Bac technologique philosophie 2023 métropole, sujets corrigés en ligne dès la sortie de l'épreuve

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Bac technologique 2

Sujets du bac technologique 2023

Epreuve : BAC technologique

Matière : Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Métropole

Date : 14 juin 2023

Heure : 08h00

Durée : 4h

coefficient 4

 

 

Le baccalauréat technologique

 vous aurez le choix entre trois sujets 

un sujet de commentaire et analyse de texte

deux sujets de dissertation 

 

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Sujets PDF

Sujets bac technologique philosophie 2023Sujets bac technologique philosophie 2023 (606.5 Ko)

 

Dissertations

Sujet 1

L’art nous apprend-il quelque chose ?

Sujet 2

Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?

Commentaire 

Sujet 3

 Adam Smith, Théorie des sentiments moraux, 1759

 

Le candidat a le choix entre deux manières de rédiger l’explication de texte.

Il peut :

- soit répondre dans l’ordre, de manière précise et développée, aux questions posées (option n°1);

- soit suivre le développement de son choix (option n°2). Il indique son option de rédaction (option n°1 ou option n°2) au début de sa copie.

Question de l’option n°1

A. Éléments d’analyse

1. À partir de l’exemple du début du texte, expliquez pourquoi une conduite négligente peut être, aux yeux de la loi, « presque l’équivalent d’un dessein malveillant ».

2. En quoi la situation est-elle différente lorsque la négligence tue « accidentellement » ?

3. D’après le texte, quels facteurs influencent naturellement notre évaluation de la gravité d’un acte ?

B. Éléments de synthèse

1. Quelle est la question à laquelle l’auteur tente de répondre ici ?

2. Dégagez les différents moments de l’argumentation.

3. En vous appuyant sur les éléments précédents, dégagez l’idée principale du texte.

C. Commentaire

1. Qu’est-ce qui fait l’injustice d’une action : l’intention ou les conséquences ?

2. Peut-on rendre la justice sans faire intervenir les sentiments ?

 

 

 

Correction du commentaire 

Adam Smith, Théorie des sentiments moraux, 1759

A) Eléments d’analyse

1) Une conduite négligente peut-être « presque l’équivalent d’un dessein malveillant » car l’individu choisit en quelque sorte de ne pas se préoccuper de ses semblables, ou du moins il ne choisit pas de s’en préoccuper. Ce faisant il contrevient aux règles de base de la justice et de la société.

2) La situation est différente si la négligence tue accidentellement car en ce cas la loi considère que le dessein était réellement malveillant. Elle fait « comme si » il y avait réellement eu intention de nuire, et voit dans l’insouciance un mépris d’autrui et de la loi qui aggrave le sentiment porté sur la conduite de l’individu.

3) Adam Smith explique que l’évolution de la gravité d’un acte est exacerbée par l’empathie qu’on peut ressentir envers la personne qui en est victime. Ce qui est jugé ce n’est pas l’acte en lui-même, ou l’intention de la personne qui commet l’acte, mais les conséquences de cette négligence.

B) Eléments de synthèse

1) L’auteur cherche à répondre à la question suivante : « En quoi la négligence, alors même que les conséquences de son action ne sont pas voulues, peut-elle être punie du châtiment le plus sévère ? »

2)

I/ l.1-11 : un certain degré de négligence justifie une punition

II/ l.11-2 : une négligence aux conséquences dramatiques justifie le châtiment le plus sévère qui soit

3) La négligence, en ce qu’elle ne prend pas en compte l’existence d’autrui, nuit au bon fonctionnement de la société, et mérite le châtiment le plus sévère lorsqu’elle a des conséquences sur autrui, même si l’action n’est pas intentionnelle.

C) Commentaire

1) Ainsi d’après Adam Smith, l’injustice de l’action se mesure à l’aune de ses conséquences. Même si l’intention n’était pas mauvaise, si les conséquences de l’action nuisent à autrui, alors l’action doit être jugée injuste. Par exemple une pierre jetée du haut d’un toit qui tombe au sol ou sur la tête de quelqu’un est lancée avec la même intention : mais dans le premier cas l’action est moralement neutre, alors que dans le deuxième cas, elle peut être jugée injuste et être punie sévèrement.

