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Fiche bac, la conscience et l'inconscient. Organiser les révisions du bac de philosophie, cours, fiches bac, exercices.

Conscience/Inconscient

    1. Que puis-je savoir ?       2. Que dois-je faire ?       3. Que m'est-il permis d'espérer ?       4. Qu'est-ce que l'homme ?

Kant 1Le domaine de la philosophie se ramène aux questions suivantes :
      1. Que puis-je savoir ?
      2. Que dois-je faire ?
      3. Que m'est-il permis d'espérer ?
      4. Qu'est-ce que l'homme ?
À la première question répond la métaphysique, à la seconde la morale, à la troisième la religion, à la quatrième l'anthropologie. Mais au fond, on pourrait tout ramener à l'anthropologie, puisque les trois premières questions se rapportent à la dernière.
Car sans connaissances on ne deviendra jamais philosophe, mais jamais non plus les connaissances ne suffiront à faire un philosophe, si ne vient s'y ajouter une harmonisation convenable de tous les savoirs et de toutes les habiletés jointes à l'intelligence de leur accord avec les buts les plus élevés de la raison humaine.

Kant, La logique
 

La conscience Qu’est-ce que la conscience ? Est-elle le propre de l’Homme ?

PhiloDans le langage courant, on utilise souvent l'expression "avoir conscience de" comme lorsque l'on dit, "j'ai bien conscience de la difficulté que cela représente..." ou au contraire, "je n'ai pas vraiment conscience de ce que cela implique". Ainsi le concept de conscience est présent dans le langage courant. On y fait également référence du point de vue de la morale lorsque l'on reconnaît avoir "mauvaise ou bonne conscience". Les utilisations du terme "conscience" sont nombreuses au quotidien. 

Questions:
La conscience est traditionnellement considérée comme le propre de l'homme. 
Mais quel est le sens philosophique de conscience? Suffit-elle à définir ce que nous sommes? N'est-elle pas comme le pense Freud, l'activité la plus faible de notre psychisme, dominé par l'inconscient? 

La définition philosophique
La conscience est définie comme la connaissance qu’un être vivant a de son existence et du monde qui l’entoure
DONC 
Dire que l'homme est conscient, c'est affirmer deux choses : 
- L'homme a une intuition de son intériorité (ses états d'âme, ses désirs...)
- L'homme entre en relation avec le monde, la réalité extérieure par le corps, les sens

Les divers degrés de la conscience
La conscience spontanée

C'est l'intuition plus ou moins claire que l'esprit a de lui-même et du monde. C'est la conscience spontanée ou immédiate. C'est le degré le plus bas de la conscience
La conscience réfléchie
C'est le degré le plus haut de conscience. C'est la capactié de faire retour sur ses pensées et actions pour les analyser. L'homme, par la conscience réflexive est conscient d'être conscient. 
 

De quelle nature la conscience est-elle? 


Socrate (Ve siècle avant J.C).  "Connais-toi toi-même"

C'est une conscience réflexive, la pensée fait retour sur elle-même. La maxime socratique est une invitation, un appel à la mesure (contre l'hubris, la démesure, le péché de démesure). L'homme doit connaître ses limites de ce qui est humain, de sa nature mortelle et se garder de démesure. Il ne doit vouloir que le possible et laisser l'impossible aux Dieux. Se connaître signifie donc savoir qu'on est homme, connaître ses limites et ne pas chercher à les dépasser au risque de commettre le péché d'hubris. "Connais-toi toi même" peut se formuler ainsi : sache que tu es un homme, un mortel et non un Dieu. C'est la formule grecque de la sagesse des limites. 
Exemple de démesure (dépassement, méconnaissance de ses limites). Créon dans Antigone, refuse toute sépulture à Polynice et condamne à mort sa nièce Antigone qui a violé l'interdiction du roi. 
Créon commet le péché de démesure car il a outrepassé ses limites d'homme et s'est substitué aux Dieux. Le malheur le frappe, son fils se suicide, puis sa femme. 
Ainsi, la connaissance de soi est la première des connaissances à acquérir


Descartes 1La conscience de soi 
Descartes : "Je pense donc je suis". Le cogito cartésien

