Bac Général 2023 philosophie métropole, sujets corrigés en ligne dès la sortie de l'épreuve

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Bac diplome

Sujets du bac général 2023

Epreuve : BAC Général

Matière : Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Métropole

Date : 14 juin 2023

Heure : 08h00

Durée : 4h

coefficient 8

 

 

Le baccalauréat général

L’épreuve de philosophie se déroulera le 14 juin 2023 de 8 h à 12 h.

Trois sujets seront proposés aux candidats qui devront choisir entre deux sujets de dissertation et un sujet d’explication de texte.

Chacun portera sur une ou plusieurs notions du programme. Toutes ces notions sont liées entre elles, évitez donc les impasses dans vos révisions !

L'épreuve écrite dure 4 heures et représente un coefficient 8 pour tous les candidats.

 

 

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Sujet bac general philo 2023Sujet bac general philo 2023 (581.09 Ko)

 

Dissertations

Sujet 1

Le bonheur est-il affaire de raison ?

Sujet 2

Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

 

L'explication de texte en filière générale

Explication d’une partie de La Pensée sauvage, texte de Claude Lévi-Strauss

Sujet 3

Expliquer le texte suivant :

Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais,à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention dematières premières et d’outils, conçus et procurés à la mesure de son projet : sonunivers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours s’arranger avec les« moyens du bord », c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et dematériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pasen rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, maisest le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouvelerou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et dedestructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pasdéfinissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur,l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au moinsen théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit et pouremployer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ouconservés en vertu du principe que « ça peut toujours servir ». De tels éléments sontdonc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur n’ait pas besoin del’équipement et du savoir de tous les corps d’état 1 mais pas assez pour que chaqueélément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente unensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, maisutilisables en vue d’opérations quelconques au sein d’un type.

Lévi-Strauss, La Pensée sauvage 1962

1 - corps d’état » : corps de métiers

Correction du commentaire 

La Pensée sauvage, texte de Claude Lévi-Strauss

Problème : les moyens du bricoleur sont-ils utilisés en fonction d’une fin prédéfinie, ou bien sont-ils ce qui détermine cette fin ?

Thèse : les moyens du bricoleur définissent eux-mêmes la fin de l’action, car ils sont des opérateurs, des outils dont l’usage est adaptable et relatif à eux

Plan :

I/ l.1 à 10 : le bricoleur se distingue de l’ingénieur, car il n’a pas de projet prédéfini

II/ l.10 à 15 : le bricoleur se définit exclusivement par son instrumentalité, c’est-à-dire par les instruments à sa disposition pour son projet

III/ l.15 à 20 : les éléments qu’utilisent le bricoleur sont des opérateurs, c’est-à-dire que leur usage est relatif et détermine la fin du bricolage

I/

Elément important : distinction entre le bricoleur et l’ingénieur.

Bricoleur = personne habile capable de réparer certains objets et peut être d’en construire d’autres

Ingénieur = personne capable de concevoir puis de fabriquer un objet

Chez le bricoleur, ce sont les moyens qui déterminent la fin : ce sont les outils / les éléments à sa disposition qui déterminent l’objet qu’il va fabriquer

Chez l’ingénieur, c’est la fin qui détermine les moyens : c’est le projet finale qui définit les éléments qui vont être utilisés

Le bricoleur et l’ingénieur se distinguent de l’artisan, qui est entre les deux : l’artisan a une certaine idée de la fin de son action, mais peut aussi l’adapter aux circonstances

II/

Eléments importants : instrumentalité // principe de conservation

Instrument = outil permettant de réaliser une action. Est conçu pour un usage prédéfini, mais peut être utilisé de manière différente à ce qui était prévu. Comporte une certaine polyvalence. Exemple : une chaise est conçue pour que l’on s’assoit dessus, mais on peut l’utiliser comme marchepieds et se tenir debout dessus. Il faut seulement voir qu’un instrument utilisé dans un but différent est peut-être moins efficace.

Principe de conservation : le bricoleur conserve les éléments. On peut par exemple conserver des chutes de bois pour faire des cales, conserver des boites d’œufs pour faire des semis, etc. Les moyens du bricoleur, contrairement à ceux de l’ingénieur, ne sont pas réductibles à un usage prédéfini. Le bricoleur invente et s’adapte / adapte ses outils.

III/

Eléments importants : particularisé / concret et virtuel / opérateur

Est particularisé ce qui est assignable à une fin. Les moyens du bricoleur sont particularisés car le bricoleur peut les utiliser à sa guise sans les connaître de manière exhaustive. Mais ils ne le sont pas entièrement car ils n’ont pas un emploi précis et prédéterminé.

