H dorion

Etude linéaire du poème liminaire, "Mes forêts sont de longues traînées de temps", Mes forêts d'Hélène Dorion

Etude linéaire, poème liminaire

Quiz / Grammaire : la subordination, l'interrogation, la négation. Recueil "Mes forêts" Hélène Dorion

Les forets

Commentaire linéaire 

"Mes forêts sont de longues traînées de temps"

Mes forêts sont de longues traînées de temps

H dorionLecture du poème liminaire 

Mes forêts d'Hélène Dorion 

Mes forêts sont de longues traînées de temps
elles sont des aiguilles qui percent la terre
déchirent le ciel
avec des étoiles qui tombent
comme une histoire d'orage
elles glissent dans l'heure bleue
un rayon vif de souvenirs
l'humus de chaque vie où se pose
légère une aile
qui va au coeur

mes forêts sont des greniers peuplés de fantômes
elles sont les mâts de voyages immobiles
un jardin de vent où se cognent les fruits
d'une saison déjà passée
qui s'en retourne vers demain

mes forêts sont des espoirs debout
un feu de brindilles
et de mots que les ombres font craquer
dans le reflet figé de la pluie

mes forêts 
sont des nuits très hautes

- Extrait de Mes forêts - Hélène Dorion - Editions Bruno Doucey ( 2021 ) -
 

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Les forêtsIntroduction 
Hélène Dorion est une poétesse écrivaine québécoise contemporaine, née en 1958 ayant obtenu de nombreux prix littéraires. 
Le texte choisi est le poème liminaire du recueil "Mes forêts" publié en 2021. 
Ce projet de lecture nous ouvre sur une poésie qui fait sens intimement :  les forêts sont les forêts intérieures de la poétesse car la poésie est d'abord ce qui éveille l'intime, ce qui se manifeste avant l'écriture. 
Problématique :
Ce poème liminaire est-il annonciateur du projet d'écriture d'Hélène Dorion? 
Mouvements : 
Mouvement 1 : Intériorisation des forêts, strophe 1
Mouvement 2 : Métaphore du temps qui passe, strophe 2
Mouvement 3 : Une promesse d'espoir, strophe 3
Mouvement 4 : Une vision de la vie et de la poésie, strophe 4