Méditations métaphysiques
Par le doute hyperbolique, Descartes se découvre 
1 - conscience existante
2 - conscience pensante 
Explication :
Descartes (philosophe du XVIIe siècle) décide de faire table rase de tout, de douter de toutes choses pour trouver la certitude première. Il doute de tout ce qui l'entoure jusqu'à sa propre existence. 
Le doute, point de départ de la réflexion philosophique s'applique à tout : "Je doute mais tandis que je doute, je ne peux douter que je pense et si je pense, je suis car pour penser il faut être". 
Par le doute, le philosophe pose avec certitude un double degré de conscience : 
D'abord j'existe, ensuite je pense "car pour penser il faut être". 
Je peux douter de toutes mes connaissances, de l'existence du monde, de mon corps, mais je ne peux douter que c'est moi qui doute et qui pense, "je suis", c'est la cogito. 
Le cogito relie par la conjonction de coordination "donc", "Je pense donc je suis", l'existence "je suis" ou la conscience d'exister à la pensée "je pense" ou la conscience pensante.  
Ainsi, pour Descartes, la conscience de soi est la certitude  première, elle montre que l'homme existe et de son existence, la pensée est déduite. 


Critique de Descartes par Freud : 
Le psychisme ne se réduit pas à la conscience car la vie inconsciente est importante, elle est faite de désirs refoulés qui se traduisent dans les rêves, les actes manqués. Donc, il est impossible de réduire l'homme à l'unité d'un "je pense" car le "moi n'est pas maître dans sa propre maison". 
A voir dans la suite du cours : autres critiques de Descartes
La conscience présuppose le monde, Husserl, autrui, Hegel et Sartre.  
 

Kant 1Kant : le pouvoir de dire "je" 
Anthropologie du point de vue pragmatique de Kant 


Pour Kant, (philosophe du XVIIIe siècle),  la conscience est un pouvoir de synthèse, d'unification de la diversité. Je sais par la conscience que c'est moi qui fais ou pense ceci ou cela, j'unifie les informations qui me viennent de l'expérience pour les ramener au même sujet, "moi". Le "je" unifie les différentes sensations, les lieux et moments que l'on vit. Pouvoir dire "je", c'est se représenter comme sujet unifié, c'est être sujet. Pouvoir dire "je" traduit le pouvoir unificateur de la conscience. 
« Posséder le Je dans sa représentation » c’est pouvoir se penser soi-même, de se constituer à la fois comme sujet et comme objet de ses propres pensées


Extrait d'Anthropologie du point de vue pragmatique de Kant 
« Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par-là, il est une personne ; et grâce à l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c’est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ; et ceci, même lorsqu’il ne peut pas dire Je, car il l’a dans sa pensée; ainsi toutes les langues, lorsqu’elles parlent à la première personne, doivent penser ce Je, même si elles ne l’expriment pas par un mot particulier. Car cette faculté (de penser) est l’entendement..."


Dépassement de la conscience de soi : l'intentionnalité 
La conscience de soi et le monde extérieur 


"Toute conscience est conscience de quelque chose".    
   Husserl, Phénoménologie de l'esprit
"La conscience est toujours conscience de quelque chose" pour Husserl, (1859-1938) elle n'est jamais pure conscience de soi. La conscience se tourne vers l'extérieur pour saisir ce qu'il y a autour de soi. 
Avec Husserl, la conscience n'est plus conscience d'elle-même, enfermée sur elle-même comme c'est le cas chez Descartes. L'homme se tourne vers le monde, la conscience devient conscience de l'extériorité, "conscience de quelque chose". 

La conscience de soi et le monde extérieur - La conscience de soi suppose l'altérité

PhiloLa conscience de soi et le monde extérieur
La conscience de soi suppose l'altérité


