Commentaire linéaire, Baudelaire, Spleen, LXXVI, J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. Parcours bac « Alchimie poétique : la boue et l’or »

Problématique : Nous allons montrer comment Baudelaire transmet le spleen, reflet direct du lien entre le poids de sa mémoire et son état d’âme

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Baudelairela vie, l'oeuvre de Baudelaire et le symbolisme

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Baudelaire"Alchimie poétique, la boue et l'or"

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Commentaire littéraire, Le Spleen chez Baudelaire, Spleen, LXXV et Spleen LXXVIII- Etudes linéaires 

Commentaire littéraire, Le Spleen chez Baudelaire, Spleen, LXXV et Spleen LXXVIII-Alchimie poétique : la boue et l’or - Etudes linéaires en ligne bac 2022

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau

Exercices 2 3

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Exercices bac français Baudelaire Les Fleurs du Mal /parcours Alchimie poétique : la boue et l'or-Evaluez votre niveau, testez vos connaissances, entraînez-vous

 Baudelaire  Les Fleurs du Mal (1857) section « Spleen et idéal »  J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.

 Baudelaire  Les Fleurs du Mal (1857)
section « Spleen et idéal »

 J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans.

Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, 
De vers, de billets doux, de procès, de romances, 
Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, 
 Cache moins de secrets que mon triste cerveau. 
C’est une pyramide, un immense caveau, 
Qui contient plus de morts que la fosse commune. 
– Je suis un cimetière abhorré de la lune, 
Où comme des remords se traînent de longs vers 
 Qui s’acharnent toujours sur mes morts les plus chers. 
Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, 
Où gît tout un fouillis de modes surannées, 
Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, 
Seuls, respirent l’odeur d’un flacon débouché.

 Rien n’égale en longueur les boiteuses journées, 
Quand sous les lourds flocons des neigeuses années 
L’ennui, fruit de la morne incuriosité, 
Prend les proportions de l’immortalité. 
– Désormais tu n’es plus, ô matière vivante ! 
 Qu’un granit entouré d’une vague épouvante, 
Assoupi dans le fond d’un Saharah brumeux ; 
Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, 
Oublié sur la carte, et dont l’humeur farouche 
 Ne chante qu’aux rayons du soleil qui se couche.
 

Plan:  vers 1 = titre du poème ;  vers 2-14 = inventaire chaotique des souvenirs ;  vers 15-24 = étranger à lui-même et au monde

Introduction


Amorce : Le spleen est un sentiment qui mêle tristesse, ennui et nostalgie. Il est au cœur du projet des Fleurs du Mal avec l’idéal, d’où le titre de la section principale du recueil : « Spleen et Idéal ».
Présentation : 
             La première édition du recueil de poèmes Les Fleurs du Mal paraît en 1857. La première section du recueil s’intitule « Spleen et idéal ». 
Quatre poèmes portent le nom de « Spleen », chacun développant le rapport du poète à ce sentiment. Dans le deuxième spleen, le poète décrit un ennui dévastateur qui l’emprisonne dans une existence nourrie de mal-être
 Poème en alexandrins, strophes de longueurs inégales : 1 vers, 13 vers et 10 vers. Écrit à la première personne du singulier.

 
Thèmes :
le spleen


Problématique : 
Nous allons montrer comment Baudelaire transmet le spleen, reflet direct du lien entre le poids de sa mémoire et son état d’âme.


Plan: 
vers 1 = titre du poème ; 
vers 2-14 = inventaire chaotique des souvenirs ; 
vers 15-24 = étranger à lui-même et au monde

Mouvement 1

I - Vers 1 : titre du poème


Première chose remarquable : le vers est séparé du reste du poème, forme une strophe à lui seul (= un monostique). Le fait que la strophe se résume à un unique vers montre la surcharge de la mémoire.
Le caractère personnel et autobiographique du poème et le ton lyrique de complainte pathétique sont donnés dès le départ, avec l’emploi du pronom personnel « je ».
 Narrateur jeune mais qui se sent vieux : le thème de la fuite du temps, cher à Baudelaire, apparait.
Hyperbole « mille ans » : il suggère que la quantité de souvenirs correspond à la durée de vie d’un millénaire. Verbes au présent (« ai ») et à l’imparfait (« avais ») : insiste sur la durée

Mouvement 2

II - Vers 2 à 14 : l’inventaire chaotique des souvenirs : métaphore des objets du passé