Mouvement 1 : Intériorisation des forêts, strophe 1

Hélène DorionMouvement 1 :
Le poème s'ouvre en anaphore par "Mes forêts", ce qui permet à la poétesse de raconter son chemin de vie parmi les forêts canadiennes. On retrouve dès le vers 1 par le déterminant possessif "Mes", son attachement à la nature soulignant ainsi sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers. Poésie anaphorique toujours liée à l'intime, les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion. 
Plus qu'un lieu de promenade, les forêts évoquées dès le premier vers sont l'objet d'une rencontre essentielle : il s'agit de découvrir la forêt pour apprendre à être soi. Les forêts sont la métaphore du temps, elles nous enseignent le temps qui passe, son écoulement : "Mes forêts sont de longues traînées de temps", vers 1. Le groupe nominal pour tenter de définir les forêts est déjà une immersion sensible de la poétesse qui recherche en poésie sa présence au monde indissociable de la nature. 
C'est dans cette proximité au monde que notre rapport à la nature dans les profondeurs intimes du vivant se révèle. Les forêts englobent toutes choses 
"les aiguilles qui percent la terre
déchirent le ciel
avec des étoiles qui tombent"
La figure de l'arbre enraciné fait lien depuis la terre jusqu'au ciel et de tous les éléménts de la nature. Dans ce tableau se profile l'accord possible avec l'écoulement du temps. 
La première image d'une nature bienveillante laisse place dès le vers 2 et jusqu'au vers 5 à des associations d'images et de mots qui contrarient l'écoute bienveillante du chant de la nature. Elle peut se faire menaçante ainsi que le suggère le champ lexical de la colère et de l'agressivité, "aiguilles", "percent", "déchirent", puis, par la comparaison "comme une histoire d'orage". La violence des éléments est encore soulignée par les verbes d'action. 
Mais bienveillante ou plus menaçante, la poétesse est toujours à la recherche des correspondances secrètes en forêt qui donnent à l'homme le sentiment d'une identité entre la nature et le moi. Les forêts sont comme le reflet de l'âme "des aiguilles", "des étoiles", "l'heure bleue" du vers 6 connote tout à la fois les couleurs de l'aube ou du crépuscule et une temporalité irréelle. En complément circonstantiel de lieu, "l'heure bleue" devient le réceptacle des "aiguilles", "des forêts", "des étoiles", "elles glissent dans l'heure bleue".  
Cette image d'une nature bienveillante que l'homme a en mémoire se révèle vers 7 comme "un rayon vif de souvenirs". Les retours à la ligne soulignent l'omniprésence des forêts intérieures de la poétesse qui se répandent au vers suivants et jusqu'à la fin de la première strophe. 
Les trois derniers vers offrent un tableau des éléments de la nature végétale et animale
"l'humus de chaque vie où se pose
légère      une aile
qui va au coeur"
L'humus, couche supérieure du sol symbolise le fondement de la vie. Ce tableau devient l'accord, l'âme des choses du monde partagée dans l'intimité du "coeur" avec le monde. L'humus est comme ce souffle de vie, un souffle unique permettant la fusion dans le corps du poème dans la résonnance et l'intimité de toutes choses. 
Ce chant grandit, il s'accorde à "chaque vie" et à l'écoulement du temps des forêts qui est aussi celui de l'instant 
"où se pose/légère    une aile/qui va au coeur". 
Le dernier vers associe l'oiseau par "une aile" à l'homme par le "coeur" dans la plus grande harmonie encore souligée par le blanc typographique entre "légère " et "une aile". 

Mouvement 2 : Métaphore du temps qui passe, strophe 2

Les foretsMouvement 2 
En reprise anaphorique "mes forêts" sont associées par le verbe d'état être, "sont" à un paysage qui s'ouvre comme une fenêtre pour devenir intime. Les forêts deviennent le témoin du temps qui passe, elles sont gardiennes de la mémoire comme le suggère la métaphore du grenier pour évoquer l'idée que les forêts ne sont pas qu'un espace extérieur car intimes à la poétese qui y revisite les racines de son vécu, de son passé. L'image du grenier se rapporte aux souvenirs et aux êtres chers disparus par la fin du vers "peuplés de fantômes". Les forêts invitent au voyage intérieur de l'intime qui est connoté en oxymore par "de voyages immobiles" et la métaphore "elles sont les mâts".
Le parcours intérieur est tel un voyage au coeur de l'intime. C'est une traversée singulière, une promesse poétique : celle d'Hélène Dorion. 
Les forêts nous enseignent la valeur et la grandeur des choses les plus intimes comme "un jardin de vent où se cognent les fruits". Elles s'élèvent à l'enigme de la vie et brassent tous les élements dans un mouvement qui en saisit la diversité. Mais elles sont aussi le souffle du temps :
"d'une saison déjà passée
qui s'en retourne vers demain"
Un parallélisme syntaxique pour souligner une certaine contradiction par rapport à l'idée d'un temps linéaire. Le temps se fait cyclique. Les forêts sont le temps, le recommencement, la vie, son origine, l'humanité. 

Mouvement 3 : Une promesse d'espoir, strophe 3

Les forets 3Mouvement 3
Cette traversée de l'intime est un voyage intérieur et une promesse d'espoir : "mes forêts sont des espoirs debout". La personnification de l'espoir "debout connonte l'espoir renouvelé dans une promesse poétique car les forêts racontent l'homme et leur histoire. L'arbre trace l'horizon de nos vies et notre accord possible avec le monde. 
Cette dernière strophe est la promesse poétique d'une réconciliation mais les espoirs sont fragiles, "un feu de brindilles". Les forêts pourraient  aussi révéler les dissonances intimes de la poétesse, la réconciliation serait compromise et tel le "feu de brindilles", l'accord avec le monde serait impossible car ce dernier serait en dissonance avec l'intime. 
Mais la forêt offre un espace de réparation, les mots peuvent surgir et faire résistance à ce qui détruit. "Et de mots" en rejet sonne comme une promesse réparatrice. 
L'expérience poétique d'une poésie de l'intime se fait "voix" par les mots qui se libèrent. 

