Qu'est-ce qui fait de l'homme un être de culture? Ethnocentrisme et relativité des cultures- Cours, réflexions sur la séquence culture, bac 2024

Qu'est-ce qui fait de l'homme un être de culture? Est-il par nature un être de culture ? la culture sert-elle à changer le monde? Y a t'-il en nous quelque chose qui échappe à la culture? Suis-je défini par ma culture?la culture fait-elle l'homme?

Commentaires philosophiques sur la Crise de la culture, Arendt et Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté

La culture, définition, réflexions autour de Darwin, Lévi-Strauss, Arendt, La controverse de Valladolid,les Indiens du Nouveau-Monde sont-ils des hommes?

Arendt

L'homme du simple fait de son appartenance à une espèce déterminée a des caractéristiques "par nature".

Notre nature

L’être humain est un être biologique. Il appartient à une espèce naturelle et en tant que tel il a des caractéristiques psychophysiologiques comme : 

  • Une anatomie
  • Des besoins élémentaires
  • Des instincts rudimentaires

 

L'homme du simple fait de son appartenance à une espèce déterminée a des caractéristiques "par nature". Son espèce est donc à la fois innée et biologique mais comme tout organisme vivant, il se développe de manière interactive entre un état donné et un environnement. 

Notre nature serait donc non seulement ce qui nous est donné au départ, mais aussi ce qui est acquis au cours d’un développement considéré comme normal pour l’espèce.

Mais qu’est-ce qu’un développement normal pour un être humain ?

L’enfant sauvage, Victor de l’Aveyron, est-il normal, par exemple ?

On parle souvent de l'état sauvage comme un état spontané, un état "par défaut" auquel retournerait comme par magie tout animal qui n'en est pas détourné par le contact humain, mais l'état sauvage, est-ce vraiment un état "naturel" ? Ou bien n'est-ce finalement rien de plus qu'une condition parmi une infinité de possible ?

On emploie tous presque quotidiennement le concept "d'être humain" comme si sa définition était évidente... pourtant, des millénaires de philosophie et des siècles de sciences n'ont jamais réussi à déterminer définitivement ce que ça voulait dire être "humain" et, par opposition, être "animal". Or on ne peut pas fonder une éthique de nos rapports au vivant sans commencer par nous situer dans l'existence, dans cette vidéo on va donc proposer une réponse à rien de moins que l'une des questions les plus insolvable et délicate de toute l'histoire de la philosophie, et on va faire ça dans le calme.

Y a-t-il une nature humaine ?

Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme

 

Nous reprenons le point de départ de la réflexion sartrienne, « l’existence précède l’essence »; cela signifie qu’il faut partir de la subjectivité; l’homme existe d’abord et se définit après par des concepts, c’est le choix de l’essence. L’homme n’est rien tout d’abord. Il n’est pas définissable et il sera tel qu’il se sera fait. L’homme est tel qu’il se conçoit et tel qu’il se veut. Il se conçoit après l’existence comme essence particulière.l’homme est un projet et rien n’existe préalablement à ce projet

l’existence précède l’essence. L’homme existe avant d’être ce qu’il est, il doit s’inventer lui-même.

Sartre. Pas de Dieu = pas de nature humaine = pas de destin. L'homme est livré  à lui-même. Sartre «Il n'y a pas de nature humaine parce qu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir».
L'homme est libre. Philosophie humaniste = plus de déterminisme. L'homme est la somme de ses choix et de ses actes. Je choisis telle ou telle essence, médecin ou ouvrier non pas parce que j'y suis déterminé mais parce que c'est mon choix. Liberté totale = «l'existence précède l'essence»
Il n’y a pas de nature humaine, car l’homme n’est jamais que ce qu’il se fait. L’homme n’est pas quelque chose de donné, il n’est rien d’autre que la somme de ses actes.

 

L’homme est condamné à être libre

Une morale de l’action

Par opposition au point de vue chrétien, Dostoïevski affirme, « si Dieu n’existait pas tout serait permis ». C’est aussi le point de départ de l’existentialisme. Dieu n’existe pas et l’homme est délaissé. Il n’y a pas de nature humaine donnée. Il n’y a pas de déterminisme. L’homme est libre, il est liberté, l’homme est selon les mots de Sartre condamné à être libre. Il est impossible de ne pas choisir; nous avons toujours le choix. L’homme est responsable, il choisit lui-même son être. Il n’y a de réalité que dans l’action, l’homme n’est rien d’autre que son projet. « l’homme est son acte ». Un homme n’est pas faible, lâche par hérédité, par l’action du milieu ou de la société. Le lâche est responsable de sa lâcheté pour l’existentialisme. Il s’est construit comme lâche par ses actes. Ce qui fait la lâcheté, c’est l’acte de renoncer ou de céder. On ne naît pas lâche ou héros. On se fait lâcher ou héros; mais il y toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche. l’existentialisme n’est pas une philosophie du quiétisme car il définit l’homme par l’action. la morale d’action et d’engagement s’oppose à l’attentisme. La vie n’a pas de sens a priori. C’est à l’homme de lui donner un sens dans l’engagement libre.


