Bac Général 2022 philosophie métropole, sujets corrigés en ligne dès la sortie de l'épreuve

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Bac

Sujets du bac général 2022

Epreuve : BAC Général

Matière : Philosophie

Classe : Terminale

Centre : Métropole

Date : 15 juin 2022

Heure : 08h00

Durée : 4h

coefficient 8

 

 

Le baccalauréat général

L’épreuve de philosophie se déroulera le 15 juin 2022 de 8 h à 12 h.

Trois sujets seront proposés aux candidats qui devront choisir entre deux sujets de dissertation et un sujet d’explication de texte.

Chacun portera sur une ou plusieurs notions du programme. Toutes ces notions sont liées entre elles, évitez donc les impasses dans vos révisions !

L'épreuve écrite dure 4 heures et représente un coefficient 8 pour tous les candidats.

 

 

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Dissertations

 Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?

 Revient-il à l’État de décider de ce qui est juste ? 

 

L'explication de texte en filière générale

Pour qu’une observation puisse être qualifiée de scientifique, il faut qu’elle soit susceptible d’être faite et répétée dans des circonstances qui comportent une définition exacte, de manière qu’à chaque répétition des mêmes circonstances on puisse toujours constater l’identité des résultats, au moins entre les limites de l’erreur qui affecte inévitablement nos déterminations empiriques. Il faut en outre que, dans les circonstances définies, et entre les limites d’erreurs qui viennent d’être indiquées, les résultats soient indépendants de la constitution de l’observateur : ou que, s’il y a des exceptions, elles tiennent à une anomalie de constitution, qui rend manifestement tel individu impropre à tel genre d’observation, sans ébranler notre confiance dans la constance et dans la vérité intrinsèque du fait observé. Mais rien de semblable ne se rencontre dans les conditions de l’observation intérieure sur laquelle on voudrait fonder une psychologie scientifique ; d’une part, il s’agit de phénomènes fugaces, insaisissables dans leurs perpétuelles métamorphoses et dans leurs modifications continues ; d’autre part, ces phénomènes sont essentiellement variables avec les individus en qui se confondent le rôle d’observateur et celui de sujet d’observation ; ils changent, souvent du tout au tout, par suite des variétés de constitution qui ont le plus de mobilité et d’inconsistance, le moins de valeur caractéristique ou d’importance dans le plan général des œuvres de la nature. Que m’importent les découvertes qu’un philosophe a faites ou cru faire dans les profondeurs de sa conscience, si je ne lis pas la même chose dans la mienne ou si j’y lis tout autre chose ? Cela peut-il se comparer aux découvertes d’un astronome, d’un physicien, d’un naturaliste qui me convie à voir ce qu’il a vu, à palper ce qu’il a palpé, et qui, si je n’ai pas l’œil assez bon ou le tact assez délicat, s’adressera à tant d’autres personnes mieux douées que je ne le suis, et qui verront ou palperont si exactement la même chose, qu’il faudra bien me rendre à la vérité d’une observation dont témoignent tous ceux en qui se trouvent les qualités du témoin ?

COURNOT. Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique (1851).

 

 

 

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  • Sujet 1: Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
  • Sujet 2: L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance?
  • Sujet 3: Sommes-nous responsables de l’avenir ?
  • Sujet 4: Explication de texte autour d'un extrait de l'ouvrage De la Division du travail social, d'Emile Durkheim
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Correction du commentaire 