Pour Hegel et Jean-Paul Sartre, on prend conscience de soi dans notre rapport à l'autre et non dans la solitude comme le pense Descartes. 
L'altérité (rapport à l'autre) est indispensable pour prendre conscience de soi pour Hegel. On ne peut avoir conscience de soi qu'à la condition qu'autrui nous reconnaisse. C'est ce dont Hegel parle dans la dialectique du maître et de l'esclave. La confrontation avec une autre conscience est cause de l'inégalité et de l'asservissement. On cherche toujours à asservir l'autre pour être reconnu et s'affirmer dans un rapport de maître face à l'autre, l'esclave. 
 Pour l’essentiel, Sartre s’appuie sur Hegel qui a exposé le processus par lequel la conscience de soi advient en s’opposant à d’autres consciences. Pour Hegel, le conflit constitue une modalité fondatrice de la communication des consciences entre elles, car toute conscience ne se pose et ne s’affirme qu’en s’opposant à d’autres consciences.
Le regard et la reconnaissance de l'autre sont donc incontournables pour accéder à la conscience de soi. C'est aussi le point de vue de Jean-Paul Sartre. Dans la confrontation avec autrui, dans mes rapports à l'autre, je prends conscience, L'altérité est une condition nécessaire. 


« Par le « Je pense », contrairement à la philosophie de Descartes, nous nous atteignons nous-mêmes en face de l’autre, et l’autre est aussi certain pour nous que nous-mêmes. Ainsi, l’homme qui s’atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu’il ne peut rien être (au sens où on dit qu’on est spirituel, ou qu’on est méchant, ou qu’on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité, et  c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont  les autres. »

Jean-Paul SARTRE, L’existentialisme est un humanisme (1946).
 

PhiloQuestionnaire bilan de 14 questions 
As-tu compris le cours? 
Toutes les réponses sont dans le cours 


1.    Le concept de conscience est-il présent dans le langage courant? Peux-tu donner un exemple? 
2.    Comment la conscience est-elle traditionnellement considérée? 
3.    Quelle est la définition philosophique de la conscience? 
4.    Dire que l'homme est conscient, c'est affirmer deux choses : lesquelles? 
5.    Quels sont les divers degrés de la conscience?
6.    Quelle est la définition de la conscience spontanée?
7.    Quelle est la définition de la conscience réfléchie? 
8.    Que signifie l'adage socratique : "Connais-toi toi-même"? 
9.    Peux-tu expliquer le cogito cartésien : "Je pense donc je suis"
10.    Que signifie le pouvoir de dire "Je" chez Kant? 
11.    Dire que "toute conscience est conscience de quelque chose" est-ce faire référence à la conscience de soi? Expliquer. 
12.    Qui a dit "tout conscience est conscience de quelque chose"? 
13.    Quelle est la différence entre le concept de conscience chez Descartes, Socrate et Kant par rapport à Husserl? Expliquer
14.    L'homme peut-il s'élever à la conscience de soi dans la solitude chez Jean-Paul Sartre et Hegel? Pourquoi? Expliquez.

Bilan :
La naissance du sujet conscient : la conscience ou le "je pense" est l'évidence indubitable du sujet face au monde = Descartes + Kant
La critique de la conscience comme substance : la conscience n'est pas une chose mais une intentionnalité, une visée libre = Husserl + Jean-Paul Sartre
La critique de la conscience comme illusion : la conscience est l'expression déguisée de nos désirs inconscients = Freud 
Bilan et problématiques 
Avoir conscience de soi = je sais que j'existe
Avoir connaissance de soi = je sais qui je suis


Karl Marx : "Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est leur existence sociale qui détermine leur conscience" 
L'homme doit avoir conscience de l'influence de la société à laquelle il appartient et dans laquelle il évolue
La conscience selon Karl Marx est déterminée par la position sociale de l'individu dans la société qui interprète les phénomènes en fonction des intérêts de sa classe sociale.  C'est notre appartenance à une classe sociale qui détermine notre conscience (La perception que nous avons de nous-même). 
La conscience n'est donc pas neutre, elle est produite par les conditions matérielles d'existence de l'homme et varie historiquement avec elles.  


Pour Pascal, "Les Pensées" 
"l'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant"

Par la conscience, l'homme sait qu'il est misérable, "le plus faible de la nature", peu de chose dans l'univers, mais grand à la fois car, "c'est un roseau pensant". Il est à la fois grand par la pensée et petit par sa mortelle condition, peu de chose au regard de l'univers. Donc la conscience révèle la grandeur et la misère de l'homme, sa finitude pour le philosophe Pascal. 
 

