Epreuve : BAC G

Matière : Français

Classe : Première

Centre : Centres Etrangers Groupe 1

Date : le 7 juin 2023

Durée : 4h

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Francais premiere 2023 centres etrangers sujet officiel (220.69 Ko)

Commentaire de texte :

La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle.
Voltaire, Les Deux Consolés (1756).
Le grand philosophe Citophile disait un jour à une femme désolée, et qui avait juste sujet de l'être : "Madame, la reine d'Angleterre, fille du grand Henri IV, a été aussi malheureuse que vous".

Dissertation :
Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle.

Sujet A :
Molière, Le Malade imaginaire.
Évoquant le théâtre de Molière, un critique affirme que "tout [y] est apparence, tout cherche à [y] plaire." Cela vous semble-t-il pouvoir caractériser Le Malade imaginaire ?

Sujet B :
Marivaux, Les Fausses Confidences.
La victoire finale de l'amour est-elle le résultat des stratagèmes mis en place par les différents personnages, ou bien, comme le propose un critique, le fruit d'un "hasard favorable" à Dorante ?

Sujet C :
Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde.
Les crises exposées dans Juste la fin du monde sont-elles liées aux décisions prises par les personnages ?

Œuvre : Marivaux, Les Fausses confidences
Parcours : théâtre et stratagème.

Sujet à traiter

Marivaux, Les Fausses Confidences.
La victoire finale de l'amour est-elle le résultat des stratagèmes mis en place par les différents personnages, ou bien, comme le propose un critique, le fruit d'un "hasard favorable" à Dorante ?

Les enjeux :
Le sujet interroge le rôle de ces stratagèmes dans la pièce de Marivaux. Le titre pluriel Les Fausses Confidences pose d’emblée le stratagème au cœur de l’intrigue. 
Les thèmes à traiter sont : maîtres/valets/mensonges/ruses/théâtre/stratagème
Problématique :
La victoire finale de l'amour repose t'-elle exclusivement sur les stratagèmes de la pièce? 

I - La victoire finale de l'amour est le résultat des stratagèmes mis en place par les différents personnages 
1 - Une pièce sous le signe du masque 
     Dubois est le maître du jeu, il manipule tout le monde, son univers est celui de la dissimulation dès la scène 2 de l'acte I, ll exige de Dorante de ne pas dire la vérité : "il est essentiel que les domestique ici ne sachent pas que je vous connaisse".
     Tous les personnages de la pièce mentent, ils avancent masqués et usent de stratagèmes. Araminte fait semblant de bien vouloir épouser le comte pour tromper Dorante
     C'est une mise en scène permanente. Araminte reste distante et froide pour ne pas avouer à Dubois ses sentiments pour Dorante. Son comportement transparaît dans les didascalies "Avec négligence", "haussant les épaules". Elle fera tout pour sauvegarder ce mensonge, "ce sont des choses qui ne doivent jamais percer". Même Marton a conscience de l'illusion lorsqu'elle affirme, "En vérité, tout ceci a l'air d'un songe", Acte I, scène 5. 
2 - Derrière le masque, la victoire finale de l'amour 
      Les stratagèmes révèlent des vérités, celles du coeur. Par exemple, à l'acte I de la scène 12, Dorante et Araminte parlent d'amour. "Araminte : Oui mais ne vous embarassez point; vous me convenez" / "Dorante : je n'ai point d'autre ambition". 
     Le mensonge est une stratégie pour atteindre la vérité comme le montre la ruse d'Araminte pour tester Dorante dans II, 13, "Je suis déterminée à épouser le comte".
     La vérité des sentiments éclate au-delà des illusions dans la scène de dénouement : "Vous donner mon portrait! Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime?" Acte III,2. Araminte maintient l'illusion et Dorante fait de même, "Que vous m'aimez, madame! Quelle idée? Qui pourrait se l'imaginer?". Le dénouement fait place à la vraie confidence. 
II - La victoire de l'amour est aussi le fruit d'un "hasard favorable" à Dorante
1 - Des scènes d'aveu 
     On sait que Dorante aime Araminte et réciproquement. Il y a dans la pièce de vraies confidences comme II, 2 lorsque Dorante confie à Dubois ses sentiments pour Araminte, "je l'aime avec passion...".
Araminte trouve que Dorante "a vraiment très bonne façon". L'amour réciproque précède les stratagèmes. 
     La vérité des sentiments dans les apartés nous éclaire. Les personnages s'avouent la vérité à eux-mêmes dans les apartés. Ainsi, "Araminte, à part : je n'ai pas le courage de l'affliger! Je n'oserais presque le regarder", I,15. 
     L'émotion est le signe d'une vérité que les personnages n'arrivent plus à cacher. Dans les didascalies, II,13 nous pouvons lire, "ton ému", "toujours distrait", autant de signes qui trahissent l'égarement de Dorante lorsqu'Araminte lui demande d'écrire une lettre pour le comte. 
2 - Le dénouement : la victoire de l'amour 
    Le dénouement dissipe toutes les illusions. 
 "Et voilà pourtant ce qui m'arrive", exprime l'aveu amoureux d'Araminte. Son "ton vif et naïf" montre la pureté et la spontaneïté de ses sentiments, ils sont comparables à ceux que Dorante éprouve pour elle. Le présentatif "Voilà" renforce la théâtralité de cette scène d'aveu. C'est la fin des fausses confidences pour la vraie confidence amoureuse. 
     Araminte contre toutes les conventions sociales décide d'épouser Dorante, III,12. Sa décision est indépendante de tout stratagème. "Vous êtes le plus honnête homme du monde, après tout, puisque vous m'aimez véritablement ce que vous avez fait pour gagner mon coeur n'est point blâmable".  Le mensonge n’est donc qu’un moyen de permettre la révélation des sentiments profonds des personnages. Le jeu de la fausse confidence pousse Araminte dans ses derniers retranchements, jusqu’à ne plus pouvoir nier l’amour qu’elle ressent pour Dorante - si bien qu’elle lui pardonne le stratagème, qu’il confesse : « Il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu’il a réussi. »
     Le mensonge est finalement vertueux s'il cherche à dévoiler la vérité.  
 

Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde.
Les crises exposées dans Juste la fin du monde sont-elles liées aux décisions prises par les personnages ?

Analyse du sujet 
Il s'agit, à partir des thèmes, crises familiale, personnelle, existentielle, de réfléchir sur les origines possibles des crises dans la pièce de Jean Luc Lagarce. 

Problématique
Les crises sont-elles simplement liées aux décisions prises par les personnages ou sont-elles l'expression d'une fatalité? 

Plan possible

I - Les crises dans la pièce sont dûes aux mauvais choix des personnages. Ils en sont responsables 
- Le choix de Louis 
- Une relation conflictuelle avec son frère Antoine. 
 

II - Les crises sont l'expression d'une fatalité 
- La parole empêchée : crise du langage

- La maladie de Louis 

Molière, Le Malade imaginaire.
Évoquant le théâtre de Molière, un critique affirme que "tout [y] est apparence, tout cherche à [y] plaire." Cela vous semble-t-il pouvoir caractériser Le Malade imaginaire ?

Problématique

La comédie de Molière, derrière les apparences et sa fonction plaisante cache-t’-elle une tragédie ? 

I – Une pièce basée sur les apparences qui cherche à plaire

1 – Le spectacle de la comédie ballet

De la fantaisie dès le prologue chanté qui instaure un climat fantaisiste et plaisant par le jeu des apparences.  Molière offre un spectacle divertissant qui s’inscrit dans le genre de la comédie ballet. Les trois actes sont entrecoupés d’intermèdes dansés et chantés. La dimension plaisante et spectaculaire des intermèdes se retrouve par exemple dans la didascalie du troisième intermède, « c’est une cérémonie burlesque d’un homme qu’on fait médecin, en récit, chant, et danse ». On retrouve ce souci de plaire dans une réalité peu ordinaire et ce détail dans les apparences dans les intermèdes et dans les costumes puis dans les métamorphoses de Toinette en médecin volant, Béralde en deux ex machina à l’acte II, scène 9 et Louison en II, 8 qui récite à son père Peau d’Âne et le Corbeau et le Renard

• Les procédés comiques.

Tous les procédés comiques sont utilisés ce qui atteste de la volonté de Molière de privilégier le plaisir du spectateur. Comique de caractère, les personnages sont caricaturaux et grotesques, la servante insolente, la belle-mère cupide. Le comique de mots du troisième intermède parodie la langue scientifique, le comique de situation du quiproquo de la scène 5 de l’acte II sont des exemples.

• Des personnages farcesques.

