H dorion

"La poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout". Cette citation d'Hugo éclaire t'-elle votre lecture du recueil "Mes forêts" d'Hélène Dorion?

Dissertation corrigée

Quiz / Grammaire : la subordination, l'interrogation, la négation. Recueil "Mes forêts" Hélène Dorion

Les forêts

Sujet : "La poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout", Victor Hugo préface du recueil "Odes et Ballades" en date de 1828 Cette citation éclaire t'-elle la lecture du recueil 'Mes forêts"?

Dissertation
Le recueil d'Hélène Dorion, "Mes forêts"
Parcours bac : la poésie, la nature, l'intime 

Sujet :
"La poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout", Victor Hugo préface du recueil "Odes et Ballades" en date de 1828
Cette citation éclaire t'-elle la lecture du recueil 'Mes forêts" d'Hélène Dorion?  
Vous répondrez à cette question en un développement composé prenant appui sur la lecture du recueil "Mes forêts" d'Hélène Dorion au programme, sur le travail mené dans le cadre du parcours associé et sur votre culture littéraire. 
 

Définir les termes - Problématiser - Proposer un plan 

Les forets 3Définir les termes
- Une citation qui propose une définition de la poésie
- L'intimité renvoie à une vision du monde
- Elle est exclusive, totale
- Elle regroupe l'ensemble des choses en rapport avec le monde 
- Qu'en est-il du poète? 
- Quel est l'enjeu de la définition de la citation de Victor Hugo? 
Problématiser
Nous pouvons nous demander quelle conception de la poésie pourrait satisfaire à cette exigence de l'intime
Plan 
Pour répondre à notre question, nous verrons que la poésie est tout ce qui éveille l'intime dans un accord possible avec le monde, une réconciliation cependant compromise si la poésie des forêts se fait le théâtre de dissonances intimes. Enfin, nous nous interrogerons sur le pouvoir d'une poésie de l'intime au sens d'une quête. 

I -La poésie est tout ce qui éveille l'intime A -L'intime est le premier contact au monde B -les forêts extérieures deviennent les forêts intérieures C -Les forêts sont l'habitation poétique du monde

I - La poésie est tout ce qui éveille l'intime


A - L'intime est le premier contact au monde 
La citation de Victor Hugo illustre en la nuançant la portée de l'intime d'après Les forêts d'Hélène Dorion.  Avant d'être une poésie de l'intime, elle est ce qui l'éveille. L'éveil de l'intime précède l'écriture poétique. L'intime est ce qui initialement rend possible la poésie de l'intime. C'est par le contact, la proximité, l'immédiateté de notre rapport aux forêts, cet appel au monde, ce choc, ce réveil à soi de la forêt que les choses les plus simples nous effleurent. L'ouverture au monde par l'intime est déjà un éveil des sens, un corps qui se connecte à l'appel de la forêt. De cet écho en nous, bien en deça de tout langage et de toute tentative pour en déchiffrer les souffles de vie, l'intime est déjà ce premier contact de notre présence qu monde. C'est pourquoi, dès le poème liminaire, les forêts sont "un feu de brindilles" traduisant métaphoriquement la force de cet appel dans le corps du monde des forêts qui embrassent toutes les choses, le ruisseau, les feuilles, la branche, le rocher, la terre... La poésie des forêts éveille "l'âme des choses" dans l'exigence de l'intime.  


B - L'expérience poétique de l'intime nous fait ressentir la terre : les forêts extérieures deviennent les forêts intimes, intérieures de l'écrivaine 
La poésie suppose l'attention portée à la nature révélatrice de notre appartenance au monde. Elle se fait genre littéraire privilégié de l'intime car elle nous offre un véritable parcours initiatique. "De langue d'écorce et de souffle", la parole poétique révèle notre présence au monde en nous faisant ressentir la terre mais la sensation est première. Ainsi l'arbre, comme lieu de promenade, l'extériorité éveille chez celui qui le contemple, un paysage intérieur. Les sensations donnent le sens et créent le lien entre le monde et l'homme : "on ne demande rien à la lumière/au vent, à un bruit d'eau/sinon de continuer d'être/une direction, un souffle qui oriente/une matière qui rassemble". Associées au Tout du monde, les sensations sont liées aux quatre éléments, l'eau, l'air, la terre et le feu de l'univers forestier et la poésie s'empare de ce qu'il y a d'intime dans tout par la recherche de l'union avec la nature. Il nous faut retrouver les liens les plus profonds avec le vivant dans l'élan vital le plus simple, la vie sensible, rechercher le lien invisible qui rapproche tous les vivants dans une même aspiration à vivre qui anime l'arbre par la sève et l'homme par le sang au point de devenir l'arbre, la feuille, "suis-je arbre     suis-je feuille". Les forêts expriment l'intimité de tout dans tout. 


