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Etude linéaire "On dirait une silhouette mystérieuse...", L'onde du chaos Mes forêts d'Hélène Dorion

Etude linéaire "On dirait une silhouette mystérieuse..."

Quiz / Grammaire : la subordination, l'interrogation, la négation. Recueil "Mes forêts" Hélène Dorion

Commentaire linéaire 

Etude linéaire "On dirait une silhouette mystérieuse..." 
"On dirait une silhouette mystérieuse... que celui des saisons"
P. 87 - 88  Editions Bruno Doucey 

 

En quoi le poème sur l'arbre devient-il le poème de l'arbre? 

Les forêtsIntroduction
Nous allons étudier une poésie intitulée "On dirait une silhouette mystérieuse..." d'Hélène Dorion, poétesse, écrivaine québecoise contemporaine, née en 1958 ayant obtenu de nombreux prix littéraires. Ces vers appartiennent à l'une des dernières poésies de "L'onde du chaos" du recueil "Mes forêts". 
Il n'y est pas question de la forêt mais d'un arbre particulier au sens d'un médiateur entre la poétesse, le visible et l'invisible. 

Problématiques possibles
1 - L'étude nous amène à comprendre comment les métamorphoses de l'arbre structurent les mouvements du texte devenant ainsi une figure poétique en tant qu'objet créé par le poème à l'origine d'une écriture.
2   -    En quoi le poème sur l'arbre devient-il le poème de l'arbre? 

C'est une poésie composée de deux phrases qui structurent la poésie en deux mouvements. 

Mouvements 
Mouvement 1
Vers 1 à 14 : l'arbre-lyre
Mouvement 2 
Vers 15 à 26 : l'arbre-poème
 

Quiz

 

Pour préparer ou réviser l'étude linéaire 

l'arbre-lyre

H dorionMouvement 1 
La poésie s'ouvre par le conditionnel "On dirait", vers 1 à un au-delà du visible, le lecteur est d'emblée invité à deviner son potentiel derrière son apparence personnifiée à l'image d'une "silhouette mystérieuse", vers 1. L'arbre s'accorde à la terre et aux "rivières", vers 2, il est l'âme du monde qui s'ouvre à l'inconnu par "les rêves", vers 3. 
L'arbre nous ouvre aux visions du monde, ll se fait métaphore de l'eau, "une silhouette mystérieuse/où glissent des rivières", c'est cette image horizontale que jaillissent et "s'élancent les rêves", vers 3 en se projetant vers le ciel. 
Objet d'une première transformation par son écorce qui prend vie et s'anime métaphoriquement comme l'eau, il est aussi l'objet d'une seconde métamorphose, par son tronc, il est à l'origine des rêveries donc symbole spirituel. La vie est ici connotée par les verbes de mouvement à l'horizontal, "glissent" et vertical "s'élancent". 
Vers 4 : il est le souffle de la vie qui se régénère "puis le jour recommence". Eternel, dans ce mouvement de retour, il est la re-naissance et ce nouvel-ordre est l'intime. Par sa présence, "l'arbre jette l'ancre", vers 5, dans "le jardin des pas", image d'une intimité rassurante, enveloppante encore suggérée par la métaphore marine de l'ancrage. 
Du mouvement des premiers vers à l'immobilité retrouvée, il devient le point d'équilibre du monde et de la poétesse.  Des contraires, le mouvement et l'immobilité naît l'harmonie du monde, "il tend les cordes de l'univers", vers 7. Il est le point d'ancrage de la vie rendue possible, cette idée est présente dans la proposition relative des vers 7 et 8
"il tend les cordes de l'univers
où les âmes jamais ne fanent".
L'arbre est perçu comme un intermédiaire entre le monde visible, le monde invisible et la poétesse. Il touche à l'intime, il relie toutes choses. 
La 4ème strophe suggère que l'arbre par ses ramures s'approprie la vie, l'ailleurs "aux confins du silence". Sans limite, il peut tout recueillir "les branches qu'il recueille", vers 13, tous les murmures de l'univers dans l'apaisement le plus pur même quand
"le ciel brûle", vers 10. 
Il est " arbre de grâce et de beauté / arbre de solide et de questions". 
Il console de la solitude, il harmonise, il est le lien entre tous les hommes, il est l'intime reliant tous les affects. Cette action d'équilibre est suggérée par les parallélismes binaires des vers 11 et 12. 
Chaque être est ainsi relié à son intimité, à "ses questions", "sa solitude". Il devient l'arbre-lyre évoqué par la comparaison musicale "comme des archets". 


