Les Fleurs du mal, Baudelaire, une oeuvre au bac de français 2022. Présentation et analyse du recueil

« Alchimie poétique : la boue et l’or » - contextualiser / problématiser "La boue et l’or"-Bac général et technologique Programme bac de français 2022

Baudelaire

Baudelairela vie, l'oeuvre de Baudelaire et le symbolisme

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Baudelaire"Alchimie poétique, la boue et l'or"

Commentaires et questionnaires

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau

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Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau, testez vos connaissances, entraînez-vous

Mener une explication linéaire, Baudelaire, les Fleurs du mal

Les Fleurs du mal est un recueil de poèmes de Charles Baudelaire, englobant la quasi-totalité de sa production en vers, de 1840 jusqu'à sa mort survenue fin août 1867.

Biographie

 

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(Paris, 1821- Paris, 1867)

Baudelaire naît à Paris en 1821. Il perd son père à l'âge de six ans
Après la mort de son père, sa mère se remarie avec un officier, le général Aupick avec qui il ne s'entend pas dutout et il est mis en pension. Après ses études, il mène une vie marginale et de bohème dans le Quartier latin.

À partir de 1839, Baudelaire commence sa carrière d'écrivain. Il fréquente des hommes de lettres (Nerval, Balzac) et mène à Paris une vie de plaisirs et d'insouciance qui choque à son beau-père. En 1841, fait un long voyage vers les Indes, maisrevient au bout de dix mois. L'exotisme et l'amour de la mer sont toujours présents chez le poète et sont à l'origine sa source principale d'inspiration.
À son retour, il demande sa part de l'héritage paternel pour vivre comme il l'entend. Il devient un dandy parisien et se lie avec Jeanne Duval, une jeune mulâtresse, jusqu'à sa mort à qui il a dédié des poésies dans les Fleurs du mal.
Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire.
A 23 ans, un coneil judiciaire lui est imposé car ses dépenses d'argent sont considérables. Il vit dès lors misérablement par la suite.

Il devient critique d'art, les articles regroupés forment les salons. il défend en Delacroix le représentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac
Il découvre Edgar Poe qu'il commence à traduire, il y a une publication de quelques poèmes dans différentes revues. Son inspiration poétique va grandissant depuis sa rencontre avec Madame Sabatier, une dame du monde.

En 1857 paraissent Les fleurs du mal. Le livre est en partie condamné pour «outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs». ce dernier chef d'inculpation condamne Baudelaire à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante

Malgré sa célébrité, il mène une vie assez misérable, précaire mais se passionne toujours pour l'écriture, il continue donc à écrire et s'adonne à certains stimulants comme le haschich et l'opium.

Terrassé par une crise cardiaque, il est ramené à Paris. Atteint de paralysie et de troubles du langage, il meurt à l'âge de 46 ans.

Le Spleen de Paris (autrement appelé Petits poèmes en prose) est édité à titre posthume en 1869,
À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. Michel Lévy (éditeur) l'acquiert pour 1750 francs. La troisième édition des Fleurs du Mal que préparait Charles Baudelaire, accompagnée des 11 pièces intercalaires, a disparu avec lui.r

Le recueil Les Fleurs du mal

Publié le , le livre scandalise aussitôt la société conformiste et soucieuse de respectabilité. Couvert d'opprobre, son auteur subit un procès retentissant. Le jugement le condamne à une forte amende, réduite sur intervention de l'Impératrice ; il entraîne la censure de six pièces jugées immorales. De 1861 à 1868, l'ouvrage est réédité dans trois versions successives, enrichies de nouveaux poèmes ; les pièces interdites paraissent en Belgique. La réhabilitation n'interviendra que près d'un siècle plus tard, en mai 1949.

C'est une œuvre majeure de la poésie moderne. Ses 163 pièces rompent avec le style convenu, en usage jusqu'alors. Elle rajeunit la structure du vers par l'usage régulier d'enjambements, de rejets et de contre-rejets. Elle rénove la forme rigide du sonnet. Elle utilise des images suggestives en procédant à des associations souvent inédites, tel l' « Ange cruel qui fouette des soleils » (Le Voyage). Elle mêle langage savant et parler quotidien. Rompant avec un romantisme qui, depuis un demi-siècle, loue la Nature jusqu'à la banaliser, elle célèbre la ville et plus particulièrement Paris.

Elle diffère d'un recueil classique, où souvent le seul hasard réunit des poèmes généralement disparates. Ceux-ci s'articulent avec méthode et selon un dessein précis, pour chanter avec une sincérité absolue :

  • la souffrance d'ici-bas considérée selon le dogme chrétien du péché originel, qui implique l'expiation ;
  • le dégoût du mal — et souvent de soi-même ;
  • l'obsession de la mort ;
  • l'aspiration à un monde idéal, accessible par de mystérieuses correspondances.

Nourrie de sensations physiques que la mémoire restitue avec acuité, elle exprime une nouvelle esthétique où l'art poétique juxtapose la palette mouvante des sentiments humains et la vision lucide d'une réalité parfois triviale à la plus ineffable beauté. Elle exercera une influence considérable sur des poètes ultérieurs aussi éminents que Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé.