C - Les forêts sont l'habitation poétique du monde et le poète doit "habiter poétiquement le monde" Fridriche Hïderlin. 
Les forêts, "c'est le bruit du monde/l'écoulement du temps", elles embrassent toutes choses dans le mystère de la vie en pénétrant dans nos vies : "l'énigme heureuse/d'une eau de montagne/s'immisce à travers nos vies". Nos états d'âme reflètent les forêts, notre langue épouse celle "d'écorce et de souffle", la poésie devient ce que deviennent les mots atteignant l'âme humaine, liée à l'intime, elle permet une catharsis intime par l'expression des fluctuations de l'âme dans le jeu des rythmes, la richesse du vocabulaire, des images. Mais c'est une poésie de l'intimité de tout dans tout qui ne rime pas avec le repli sur soi mais une ouverture au monde suggérée par la présence des pronoms personnes "je", "toi", "tu", "soi", "on". L'intime n'est pas exclusivement personnel, il coincide avec l'universel. Les forêts racontent une histoire, celle des hommes. 
 

II- L'intime réconciliation de l'homme avec le monde est compromise par les dissonances intimes A- Les forces contraires B- La question de l'avenir de l'homme C- La résistance

II- L'intime réconciliation de l'homme avec le monde est compromise lorsque la poésie des forêts est celle des dissonances intimes


A - Le monde de la forêt est aussi celui des forces contraires 
Les forêts sont nommées "le vivant au coeur des bois, l'arbre est présenté sous ses multiples parcelles de vie, le tronc, les racines, les feuillles, les branches, l'écorce, les tiges, les fruits, les fleurs. Mais la forêt ne s'accorde pas toujours à renvoyer l'image d'un monde merveilleux, au contraire, celle d'une nature d'exil, de survie, "Mes forêts sont un long passage pour nos mots d'exil et de survie". La poésie des forêts devient théâtre de dissonances intimes. Elle nous sépare, nous désunit lorsque "dans le désordre de l'existence", "le temps ne va plus ni ne vient/dans le mystère obstiné d'étoiles/il n'y que des saisons décousues". Menacées, elles sont le signe d'une chute totale pour l'homme.  


B - La forêt pose la question de l'avenir de l'homme 
Les forêts disent le mystère de la création mais elles sont aussi assimilées à "des aiguilles" pouvant transpercer la terre et déchirer le ciel lorsqu'elles sont menacées. L'effondrement est possible. "Du portable au jetable/le jardin ou périt un monde/où l'on voyait vivre/et je ne vois plus les heures/plus l'horizon/avec ses levées de lumières" P 65. Si la forêt est associée au jardin d'Eden, idée évoquée dans le poème "Avant l'aube", la chute originelle biblique connote également la terre, celle qui assure notre survie. Celle qui est menacée, celle que l'homme détruit, car "mes forêts racontent une histoire/qui sauve et détruit/sauve/et détruit" P 94. Dès lors, les forêts ne sont plus l'espace privilégié de l'intime, de l'intimité du monde.  


C - La poésie de l'intime doit être résistance au monde 
Des dissonances intimes naissent le désaccord, l'absence de réconciliation de l'homme avec le monde. La forêt n'est plus le symbole de l'intime union de l'homme et du monde sans prise de conscience de l'urgence climatique. On en trouve écho dans la poésie "le feu" où les incendies sont évoqués en écho à l'actualité mondiale, de l'Amazonie, de l'Australie, de la Grèce, de la Californie jusqu'en France où en 2022, les feux menaçants pour l'homme, la biodiversité nous obligent à repenser notre rapport au monde et à la nature. Le feu, "qu'on entend venir/on dirait une bête/prête à tout dévorer". C'est pourquoi, il est nécessaire que l'homme soit en contact avec les éléments afin que par les forêts, il retrouve le lien entre le temps et l'origine, comme un renouvellement, un retour aux sources, une origine poétique possible par la quête du sens. 
 