Transition
Ainsi, en structurant l'univers, il communique avec "les confins" pour se faire lyre. Il devient le musicien du monde. L'arbre-lyre se fait ensuite l'arbre-poème. 
 

l'arbre-poème

H dorionMouvement 2
Par son "chant", il se fait poète, "tu écoutes le chant des racines", vers 15. L'arbre se répand et la poétesse s'en imprègne, "tu deviens la sève", vers 16. Un dialogue intérieur s'instaure chez la poétesse, celui-ci est évoqué au vers 19 par la proposition incise "dis-tu". 
Le présentatif "c'est" marque le début d'une initiation par l'intime dont l'arbre est le médiateur.
La métaphore de "la fenêtre" vers 20, associée à l'image "du temps" éveillent la perception de la poétesse dans le sens d'une temporalité ressentie comme un point d'équilibre entre les contraires. 
Ce langage initie à l'obscurité par "la fenêtre opaque" mais il est aussi une révélation, il relie le mouvement qui permet l'ancrage dans "le jardin de nos pas", "aux confins du silence", il répand sa parole et "raconte le voyage", vers 21. 
C'est le récit de l'arbre qui donne naissance à un poème "un poème avance sur la tige", vers 22. Il se diffuse par "sa tige" et grandit. Il se répand comme pour répandre sa parole, tel "l'oiseau", il "vole parfois/sur les traces de l'oiseau", vers 23 et 24.
Son chant se disperse harmonieux, ainsi que le suggèrent les allitérations en "S", "sur", "traces", "oiseaux" et en "L", "vole", "les", "l'oiseau" ainsi que les assonances en "A" et en "WA", "parfois", "traces", "oiseau". 
Cette nouvelle temporalité prend son sens dans la dernière strophe
"l'arbre n'a d'âge
que celui des saisons" 
L'initiation commencée au vers 19 rend compte d'une expérience du temps "c'est le temps dis-tu", dont la négation restrictive "n'a que" et le présent de vérité générale révèlent la portée. Elle est universelle.

Conclusion
Ainsi, les métamorphoses de l'arbre structurent les mouvements du texte pour devenir une figure poétique en tant qu'objet créé par le poème à l'origine d'une écriture. 
L'arbre-lyre se fait l'arbre-poème. Il répand son langage et offre un voyage poétique dont l'écriture est l'écho de sa parole poétique car ce n'est pas qu'un poème sur l'arbre, c'est le poème de l'arbre. 

 

Hélène Dorion, Mes forêts 
Parcours : la poésie, la nature, l'intime.

 

Introduction du parcours bacLes forêts

De la nature à l'intime 
De l'extériorité à l'intériorité 

Comment cette correspondance de la nature à l'intime se traduit-elle chez Hélène Dorion? 
C'est la quête du sens 

Pour Hélène Dorion, les forêts traduisent sa profonde fusion du corps et du lieu, de l'esprit et de l'univers 
Les forêts sont les forêts intérieures d'Hélène Dorion
En quel sens? 

Consulter le parcours bac 
 

Fiche de lecture

Les thèmes du recueil d'Hélène Dorion

 

Le monde de la forêt pour déchiffrer le sens du monde 
Les forêts, "le vivant au coeur des bois" 

Le monde de la forêt est celui des forces contraires 

Naissances et morts

L'exil et la survie 

La prédation

La survie de l'arbre

Cette dureté concerne aussi la vie des hommes 

Autres thèmes de "Mes forêts" 
La fragilité de la condition humaine 
La spoliation des terres indiennes, les violences coloniales

La condition animale 

Le réchauffement climatique : 

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Hélène Dorion, Mes forêts /parcours : la poésie, la nature, l'intime

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