Sur les 163 pièces composant les Fleurs du Mal, on compte :

  • 72 sonnets,
  • 1 poème apparenté au pantoum,
  • 90 poèmes à forme libre.

Baudelaire affectionne le sonnet puisqu'il l'utilise dans plus de quatre poèmes sur dix.

Les oeuvres de Baudelaire

# Salon de 1845 (1845)
# Salon de 1846 (1846)
# La Fanfarlo (1847), nouvelle
# Du vin et du haschisch (1851)
# Fusées (1851)
# L'Art romantique (1852)
# Morale du joujou (1853, réécrit en 1869)
# Exposition universelle (1855)
# Les Fleurs du mal (1857)
# Le Poème du haschich (1858)
# Salon de 1859 (1859)
# Les Paradis artificiels (1860)
# La Chevelure (1861)
# Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains (1861)
# Richard Wagner et Tannhäuser à Paris (1861)
# Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris (1862)
# Le Peintre de la vie moderne (1863)
# L'œuvre et la vie d'Eugène Delacroix (1863)
# Mon cœur mis à nu (1864)
# Curiosités esthétiques (1868)
# L'art romantique (1869)
# Journaux intimes (1851-1862)

La genèse du recueil

La genèse du recueil reste mal connue.

Les plus anciennes pièces remontent vraisemblablement à 1841 (Une nuit que j'étais près d'une affreuse Juive et À une dame créole). Un manuscrit soigneusement copié et relié, attesté par l'ami du poète Charles Asselineau, existe déjà en 1850. Mais il n'a pas survécu et on en ignore le contenu.

Certains poèmes sont publiés dans diverses revues :

  • À une dame créole, le 25 mai 1845 dans L'Artiste ;
  • Le Vin de l’assassin, en 1848 dans L'Écho des Marchands de vin (apparemment sans intention humoristique) ;
  • Lesbos, en 1850 dans une anthologie des Poètes de l'amour

Le , 18 poèmes paraissent dans la Revue des deux Mondes sous le titre « Fleurs du Mal ».

Le 20 avril 1857, 9 pièces sont publiées dans la Revue française.

La publication des Fleurs du Mal a lieu par étapes. Pas moins de quatre éditions, à chaque fois différentes, se succèdent en l'espace d'onze ans, de 1857 à 1868 - année suivant la mort de l'auteur.

Baudelaire

Quiz Baudelaire Fleurs du mal parcours Alchimie poétique

 Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat   Quiz sur le parcours bac  Alchimie poétique la boue et l’or. et le recueil  Les Fleurs du mal, Baudelaire

Etude du titre : extraire la beauté du Mal - « Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme / Ô Beauté ? »Hymne à la beauté

Dès 1845, un recueil de quelque 26 poèmes est annoncé sous l'intitulé « Les Lesbiennes ».

À partir de 1848, Baudelaire y substitue le titre « Les Limbes ». Mais il doit l'abandonner à regret (il en appréciait les résonances théologiques), un recueil du même nom, poésies intimes du bien oublié Georges Durand étant déjà paru en mai 1852

Ce n'est qu'en 1855 que Baudelaire choisit « Fleurs du Mal » pour intituler 18 poèmes parus, le 1er juin, dans la Revue des deux Mondes. Dès lors, ce titre s'impose définitivement.

À l'âge de 18 ans, Baudelaire avait envoyé à sa mère une lettre contenant un « bouquet de fleurs singulières » : des poèmes

Dans l'un de ses projets de préface, Baudelaire précise, non sans ingénuité feinte ni malicieuse provocation : « Il m'a paru plaisant, et d'autant plus agréable que la tâche était plus difficile, d'extraire la beauté du Mal. Ce livre, essentiellement inutile et absolument innocent, n'a pas été fait dans un autre but que de me divertir et d'exercer mon goût passionné de l'obstacle »

Le titre laisse entendre que les voies du Beau et du Bien ne convergent pas nécessairement (« Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme / Ô Beauté ? » - Hymne à la beauté) et que l'artiste peut revendiquer toute liberté d'investigation créatrice.

Allusion plus ou moins consciente à l'arbre du jardin d'Éden, il révèle l'ancrage de l'inspiration baudelairienne dans l'éthique chrétienne.

Plus largement, le titre relève d'un oxymore fondé sur l'opposition mais aussi le lien étroit entre le Mal et la recherche du Beau idéal à travers le travail poétique. En quatre termes monosyllabiques, cette figure de style condense, d'une façon frappante, la posture simultanée entre le Bien et le Mal. En résumant la condition humaine, elle atteint d'emblée une dimension universelle.

Spleen et Idéal ; Tableaux parisiens (section initialement absente) ; Le Vin ; Fleurs du Mal ; Révolte ; La Mort.

Le poète divise son recueil en six parties

  • Spleen et Idéal ; 85 poèmes
  • Tableaux parisiens (section initialement absente) ; 11 poèmes
  • Le Vin ; 5 poèmes
  • Fleurs du Mal ; 12 poèmes
  • Révolte ; 3 poèmes
  • La Mort. 6 poèmes

Un poème liminaire, Au Lecteur, sert de prologue. Il est exclu de la numérotation des poèmes.