Mouvement 4 : Une vision de la vie et de la poésie, strophe 4

H dorionMouvement 4
La dernière strophe reprend en anaphore "mes forêts" sur un seul vers". "Mes forêts/sont des nuits très hautes". Au-delà de toute tentative de définitions des forêts, la poétesse suggère par cette métaphore, une vision de la vie et de la poésie. Peut-être une manière de révéler un paysage intérieur suggéré par la verticalité de l'adjectif qualificatif et de l'adverbe intensif "très hautes". 
Les forêts sont le chemin à suivre ce qui donne un sens au poème liminaire allant de l'exploration "des forêts" au paysage intérieur de la poétesse. Profond par ses racines, l'arbre s'élève et rejoint le ciel à l'image du monde auquel il est relié et par lequel il relie les hommes dans une lecture de l''intime dont le déchiffrage et la compréhension se révèleront dans la suite du recueil. La métaphore de la nuit "des nuits très hautes" peut évoquer le déchiffrage du monde par la correspondance de la poésie, de la nature et de l'intime. Un déchiffrage dévoilé par la suite dont la "nuit" garde encore les mystères.
Cela concluerait cette poésie  non pas sur l'image des forêts, ni sur les forêts mais sur une poésie des forêts : figure de la parole poétique du recueil. 
Cependant la lecture de cette poésie peut aussi être celle d'un poème-arbre par sa typographie particulière. Les mots sur la page épousent en effet la forme de l'arbre.  C'est dans la plus grande liberté du choix des mots et de la typographie que se dévoilent les secrets de "mes forêts

Les forêtsConclusion 
Ainsi, le poème liminaire est déjà annonciateur du projet d'écriture d'Hélène Dorion. Il est le cheminement poétique à suivre, le chemin dans l'intimité des forêts, seule promesse d'espoir. 
Il évoque l'appel du monde par la métaphore du feu "de brindilles/et de mots". 
Ouverture.
La dernière poésie du recueil
"Mes forêts sont de longues tiges d'histoire". Le poème liminaire fait écho au dernier dans le sens où les forêts sont toujours liées à l'intime, elles sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion. 
Rencontrer la forêt pour apprendre à être soi et "prendre le large" vers soi-même : dernier vers du recueil "Mes forêts
"Et quand je m'y promène
c'est pour prendre le large
vers moi-même". 

Hélène Dorion, Mes forêts 
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.

 

Introduction du parcours bacLes forêts

De la nature à l'intime 
De l'extériorité à l'intériorité 

Comment cette correspondance de la nature à l'intime se traduit-elle chez Hélène Dorion? 
C'est la quête du sens 

Pour Hélène Dorion, les forêts traduisent sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers 
Les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion
En quel sens? 

Consulter le parcours bac 
 

Fiche de lecture

Les thèmes du recueil d'Hélène Dorion

 

Le monde de la forêt pour déchiffrer le sens du monde 
Les forêts, "le vivant au coeur des bois" 

Le monde de la forêt est celui des forces contraires 

Naissances et morts

L'exil et la survie 

La prédation

La survie de l'arbre

Cette dureté concerne aussi la vie des hommes 

Autres thèmes de "Mes forêts" 
La fragilité de la condition humaine 
La spoliation des terres indiennes, les violences coloniales

La condition animale 

Le réchauffement climatique : 

Consulter la fiche de lecture 

Hélène Dorion, Mes forêts /parcours : la poésie, la nature, l'intime

Hélène Dorion Mes forêts la poésie la nature l'intime

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