2) La justice doit au moins en un sens passer par les sentiments. En effet la justice ne se définit pas seulement par la froideur et la rigidité de la loi, de ce qui est légal. Dans la justice on entend aussi ce qui est légitime, conforme à la morale. L’indignation, la pitié, la colère, l’empathie… sont des sentiments qui aident à juger de l’injustice d’une action.  

Correction de la dissertation 1

Sujet 1 L’art nous apprend-il quelque chose ?

Si on définit l’art comme une activité créatrice, un moyen par lequel l’humain se détache de la nature, alors  l’art ne nous apprend rien : l’art est beau, pas apprentissage.

Toutefois ce n’est pas si simple. L’art n’est peut être pas seulement contemplation, il est aussi ce qui nous permet de sortir de nous, de nous élever, de grandir.

L’art ne nous apprend-il réellement rien, ou bien peut-il nous enseigner quelque chose, voire transformer le monde ?

I/ L’art ne nous apprend rien : le but de l’art n’est pas l’apprentissage, mais la contemplation

A) L’art est ce qui éveille en nous un plaisir contemplatif : lorsqu’on observe l’art on ne cherche pas à apprendre quelque chose, mais à contempler, à admirer. L’art est à l’opposé de l’apprentissage, il est ce qui nous permet au contraire de nous évader, de sortir de notre quotidien. Voltaire, dans le Dictionnaire philosophique, définit le beau comme ce qui provoque du plaisir. L’art ne nous apprend rien, mais nous provoque du plaisir.

B) L’art est ainsi fait pour être beau, et non pour être source d’enseignement. Dans la Crise de la culture, Hannah Arendt définit l’art comme ce qui est « délibérément écarté des procès de consommation et d’utilisation ». L’art ne nous apprend rien, il est par définition ce qui est le plus éloigné d’une quelconque utilité ou utilisation.

C) L’art est fait pour l’art, rien de plus : c’est le mouvement de l’art pour l’art mené notamment par Valéry. L’art ne nous apprend rien : il est art, fait pour exister et être reçu.

Transition : peut-on aussi rapidement cantonner l’art à la seule contemplation, sans prendre en compte les effets réels qu’il a sur le spectateur ?

II/ L’art nous apprend à nous connaître nous-mêmes, et à mieux connaître le monde

A) L’art ne peut être dissocié de l’apprentissage car l’art lui-même est un apprentissage : l’étymologie de l’art est technê, qui a donné technique. L’art lui-même comporte une grande technicité qui s’apprend et se transmet. De nombreux artistes apprennent des grands maîtres en copiant leurs œuvres par exemple.

B) L’art est donc nécessaire à l’apprentissage. Platon dans la République et Aristote dans les Politiques font de l’apprentissage de l’art une nécessité. L’art apprend une certaine rigueur et une forme universelle de beauté qui sont nécessaires à la vie en société.

C) De plus l’art nous apprend à mieux voir le monde, à lever le voile du monde. D’après Bergson, l’art est le seul moyen à notre disposition pour accéder au monde de manière directe, intuitive, sans passer par la médiation du langage ou de la pensée. L’art, et notamment la musique, offre un accès immédiat au réel.

Transition : l’art se contente-t-il de nous apprendre quelque chose, ou peut-il avoir un effet sur le monde ?

III/ L’art ne se contente pas de nous apprendre quelque chose : il peut transformer le monde

A) En effet l’art est le seul moyen de sortir de nous et d'apprendre à voir le monde à travers les yeux d’un autre. Proust explique que l’art, en nous faisant voir le monde à travers les yeux d’un artiste, crée un monde nouveau. En multipliant les visions du monde, l’art multiplie les mondes.

B) L’art peut-être utilisé de manière politique, ce faisant il nous apprend quelque chose et en transformant notre regard sur le monde, il transforme le monde. Exemple : street art de Banksy, performances artistiques mais aussi politiques.

C) Ainsi les pratiques artistiques ont souvent des effets décisifs sur le monde : le cinéma ou la photographie ont joué un rôle important dans l’histoire du XXe siècle, révolutionnant le rapport à la trace, à la mémoire, à la manière de faire de l’histoire. L’art apprend, et transforme.