V.2 : La première métaphore du cerveau de Baudelaire prend les traits d’un « meuble à tiroirs » : aspect massif du meuble « gros », le pluriel de « tiroirs » et le terme de « encombré » insistent sur la quantité de souvenirs. Émergence du matériel via des problèmes financiers : « bilans » au sens de bilan financier, « procès » « quittances ». Termes au pluriel pour multiplier la souffrance.
V.3-4 : attribut féminin « lourds cheveux roulés » (rappelant la femme de la « Chevelure »), typique de l’esthétique baudelairienne. 
V.5 : Le verbe de la phrase, « Cache », que l’on attendait depuis trois vers, reprend le thème de la douleur intérieure. Le « triste cerveau » donne une dimension immatérielle au poète, qui s’oppose à l’accumulation d’images matérielles. La tristesse, la mélancolie, le spleen est un état d’âme qui découle logiquement de ce trop-plein de mémoire.
V.6-7 : évocation de la mort, avec la « pyramide » et le « caveau », témoins monumentaux et funèbres du temps passé. Marque la quantité de souvenirs. Progression de plus en plus macabre : accumulation de lieux de conservation après la mort : « pyramide », « caveau », « fosse commune » et « cimetière ».
V.8-10 : le poète est assimilé à un cimetière et les vermisseaux à des vers poétiques. En effet, si le poète est un cimetière, les vers qu’il compose sont comme des vermisseaux qui rongent les cadavres qui habitent ce lieu 
V.11-14 : Après s’être comparé à des monuments funèbres, le poète va dans ces vers s’identifier à un lieu : « un vieux boudoir », petit salon élégant réservé à l’usage des femmes. Le caractère ancien de ce lieu « vieux », rappelle le cimetière, puisqu’il est inactif et conserve les souvenirs des femmes venues l’utiliser.
Autrement dit, il ne contient plus que des restes de la vie et de l’amour de ces femmes. Les objets qui encombrent le vieux boudoir sont des « roses fanées », un « fouillis » d’objets morts (« git ») liés à des « modes surannées », c’est-à-dire anciennes et dépassées, des parfums « éventés ».
 

Mouvement 3

 

            III Des métaphores matérielles vers des métaphores immatérielles : un chemin vers la mort


 Vers 15 à 18 : on a les métaphores du cerveau ayant trait à la mort
V.15 : « Rien » est en début de vers : sensiblement mis en avant. Les « boîteuses journées » évoquent la dysharmonie et le manque d’envie, d’inspiration du poète.
V.15-16 : Allongement du temps exprimé 1) par le jeu sur les sonorités : /l/, /n/ 2) par la correspondance aussi entre « journées » et « années », il y a une progression dans la durée.
Le champ lexical du poids : « lourds » souligné par « sous » insiste sur la difficulté de créer : « fruit de la morne incuriosité » : de l’ennui nait la création poétique du poète
Vers 19 à 24 : l’ennui, la mort et la solitude
V.19 : Débute par une apostrophe du poète à lui-même : emploi du tiret et du « ô » lyrique, représentant le poète ; 
Le champ lexical de la mort apparait  par le « granit » (pierre, donc inanimée, évoquant la pierre tombale, mémoire de défunt : absence de mouvement, poète figé) rend compte des effets de la mémoire sur l’âme du poète.
V.22 : A cela vient s’ajouter l’idée d’étrangeté et de mystère avec le « sphinx » (symbole de l’immobilité et de l’énigme) « brumeux », « vague épouvante » et l’immensité « Sahara » (désert sans bornes). Le poète devient étranger au monde
V.24 : A l’image d’un poète dont l’art oublié pourrait resurgir, la symbolique et le paysage continuent de se concevoir, dans la mélancolie, « aux rayons du soleil qui se couche » et dans la solitude. Le poète est soumis à l’isolement. Le dernier mot du poème « se couche » suggère l’abattement du poète, en opposition avec les premiers mots d’affirmation de soi : « je suis ».
 

Conclusion
Dans ce poème inégal, Baudelaire décrit la lourdeur de son passé. Évoqué réellement et métaphoriquement, ce dernier prend l’aspect de la mort omniprésente. Immobile et figé, le poète n’est déjà plus vivant, exclu du monde, solitaire et abandonné. Cet état provient de son ennui, de son inaction qui le poussent à réfléchir douloureusement sur son passé.

ouverture:
– Lettre de Baudelaire à sa mère, en 1857 
« Ce que je sens, c’est un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un malheur vague (…) Je me demande sans cesse : à quoi bon ceci ? A quoi bon cela ? C’est le véritable esprit de spleen ». 

Baudelaire

Quiz Baudelaire Fleurs du mal parcours Alchimie poétique

 Exercice pour la classe de 1ère réviser et préparer le bac blanc et l'examen du baccalauréat   Quiz sur le parcours bac  Alchimie poétique la boue et l’or. et le recueil  Les Fleurs du mal, Baudelaire

Date de dernière mise à jour : 16/12/2022

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