COURNOT. Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique 

Pour qu’une observation puisse être qualifiée de scientifique, il faut qu’elle soit susceptible d’être faite et répétée dans des circonstances qui comportent une définition exacte, de manière qu’à chaque répétition des mêmes circonstances on puisse toujours constater l’identité des résultats, au moins entre les limites de l’erreur qui affecte inévitablement nos déterminations empiriques. Il faut en outre que, dans les circonstances définies, et entre les limites d’erreurs qui viennent d’être indiquées, les résultats soient indépendants de la constitution de l’observateur : ou que, s’il y a des exceptions, elles tiennent à une anomalie de constitution, qui rend manifestement tel individu impropre à tel genre d’observation, sans ébranler notre confiance dans la constance et dans la vérité intrinsèque du fait observé. Mais rien de semblable ne se rencontre dans les conditions de l’observation intérieure sur laquelle on voudrait fonder une psychologie scientifique ; d’une part, il s’agit de phénomènes fugaces, insaisissables dans leurs perpétuelles métamorphoses et dans leurs modifications continues ; d’autre part, ces phénomènes sont essentiellement variables avec les individus en qui se confondent le rôle d’observateur et celui de sujet d’observation ; ils changent, souvent du tout au tout, par suite des variétés de constitution qui ont le plus de mobilité et d’inconsistance, le moins de valeur caractéristique ou d’importance dans le plan général des œuvres de la nature. Que m’importent les découvertes qu’un philosophe a faites ou cru faire dans les profondeurs de sa conscience, si je ne lis pas la même chose dans la mienne ou si j’y lis tout autre chose ? Cela peut-il se comparer aux découvertes d’un astronome, d’un physicien, d’un naturaliste qui me convie à voir ce qu’il a vu, à palper ce qu’il a palpé, et qui, si je n’ai pas l’œil assez bon ou le tact assez délicat, s’adressera à tant d’autres personnes mieux douées que je ne le suis, et qui verront ou palperont si exactement la même chose, qu’il faudra bien me rendre à la vérité d’une observation dont témoignent tous ceux en qui se trouvent les qualités du témoin ?

COURNOT. Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique (1851).

 

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CournotCournot (27.6 Ko)

 

Le texte porte sur la comparaison possible entre une observation scientifique et une observation psychologique. Il répond au problème suivant : peut-on dire d'une observation psychologique qu'elle est scientifique ? La réponse de Cournot est catégorique : une observation psychologique ne correspond pas aux critères de la scientificité. Il démontre sa thèse en trois temps : dans un premier temps (du début du texte à « la vérité intrinsèque du fait observé ») il définit les critères d'une observation scientifique. Puis de « Mais rien de semblable » à « œuvres de la nature », il compare ces critères avec ce que l'on retrouve dans une observation psychologique. Enfin, de « Que m'importent » à la fin du texte, Cournot conclut par des questions rhétoriques qui interrogent et critiquent la pertinence scientifique des observations psychologiques.

 

I/ L'observation scientifique doit être répétable et objective.

Cournot dresse la liste des critères d'une observation scientifique : la répétition et l'objectivité.

Il faut bien voir ici que l'observation ne désigne pas seulement l'expérience première, quand je regarde un paysage par exemple. Cournot parle non pas de l'expérience mais de l'expérimentation : en effet l'observation dont il est question n'est possible que dans un cadre très précis, défini en amont. La scientificité de l'observation dépend justement du cadre dans lequel elle est effectuée : il faut qu'existe un protocole expérimental. Il est important que ce cadre soit préalablement fixé puisque c'est lui qui permet à l'observation d'être répétée, et cette répétition permet d'observer les variations, et donc d'éliminer le plus d'erreurs possibles. En effet Cournot n'exclut pas que certaines erreurs subsistent : l'homme n'est pas une machine, et parfois il peut se tromper.

En plus  la répétition l'observation scientifique doit être objective : les résultats de l'expérimentation ne doivent pas dépendre de « la constitution de l'observateur », c'est-à-dire de sa subjectivité, de ses préférences personnelles, de son humeur, de son âge, son genre, etc. L'objectivité est un trait de définition essentiel de la science. Encore une fois Cournot n'exclut pas des exceptions : mais celles-ci doivent pouvoir s'expliquer, se justifier, se comprendre, sans qu'on cesse de croire que ce qu'on observe est vrai.

II/ L'observation intérieure, psychologique

Dans un deuxième temps Cournot compare ces critères à l'observation intérieure qu'un individu peut faire de sa conscience, sa pensée, ses émotions. L'opposition par laquelle la partie commence montre tout de suite que Cournot refuse de voir cette observation comme scientifique « Mais rien de semblable... ». Pour Cournot il n'existe pas de « psychologie scientifique », cela est impossible. L'observation psychologique ne rencontre aucun des critères permettant de qualifier une observation de scientifique. La critique de Cournot intervient dans un contexte où, au moment où la psychologie commence à essayer de défendre sa place comme science.

Cela se comprend par la nature des phénomènes observés : non pas durables et répétables mais « fugaces », « insaisissables dans leurs perpétuelles métamorphoses et dans leurs modifications continues » ; impossible donc de les prendre au sein d'un protocole expérimental.