III - Que peut la poésie de l'intime pour l'homme? A - L'intime est une quête du sens B - l'intime dans un sens universel C - L'intimité est la quête d'une poésie comme fin et moyen

III - Que peut la poésie de l'intime pour l'homme? 


A - L'intime est une quête du sens
Sur les traces d'Albert Camus dans le Mythe de Sisyphe, texte fondateur qui symbolise la séparation entre l'homme et le monde, la poésie de l'intime se met en quête de sens pour dépasser l'absurde et le désespoir. Elle se fait résistance au chaos et à la chute possibles. Mes forêts est un livre de la célébration de la vie qui "a le souci de la terre" car la vie est un miracle fragile. Parfois, "le hurlement de nos peurs" trouve consolation en l'amour, "la fenêtre de l'amour/qui referme celle de la peur". "Les mots d'exil et de survie maintiennent la vie/ dans sa fragilité/l'aube s'infiltre/touche l'écorce blessée". L'homme en traversant les états contraires part en quête d'espérance, en quête de poésie de l'intime comme seule source de vie pour retrouver le lien entre le temps et l'origine, une origine poétique de l'intime possible par la quête du sens. 


B - La quête se prolonge dans l'intime dans un sens universel
Les forêts s'ouvrent "comme une fenêtre" et me devienent intimes. "Je cherche donc à contempler du dedans" car les forêts racontent notre histoire, celle des hommes. La quête se prolonge dans l'intime au sens universel. Les sensations sont réparatrices, la poésie de l'intime nous renouvelle par la force et l'espoir. Les arbres, métaphore de l'écriture poétique sont "une porte ouverte sur les mots pour dire le monde et l'aimer".  


C - L'intimité est la quête d'une poésie comme fin et moyen 
La poésie au plus fort de ce qu'il y a d'intime dans tout, se régénère, se renouvelle, elle résiste, elle s'organise pour lutter contre "l'écho des finitudes" en faisant de la poésie la fin et le moyen pour "habiter poétiquemement le monde". L'écrivaine s'interroge sur le pouvoir d'une poésie de l'intime. Dans l'arche du temps, Hélène Dorion affirme : "Il me semble que si nous avons tant besoin de l'art, des artistes et des écrivains aujourd'hui, c'est moins pour répondre à des questions que pour tenter de les revisiter afin de les formuler differemment, de telle sorte que les réponses qui pourraient surgir soient différentes. Nous sommes arrivés en de nombreux lieux - économie, politique, écologie, culture - au terme des chemins qui se révèlent sans issue". Habiter poétiquement le monde suppose l'intimité au sens d'une quête. C'est faire de la poésie sa quête et le moyen d'y parvenir : "la poésie est à la fois ma quête et l'instrument de ma quête". 
 

Ainsi, "la poésie, c'est tout ce qu'il y a d'intime dans tout" au sens où "ce tout" est en mouvement à l'intérieur de nous jusqu'au jaillissement de la phrase. La poésie devient une expérience poétique. Le lyrisme au service de la poésie de l'intime permet la quête de sens qui est une quête intime sur le sens de l'existence, de notre présence au monde par les liens qui nous unissent et nous enseignent la résilience.
 

Hélène Dorion, Mes forêts 
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.

 

Introduction du parcours bacLes forêts

De la nature à l'intime 
De l'extériorité à l'intériorité 

Comment cette correspondance de la nature à l'intime se traduit-elle chez Hélène Dorion? 
C'est la quête du sens 

Pour Hélène Dorion, les forêts traduisent sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers 
Les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion
En quel sens? 

Consulter le parcours bac 
 

Fiche de lecture

Les thèmes du recueil d'Hélène Dorion

 

Le monde de la forêt pour déchiffrer le sens du monde 
Les forêts, "le vivant au coeur des bois" 

Le monde de la forêt est celui des forces contraires 

Naissances et morts

L'exil et la survie 

La prédation

La survie de l'arbre

Cette dureté concerne aussi la vie des hommes 

Autres thèmes de "Mes forêts" 
La fragilité de la condition humaine 
La spoliation des terres indiennes, les violences coloniales

La condition animale 

Le réchauffement climatique : 

Consulter la fiche de lecture 

Hélène Dorion, Mes forêts /parcours : la poésie, la nature, l'intime

Hélène Dorion Mes forêts la poésie la nature l'intime

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