Correction de la dissertation 2

Dissertation, sujet 2 : Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?

Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?

Transformer la nature permet d’assurer sa survie, de se protéger dans un environnement hostile : en cela, transformer la nature, c’est gagner en liberté, car cela nous permet de faire ce que l’on souhaite.

Toutefois la transformation de la nature, poussée à outrance, peut au contraire nous faire perdre en liberté : en effet en transformant trop la nature, on risque de la détruire, et en détruisant son environnement, on s’asservit soi-même.

Transformer la nature est-ce réellement gagner en liberté, ou au contraire cette transformation est-elle vouée à nous asservir ?

I/ Transformer la nature permet de gagner en liberté, car cela nous permet de faire ce que l’on veut

A) La technique, qui permet à l’humain de transformer la nature, est la première et la plus grande source de liberté humaine. C’est ce qu’explique Gorgias dans le Gorgias de Platon, en faisant le récit du mythe de Prométhée. Ce mythe retrace l’origine de la technique, comme capacité humaine à transformer la nature. L’humain étant l’animal le moins bien pourvu (en plumes, poils, griffes, serres, crocs…), Prométhée vola le feu et la sagesse aux dieux. Ainsi l’humain pouvait, en transformant la nature, se protéger et s’en libérer.

B) De plus en transformant la nature on gagne en efficacité, et donc en liberté. Dans le Discours de la méthode, Descartes affirme que la technique permet de nous rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature ». En effet apprendre à transformer la nature, par exemple par le biais de l’agriculture ou de la médecine, facilite grandement la vie de l’humain, et lui permet de gagner en liberté : il n’est plus asservi par la maladie ou la faim, c’est-à-dire par le besoin en général. La technique libère l’humain en lui facilitant l’assouvissement de ses besoins.

Transition : certes la transformation de la nature permet dans un premier temps de gagner en liberté : mais elle ne nous rendra jamais entièrement maîtres et possesseurs de la nature. Ainsi cette transformation, si elle est menée à l’excès, ne conduit-elle pas nécessairement à asservir l’humain ?

II/ Transformer la nature ne permet que dans un premier temps de gagner en liberté : si cette transformation est menée à l’excès, on perd en liberté

A) Une transformation de la nature trop poussée engendre une dépendance aux machines et à l’automatisme, et asservit l’humain. Dans les Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression ouvrière, Simone Weil explique que l’automatisation permise par la transformation de la nature ne fait pas gagner en liberté mais fait au contraire perdre en liberté. Les ouvriers sont toujours plus dépendants des machines, et les humains toujours plus dépendants des transformations de la nature par la technique.

B) De plus la transformation de la nature fait perdre en liberté car elle détruit la nature. Hans Jonas ouvre le Principe responsabilité en écrivant que le Prométhée est désormais « définitivement déchaîné ». Autrement dit, la  technique qui à l’origine nous aidait et nous libérait représente désormais pour nous un danger, car en modifiant toujours plus la nature elle la détruit et menace l’existence et les conditions de vie des générations futures.

Transition : si la transformation de la nature nous fait perdre en liberté, ne pouvons-nous pas nous ressaisir de notre liberté, non au sens de la capacité à faire ce qui nous plaît, mais au sens de la capacité à faire des choix autonomes, pour agir ?

III/ Reprendre sa liberté contre la transformation à outrance de la nature

A) Dans le Principe responsabilité Jonas ne se contente pas de dénoncer les excès de la transformation de la nature et l’aliénation qu’elle engendre. Il explique que pour y remédier, l’humain doit se sentir responsable des générations futures, et adopter un agir moral dirigé vers la préservation de son environnement.

B) Il convient ainsi de voir la nature non comme un milieu hostile, mais comme un lieu de vie avec lequel nous devons être en harmonie. Dans Par-delà nature et culture, Philippe Descola explique que la dichotomie entre la nature et la culture (qui permettrait de « transformer la nature » et de « s’échapper » ou de se « protéger » de la nature) est relative à notre mode de pensée, et n’est pas un phénomène universel. On peut alors voir autrement la nature et chercher non à la transformer mais à vivre en harmonie, en symbiose avec elle. 

 

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Date de dernière mise à jour : 14/06/2023

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