Les phénomènes psychologiques ne correspondent pas non plus au deuxième critère de scientificité : ils sont subjectifs, dépendent de l'individu qui les observe, changent radicalement selon l'individu concerné. Cournot est très sévère avec leur scientificité possible : de tous les phénomènes de la nature ils sont ceux qui ont « le moins de valeur caractéristique ou d'importance ».

III/ Le partage d'expérience

La dernière partie du texte met en parallèle les deux types d'observation sur un nouveau plan, qui permet de réaffirmer que les observations intérieures, psychologiques, ne sauraient être appelés des observations scientifiques. Les observations scientifiques peuvent se partager ; pas les observations psychologiques.

Pour Cournot, ce qu'un philosophe écrit sur sa conscience n'importe pas, dans la mesure où ce qui se passe dans ma conscience peut être radicalement différent. Une telle variation ne saurait constituer une preuve de scientificité.

A l'inverse ce qu'un scientifique découvre, observe, transmet, cela peut se partager. Ici Cournot fait appel à la sensibilité, il revient à un sens premier de l'observation, indépendamment d'un processus expérimental. Je peux voir la plume dont Galilée étudie la chute vers le sol comme si c'était la même ; je peux plus difficilement suivre les méditations de Descartes comme si elles étaient les miennes. Et même si moi je suis incapable de comprendre exactement ce que le scientifique décrit, d'autres le pourront: dans tous les cas une transmission, une compréhension commune, sont possibles. L'objet de la science est, en tant qu'il est scientifique, le même pour tout le monde : il est justement indépendant des subjectivités et des consciences individuelles. L'objet de la psychologie est absolument particulier et subjectif ; il varie radicalement selon les personnes. On ne peut envisager sa même connaissance par deux personnes différentes.

Conclusion : pour Cournot la psychologie ne peut prétendre au statut de science. Elle ne répond à aucun critère de scientificité : elle n'est ni répétable, ni objective, ni partageable.

Correction de la dissertation 1

 Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?

 Les pratiques artistiques transforment-elles le monde ?

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Les pratiques artistiques transforment elles le mondeLes pratiques artistiques transforment elles le monde (26.39 Ko)

 

On peut définir les pratiques artistiques comme des pratiques relatives à l'art, des manières de faire de l'art. L'art se caractérise par un geste symbolique : il n'a pas une fonction utilitaire, mais une fonction de représentation du monde. L'art est contemplation et non action. En ce sens les pratiques artistiques ne transforment pas le monde : elles le représentent, elles l'imitent. Toutefois ces pratiques ne sont pas non plus radicalement abstraites, détachées du monde. Elles le transforment au moins en tant qu'elles viennent toucher le regard des spectateurs : les pratiques artistiques transforment le monde de celui qui les observe.

Problème : d'un côté il semble que les pratiques artistiques ne puissent pas transformer le monde ; de l'autre, c'est au moins en un sens leur conséquence directe. Comment comprendre que les pratiques artistiques, détachées du monde, le transforment pourtant nécessairement en retour ?

 

I/ Les pratiques artistiques ne transforment pas le monde : elles le représentent.

A) Les pratiques artistiques imitent le monde, elles ne le transforment pas. Pour Platon l'art se définit comme une imitation : il est une apparence du réel. Plus l'art est proche du monde qu'il représente (que ce soit par la peinture, la sculpture, la poésie ou le théâtre), plus il est juste. Dans le Sophiste Platon critique par exemple l'utilisation de la perspective en sculpture : en déformant la réalité, l'art échoue.

B) Les pratiques artistiques les plus réussies sont celles qui imitent le mieux le monde. On peut citer l'anecdote transcrite par Ovide dans les Métamorphoses : lors d'un concours de peinture, Parrhasios et déclaré vainqueur sur Zeuxis, car il réussit à peindre un rideau si ressemblant que Zeuxis demande à ce que le rideau soit enlevé de la peinture.

C) Les pratiques artistiques ne doivent pas changer le monde. Théophile Gautier explique que si l'art avait réellement la possibilité de transformer le monde, alors il serait jugé par des critères idéologiques, selon sa capacité à changer le cours des choses. Or il faut juger l'art selon des critères esthétiques.