 

L’existentialisme athée, que je représente, (…) déclare que si Dieu n’existe pas, il y a au moins un être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est l’homme ou, comme dit Heidegger, la réalité humaine. Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence ; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.

Jean-Paul Sartre, L’Existentialisme est un humanisme (1946)
 

Déterminisme

Doctrine philosophique qui affirme que tous les évènements et actions sont liés à des causes antérieures. Pas de hasard dans les évènements ni de liberté dans les actions humaines.

 

 
 

les institutions, comme faits de culture, se "surajoutent" à notre nature. Il est de la nature humaine de développer des cultures.

La culture par rapport à la nature 

Beaucoup de personnes aujourd’hui identifient souvent la culture ou la « civilisation » à un état évolué de l’humanité, qui s’opposerait, selon eux, à l’état sauvage, la « nature » étant un état sauvage selon eux. Beaucoup de projets réalisés du xviiie siècle au début du xxe siècle, qui eurent lieu dans le cadre de la révolution industrielle, s'orientèrent dans le sens précédent.

Tel n’était pourtant pas le cas de beaucoup de philosophes des Lumières, comme John Locke qui fonda la philosophie politique sur la loi de la nature (law of nature), Robert Boyle, auteur d’ouvrages sur la méthode expérimentale (voir philosophie de la nature), Jean-Jacques Rousseau (rêveries d’un promeneur solitaire), Samuel von Pufendorf (qui inspira la constitution des États-Unis), ou de nombreux courants de peinture au xixe siècle (école de Barbizon, impressionnisme, etc.).

Dans les dernières décennies, de nombreux philosophes se sont inquiétés des rapports avec la nature (René Dubos, Hans Jonas, etc.).

Selon la philosophie moderne, et en particulier dans le sillage de Claude Lévi-Strauss, on considère que la culture est naturelle à l'homme, en tant que tous les hommes en ont une et qu'un quelconque « état de nature » (état pré-culturel) ne serait que pure fiction. Pour ce thème, voir l'article Jean-Jacques Rousseau.

Des découvertes récentes tendent à démontrer que la nature, le biologique, influence la culture. Par leurs recherches, Robert Stoller et ses collaborateurs ont montré que, dans des cas d'erreur sur la détermination du sexe à la naissance résultant d'une anomalie biologique non apparente, des forces de la nature agissent « sur les attitudes et comportements d'un enfant à travers ses jeux, son habillement, ses choix de partenaires de jeu, etc., autrement dit, que l'inné peut influencer l'acquis »

 Les institutions, comme faits de culture, se "surajoutent" à notre nature. Ainsi, il est de la nature humaine de développer des cultures.

En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature.

En sociologie, la culture est définie de façon plus étroite comme « ce qui est commun à un groupe d'individus » et comme « ce qui le soude », c'est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit et créé. Ainsi, pour une institution internationale comme l'UNESCO : « Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels, matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». Ce « réservoir commun » évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en de multiples manières distinctes d'être, de penser, d'agir et de communiquer en société

Par abus de langage, on utilise souvent le mot « culture » pour désigner presque exclusivement l'offre de pratiques et de services culturels dans les sociétés modernes, et en particulier dans le domaine des arts et des lettres.

Aussi, en éthologie et en primatologie comparée des travaux récents auraient montré l'existence de cultures animales.

Il y a actuellement en deux acceptions différentes pour le mot culture :

  • la culture individuelle de chacun, construction personnelle de ses connaissances donnant la culture générale ;
  • la culture d'un peuple, l'identité culturelle de ce peuple, la culture collective à laquelle on appartient.

 

 les institutions, comme faits de culture, se "surajoutent" à notre nature. Ainsi, il est de la nature humaine de développer des cultures. À l’hérédité biologique s’ajoute l’héritage social.

« Les sociétés humaines présentent un phénomène nouveau, qui consiste en ce que certaines manières d’agir sont imposées ou du moins proposées du dehors à l’individu et se surajoutent à sa nature propre, tel est le caractère des institutions. » Durkheim

 

la nature est caractérisée par l’universalité, la culture est caractérisée par la règle. il existe une règle universelle, un interdit universel, celui de l’inceste.

