Les forêts

Etude linéaire du dernier poème, "Mes forêts sont de longues tiges d'histoire", Mes forêts d'Hélène Dorion

Etude linéaire, poème final

Quiz / Grammaire : la subordination, l'interrogation, la négation. Recueil "Mes forêts" Hélène Dorion

Commentaire linéaire 

"Mes forêts sont de longues tiges d'histoire"


H dorionIntroduction 
Hélène Dorion est une poétesse écrivaine québécoise contemporaine, née en 1958 ayant obtenu de nombreux prix littéraires. 
Le texte choisi est le poème final du recueil "Mes forêts" publié en 2021. 
Ce projet de lecture nous ouvre sur une poésie qui fait sens intimement. 


Problématique 
En quoi les forêts sont-elles dans ce poème final la seule promesse poétique possible d'une réconciliation?


Mouvements
Mouvement 1 

La forêt, figure poétique de l'histoire
De "Mes forêts sont de longues tiges d'histoire .... repentirs"
Vers 1 à 13
Mouvement 2
Interroger le sens de la quête
De "une boule dans la gorge... des nuages"
Vers 14 à 23
Mouvement 3
Un voyage intime : se perdre et se retrouver
De "Mes forêts sont un long passage" à la fin 
Des vers 24 à la fin 
 

Quiz

 

Pour préparer ou réviser l'étude linéaire 

Mouvement 1  La forêt, figure poétique de l'histoire

Hélène DorionMouvement 1
Ce poème final, (tout comme le poème liminaire) s'ouvre en anaphore par "Mes forêts" dévoilant le chemin de vie parmi les forêts canadiennes de la poétesse.
On retrouve dès le vers 1, par le déterminant possessif "Mes", son attachement à la nature soulignant sa fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers. 
Les forêts sont définies par la métaphore du temps dans la poésie d'ouverture du recueil, elles nous enseignent le temps qui passe, c'est une autre métaphore qui ouvre ce poème final : la forêt est figure de l'histoire
"Mes forêts sont de longues tiges d'histoire" 
L'arbre réunit les branches de l'histoire, l'histoire individuelle coïncide avec l'histoire collective. Les forêts, figure de l'histoire mêlent l'intime et l'universel. 
Cette nouvelle tentative de définition énoncée au présent de vérité générale "Mes forêts sont" s'enrichit d'une autre référence déjà présente dans le poème liminaire :
"elles sont des aiguilles qui tournent", vers 2
à l'image d'une boussole présente en métaphore sur plusieurs vers 
"elles vont/d'est en ouest jusqu'au sud.et tout au nord"
En quête de sens et de repères dans le poème final, "les aiguilles" du poème liminaire évoquent la figure de l'arbre enraciné faisant le lien depuis la terre jusqu'au ciel et tous les éléments de la nature. 
"Ces longues tiges d'histoire" rappellent "les longues traînées de temps" du poème d'ouverture dont la linéarité est ici suggérée par le vers 3 "à travers les saisons", le verbe de mouvement "elles vont" et les repères en points cardinaux des vers 4 et 5 dont les blancs typographiques marquent le mouvement. 
D'autres métaphores pour signifier différents états d'esprit se succèdent dans les vers suivants dont la chute dans la solitude évoquée au vers 6, en anaphore avec "mes forêts sont des cages de solitude". L'intime rejoint l'universel, c'est une faille intime pour le poète. 
D'autres éléments hétérogènes se juxtaposent en toile de fond sans lien apparent comme "des lames de bois clairsemées/des maisons sans famille/des corps sans amour".
Vers 7, 9, 10 : ces métaphores connotent toutes une faille, la solitude, le vide, l'absence, la privation renforcés par la double préposition "sans" pour exprimer le manque, l'exclusion dans la même structure grammaticale des vers 9 et 10. 
Mais l'homme dans sa quête intime et universelle reste toujours lié, relié en fusion par ce lien indéfectible avec les forêts ainsi que le suggère la subordonnée relative du vers 11 "qui attendent qu'on les retrouve". 
C'est à ce niveau de la poésie que l'interrogation sur le sens de la quête s'éclaire. Le sens de l'histoire poétique est de revenir au commencement pour nous questionner car l'homme dans son sentiment d'exil parfois debout, parfois "à genoux" reste fragile. En ce sens, Hélène Dorion affirme dans "Avant l'horizon",  que "l'histoire retourne/d'où elle vient". Si bien que, 
"au matin elles sont
des ratures et des repentirs" vers 12 et 13 
En dernière métaphore, les forêts deviennent un voyage intime dans lequel l'homme peut se perdre et se retrouver avec ce qui est le plus essentiel. C'est dans cette tension dialectique que l'homme trouve son point d'équilibre. Par ce parcours initiatique, les forêts deviennent la figure de l'écriture poétique connotée par les allitérations en "R", "des ratures et des repentirs". 