Transition : l'art paraît être détaché du monde, et ne pas pouvoir le transformer. Pourtant les pratiques artistiques ne sont pas absolument abstraites de la réalité : elles ont une conséquence directe sur le monde de ceux qui les contemplent.

II/ Les pratiques artistiques transforment le monde du spectateur

A) L'art agit comme un révélateur. Dans La Pensée et le Mouvant, Bergson explique que l'artiste, par sa pratique, permet de faire voir une réalité qu'on n'aurait jamais aperçue sans lui. « Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisible ».

B) Les pratiques artistiques peuvent se résumer avec la formule du peintre Klee : « non pas rendre le visible, mais rendre visible ». Gilles Deleuze reprend cette formule pour expliquer que « La tâche de la peinture est définie comme la tentative de rendre visible des forces qui ne le sont pas ».

C) L'art, en tant que pratique, peut être une performance. Propre à l'art contemporain, la performance artistique a ceci de spécifique qu'elle introduit une relation directe, dynamique, avec le public. Elle s'immisce dans son monde, pour venir le transformer. Par son caractère éphémère, la performance inscrit l'art dans une action directe de transformation, à l'aide de la participation du public. Exemple de Tony Orrico.

Transition : les pratiques artistiques paraissent à la fois détachées du monde, et capables d'avoir une action directe sur lui. C'est par la transformation du regard du spectateur, c'est-à-dire du monde du spectateur, qu'elles peuvent en retour transformer le monde compris comme ensemble des choses.

III/ Les pratiques artistiques permettent de transformer le monde

A) Dans la Nausée Jeau-Paul Sartre décrit l'expérience esthétique comme ce qui permet de « néantiser » le monde : la néantisation est ce qui ne satisfait pas de ce qui est immédiatement donné, et qui le transforme. Les pratiques esthétiques permettent cette néantisation du monde qui offre au spectateur et à l'artiste la possibilité d'extraire de la contingence de leurs existences et de devenir libres, d'agir.

B) L'art transforme le monde : par sa pratique, l'artiste crée des valeurs. C'est ce qu'explique Nietzsche dans le Gai Savoir. L'artiste non seulement transforme le monde, mais en crée un nouveau, il crée le monde qui concerne l'homme, et renouvelle les valeurs.

C) L'art a donc un potentiel hautement subversif. Les pratiques artistiques existent pour remettre en question le cadre social normatif dans lequel elles s'inscrivent : l'art est un outil puissant de dénonciation, qui permet de critiquer, de renouveler, de transformer radicalement le monde. Les exemples ne manquent pas : Guernica de Picasso, Les Fleurs du Mal de Baudelaire, Fontaine de Duchamp...

Conclusion : les pratiques artistiques, en apparence abstraites du monde, ont pourtant la faculté de transformer le monde de celui qui les contemple, et en retour de transformer le monde lui-même, compris comme ensemble des choses. 

Correction de la dissertation 2

 Revient-il à l’État de décider de ce qui est juste ? 

 Revient-il à l’État de décider de ce qui est juste ? 

 

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Revient il a l etat de decider de ce qui est justeRevient il a l etat de decider de ce qui est juste (25.85 Ko)

 

L’État se définit comme l'ensemble des institutions qui exercent une autorité sur les individus, et notamment une autorité juridique. L’État fait la loi : c'est donc bien à lui de décider de ce qui est juste, c'est-à-dire de ce qui est légal. Pourtant la justice ne signifie pas seulement ce qui est conforme à la loi écrite, mais aussi à la loi morale. S'il revient à l’État de décider de la loi, ce n'est pas à lui de décider, de créer, de fabriquer la légitimité.

Problème : revient-il réellement à l’État de décider de ce qui est juste, ou au contraire est-ce que cela ne va pas à l'encontre de sa mission ?

 

I/ Il revient à l’État de décider de ce qui est juste (au sens de la légalité)

A) Le rôle de l’État est d'assurer la sécurité des citoyens. Dans le Léviathan, Hobbes explique que les hommes, pour sortir d'un état de conflit et d'insécurité permanents, se défont de leurs libertés et s'en remettent à l’État pour assurer leur sécurité. L’État a tous les droits, et même l'obligation de décider de ce qui est juste, de la loi qui permettra le mieux de protéger les sujets.

