Les forêts, "le vivant au coeur des bois"
Thème universel des forêts, réservoir de la biodiversité qui touche de très prés à l'avenir de l'humanité.
Les forêts sont nommées "le vivant au coeur des bois" par l'écrivaine.
L'arbre est représenté comme ayant de multiples parcelles de vie, tronc, racines, branches, écorce, tiges, feuilles, bourgeons, fruits, fleurs. Les animaux y trouvent refuge. Nombreuses sont les allusions aux végétaux et minéraux.

Le monde de la forêt est celui des forces contraires
La forêt ne s'accorde pas toujours à renvoyer l'image d'un monde merveilleux mais au contraire, celle d'une nature sauvage, impitoyable, primitive. Les rapports de prédation et de domination sont évoqués par Hélène Dorion dans le recueil.

Naissances et morts
"Mes forêts sont un champ silencieux de naissances et de morts" P. 39

L'exil et la survie
"Mes forêts sont un long passage pour nos mots d'exil et de survie" P. 114

La prédation
"Les animaux chassés
les animaux domestiqués
un corps qui tue d'autres corps
jusqu'à l'os mange la chair"
P. 102

La survie de l'arbre
"Les arbres mordent le sol
corps séchés
dans le froid des racines"
P. 61

L'arbre est un symbole parfait il réunit tous les niveaux du réel. Il relie le ciel et la terre, la matière et l'esprit, l'inconscient, le réel et le rêve. Il relie et harmonise les contraires

Dans la Bible, l'arbre est associé au jardin d'Eden, au paradis originel et à l'interdit de la connaissance.

Dante : dans la Divine comédie, les forêts peuvent être paradisiaques ou encore lieu d'errance. Dans son recueil "Mes forêts", Hélène Dorion évoque Dante P. 110

"dans la forêt de Dante

on voit le passé

déjà on lit le futur

on aperçoit l'aigle et la corneille

qui déchirent le rideau de l'histoire

pour rejoindre nos pas"

Mircea Eliade explique que les cultes rendus aux arbres ne relèvent pas d'un sentiment panthéiste d'adoration à l'égard de la nature, mais d'un sentiment profond suscité par le symbolisme de l'arbre : l'arbre en tant que pont entre une réalité spirituelle invisible et une réalité concrète et sensible. L'arbre est un symbole parfait car il réunit tous les niveaux du réel. Il relie le ciel et la terre, la matière et l'esprit, l'inconscient et le conscient, le réel et le rêve. Il relie et harmonise les contraires. Il réalise une synthèse du monde par l'unité fondamentale de ses trois plans souterrain, terrestre et céleste. Tour à tour arbre de connaissance, arbre de vie, arbre familier et protecteur, il se régénère sans cesse. Bénéfique, il est source de fécondité physique, de protection psychologique, de connaissance intellectuelle et d'éveil spirituel.

Pour Mircea Eliade, les forêts font coïncider le présent et le temps de l'origine par la répétition cyclique saisonnière.

La notion d’Arbre du Monde est un archétype renvoyant, au sein de plusieurs mythologies, à l'existence d'un arbre cosmique reliant les différentes parties de l'Univers — généralement les mondes céleste, terrestre et souterrain.

À la fin de sa Fable Le Chêne et le Roseau [Livre I, fable 22], dont il emprunte le thème à Ésope, La Fontaine fait une allusion claire au mythe de l'Arbre-Monde quand il écrit à propos du chêne vaincu par la tempête :

Celui de qui la tête au ciel était voisine,
Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts.

Les forets Pour Hélène Dorion : De l'extériorité à l'intériorité

L'arbre comme lieu de promenade, l'extériorité révèle chez celui qui le contemple, un paysage intérieur. Les forêts donnent sens à la vie intime de la poétesse. On peut parler des forêts intériorisées d'Hélène Dorion. Au coeur des forêts, simple lieu de promenades, les forêts intérieures de l'écrivaine se révèlent, se dévoilent.

Les forêts intérieures d'Hélène Dorion. La sensation est première

L'arbre est le symbole du paysage intérieur nourri par les sensations qui donnent le sens et créent le lien entre l'homme et le monde. La sensation est notre ouverture au monde (d'où l'importance de la correspondance des sens, des synesthésies et des images) :

"On ne demande rien à la lumière

au vent, à un bruit d'eau

sinon de continuer d'être

une direction,n un souffle qui oriente,

une matière qui rassemble"

L'Empreinte du bleu, 1994

Les sensations sont associées aux élements air, terre, eau, feu dans un univers forestier qui se dévoile horizontalement connotant l'idée d'infini et verticalement, comme uni au monde céleste et reliant les profondeurs de la terre. On y retrouve les formes de dépassement des oppositions.