« La prohibition de l’inceste est le processus par lequel la nature se dépasse elle-même… »

Lévi-Strauss y voit alors ce qui fait l’articulation entre la nature et la culture, ce qui fait de l’homme naturel un être culturel.

 

Texte de Claude Levi-Strauss:

«Posons donc que tout ce qui est universel, chez l'homme, relève de l'ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Nous nous trouvons alors confrontés avec un fait, ou plutôt un ensemble de faits, qui n'est pas loin, à la lumière des définitions précédentes, d'apparaître comme un scandale : nous voulons dire cet ensemble complexe de croyances, de coutumes, de stipulations et d'institutions que l'on désigne sommairement sous le nom de prohibition de l'inceste. Car la prohibition de l'inceste présente, sans la moindre équivoque, et indissolublement réunis, les deux caractères où nous avons reconnu les attributs contradictoires de deux ordres exclusifs: elle constitue une règle, mais une règle qui, seule entre toutes les règles sociales, possède en même temps un caractère d'universalité. Que la prohibition de l'inceste constitue une règle n'a guère besoin d'être démontré ; il suffira derappeler que le mariage entre proches parents peut avoir un champ d'application variable selon la façon dont chaque groupe définit ce qu'il entend par proche parent ; mais que cette interdiction, sanctionnée par des pénalités sans doute variables, et pouvant aller de l'exécution immédiate des coupables à la réprobation diffuse, parfois seulement à la moquerie, est toujours présente dans n'importe quel groupe social.»

Claude Lévi-Strauss (né en 1908) quant à lui utilise l’opposition de l’universel et du particulier pour distinguer la nature de la culture.

 Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l’étage de la culture. Symétriquement, il est aisé de reconnaître dans l’universel le critère de la nature. Car ce qui est constant chez tous les hommes échappe nécessairement au domaine des coutumes, des techniques et des institutions par lesquelles leurs groupes se différencient et s’opposent. À défaut d’analyse réelle, le double critère de la norme et de l’universalité apporte le principe d’une analyse idéale, qui peut permettre – au moins dans certains cas et dans certaines limites – d’isoler les éléments naturels des éléments culturels qui interviennent dans les synthèses de l’ordre plus complexe. Posons donc que tout ce qui est universel, chez l’homme, relève de l’ordre de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier. Claude Lévi-Strauss, Les structures élémentaires de la parenté, Chapitre I Nature et culture, 1949.

 

Pourquoi le point de passage est-il l’inceste? Car on trouve les doubles caractéristiques de la nature et de la culture

La nature et la culture semblent définir deux domaines, ou deux règnes, incompatibles. Lévi-Strauss souligne ici qu’elles se rejoignent et s’articulent cependant l’une à l’autre par le biais de ce fameux interdit qui constitue le point d’émergence de la culture au sein de la nature

Nature = «Universel», «spontanéité» Rapport sensible/ direct à la matière

En essence: la connaître c’est atteindre l’universel

Culture = -Une «Norme», une règle générale.

Il n’y a rien de plus rationnel qu’une loi =  Pure produit de la raison. Artificiel, produit par l’homme

Il n’y a pas de loi naturelle

-Le «relatif»: Contraire d’universel

Prohibition de l’inceste:

C’est une norme mise en place par l’homme: Tout dépend de la culture

En même temps c’est la seule règle universelle au monde.

Intermédiaire entre nature et culture

Interdit car en cherchant ailleurs on s’ouvre aux autres

Il y a des échanges ( Essentiel aux être humains, Les échanges sont importants, la richesse de l’humanité en vient.

Deuxième sens de culture

Le deuxième sens de la culture peut être référé à son sens étymologique. Culture = prendre soin de la nature. Depuis Cicéron le terme de culture = prendre soin de l'âme, la cultura animi. 

Cela  nous ramène à la notion grecque de paideia = formation ou éducation. 

Culture s'oppose donc à barbarie et sauvagerie = à une nature éduquée.

La culture devient synonyme de civilisation. Les peuples civilisés s'opposent aux peuples barbares.  L'homme de la nature est le sauvage. 