Relations concrètes et virtuelles : les moyens du bricoleur représentent des relations concrètes, c’est-à-dire des relations qui existent réellement ; mais également des relations virtuelles, c’est-à-dire qui peuvent exister mais n’existent pas encore, ne sont pas encore actualisées

Opérateurs : ces moyens sont donc des opérateurs, ils déterminent eux-mêmes la fin de l’action. Une opération est une relation logique, un assemblage qui peut être reconduit. Exemple d’opération logique : 2+2=4. Les moyens sont des opérateurs car ils peuvent être assemblés à la guise du bricoleur, en fonction de l’ensemble existant.  

Correction de la dissertation 1

Sujet 1 Le bonheur est-il affaire de raison ?

Le bonheur peut se définir dans un premier temps comme le fait de satisfaire ses désirs, de faire ce qui nous plaît. En ce sens le bonheur semble s’opposer à la raison, qui elle se définit comme une faculté de formuler des pensées cohérentes entre elles et correspondant à la réalité, car la raison contraint et réfrène l’impulsion première du désir.

Toutefois le fait de faire seulement ce qui nous plaît, sans réfléchir, peut nous conduire au malheur. La raison, comme capacité  à anticiper les conséquences d’une action, ou à choisir entre deux actions, semble alors nécessaire au bonheur.

Le bonheur est-il réellement opposé à la raison, ou bien la capacité à formuler des pensées cohérentes est-elle indispensable pour atteindre un état de satisfaction parfaite, durable et globale ?

I/ Le bonheur n’est pas affaire de raison : la raison est un obstacle au bonheur

A) Car le bonheur s’atteint en satisfaisant tous ses désirs, alors que la raison tend à nous en empêcher. Calliclès, dans le Gorgias de Platon, définit le bonheur comme le simple plaisir. La philosophie hédoniste pose que le bonheur s’atteint lorsqu’on peut satisfaire ses désirs sans contrainte. Or la raison, qui nous amène à reconsidérer nos décisions, ou à réfléchir avant d’agir, freine la satisfaction des désirs, et donc l’accès au bonheur.

B) Car le bonheur s’atteint en faisant tout ce qui nous plait, et ce sans aucun empêchement ou contrainte, que notre action soit jugée bonne ou mauvaise. Or la raison, en tant qu’elle permet également de formuler des jugements moraux, peut faire obstacle à cette réalisation. Dans la République de Platon, le mythe de Gygès explique que les normes morales de la société sont un obstacle à nos actions spontanées, et donc à notre bonheur.

C) Si le bonheur est affaire de raison, c’est seulement au sens où il serait affaire de la raison de chacun, et non affaire d’une raison universelle, c’est-à-dire valable pour tous, en tout temps et en tous lieux. Le bonheur est affaire de la raison d’un individu qui agirait comme bon lui semble, selon ses raisons, ses motivations, et non en suivant une règle générale voire universelle.

Transition : une vie d’actions intégralement individuelles, spontanées et irréfléchies ne peut pas conduire qu’à des satisfactions imparfaites, partielles et éphémères. Or le bonheur n’est-il pas un état de satisfaction parfaite, durable et globale ?

II/ Pour être heureux, il faut s’appuyer sur la raison : le bonheur est affaire de raison.

A) Car le bonheur ne peut pas être uniquement relatif à la raison de chacun : cela conduit à un paradoxe à la fois moral et logique. En effet si je définis le bonheur à partir d’une action relative à chaque individu, je dois  accepter de ne pas contrevenir aux actions de tous et toutes, même si elles nuisent à mon propre bonheur. Il faudrait donc que le bonheur soit affaire d’une raison universelle, et non affaire de la raison de chacun.

B) Car satisfaire tous ses désirs entraine l’humain dans un cercle infini de plaisir et de manque. Dans le Gorgias, Socrate répond à Calliclès qu’il faut satisfaire uniquement ses désirs raisonnables, même si cela demande plus de patience et de retenue, et non satisfaire immédiatement tous ses désirs. En effet si je satisfais immédiatement mes moindres désirs, je vais ressentir du plaisir, puis immédiatement du manque, et ce à l’infini. Le bonheur doit donc nécessairement s’accompagner de raison.

C) La raison est d’autant plus nécessaire au bonheur que le bonheur dépend d’un certain état d’esprit. Pour être heureux, il faut accepter que certaines choses ne dépendent pas de soi, pour seulement se concentrer sur les choses qui dépendent de soi. C’est ce qu’explique Epictète dans son Manuel. Or c’est la raison qui aide à faire cette distinction : donc le bonheur est affaire de raison.

Transition : mais le bonheur est-il uniquement affaire de raison, ou bien dépend-il aussi d’autres choses ?