La recherche de l'union avec la nature

Retrouver les liens les plus profonds avec le vivant dans l'élan vital le plus simple, la vie sensible : retrouver le lien invisible qui rapproche tous les vivants dans leur fragilité - c'est la recherche d'une même aspiration à vivre qui anime l'arbre par la sève et l'homme par le sang :

"alors nous rêvons

comme la sève qui sera

comme le sang

de ce qui n'est plus"

P. 94

Les forêts sont le réseau vivant, le cosmos,

elles sont le monde et les temps, passés, présents, futurs, elles sont sans "commencement" et "sans fin", elles se régénèrent, matricielles, elles sont le cycle de la vie, la racine du monde

Les forêts disent le mystère de la création.

Le poème initial suggère l'idée d'un lieu entre le promeneur, la forêt et le mystère du monde. Elles sont assimilées à des "aiguilles" qui ont percé la terre et déchiré le ciel. Elles sont l'élan, le lien qui donne et relie les hommes à la vie, elles sont aussi des "tiges" tombées du ciel dans le poème épilogue .

Indéchiffrables et mystérieuses, les forêts portent en elles toutes les racines de la vie, tous les éléments à l'origine du monde.

Mais, la forêt est menacée, l'effondrement est possible.

"du portable au jetable

le jardin où périt un monde

où l'on voudrait vivre

et je ne vois plus les heures

plus l'horizon

avec ses levées de lumière" P. 65

La forêt est associée au jardin d'Eden. Il est question de la chute originelle. L'idée est évoquée dans le poème "Avant l'aube" P 99. La référence à la chute originelle est biblique mais connote également la terre, celle qui assure notre survie, celle qui est menacée, celle que l'homme détruit car

"Mes forêts Les forets 3

racontent une histoire

qui sauve et détruit

sauve

et détruit"

P.94

C'est pourquoi, il est nécessaire que l'homme soit en contact les élements afin que par les forêts, il retrouve le lien entre le temps et l'origine, comme un renouvellement, un retour aux sources, aux origines, une origine poétique possible par la quête du sens.

La forêt pose la question de l'avenir de l'homme.

Cette dureté concerne aussi la vie des hommes

"Le hurlement de nos peurs" qui trouve consolation dans l'amour
"Avant l'horizon" P. 106
"La fenêtre de l'amour
qui referme celle de la peur".

Autres thèmes de "Mes forêts"

La fragilité de la condition humaine
"Mes forêts", ce livre est une célébration de la vie "qui a le souci de la terre" car la vie est un miracle fragile

Les brêches H dorion
Maintiennent la vie
dans sa fragilité

l'aube s'infiltre
touche l'écorce blessée

qu'en est-il du chaos
qui flotte
dans le bégaiement des feuilles
la forêt défriche
en moi tant d'années.
Dans le long poème "Mes forêts", la fragilité est évoquée en ces termes P. 94 :
"Elles disent nos mains d'obscurité
de frêles beautés l'effroi"

La spoliation des terres indiennes, les violences coloniales
"On a piétiné la terre des uns
volé celle des autres
on a arraché des enfants à leur famille
on leur a inculqué nos croyances
on a balayé leurs rituels"
Avant l'horizon P. 104

La condition animale
Avant l'horizon P. 103
"On a recouvert nos épaules de fourrures
mangé la chair des bêtes
brûlé leurs carcasses"
Dans cette poésie, "la terre a commencé à recueillir nos histoires", l'écrivaine y raconte comment l'homme s'approprie la nature.
" on a dit que le coyote l'ours blanc
nous appartenaient".

Le réchauffement climatique :
prise de conscience de l'urgence climatique dans le recueil d'Hélène Dorion
Les incendies évoqués P. 34 dans la poésie intitulée "Le feu"
Le feu est
"une bête
prête à tout dévorer"
De gigantesques feux de l'actualité mondiale de l'Amazonie, l'Australie, la Grèce, la Californie jusqu'en France où en 2022, ces feux menaçants pour l'homme, la biodiversité, nous obligent à repenser notre rapport à la nature et au monde.

Un appel au devoir et un acte de foi

La quête d'un accord, d'une réconciliation avec la nature

Conscience bienveillante et acte de foi en l'homme

Hélène Dorion, Mes forêts
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.

Introduction du parcours bac Les forêts

De la nature à l'intime
De l'extériorité à l'intériorité

Comment cette correspondance de la nature à l'intime se traduit-elle chez Hélène Dorion?
C'est la quête du sens

Pour Hélène Dorion, les forêts traduisent sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers
Les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion
En quel sens?

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