La conscience morale

La conscience morale est la capacité de faire retour sur ses pensées et actions pour les juger en fonction des valeurs morales
Sans conscience, pas de moralité. L'acte inconscient n'est pas maîtrisé donc il n'est pas libre, contrairement à l'acte conscient. 
Avoir bonne ou mauvaise conscience : le cas de conscience éveille la conscience morale. Elle suppose la responsabilité individuelle


PhiloQuel est le fondement de la conscience morale? 
Rousseau, la conscience est "un instinct divin". 
Cela signifie que la conscience est un moyen immédiat et infaillible de reconnaître le bien du mal. 
Parce que nous sommes conscients de ce que nous faisons, nous en sommes moralement responsables. La conscience suppose la responsabilité, la capacité de répondre de nos actes et pensées. Rousseau définit la morale comme naturelle, innée, c'est un instinct, un sens naturel de la morale qui nous guide vers le bien ou son contraire, le mal. A l'état de nature, l'homme est capable de sens moral "l'homme est bon naturellement, c'est la société qui le corrompt". 

Platon, "Nul n'est méchant volontairement"
Si nous faisons le mal, c'est par ignorance du bien. La conscience morale est donc une juste connaissance du bien et du mal.  
Pour Durkheim (sociologue) : la conscience morale n'est ni l'instinct de Rousseau, ni la juste connaissance du bien et du mal de Platon mais dépend de notre éducation. Nous avons les valeurs morales transmises par notre milieu social. La conscience morale est donc impersonnelle, elle est le reflet de notre conscience sociale. 
 

Kant : la conscience morale repose sur des impératifs catégoriques universels
"Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle" 

La conscience morale est dans la loi universelle que tout homme se donne à lui-même. Elle repose sur des impératifs catégoriques qui indiquent à l'homme ce qu'il doit faire. Ces impératifs étant universels s'appliquent à tous et ne reposent sur aucun mobile particulier, égoïste. 
La conscience morale est une aptitude à universaliser notre action. Cette action est morale si elle vaut pour tous. Ce qui doit-être jugé d'un point de vue moral, c'est la bonne volonté, c'est une morale de l'intention. Ainsi, l'acte est moral si l'intention est bonne. L'action morale est inconditionnelle, elle ne doit pas dépendre de circonstances ou de mobiles égoïstes. Les lois morales ne peuvent pas se réduire à la conscience d'un individu donc elle ne peut reposer que sur la raison et non sur l'expérience. 
Les lois morales existent donc a priori. Kant nomme impératifs les commandements de la raison, ils expriment le rapport entre une loi objective de la raison et une volonté subjective. 


La morale repose sur notre responsabilité et notre liberté 
Hegel : la conscience morale repose sur l'action du sujet 

Contrairement à Kant, Hegel pense que la morale se réalise dans l'action, je peux savoir ce que je dois faire dans une situation précise. La morale n'est pas une universalité abstraite et formelle contrairement à ce que Kant pense. 

La conscience morale repose sur notre liberté 
Sartre : la morale est une conscience engagée et l'homme est condamné à être libre. 
L'homme fait ses propres choix et se détermine dans la plus grande liberté. 

Exercice - Analyser les termes d'un sujet de dissertation sur la conscience. Sujet : Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi?

Sujet : Est-ce dans la solitude que l'on prend conscience de soi? 


PhiloAnalyse des termes du sujet 
Notion du programme : la conscience, la conscience de soi, la conscience morale. 
C'est un sujet sous forme de proposition. En retirant le point d'interrogation, on a la thèse : c'est dans la solitude que l'on prend conscience de soi. 
Solitude : "seul soi-même", sans la médiation du monde extérieur et d'autrui
Conscience de soi : l'homme n'est pas seulement un être conscient. Il a conscience de lui-même comme sujet distinct du monde extérieur, d'autrui. Les animaux sont conscients mais ils ne pensent pas, c'est-à-dire qu'ils ne se pensent pas. Seul l'homme est capable de dire "je", de s'opposer au monde, à autrui. 
Prendre conscience de soi, c'est se saisir en tant que conscience, avoir conscience de sa conscience. A ce titre, Descartes propose un exemple marquant de la prise de conscience en invoquant le fait que, si je doute, je suis, j'existe. Autrement dit, c'est seul moi-même que, au terme d'un doute totalitaire, je preds conscience de moi-même. Mais c'est une conscience bien solitaire que celle de Descartes = risque du solipsisme: seul moi-même, j'existe. La postion de Hegel, dans la dialectique du maître et de l'esclave, montre qu'autrui est ce qui me permet de prendre conscience de moi-même. Cf Sartre. 
Reformulation du sujet 
Peut-on prendre conscience de soi seul soi-même ou bien la conscience de soi doit-elle quelque chose à la présence du monde et d'autrui?