Personnages caricaturaux, Purgon est un médecin dont le nom évoque la purgation. Argan est un personnage farcesque par son caractère mécanique qui suscite le rire par ses comportements. On le voit abuser de l’anaphore « Hé bien ? » lorsqu’il interroge Louison en II, 8. Argan, un malade imaginaire qui embarque les spectateurs dans sa folie, un malade en bonne santé et des médecins de comédie discrédités par l’onomastique, Les Diafoirus ne correspondent pas à la réalité de la médecine à l’époque de Molière. Les costumes fantasques des médecins en font des personnages de la commedia dell’arte.

Tout est basé sur les apparences et l’invraisemblance règne, la comédie se met au service du plaisir du spectateur. Mais c’est une comédie qui interroge et contient des éléments ancrés dans le réel, donnant à la pièce une dimension de satire.

II – Une comédie qui interroge sur la condition humaine

• De la maladie imaginaire à la réelle peur de la mort

Derrière la comédie divertissante basée sur les apparences et soucieuse de plaire, des sujets tragiques sont abordés. Le thème de la mort est central. Le personnage d’Argan est  dans une grande détresse morale, c’est un héros tragique, on le voit dès la scène d’exposition sous la forme de monologue. Il est coupable de se laisser gouverner par ses passions et son hypocondrie, il raisonne, calcule mais reste prisonnier de sa hantise de la maladie.  Il s’aime malade et à travers la maladie, « mamour, cette coquine-là me fera mourir […] elle est cause de toute la bile que je fais […] et il y a je ne sais combien de temps que je vous dis de me la chasser » acte I scène 6), et il exprime un désir pathologique de bien-être, jusque dans une régression infantile que satisfait Béline en le nommant « mon fils », « mon petit fils ».

• Des rapports trompeurs entre l’esprit et le corps

Argan, faux malade vit dans sa pseudo maladie, sa maladie imaginaire et la puissance de son imagination prend le dessus sur la raison. On le voit avec les médicaments qui sont le signe que l’imagination domine le corps. Dans l’acte I, scène 1, il fait l’inventaire de ses médicaments. Il refuse toute tentative de rationalisation, de démonstration, « Il savent la plupart de fort belles humanités, savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir et les diviser ; mais pour ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point du tout ». Il est l’illustration parfaite des effets de l’esprit sur le corps sur le mode tragique à la manière de Racine.

• Duperie et manipulation dans les rapports humains

Cet aspect de la comédie de Molière est incarné par les médecins et Béline qui profitent de sa faiblesse. Il est question pour Molière de dénoncer les charlatans et les imposteurs déjà présents dans Tartuffe. « Toute l’excellence de leur art consiste en un pompeux galimatias, en un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » acte III scène 3, leur jargon est incompréhensible par l’honnête homme  et le fait de le dire en latin ne change rien. Ils passent leur temps à parler de métaphysique sans se préoccuper des démonstrations rationnelles et des faits, « un homme qui croit à ses règles plus qu’à toutes les démonstrations des mathématiques ». Ils sont prêts à tout sacrifier pour leur croyance faisant ainsi figure de fanatiques, « c’est de la meilleure foi du monde qu’il vous expédiera, et il ne fera, en vous tuant, que ce qu’il a fait à sa femme et à ses enfants, et ce qu’en un besoin il ferait à lui-même » acte III scène 3.

De la maladie imaginaire à la réelle peur de la mort,  cette pièce est  une comédie qui interroge pour conjurer l’angoisse de la mort

III – Le pouvoir de l’illusion et du rire

• Le motif théâtral des spectacles et des déguisements

Cette pièce propose une réflexion sur le pouvoir de l’illusion, le vrai et le juste triomphent grâce à la feinte : Toinette en médecin parvient à provoquer la rébellion d’Argan contre une prescription médicale. La comédie de la mort que Toinette invite Argan à jouer dans l’acte III, et qui fait suite à celle de Louison dans la scène 8 de l’acte II, marque d’autres évolutions : Argan laisse enfin cours à sa bonté naturelle face à sa fille ; le fait de jouer la comédie de sa propre mort lui permet d’apprivoiser ses angoisses, perce à jour les imposteurs et rétablit l’unité familiale. La comédie de la mort devient une métaphore du jeu théâtral.

• La dramaturgie du vrai-faux

Le spectacle se révèle être plus efficace que les remèdes prescrits par les médecins pour Argan, la guérison est ainsi conçue, « ce sont des Égyptiens, vêtus en Mores, qui font des danses mêlées de chansons, où je suis sûr que vous prendrez plaisir ; et cela vaudra bien une ordonnance de M.Purgon. » (acte II scène 9). La fiction assure un double dénouement heureux par le mariage d’Angélique et la guérison d’Argan.