Cette construction reflète le désir d'ascèse de Baudelaire, dans une quête d'absolu. Spleen et idéal dresse un constat sans concession du monde réel : c'est une source d'affliction et de blessures (le spleen), qui suscite chez Baudelaire un repli sur soi mais aussi le désir de reconstruire mentalement un univers qui lui semble viable. Les trois sections suivantes constituent autant de tentatives d'atteindre cet idéal. Le poète se noie dans la foule anonyme du Paris populaire et grouillant où il a toujours vécu (Tableaux parisiens), s'aventure dans des paradis artificiels résumés par Le Vin et sollicite des plaisirs charnels qui s'avèrent source d'un enchantement suivi de remords (Fleurs du Mal). Ce triple échec entraîne le rejet d'une existence décidément vaine (Révolte), qui se solde par La Mort.

Dans une lettre adressée en 1861 à Alfred de Vigny, Baudelaire précise : « le seul éloge que je sollicite pour ce livre est qu'on reconnaisse qu'il n'est pas un pur album et qu'il a un commencement et une fin ».

Spleen et Idéal ouvre les Fleurs du Mal. Cette première section dresse un bilan : voué de toute éternité à la faute, au mal et à une souffrance rédemptrice (Bénédiction), le monde réel inspire à Baudelaire un dégoût et un ennui qui vont jusqu'à lui faire envier « le sort des plus vils animaux » (De Profundis clamavi) et causent chez lui une tristesse profonde qu'il nomme le « spleen ». Ce mot signifie « rate » en anglais : selon l'ancienne médecine, la mélancolie provenait d'un dysfonctionnement de la rate. Pour Baudelaire, dandy donc anglophone, ce terme est synonyme de profond désespoir. Quatre poèmes intitulés Spleen illustrent cet état dépressif.

En parallèle, la fuite du temps (« Et le Temps m'engloutit minute par minute » - Le Goût du Néant) et la certitude de la mort (« La tombe attend ; elle est avide » - Chant d'automne) résonnent comme un obsessionnel leitmotiv.

Nées d'une volonté de transcendance (Élévation), les tentatives de dépasser cet accablement s'avèrent presque toujours décevantes. Pour la plupart, elles ne mènent guère qu'à un endormissement passager (Le Léthé). La sérénité ne semble accessible qu'en faisant revivre un passé révolu (Parfum exotique). Seule une synesthésie - fusion totale des sens, où l'odorat (grâce aux odeurs corporelles - notamment celle de la chevelure, au parfum, à l'encens...), la vue (à travers les reflets dans les yeux, les miroirs, l'eau...) et l'ouïe (par la musique, la voix, le miaulement d'un chat, le murmure de l'eau...) jouent un rôle capital - permet d'atteindre l'idéal (Correspondances).

Tableaux parisiens = Absente de la version d'origine, cette section n'apparaît que dans l'édition de 1861. Elle constitue une tentative de réponse à l'accablement qui surgit « à l'heure où le soleil tombant / Ensanglante le ciel de blessures vermeilles ». Baudelaire se réfugie dans la vie quotidienne de l' « énorme Paris » dont il explore « les plis sinueux des vieilles capitales. (...) Traversant (...) le fourmillant tableau » (Les Petites Vieilles) en peintre attentif au détail, il brosse dix scènes saisies sur le vif.

La « fourmillante cité (...) pleine de rêves » (Les Sept Vieillards) où il a toujours vécu, les ambitieux travaux d'Eugène Haussmann l'ont transformée en un chantier permanent (« Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel) » - Le Cygne). Mais malgré le hurlement de « la rue assourdissante » (À une Passante) et le « fracas roulant des omnibus » (Les Petites Vieilles), Baudelaire y contemple, des « quais froids de la Seine » (Danse macabre) ou « les deux mains au menton, du haut de (sa) mansarde, (...) les fleuves de charbon monter au firmament » parmi « les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité », jusqu'aux « grands ciels qui font rêver d'éternité » (Paysage).

Le vin = Ce court chapitre résulte d'une autre tentative de fuir, à travers des paradis artificiels, « un vieux faubourg, labyrinthe fangeux / Où l'humanité grouille en ferments orageux » (Le Vin des chiffonniers). Il ne comporte que cinq poèmes, tous dédiés au vin, ce « grain précieux jeté par l'éternel Semeur, / Pour que de notre amour naisse la poésie / Qui jaillira vers Dieu comme une rare fleur ! » (L’Âme du vin). « Le vin roule de l'or, éblouissant Pactole » (Le Vin des chiffonniers)...

Les Fleurs du mal = Cette partie donne son nom au recueil. Elle est pourtant bien plus brève que Spleen et idéal. Baudelaire tente une nouvelle fois de s'évader « des plaines de l'Ennui, profondes et désertes » (La Destruction). Évoquant la grandeur et la misère humaines incarnées par la Femme (« Faites votre destin, âmes désordonnées, / Et fuyez l'infini que vous portez en vous ! » - Femmes damnées - Delphine et Hippolyte), il cherche à débusquer la beauté jusque dans la laideur physique (Les Métamorphoses du Vampire) ou morale (Les deux bonnes sœurs).