Les citations sur la conscience à retenir

  • Descartes : "Je pense donc je suis"
  • Socrate : "Connais-toi toi-même" 
  • Husserl : "Toute conscience est conscience de quelque chose"
  • Karl Marx : "Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est leur existence sociale qui détermine leur conscience" 
  • Pascal, "Les Pensées" 
  • "l'homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant"
  • Rousseau, la conscience est "un instinct divin". 
  • "l'homme est bon naturellement, c'est la société qui le corrompt". 
  • Protagoras "L'homme est la mesure de toutes choses" 
  • Rimbaud : "Je est un autre" 
  • Jean-Paul Sartre : "L'homme est condamné à être libre"
     

Le vocabulaire de la conscience, petit lexique

  • Moral: un jugement est « moral » lorsqu’il attribue une valeur (bonne, mauvaise, droite..... à une conduite humaine. 
  • La conscience morale : La conscience morale est la capacité de faire retour sur ses pensées et actions pour les juger en fonction des valeurs morales
  • • Psychologique: La psychologie est la science de l'esprit
  • • Théorique: ce terme s'oppose à pratique qui renvoie à l'agir, au domaine de l'action et de sa dimension morale. Théorique se rapporte à une vision intellectuelle. Il touche au domaine de la connaissance. 
  • • Métaphysique: la métaphysique depuis Aristote désigne les choses existant au-delà du monde physique comme Dieu, l'âme, l'être. 
  • • Identité: la notion « d’identité » (construite sur le latin idem, « le même ») renvoie à l’identité personnelle d'une personne, la même que celle de sa naissance. 
  • • Essence: par « essence », on entend en philosophie d’une part la définition d’une chose. L’essence explicite, ce que la chose est, dans ses aspects fondamentaux et invariables. Cela s'oppose aux accidents qui se réfèrent aux aspects secondaires et changeants. 
  • • Finitude: du latin finis qui signifie limite. La finitude est évocatrice des limites de l'homme, de sa mortelle condition contrairement à l'infinitude divine. 
  • Conscience : faculté de se représenter les choses ou de se représenter soi-même
  • L'inconscient : Chez Freud, l'inconscient désigne tout ce qui est refoulé par la conscience. C'est une partie du psychisme qui échappe à la conscience.
     

Problématiques philosophiques

Philo Notre conscience et notre représentation des choses est-elle fidèle aux choses elles-mêmes? Peut-on voir les choses telles qu'elles sont? La conscience que j'ai de moi-même reflète t'-elle fidèlement ce que je suis? Quelle connaissance puis-je avoir de moi-même? 
1 - Peut-on voir les choses telles qu'elles sont? Notre conscience des choses est-elle fidèle à la réalité? 
Avons-nous une représentation objective des choses ou est-on condamné à se les représenter telles qu'elles nous apparaissent, de manière subjective? 
Le relativisme : 
Protagoras "L'homme est la mesure de toutes choses" 

Chacun a sa vérité qui repose purement et simplement sur des impressions subjectives. Le tableau est beau pour l'un, il est laid pour l'autre. Dans les mêmes conditions, l'un a chaud, l'autre a froid, il n'y a pas de vérité, personne n'a raison, ni tord, toute vérité est relative.  La vérité n'existe pas, il n'y a que des points de vue ou vérités relatives. 
Platon : L'homme peut atteindre la vérité objective, elle doit-être cherchée au-delà du sensible, des opinions. 
Kant : Les choses en soi (noumènes) sont inconnaissables pour l'homme qui ne peut que connaître les phénomènes, les choses telles qu'elles nous apparaissent. Par exemple, la conscience ne peut se représenter les choses que dans un cadre spatio-temporel (dans le temps et dans l'espace) mais cela ne prouve pas que les choses en soi existent dans le temps et dans l'espace.  Donc, l'homme doit séparer le monde tel qu'il le perçoit, du monde tel qu'il est vraiment en dehors de notre conscience et qu'il ne peut pas connaître. Donc : on ne peut pas se représenter le monde tel qu'il est pour Kant. 