Mouvement 2 Interroger le sens de la quête

Les foretsMouvement 2 
Cet appel au monde par les forêts, figure de l'histoire, interroge sur le sens de cette quête car l'homme victime de ses failles intimes, de ses chutes peut trouver les réponses à l'ambivalence de sa quête.
Le vers 14 "une boule dans la gorge" évocatrice de malaise symbolise une faille, une chute possible renforcée par la métaphore suivante des vers 18 et 19 :
"elles sont des épines dans tous les sens
ignorant ce que l'âge résout" 
Mais le sens de l'histoire poétique est de revenir au commencement car un autre monde est possible. Cette image consolatrice est présente au vers 17 "des ailleurs", et dans le recommencement suggéré par le vers 15 de la subordonnée circonstantielle de temps :
 "quand les oiseaux recommencent à voler". 
C'est alors que la voix poétique se fait entendre dans le corps et le choeur des forêts ou tout peut recommencer, ou tous les liens peuvent se restaurer en faisant corps avec le monde des forêts, seul corps vivant capable de régénérer le corps des hommes. 
Les forêts sont la métaphore de l'écriture poétique au-delà du temps 
"elles sont des lignes au crayon
sur papier de temps" 
La quête passe par l'écriture qui relie le poète à lui-même car il est traversé par les voix du monde. Les forêts se font métaphore de l'écriture car tout se passe comme si elles écrivaient elles-mêmes l'histoire, elles sont l'histoire, elles
"portent le poids de la mer
le silence des nuages". Vers 22 et 23

Mouvement 3 Un voyage intime : se perdre et se retrouver

Les forets 3Mouvement 3
Par les forêts, cet appel du monde, l'homme s'éveille à l'essentiel, ce qui est le plus profond et, par la force de cet appel, il redéfinit son rapport au monde dans la survie car 
"mes forêts sont un long passage
pour nos mots d'exil et de survie" 
L'intime prend toute son ampleur aux transformations du monde. 
Cette traversée de l'intime est un voyage intérieur et une promesse d'espoir renouvelée "long passage", "exil", "survie", "blessure", dans une promesse poétique "pour nos mots d'exil et de survie". Les forêts ont le pouvoir de réconcilier l'homme aux espoirs fragiles et versatiles, elles savent révéler les dissonances intimes de la poétesse et offrent un espace de réparation, les mots peuvent surgir et faire résistance 
"un peu de pluie sur la blessure", vers 26
Le pouvoir salvateur des forêts est un point d'équilibre entre les contraires car ces derniers créent des ouvertures poétiques, ils unissent ce qui s'oppose. Ce mouvement dialectique capable d'effacer et de dépasser la souffrance est exprimé aux vers 27 et 28. 
"un rayon qui dure
dans sa douceur"
Les forêts sont le symbole de ces tensions et accordent les contraires en nous ramenant au sentiment primordial d'être intimement lié au monde. Cette harmonie est suggérée par l'antithèse "dure/douceur" évocatrice de l'unité dans la multiplicité.
Cette même tension dialectique évoquée dans les derniers vers par la métaphore marine nous enseigne que le voyage intime suppose de se perdre et de se retrouver car l'écriture intime repose sur ce qu'il y a de plus essentiel en soi 
"et quand je m'y promène
c'est pour prendre le large
vers moi-même"
L'écriture intime permet à la poétesse de se confondre avec l'arbre en se déssaisissant de son identité pour "prendre le large" dans le but de revenir "vers moi-même". 

Conclusion
Ainsi, les forêts dans ce poème final sont la seule promesse poétique possible d'une réconciliation. Ce chemin dans l'intimité des forêts est la seule promesse d'espoir, de réparation, de résistance et de résilience. 
Ouverture 
En écho à l'écriture poétique d'Hélène Dorion, cette citation de Victor Hugo :
"La poésie, c'est tout ce qu'l y a d'intime dans tout". 

 

Hélène Dorion, Mes forêts 
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.

 

Introduction du parcours bacLes forêts

De la nature à l'intime 
De l'extériorité à l'intériorité 

Comment cette correspondance de la nature à l'intime se traduit-elle chez Hélène Dorion? 
C'est la quête du sens 

Pour Hélène Dorion, les forêts traduisent sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers 
Les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion
En quel sens? 

Consulter le parcours bac 
 

Fiche de lecture

Les thèmes du recueil d'Hélène Dorion

 

Le monde de la forêt pour déchiffrer le sens du monde 
Les forêts, "le vivant au coeur des bois" 

Le monde de la forêt est celui des forces contraires 

Naissances et morts

L'exil et la survie 

La prédation

La survie de l'arbre

Cette dureté concerne aussi la vie des hommes 

Autres thèmes de "Mes forêts" 
La fragilité de la condition humaine 
La spoliation des terres indiennes, les violences coloniales

La condition animale 

Le réchauffement climatique : 

Consulter la fiche de lecture 

Hélène Dorion, Mes forêts /parcours : la poésie, la nature, l'intime

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