépris, la moquerie, la méchanceté 
Indifférence à l'égard des pauvres, Gervaise meurt dans la plus grande solitude :
"On parla d'un froid et d'un chaud" = effet de l'antithèse qui traduit les avis contraires, injustifiés, inconsistants et met en avant l'inconsistance et l'indifférence de la rumeur 
Indifférence de M. Marescot, il "s'était décidé à l'expulser" 
Indifférence du croque-mort "joliment soûl", "gai comme un pinson", "faire plaisir", "Elle l'a gagné!", "Allons-y gaiement!", "Bibi-la-Gaieté". 
Parodie d'oraison funèbre 
"Creva" = le verbe montre qu'il s'agit d'une parodie. Il détruit la solennité de l'oraison 
Zola fait du père Bazouge un séducteur par la périphrase "le consolateur des dames" 
Discours de Bazouge sans profondeur "Tout le monde y passe", "Il y a de la place pour tout le monde", "les uns veulent, les autres ne veulent pas". 
Ironie de Zola encore marquée par le bégaiement de Bazouge trop imprégné d'alcool, "il bégaya entre deux hoquets". 
Les derniers mots à Gervaise dans la bienveillance = un hommage qui lui rend un peu honneur 
"ma belle!", "fais dodo"
Tendresse vis-à-vis de Gervaise qui "morte et heureuse" retrouve un peu d'estime des autres auparavant si indifférents 
Un excipit naturaliste 
Gervaise est la représentante du peuple 
Expressions argotiques, "En v'la une qui", "Allons-y gaiement!" 
Enfermement de Gervaise dans son milieu social avec l'idée d'une déchéance inéluctable traduite par l'enfermement "sous l'escalier", "trou", "l'emballer", "là-dedans". "Elle dégringolait", "Elle devenait idiote". 
Gervaise = victime du déterminisme social, elle est condamnée à cette fatalité de la sélection naturelle, l'élimination des plus faibles. L'idée est présente dans tout le texte et sous-jacente dans la déshumanisation et l'animalisation = la déchéance est progressive, le processus est lent et inéluctable

Problématique possible 
En quoi la mort de Gervaise dans une mise en scène tragique et ironique est-elle révélatrice de la dimension naturaliste de l'extrait?  
Plan possible pour un commentaire 
 I - Un excipit tragique
II -  Portée critique et ironique
III - Dimension naturaliste de l'excipit 

 

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