Révolte = Bien que purement poétique, la révolte contre la Divinité, virulente au point de vouloir lui substituer Satan, fut violemment attaquée lors du procès. Napoléon III avait fait de l'Église catholique romaine un allié politique (l'impératrice Eugénie était une catholique fervente et influente). La justice du Second Empire perçut une attaque de la religion dans ce désir, pris à la lettre, de jeter Dieu à terre et de le remplacer au Ciel, tel qu'exprimé dans Abel et Caïn

La mort = Conclusion somme toute logique, le recueil se clôt par « la Mort qui console, hélas ! et qui fait vivre, (...) portique ouvert sur les Cieux inconnus » (La Mort des pauvres).

Selon un procédé analogue à la section précédente Le Vin, un nombre restreint de pièces (ici six) évoquent la façon dont des êtres humains, de condition sociale ou de tempérament différents, appréhendent le passage dans l'au-delà. Un poignant et dernier poème, dédié à Maxime Du Camp, s'intitule Le Voyage. Écrit en 1859 à Honfleur, chez la mère du poète, c'est le plus long du recueil : 36 quatrains se répartissent sur 8 strophes dont - audace absolue - 3 ne sont composées que d'hémistiches successifs. Souvenir transfiguré de l'embarquement pour les Indes de 1841, ses images symbolistes annoncent Le Bateau ivre d'Arthur Rimbaud

 

Un poème liminaire, Au Lecteur, sert de prologue. Il est exclu de la numérotation des poèmes.

Thèmes récurrents

Le spleen

Le dégoût du monde réel, soumis au péché, et la tristesse (le spleen) qu'il inspire (« Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs ! » - Mœsta et errabunda) expliquent toute l'œuvre de Baudelaire.

Bon nombre de poèmes sont construits sur le même schéma : un mouvement ascensionnel suivi d'une chute brutale.

L'abattement prend souvent le visage de l'ennui, dénoncé dès le prologue comme le « plus laid, plus méchant, plus immonde » de nos vices.

Baudelaire se débat, impuissant, « au milieu / Des plaines de l'Ennui, profondes et désertes » (La Destruction). « L'ennui, fruit de la morne incuriosité / Prend les proportions de l'immortalité » (Spleen II). Il poursuit les humains sous toutes les latitudes (« Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici » - Le Voyage).

La création baudelairienne constitue une tentative - souvent désespérée - de répondre à cet accablement en édifiant un univers idéal.

La fuite du temps

L'inexorable fuite du temps - « injurieux vieillard » (Le Portrait), « joueur avide » (L’Horloge), « ennemi vigilant et funeste » et « rétiaire infâme » (Le Voyage) - obsède Baudelaire. Des poèmes tels L'EnnemiChant d'automneLe Goût du Néant ou L'Examen de minuit martèlent la marche du temps, à laquelle nul n'échappe : « mon gosier de métal parle toutes les langues » (L’Horloge). « Les rides et la peur de vieillir » tourmentent l'humanité (Réversibilité).

La mort

« Le Temps mange la vie » (L'Ennemi) et conduit inéluctablement à la mort, dont l'heure fatale sonne comme un leitmotiv. Ce memento mori inspire à Baudelaire des pensées noires tournant à l'obsession sépulcrale (« Mon âme est un tombeau » - Le Mauvais Moine). Les termes évoquant la mort reviennent avec une insistance - et même une complaisance - telles que dresser une liste exhaustive des poèmes qui les emploient peut, a priori, paraître aussi fastidieux qu'inutile.

Préoccupation baudelairienne par excellence et cœur de son œuvre, la mort constitue le thème principal d'au moins trente-trois poèmes (Le Mauvais Moine ; Le Guignon ; Don Juan aux enfers ; Une charogne ; Le Vampire ; Remords posthume ; Le Flacon ; La Cloche fêlée ; ''Spleen I à IV ; Brumes et pluies ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Le Revenant ; Le Mort joyeux ; Sépulture ; Le Portrait ; Une Gravure fantastique ; Alchimie de la douleur ; Le Squelette laboureur ; Danse macabre ; Le Vin de l’assassin ; Une Martyre ; Les Deux Bonnes Sœurs ; Les Métamorphoses du Vampire ; Un Voyage à Cythère ; La Mort des amants ; La Mort des pauvres ; La Mort des artistes ; Le Rêve d'un curieux ; Le Voyage ; Un Cabaret folâtre).

Une pièce sur cinq résonne d'accents explicitement funèbres. L'avant-dernier vers du grave Recueillement, qui clôt le recueil, compare la nuit qui approche à « un long linceul traînant à l'Orient ». Les Fleurs du Mal s'épanouissent entre les murs d'un « cimetière immense et froid » (Une Gravure fantastique).

La femme

 

Vous pouvez lire aussi sur le thème de la femme 

De quelles manières la femme apparaît-elle comme l’inspiratrice du poète ?