III/ Le bonheur n’est pas qu’affaire de raison

A) Le bonheur n’est pas seulement rationnel, il est aussi sensible. Dans la Lettre à Ménécée, Epicure explique que pour être heureux on n’est pas obligé de satisfaire uniquement ses désirs rationnels. On peut satisfaire aussi ses désirs sensibles, mais en privilégiant ceux qui sont naturels et nécessaires. Il opère une classification entre les désirs pour savoir lesquels satisfaire en priorité : il y a d’abord les désirs naturels et nécessaires, puis ceux naturels et non nécessaires, puis ceux non naturels et non nécessaires, puis les désirs vains.

B) Car le bonheur réside dans la création de soi par soi. Etre heureux d’après Bergson c’est se reconnaître comme sujet créateur, capable de réaliser des choses et donc de se réaliser soi-même. Il prend l’exemple d’un artiste créant une œuvre, d’une mère contemplant son enfant, etc. Le bonheur n’est donc pas qu’affaire de raison mais aussi de création, d’accomplissement personnel.

C) Car le bonheur dépend aussi (et peut être surtout) des conditions matérielles  d’existence de l’individu. Dans les Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression ouvrière, Simone Weil explique qu’il est plus facile d’être heureux lorsque notre travail nous permet de nous réaliser, de nous accomplir, que lorsque notre travail nous abrutit et nous aliène.

 

Correction de la dissertation 2

Sujet 2 Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?

Vouloir la paix pourrait signifier la désirer profondément, tendre vers un état de stabilité, d’absence de guerre et de conflit. En ce sens il semble que vouloir la paix c’est vouloir la justice, au sens où la paix serait le meilleur moyen pour atteindre un état de légitimité, d’égalité dans les rapports.

Toutefois l’absence de guerre ou de conflit n’est pas toujours légitime, et la guerre elle-même n’est pas toujours illégale : alors il pourrait sembler que vouloir la paix ne signifie pas nécessairement vouloir la justice. La paix est peut-être plus que la seule absence de conflit.

La paix est-elle le meilleur moyen pour atteindre la justice, ou bien peut-on atteindre la justice sans la paix ?

I/ Il semble qu’on ne puisse pas vouloir la paix sans vouloir aussi la justice, au sens de ce qui est légitime

A) Car la paix est nécessaire à la justice : en effet la paix signifie l’absence de guerre. Or la guerre est synonyme de violence et de conflit, et donc d’injustice. Donc pour garantir la justice, il faut garantir la paix.

B) Car dans l’état de nature, c’est-à-dire dans un état fictif préexistant à la société, la paix et la justice vont de pair. Rousseau dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes explique que dans l’état de nature, les hommes vivent dans l’innocence et la paix, sans que la société vienne corrompre un bonheur naturel en introduisant des rapports d’inégalités et donc d’injustice entre les hommes.

Transition : pourtant une paix peut être illégitime, et une guerre ne sort pas nécessairement de la légalité.

II/ Vouloir la paix, c’est-à-dire l’absence de conflit, ne signifie pas nécessairement que l’on veuille ou que l’on obtienne la justice

A) Car la guerre peut être légale, réglée par le droit. Il existe un droit de la guerre, notamment théorisé par Grotius dans Du droit de la guerre et de la paix. Or si la guerre peut être juste, au sens où elle est légale et encadrée, alors vouloir la paix ne signifie pas nécessairement vouloir la justice : on peut obtenir la justice par la guerre, et la paix n’est pas le seul moyen pour cette fin.

B) Il convient de ne pas confondre la paix, au sens d’un état de sérénité et d’entente, avec la seule absence de conflit. Non seulement une guerre peut être légale, mais une paix peut être illégitime ou illusoire. En effet la paix peut être imposée par la contrainte par les vainqueurs : il peut être difficile de trancher entre une répression injuste et une paix juste.

Transition : on se demande ici si la paix est le moyen de la justice. Mais ne faudrait-il pas se demander si la justice ne pourrait pas être le moyen de la paix ? Autrement dit, peut-on vouloir la paix en voulant un juste conflit ?

III/ Il faut privilégier la justice à la paix

A) Car la justice est le moyen de la paix, et non l’inverse. Dans le Leviathan, Hobbes théorise des rapports entre l’état de nature et la société opposés à Rousseau. L’Etat est au contraire ce qui permet de sortir des rapports conflictuels de l’état de nature. Une paix réelle doit pouvoir passer par le conflit, et l’Etat doit pouvoir assurer la paix par la force si nécessaire : la justice sans glaive ne vaut rien. C’est le juste conflit qui garantit la paix.

B) Car il faut savoir opposer de la résistance à la loi, quitte à bouleverser un état illusoire de stabilité, pour obtenir une justice réellement légitime. Dans la Théorie de la justice, Rawls théorise la nécessité, dans certains cas, d’une désobéissance civile qui serait légitime car elle serait collective, pacifique, réfléchie, et proposerait de réelles pistes de sortie. Il s’agirait alors d’une forme de conflictualité qui bouleverserait l’ordre établi pour parvenir à plus de justice. 

 

 

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Date de dernière mise à jour : 14/06/2023

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