Comment être certain que le monde existe en dehors de notre conscience? 
Descartes

Douter est le point de départ de la réflexion philosophique de Descartes. 
Par le doute le philosophe, remet en question l'existence du monde. Il fait table rase de tout ce qui existe. 
Les hypothèses  de Descartes :
1 - Si la vie n'était qu'un rêve, quel moyen aurions-nous de le savoir? J'ai des sensations, par exemple, je vois un livre, je le sens dans ma main, mais comment être certain que ces sensations soient causées par des objets extérieurs à ma conscience? Et si les sensations étaient causées par ma conscience et non par les objets, comme dans un rêve? Cette hypothèse conduit au solipsisme, c'est-à-dire, l'enfermement de la conscience sur elle-même, incapable d'atteindre la réalité extérieure. Selon cette première hypothèse, rien n'existerait en dehors de ma conscience. 
2 - Le monde ne serait qu'une illusion engendrée par un "Dieu trompeur" ou "un malin génie"
3 - L'immatérialisme : les choses existent que dans nos esprits, c'est la thèse de Berkeley. La matière n'existe pas, tout est esprit et nous n'avons que les idées des choses. 
4 - Pascal : Certaines vérités sont établies par la raison qui démontre, d'autres sont connues immédiatement par le coeur qui sent ou qui éprouve ce que l'on ne peut prouver. Ainsi, l'existence du monde n'a t'-elle besoin d'aucune démonstration. 
2 - La conscience de soi est-elle une connaissance de soi? 
Depuis les origines de la philosophie, la question de la connaissance de soi est un impératif suprême comme le suggère l'adage socratique du "Connais-toi toi-même". 
Descartes : L'homme se découvre conscience pensante et conscience existante. Pensée et conscience sont identifiées, la connaissance de soi n'est pas problématique. 
 

Rimbaud : "Je est un autre" 
Freud : La connaissance de soi devient problématique avec l'existence de l'inconscient. L'homme n'est plus "maître dans sa maison" car il n'a pas conscience des motifs qui le poussent à agir.
Cela fera l'objet de la critique de Jean-Paul Sartre. Par l'inconscient, l'homme ne peut plus être tenu pour libre et responsable de ses actes. Sartre nie la réalité de l'inconscient qu'il réduit à de la mauvaise foi.  
L'homme étant condamné à être libre, il est entièrement responsable de ce qu'il fait. La ocnscience signifie la liberté, le sujet est un sujet libre. Nier ou refuser sa liberté, c'est fuir ses responsabilités, c'est être lâche. (Freud va remettre en cause l'idée que l'homme est libre et se maîtrise car il est gouverné par des pensées, des désirs dont il n'a pas conscience. L'inconscient contredit la théorie de Sartre. 

 

L'inconscient :

Nous avons en effet tendance à assimiler la pensée et la conscience, au sens où « penser » consiste en même temps à savoir qu’on pense (cf Descartes). 
Les petites perceptions est une théorie inventée par Leibniz, qui explique que l'esprit humain est incapable de saisir consciemment certaines perceptions
Selon Leibniz, plusieurs caractéristiques de ces perceptions peuvent expliquer qu'elles soient impossibles à saisir par la conscience : Leibniz nous dit que les petites perceptions font de l’effet, mais cela se fait sans « aperception », c’est-à-dire sans conscience, et sans « réflexion »
Trop petites (exemple : les ultrasons)
Trop nombreuses (exemple : les différents instruments dans une symphonie)
Trop unies (exemple : les différentes épices dans un plat)
Trop habituelles (exemple : si je vis à côté d'une autoroute je finirai par tellement m'habituer au bruit des voitures que je ne les entendrai plus)
 