Texte 1 : « A une passante » Les fleurs du mal, Charles Baudelaire 1861
Texte 2 : « Le désir de peindre » Le Spleen de Paris, Charles Baudelaire 1869
Texte 3 : A la lumière d’hiver, Philippe Jaccottet 1977
 

 

L'image de la Femme ponctue tout le recueil. Elle s'y fait tour à tour :

  • sœur complice (À Celle qui est trop gaie ; L'Invitation au voyage ; Le Vin des amants ; Femmes damnées - Delphine et Hippolyte ; Les Yeux de Berthe) ;
  • figure maternelle et aimante (Le Balcon ; La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse ; Je n'ai pas oublié, voisine de la ville) ;
  • ombre attendrissante d'une « Ève octogénaire » (Les Petites Vieilles) ;
  • compagne sensuelle et envoûtante (Sed non satiata) conduisant à l'extase (La Chevelure) ;
  • incarnation de la beauté inaccessible (À une Passante) ;
  • allégorie de la sainteté (Le Flambeau vivant ; Franciscæ meæ laudes) ;
  • ange tutélaire (Hymne)

 

Le chat

  • Le Chat (Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux) assimile le félin à la femme. Son corps souple et ses yeux perçants créent une alliance ambiguë de sensualité fascinante (« [...] ma main s'enivre du plaisir / De palper ton corps électrique ») et d'inquiétant mystère (« Un air subtil, un dangereux parfum / Nagent autour de son corps brun ») ;
  • Le Chat (Dans ma cervelle se promène) ouvre la porte d'une correspondance. Le miaulement et la fourrure de l'animal, perçu comme un être supraterrestre (« Peut-être est-il fée, est-il dieu ? »), conduisent Baudelaire vers l'idéal et l'incitent même à plonger en lui-même avec confiance (d'ordinaire, la contemplation intérieure débouche chez lui sur le dégoût né d'un sentiment de culpabilité) ;
  • Les Chats apparaissent comme des créatures ambivalentes, séduisant autant les « amoureux fervents » enclins à la « volupté » que les « savants austères » épris de « science ». D'animaux domestiques « frileux » et « sédentaires », ils deviennent messagers de l'au-delà pour se métamorphoser en « grands sphinx allongés au fond des solitudes » endormis « dans un rêve sans fin », auteurs d'une magie mystique.

 

Le serpent

Le serpent rampe tout au long du recueil. Il s'insinue dans quinze poèmes.

Dans plus de trois quarts des pièces, conformément à la tradition chrétienne, il fait figure d' « insatiable aspic », d'« insupportable vipère » et prend les multiples visages du Mal :

  • le dégoût (Sépulture) ;
  • la colère (Bénédiction) ;
  • l'effroi (L’Irrémédiable ; Le Revenant) ;
  • la lubricité (La Lune offensée) ;
  • la souffrance (À une Madone ; Danse macabre ; Une Martyre ; L'Avertisseur) ;
  • la méchanceté (À une Madone ; Les Métamorphoses du Vampire ; La Voix ; L'Avertisseur).

 

Les correspondances 

Tout au long de son œuvre, Baudelaire établit de mystérieuses correspondances, passerelles jetées entre le réel (le monde d'ici-bas, lieu de contingences matérielles) et l'irréel (l'univers spirituel et, bien souvent, l'au-delà). Il résume leur principe dans un sonnet éponyme, placé au début du recueil et devenu célèbre : Correspondances. L'être humain traverse des « forêts de symboles » qu'il peut et doit déchiffrer, dont les « confuses paroles » recèlent « une ténébreuse et profonde unité » et possèdent « l'expansion des choses infinies ». Les correspondances définissent ces moments privilégiés qui permettent de passer d'un monde à l'autre.

Elles agissent :

  • soit horizontalement, quand les cinq sens physiques fusionnent dans une synesthésie (« O métamorphose mystique / De tous mes sens fondus en un ! / Son haleine fait la musique, / Comme sa voix fait le parfum ! » - Tout entière) ;
  • soit verticalement, entre les sens physiques et un monde parallèle au nôtre - univers platonicien des idées, existences antérieures (le thème du souvenir revient constamment) ou royaume de l'au-delà.

Empreintes de panthéisme et d'animisme, elles traduisent le cheminement moral et spirituel de celui « qui plane sur la vie, et comprend sans effort / Le langage des fleurs et des choses muettes ! » (Élévation). Elles feront date et inspireront de nombreux poètes ultérieurs.

Plusieurs éléments peuvent déclencher une correspondance :

  • le reflet dans un miroir, qui ouvre les portes d'un monde imaginaire ;
  • le souvenir, qui ressuscite un âge d'or ;
  • la beauté physique, inspiratrice d'un amour platonique ;
  • diverses sensations physiologiques (notamment l'olfaction et l'ouïe) qui, formant une synesthésie, composent un univers idéal.

 

Complément d'étude :
Baudelaire et les femmes :


La partie des Fleurs du Mal que Baudelaire consacre aux femmes est située dans la section Spleen et Idéal et est habituellement décomposée en plusieurs cycles, bien qu’on trouve des poèmes sur les femmes depuis Tableaux Parisiens jusqu’à la Mort.