Introduction

Les Deux Consolés est un conte philosophique de Voltaire en date de 1756

Ce conte, très court, narre comment  les deux protagonistes, le philosophe Citophile et la femme désolée, parviennent à se consoler mutuellement.

Citophile tente d'abord en vain de consoler la femme désolée, en lui rappelant toutes les grandes dames de l'histoire qui ont connu des infortunes. Il espère ainsi lui faire relativiser son propre sort.

Mais quand le fils unique du philosophe décède, la femme désolée lui prépare une liste de tous les rois ayant perdu leurs enfants. Le philosophe, tout en la trouvant très juste, n'en pleure pas moins.

Questions possibles

Comment le récit présente t’-il l’œuvre consolatrice du temps dans cet apologue ?

Comment l’œuvre du temps est-elle présentée dans cet apologue ?

I - L’œuvre consolatrice du temps

• Chronologie narrative

Deux personnages : le philosophe Citophile et une dame de ses amies

Le temps de la narration structure le récit de cette manière ; 7 lignes sont consacrées au dialogue, trois lignes présentent le changement de situation et trois autres sont consacrées à l’enseignement.

Le temps de la fiction : il se déroule sur deux jours, tout d’abord, le premier jour en scène dialoguée. On y voit Citophile citer des exemples de malheurs tirés de l’histoire et de l’actualité, dans le but de consoler l’affligée. La dame est inconsolable, le philosophe lui cite des cas de femmes célèbres malheureuses pour lui montrer qu’il y en a eu dans l’Histoire de plus malheureuses qu’elle 33-34. L’intervention du philosophe est marquée par une déclarative, « Disait un jour », l. 1, l’impératif de la ligne 7, « Souvenez-vous », l’interrogative de la ligne 13, « Vous avez peut-être entendu parler »

Inefficacité de sa démonstration, qui s’étend des lignes 1 à 37. Question pertinente de la dame, sans réponse : 35-37. Les réactions de la dame sont transcrites à travers les expressions suivantes : les réactions toutes semblables de la dame :« Elle se mit à pleurer ses propres infortunes », l. 6, « Elle se replongea dans sa mélancolie », ligne 12. A la ligne 14, nous pouvons lire, « Je m’en souviens confusément », et « Je sais toute cette histoire, répondit la dame » ligne 17. La dernière réaction est traduite par l’interrogation de la ligne 32, « Pourquoi ne voulez-vous donc pas que je songe aux miens? « 

• La situation s’inverse. Voltaire disqualifie le discours de Citophile

A son tour, le consolateur est frappé par un deuil, il devient le consolé. La dame utilise le même procédé, « la dame fit dresser une liste de tous les rois qui avaient perdu leurs enfants », L 39, la réaction du philosophe est la même que celle qu’il lui reprochait, « il n’en pleura pas moins ».  Accélération et symétrie.

• Le temps fait son œuvre : ellipse de trois mois, les deux personnages se retrouvent consolés par le temps. Leur consolation ne vient qu’avec le temps : « trois mois après » 41, d’où leur reconnaissance et le don d’une statue. Trois mois plus tard, ils se retrouvent et, voyant qu'ils sont tous deux très gais, décident de faire ériger une statue au Temps avec l'inscription : À celui qui console. L’inscription généralise la leçon en l’immortalisant.
• Leçon morale, sans aucune critique politique ici, universelle : la raison ne peut pas grand-chose pour consoler les êtres, seul le temps adoucit la douleur du deuil 3, 33-4, 40-41.

II - L’ironie au service de la critique de Voltaire

Humour et légèreté du ton, un thème grave, la mort, un registre léger :

Bien que le sujet soit tragique, le ton reste léger, Voltaire utilise l’ironie, son intention est sarcastique, il se moque des beaux parleurs. On le voit par l’onomastique « Citophile » qui signifie, « celui qui aime citer ». 

Dénoncer les donneurs de leçons et la vanité des hommes

Voltaire dénonce ces moralistes qui se délectent du malheur des autres

L’homme est impuissant mais la vanité est un de ses défauts majeurs

Une critique sociale

La critique sociale est explicite, « Elle avait un amant, comme en ont toutes les grandes et belles princesses ».

L’inflation des antiphrases permet de dénoncer l’injustice sociale  dans « sa bonne amie et sa bonne parente, la reine Élisabeth, qui se disait pucelle, lui fit couper le cou sur un échafaud tendu de noir», traduit l’intention ironique du discours de Citophile.

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