Selon Freud, l’inconscient est un principe d’explication d’un certain nombre de phénomènes, c'est pourquoi il s'intéresse aux rêves révélateurs de notre vie psychique inconsciente. Il s'agit de retrouver le contenu latent du rêve, ce dont on ne se souvient plus et qui nous parvient par images diverses pouvant être interprétées car elles traduisent des désirs et des motivations.
Pour Freud, l'homme n'est pas transparent à lui-même. L'homme n'est pas maître de sa conscience.
Les actes manqués désignent les gestes ou paroles qui semblent nous échapper en raison d’un défaut d’attention, d’une certaine fatigue, etc. 
Dans l’Introduction à la psychanalyse (1917), Freud prend l’exemple, pour illustrer les lapsus, d’un président d’une chambre des députés, qui au moment de démarrer une séance, dit que la séance est « close ». Selon Freud, ce n'est pas une erreur mais la manifestation d'un désir inconscient (celui de ne pas vouloir rester pour animer la séance). 
Le psychisme est selon Freud, complexe car il est composé de plusieurs instances :
Le "Moi" qui n'est qu'une partie d'un ensemble, il va s'opposer aux autres instances. 
Le "ça" est une partie de l'activité inconsciente de l'esprit, il comprend l'énergie des pulsions et la libido.
Le "surmoi", conscience morale qui comprend les interdits parentaux. Cette partie tente de contenir les débordements du ça. 

Le sujet est donc toujours le centre de conflits : le Ça veut satisfaire ses pulsions de plaisir mais il se heurte aux interdits du surmoi. C'est pourquoi certaines pulsions sont refoulées, mises à l'écart, toujours dans notre esprit mais de manière inconsciente. 
C'est le processus du refoulement = le fait de mettre à distance nos pulsions. Le Moi est donc entre le ça et le surmoi, entre les pulsions et les interdits. 
Les rêves ou les actes manqués manifestent la poussée du Ça, que le Surmoi va essayer de contenir. Lorsque l’équilibre entre les 
différentes instances est rompu, des pathologies apparaissent, des troubles se manifestent. 
Ex de conflit inconscient : la névrose = conflit entre les pulsions du ça et les interdits du surmoi

Les critiques de l'inconscient par Alain et Jean-Paul Sartre 
Le concept d'inconscient freudien pour Alain n'est pas moral dans le sens où il retire à l'homme toute responsabilité. On retrouve cette même critique chez Sartre. L'hypothèse d'un inconscient dispense l'homme de se responsabiliser moralement. Dire, selon Alain, du sujet qu'il n'est pas l'auteur de ses pensées, que l'inconscient donc un autre que lui pense en lui, c'est lui retirer toute responsabilité quant à ses actes. 
Pour Sartre, l'homme est condamné à être libre. Admettre l'inconscient n'est que mauvaise foi. Il est inconcevable qu'un homme devienne autre que ce qu'il est en raison des déterminisme ou de l'inconscient, ou parce qu'il serait malgré lui "pensé", "agi", privé de sa totale liberté et de sa responsabilité en raison de sa part d'ombre. L'homme existe et choisit librement d'être qui il veut. Il est son acte. L'hypothèse d'un inconscient psychique est impensable pour Sartre. L'homme ne se définit pas par un inconscient mais par son existence et le choix de son essence, il est responsable de chacun de ses actes et vit sa vie au sens d'un engagement

 

Conscience et identité Quel est le problème soulevé?

Comment la conscience de soi peut-elle être la conscience d'être et de demeurer la même personne?
Comment m'assure t'-elle une identité à travers le temps malgré les changements qui affectent le corps? 

Avec Locke la conscience de nos actions et états présents/passés sont conservés par la mémoire. L'identité est ainsi assurée à travers le temps. Elle l'est aussi avec Kant par le "je pense" qui garantit la cohérence passée et présente de toutes nos représentations. 