-Les poèmes XXII (parfum exotique) à XXXIX constituent le cycle de Jeanne Duval, même si deux de ces poèmes ont été attribués à une prostituée surnommée « Sara la louchette » : le XXXII « Une nuit que j’étais près d'une affreuse Juive... » et le XXV « Tu mettrais l’univers entier dans ta ruelle/Femme impure !... » Elle était figurante dans un petit théâtre et on pense qu’elle s’appelait en réalité Jeanne Lemer, mais elle aurait changé de nom à plusieurs reprises pour fuir ses créanciers : on sait par exemple qu’elle avait pris en 1864 celui de « Mlle Prosper ». Au physique, elle avait une démarche triomphale, des cheveux noirs éclatants, de grands yeux bruns, des lèvres sensuelles, et ce que Baudelaire appelait des « seins aigus ». De caractère, elle aurait été sournoise, menteuse, débauchée, dépensière, alcoolique, ignorante et stupide... portrait peu flatteur, en vérité. Mais il est vrai qu’il recommande des femmes bêtes aux jeunes littérateurs car, selon lui, « la bêtise est toujours la conservation de la Beauté, elle éloigne les rides ; c’est un cosmétique divin qui préserve nos idoles des morsures que la pensée garde pour nous, vilains savants que nous sommes ! » Sa liaison avec le poète fut sans cesse rompue et renouée.

-Les poèmes XL (Semper Eadem) à XLVIII consacrent le cycle de Mme Apollonie Sabatier, surnommée « La Présidente ». Aussitôt écrits, la plupart des poèmes qui lui étaient adressés lui ont été envoyés anonymement : À celle qui est trop gaie fut reçu le 10 décembre 1852. Elle avait 30 ans, et à deux jours près un an de moins que Baudelaire. Richement entretenue par le fils d’un banquier, elle recevait chez elle (place Pigalle) de nombreuses compagnies d’artistes et d’écrivains. Tous ceux qui l’ont connue s’accordent à dire que trois grâces rayonnaient d’elle : la beauté, la bonté et la joie. En août 1857, elle cédera au poète et déchoira dès lors du piédestal sur lequel il l’avait élevée, puisque celui-ci lui écrira peu après: « Il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, ce qui est si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant... »

– Les poèmes XLIX (Le Poison) à LVIII forment le cycle de Marie Daubrun, actrice. On sait peu de choses d’elle, si ce n’est qu’elle est souvent surnommée « la femme aux yeux verts » et qu’il la fréquenta vers 1847. Baudelaire semble chercher en elle l’oubli de ses précédents tourments amoureux. Elle incarne plutôt le double, la sœur, que l’amante (cd. « Mon enfant, ma sœur/ Songe à la douceur/ D’aller là-bas vivre ensemble ! »)

– Vient ensuite le cycle des héroïnes secondaires, des poèmes LVIII à LXIV. Le LIX a pour objet une amie de Mme Sabatier nommée Élisa Neri dont la liberté de pensée et d’action avaient frappé Baudelaire ; le LXI (À une dame créole) fut le premier poème publié par Baudelaire, paru dans l'Artiste du 25 mai 1847. En vérité, le texte figurait dans une lettre adressée le 20 octobre 1841 à M. Autard de Bragard, le mari de la dame, à l’île Bourbon : « Vous m’avez demandé quelques vers à Maurice pour votre femme, et je ne vous ai pas oublié ». Le LXII évoque une Agathe, le LX une certaine Francisca et le LXIV une Marguerite. Toutes les destinataires de ces poèmes n’ont cependant pas pu être identifiées.

Les femmes fantasmées
De ces femmes réelles, en particulier de Jeanne Duval et de Mme Sabatier, Baudelaire accentuera les traits jusqu’à en faire de véritables icônes. Jeanne Duval devient la « Vénus noire », incarnation de l’amour sensuel. Plus que la volupté, Baudelaire voit dans cette femme une source d’évasion par l’exotisme ou par le plaisir esthétique. La beauté brune de Jeanne Duval, le parfum de sa chevelure éveillent un monde de sensations et d’images ensoleillées. Il aime voir « miroiter sa peau », et pour sa démarche ondulante, il la compare à « un beau vaisseau qui prend le large/ Chargé de toile et va roulant ». Sa sensibilité d’artiste s’émeut devant la beauté sculpturale de la Vénus Noire, « Statue aux yeux de jais, grand ange au front d’airain ». Mme Sabatier, quant à elle, incarne l’amour spiritualisé qui répondrait à la quête ardente et nostalgique d’un au-delà sentimental, correspondant à une mystique de l’amour. Du physique de Mme Sabatier, nous ne savons à peu près rien : elle apparaît comme désincarnée. Pour le poète, en effet, l’amour n’est un remède aux maux de notre âme que s’il se maintient hors des contingences charnelles. La femme aimée devient « l’ange gardien, la muse et la madone », parée de vertus et de charmes supraterrestres. L’amour s’établit ainsi sur des hauteurs divines, inaccessibles au spleen.