B) Il revient à l’État de décider de ce qui est juste, puisque non seulement il est de son rôle de garantir la sécurité des sujets, mais que c'est lui qui est le plus sage. Dans la République Platon théorise un État qui serait gouverné par des philosophes-roi. Il revient donc nécessairement à l’État de décider de la justice, c'est-à-dire de faire la loi, puisqu'il est celui qui rassemble le plus de sagesse pour le faire.

C) Le seul rôle de l’État est d'assurer la justice, c'est-à-dire la légalité. Kelsen formalise ce qu'il appelle une Théorie pure du droit : parmi les attributions de l’État, on trouve les décisions de justice. En effet Kelsen place les décisions constitutionnelles, qui sont des décisions d'instance de l’État, en haut de la « pyramide des normes ». Il est du rôle des instances de l’État de prendre les décisions juridiques, et donc de décider de ce qui est juste, au sens de conforme à la loi.

Transition : dans cette première partie on prend la justice au sens de la légalité. Mais juste cela ne veut pas seulement dire « légal » : cela veut aussi dire « légitime ». L’État certes décide de la loi, mais seulement en tant qu'elle est conforme à une morale qui lui est antérieure. En dernière instance ce n'est donc pas à l’État de décider de ce qui est juste.

II/ Il ne revient pas à l’État de décider de ce qui est juste (au sens de la légitimité)

A) La loi n'est juste qu'en tant qu'elle est conforme au « droit naturel » qui lui est antérieur : c'est ce que propose de voir le jusnaturalisme. En tant que théorie philosophique, le jusnaturalisme défend l'idée selon laquelle la légitimité de la loi se mesure à l'aune de sa conformité au « droit naturel », c'est-à-dire à des règles morales qui existeraient par nature, avant donc l'instauration de l’État et de la loi.

B) En effet l’État ne peut se penser sans faire appel à la notion de morale. L’État, explique Aristote, doit viser le Souverain Bien, qui est sa fin ultime. La légitimité de la loi est proportionnelle à sa conformité avec la morale qu'elle poursuit. Il ne revient pas à l’État de décider de ce qui est juste : c'est la morale qui lui dicte cette justice.

C) Il ne revient d'ailleurs à l’État de décider de rien. Pour les anarchistes, l’État est par naturel immoral, en tant qu'il opprime les hommes, les soumets, les force à se conformer à des lois artificielles et aliénantes. La seule chose juste que l’État pourrait décider, c'est de s'auto-détruire.

Transition : pourtant si l’État ne décide pas de la morale, il est pourtant de son ressort de la faire appliquer. Comment alors s'assurer que l’État respecte au mieux la morale qui guide la légitimité de ses lois ?

III/ L’État ne décide pas de ce qui est juste, mais il lui revient de veiller à ce que ses décisions soient justes.

A) Montesquieu, dans L'Esprit des lois, théorise que la séparation des pouvoirs (judiciaire, législatif, exécutif) est la meilleure manière de s'assurer de la justice de l’État. Pour que l’État fasse respecter au mieux la justice, il faut justement que ce ne soient pas les mêmes institutions qui : fassent la loi ; jugent des infractions à la loi ; appliquent la loi.

B) Pour que l’État reste juste, il faut que la souveraineté demeure aux mains de la société. Dans le Contrat Social, Rousseau explique qu'un État où les citoyens seraient privés de leur liberté de participation à la vie politique est fondamentalement injuste. Un État où le peuple est souverain est un État juste.

C) Et dans les cas où l’État se met à agir contre ce qui est le plus juste pour le peuple, Locke écrit que le peuple, dans ce cas là, à le droit de résister. Un État qui veille à prendre des décisions justes est donc un État qui permet les contre-pouvoirs, et qui accepte que ses décisions soient parfois contestées par un peuple essentiellement souverain.

Conclusion : l’État décide de la loi, et non de la morale. Pourtant c'est bien à lui que revient en dernière instance la tâche de veiller à ce que ses décisions soient justes, autrement dit : de veiller à ce que ses lois restent conformes à la morale. Dans le cas contraire, le peuple se réserve le droit de se soulever contre un État qui a cessé d'être juste. 

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Date de dernière mise à jour : 15/06/2022

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