 

La conscience ne limite pas l'homme dans la connaissance de lui-même et de ses déterminations : Descartes
 La conscience que l’homme a de sa liberté prouve la réalité du libre arbitre
Descartes, la conscience de la liberté n'est pas source d'illusion 

« Que la liberté́ de notre volonté́ se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons."   Principes de la philosophie de Renée Descartes.
- la liberté se connaît sans preuves - la liberté de notre volonté n’a pas besoin d’être démontrée. Ce n’est pas une hypothèse, mais une réalité dont nous faisons sans cesse l’expérience. Si la liberté ne se prouve pas, c’est qu’elle s’éprouve. Elle est même souvent une épreuve, car elle nous rend responsable de nos choix. L’homme fait ainsi l’expérience de la liberté dans le doute. En doutant de la valeur d’une croyance, en refusant précisément d’y croire, il prend alors conscience qu’il est libre - La liberté n’a ainsi pas besoin de preuve, car nous avons une expérience indiscutable : celle du doute. Veut-on douter de la liberté humaine ? Alors, ce doute se renverse en certitude puisque pour en douter, il nous faut être libres. 

La conscience limite l'homme dans la connaissance de ses déterminations et de lui-même: Spinoza
Spinoza, la conscience de la liberté est source d’illusion
L'illusion du libre arbitre / Conscience et illusion 

« Je dis qu’une chose est libre quand c’est par la seule nécessité de sa nature qu’elle existe et qu’elle agit, et qu’au contraire elle est contrainte quand elle est déterminée à exister et à opérer par une raison précise et déterminée. (…) Donc, comme tu vois, je ne place pas la liberté dans un libre décret, mais dans une libre nécessité. (…)
Pour comprendre cela clairement, concevons une chose très simple. Une pierre, par exemple, reçoit une quantité précise de mouvement d’une cause extérieure, qui lui donne l’impulsion. Par la suite, l’impulsion de la cause extérieure ayant cessé, la pierre poursuivra nécessairement son mouvement. Le fait que la pierre reste en mouvement est donc contraint, non parce qu’il est nécessaire, mais parce qu’il doit se définir par l’impulsion de la cause extérieure. Et ce qui vaut ici de la pierre, il faut le comprendre pour n’importe quelle chose singulière, même si on la conçoit comme composée et apte à un grand nombre de choses. (…)
Ensuite, conçois à présent, si tu veux bien, que la pierre pense, tandis qu’elle poursuit son mouvement. Elle sait qu’elle s’efforce, autant qu’il est en elle, de poursuivre son mouvement. Eh bien, dans la mesure où elle n’est consciente que de son effort et qu’elle est tout sauf indifférente, cette pierre croira être parfaitement libre et persévérer dans son mouvement sans nulle autre cause que parce qu’elle le veut. Et voilà cette fameuse liberté humaine que tous se vantent d’avoir ! Elle consiste uniquement dans le fait que les hommes sont conscients de leurs appétits [désirs] et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. » 
Spinoza, Lettre à Schuller, octobre 1674, trad. M. Rovere.

1. Le thème de ce texte est la liberté humaine. 
2. La question : la liberté humaine peut-elle être conçue comme un libre arbitre ? 
3. La thèse du texte : le libre arbitre est une fiction, car, comme toute chose dans la nature, la volonté humaine est déterminée. Toutefois, rejeter le libre arbitre ne revient pas à rejeter la liberté, mais à la redéfinir. si le libre arbitre est une illusion, la liberté humaine est bien une réalité. La vraie nature de la liberté humaine consiste à « agir par la seule nécessité de sa nature ». La liberté ne s’oppose plus à la nécessité, mais elle est une forme de déterminisme, un certain type de causalité. 
4. Le plan du texte est alors le suivant :
1 - la vraie définition de la liberté humaine consiste à être déterminée à agir par la seule nécessité de sa nature. 
 2 - Comme la pierre, l’homme est déterminé par des causes à vouloir ceci plutôt que cela. 
3 - Le libre arbitre est donc une fiction qui a pour origine l’ignorance des causes véritables des actions humaines. 

Définition : 
Libre-arbitre : C'est le pouvoir de se déterminer sans autre cause que la volonté elle-même. Le libre-arbitre traduit la liberté de l'homme. 
Pour Spinoza, la conscience de la liberté est source d’illusion, car le libre arbitre n’est que l’ignorance des vraies causes qui nous poussent à agir. Selon Spinoza, la conscience est une source d’illusions. L'homme penser être l'auteur de ses actes, il se croit libre. A tord. En réalité il ignore les causes extérieures qui le poussent à agir de telle ou telle façon. Il est en fait déterminé, soumis à la causalité et ignore les causes véritables qui le déterminent à agir. 
 

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