Les femmes qu’il rencontre sont donc magnifiées et idéalisées par l’art du poète, opération d’alchimie qui traverse l’ensemble de sa création (cf. « tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or »)

La conception ambivalente de la femme
Ambivalence de l’amour
L’amour est tout d’abord perçu comme un moyen d’évasion pour échapper au spleen, au même titre que la dissolution dans la foule, le vin ou la révolte. Il emporte le poète vers un autre monde, plus paisible où dominent les sens physiques, par opposition aux sentiments spirituels qui le tourmentent. Mais rapidement, l’amour lui aussi est rattrapé par les notions de souffrance et de mal-être. Sa douceur a un arrière goût de perdition et de néant : le charme physique de la femme aimée éveille irrésistiblement l’horreur du tombeau, la décomposition de la chair et la hantise du pêché qui prépare à de longs remords. Il écrit dans Fusées « l’amour ressembl[e] fort à une torture ou une opération chirurgicale. Mais cette idée peut être développée de la manière la plus amère. Quand même les deux amants seraient très épris et très pleins de désirs réciproques, l’un des deux sera toujours plus calme ou moins possédé que l’autre. Celui-là ou celle-là c’est l’opérateur ou le bourreau ; l’autre, c’est le sujet, la victime. » Ou encore dans le poème CXIII (La Fontaine de Sang) : « J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux/Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles/Fait pour donner à boire à ces cruelles filles ! » Il est donc à la fois élan et déception, plaisir et souffrance.

Le double postulat Duval/Sabatier
L’ambivalence baudelairienne, énoncée très clairement dans Mon cœur mis à nu « il y a en tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan » se retrouve dans les deux amours de sa vie, à la fois complémentaires et antinomiques. Quand Jeanne l’attire vers le péché de chair, Apollonie le sauve par sa vertu (il lui écrira dans une lettre « Quand je fais quelque chose de bien, je me dis : Voilà quelque chose qui me rapproche d’elle – en esprit. » ; quand il apprécie la sensualité de Jeanne, il quitte Apollonie pour lui avoir cédé et lui écrira un assassin « il y a quelques jours, tu étais une divinité, ce qui est si commode, si beau, si inviolable. Te voilà femme maintenant. » L’une est blanche, l’autre est noire… la dichotomie est scellée.

Le beau dans la laideur / la laideur dans le beau
Que ce soit Sarah « la louchette » ou bien Jeanne Duval, mulâtresse, comédienne de bas étage, ou certaines prostituées du quartier Bréda, il y a toujours chez la femme baudelairienne une zone d’ombre, quelque chose d’inquiétant, de menaçant. Peut-être résidus de christianisme qui entachent la femme de la responsabilité du péché originel, peut-être angoisses inconscientes de la faiblesse face à la femme dont parlera Simone de Beauvoir ; laideur et beauté restent ici indissociables, comme dans le titre même de l’œuvre.

La femme, par la fascination qu’elle exerce sur Baudelaire, se constitue en clef de voûte de l’édifice des Fleurs du Mal. L’imagination du poète la sublime et il la situe dans une ambivalence toute personnelle, puisque cette « double postulation » est celle qui régit l’ensemble de son identité et de son œuvre. C’est cette appropriation de la figure féminine qui, finalement, la modernise profondément.

La modernité

Baudelaire rajeunit la structure du vers. Pour en rompre la monotonie, il utilise régulièrement des procédés que les poètes classiques ne s'autorisent qu'exceptionnellement.

Enjambement, rejet et contre-rejet

 

Il s'affranchit du mécanisme de la métrique par :

  • l'enjambement - ici d'autant plus hardi qu'il englobe deux strophes :

« Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres, / Qui chantent : Par ici ! vous qui voulez manger // Le lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange / Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim » (Le Voyage) ;

  • le rejet :

« Mais, si j'avais voulu t'attaquer au défaut / De l'armure, ta honte égalerait ta gloire » (Châtiment de l'orgueil) ;

  • le contre-rejet - ici précédé d'un enjambement au début du quatrain :

« Voilà le souvenir enivrant qui voltige / Dans l'air troublé ; les yeux se ferment ; le Vertige / Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains / Vers un gouffre obscurci de miasmes humains » (Le Flacon) ;

  • la combinaison du rejet et du contre-rejet, qui renforce l'effet stylistique :

« Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique / Qu'ont les cierges brûlant en plein jour ; le soleil / Rougit, mais n'éteint pas leur flamme fantastique » (Le Flambeau vivant).

Il rompt avec les conventions de l'alexandrin.

Il ose répartir deux hémistiches sur des sections successives. Audace suprême, ces hémistiches constituent, à eux seuls, trois sections successives :
« III Dites, qu'avez-vous vu ? IV "Nous avons vu des astres (...)" - V Et puis, et puis encore ? VI "O cerveaux enfantins ! (...)" » (Le Voyage).

Comme Victor Hugo, il pratique l'alexandrin trimètre, à trois coupes égales :
« L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit » (J'aime le souvenir de ces époques nues) ;
« À la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère » (Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire) ;
« Tu fais l'effet d'un beau vaisseau qui prend le large » (Le Beau Navire) ;
« Et dites-moi s'il est encor quelque torture » (Le Mort joyeux) ;
« Andromaque, je pense à vous ! Ce petit fleuve » (Le Cygne - Premier vers d'un poème précisément dédié à Victor Hugo) ;
« Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier » (Les Petites Vieilles) ;
« En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire » (Danse macabre) ;
« Et cependant je sens ma bouche aller vers toi » (Femmes damnées - Delphine et Hippolyte) ;
« Mais le damné répond toujours : "Je ne veux pas" » (Le Rebelle).

Il s'enhardit à des articulations théoriquement proscrites, qui éludent la césure à l'hémistiche :
2/3/4/3 « L'horloge, à son tour, dit à voix basse : "il est mûr" » (L'Imprévu) ;
2/3/7 « Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes » (Au Lecteur) ;
2/6/4 « D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns » (Le Voyage) ;

 

Charles Baudelaire : Citations représentatives du poète

BAUDELAIRE


Lexique de citations sur Baudelaire


1. La nature n’enseigne rien… C’est elle aussi qui pousse l’homme à tuer son semblable, à le manger, à le séquestrer, à le torturer ; car sitôt que nous sortons de l’ordre des nécessités et des besoins pour entrer dans celui du luxe et des plaisirs, nous voyons que la nature ne peut conseiller que le crime. C’est cette infaillible nature qui a créé le parricide et l’anthropophagie… C’est la philosophie, c’est la religion qui nous ordonnent de nourrir des parents pauvres et infirmes. La nature (qui n’est pas autre chose que la voix de notre intérêt) nous commande de les assommer. Passez en revue, analysez tout ce qui est naturel, toutes les actions et les désirs du pur homme naturel, vous ne trouverez rien que d’affreux… Le crime, dont l’animal a puisé le goût dans le ventre de sa mère, est originellement naturel. La vertu, au contraire, est artificielle, surnaturelle… Le mal se fait sans effort, naturellement ; le bien est toujours le produit d’un art… Curiosités esthétiques, XI, Eloge du maquillage.

2. Etre un homme utile m’a toujours paru quelque chose de bien hideux. Fusées, IX.

3. Il n’existe que trois êtres respectables : le prêtre, le guerrier, le poète. Savoir, tuer et créer. Les autres hommes sont taillables et corvéables, faits pour l’écurie, c’est-à-dire pour exercer ce qu’on appelle des professions. Fusées, XXII.

4. La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien parmi les rêveries sanguinaires ou antinaturelles des utopistes ne pourra être comparé à ses résultats positifs (…) Alors, le fils fuira la famille, non pas à dix-huit ans, mais à douze, émancipé par sa précocité gloutonne ; il la fuira, non pas pour chercher des aventures héroïques, non pas pour délivrer une beauté prisonnière dans une tour, non pas pour immortaliser un galetas de sublimes pensées, mais pour fonder un commerce, pour s’enrichir (…). Fusées, XXII.

5. Le commerce est par son essence satanique. Le commerce, c’est le prêté-rendu, c’est le prêt avec le sous-entendu : "Rends-moi plus que je ne te donne…" Le commerce est naturel, donc il est infâme… Pour le commerçant, l’honnêteté elle-même est une spéculation de lucre. Le commerce est satanique parce qu’il est une des formes de l’égoïsme, et la plus basse, la plus vile. Mon cœur mis à nu, LXXV.

"La modération ne m'a jamais semblé le signe d'une nature artistique vigoureuse" L'art romantique"

-"tout les grands poètes deviennent naturellement, fatalement, critiques" L'art romantique

-"le beau est toujours bizarre" curiosités esthétiques

-"le mal se fait sans effort, le bien est toujours le produit d'un art" Curiosité esthétiques

-"l'angoisse, atroce despotique, sur son crâne incliné plante son drapeau noir" Spleen

-"hypocrite lecteur.mon semblable.mon frère !" Au lecteur

-"j'ai plus de souvenirs que si j'allais mille ans" Spleen

-"là, tout n'est qu'ordre et beauté luxe, calme et volupté" Invitation au voyage

-"les parfums, les couleurs et les sons se répondent" Correspondances

-"le poète est semblable au pince des nuées...Ses ailes de géant l'empêche de marcher" L'albatros

- «Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de la vie.»

- " Le poëte est semblable au prince de nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, ses ailes trop grandes l'empêchent de marcher." ”

- " La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de vivantes paroles ; l'homme y passe à travers des foêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers."

- " L'art est long et le temps est court."

" Homme libre, toujours tu chériras la mer."

- " Que j'aime voir, chère indolente, De ton corps si beau, Comme une étoffe vacillante, miroiter la peau ! "

- " Ange plein de gaîté, connaissez-vous l'angoisse ? "

- " Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : "Souviens-toi !"

- " C'est la mort qui console, hélas ! et qui fait vivre. "

- " Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille."

- "Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau ! " ”

Date de dernière mise à jour : 26/11/2022

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