 

 «Ce que nous savons des Gaulois, par Jules César et par les autres auteurs romains, nous donne l’idée d’un peuple qui avait besoin d’être soumis par une nation éclairée. Les dialectes du langage celtique étaient affreux : l’empereur Julien, sous qui ce langage se parlait encore, dit, dans son Misopogon, qu’il ressemblait au croassement des corbeaux. Les mœurs, du temps de César, étaient aussi barbares que le langage. Les druides, imposteurs grossiers faits pour le peuple qu’ils gouvernaient, immolaient des victimes humaines qu’ils brûlaient dans de grandes et hideuses statues d’osier. Les druidesses plongeaient des couteaux dans le cœur des prisonniers, et jugeaient de l’avenir à la manière dont le sang coulait. De grandes pierres un peu creusées, qu’on a trouvées sur les confins de la Germanie et de la Gaule, vers Strasbourg, sont, dit-on, les autels où l’on faisait ces sacrifices. Voilà tous les monuments de l’ancienne Gaule. Les habitants des côtes de la Biscaye et de la Gascogne s’étaient quelquefois nourris de chair humaine. Il faut détourner les yeux de ces temps sauvages, qui sont la honte de la nature.»

Voltaire (1694-1778), Essai sur les mœurs et l’esprit des nations et sur les principaux faits de l’histoire, depuis Charlemagne jusqu’à Louis xiii (1753), Avant propos. (1. Julien dit l’Apostat par les chrétiens, né en 361, élevé dans le christianisme, fut empereur de 361 à 363. Il tenta de revenir à l’ancienne religion romaine et lutta sans succès contre le christianisme. Le Misopogon est un de ses ouvrages.)

Ce texte de Voltaire montre les deux termes qu'il associe et souligne ainsi le caractère normatif de l'idée de culture ou de civilisation.  Elle est associée à l'idée de domination.

Conséquences:

Lorsque nous dissocions nature et culture en l'homme = ne sommes nous pas victimes de nos préjugés sociaux? Ex = est-il naturel que l'homme commande à la femme? Que les barbares soient esclaves? (point de vue d'Aristote). Ne faudrait-il pas chercher un autre critère que les préjugés sociaux pour distinguer nature et culture?

Ne devons-nous pas affirmer que les comportements humains sont naturels  = le naturalisme = doctrine qui nie toute spécificité de la culture.  Comment l'homme pourrait-il s'arracher à la nature ainsi que le suggère l'idée de culture?

Pourquoi opposer nature et culture alors que la culture pourrait être un moyen pour l'homme de réaliser sa nature.

La culture est-elle le processus par lequel l’homme réalise son humanité? Si non, la culture est-elle ce par quoi l’homme s’invente?

 La culture est basée sur le renoncement pulsionnel

Malaise dans civilisation, Freud

La civilisation désignant «?la totalité des œuvres et l’organisation dont l’instinct nous éloigne de l’état d’animal de nos ancêtres et qui servent à deux fins : la protection del’homme contre la mort et la réglementation des relations des hommes entre eux. «L’homme, affirme Freud, aurait donc à son compte de ses données instinctives une bonne somme d’agressivité».

Éros et Anankè ont pour fonction d’assurer les premières institutions de la société (famille, communauté de travail). Ces pulsions doivent être réprimées. Les intérêts individuels sont sacrifiés au nom de l’intérêt collectif.

Une violence inhérente à la nature humaine

La violence dont l’homme est capable n’est pas seulement réactive, il y a une agressivité inhérente à la nature humaine : «?le prochain n’est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possible mais un objet de tentation?». Il existe une violence qui n’est pas exercée comme l’animal par instinct de survie mais par instinct d’agressivité
C’est par le biais du 
surmoi que la répression et la sublimation des pulsions antisociales sont possibles.

La signification de l’évolution de la civilisation doit nous montrer la lutte entre éros et thanatos telle qu’elle se déroule dans l’espèce humaine. L’agressivité constitue une disposition instinctive primitive et autonome de l’être humain

 



 

Il est devenu courant, pour nous, de dire que notre civilisation a été édifiée aux dépens d’aspirations sexuelles qui sont inhibées par la société, en partie refoulées, en partie aussi mises au service de nouveaux buts. Nous avons aussi reconnu que, malgré toute la fierté que nous donnent nos conquêtes culturelles, il ne nous est pas facile de satisfaire aux exigences de cette civilisation, de nous sentir à l’aise en elle, parce que les restrictions pulsionnelles qui nous sont imposées signifient pour nous une lourde charge psychique. Or, ce que nous avons reconnu pour les pulsions sexuelles vaut, dans une mesure égale et peut-être plus grande, pour les autres, les pulsions d’agression. Ce sont elles surtout qui rendent difficile la coexistence des hommes et qui menacent sa continuation ; une limitation de son agressivité : tel est le premier et peut-être le plus dur sacrifice que la société doit exiger de l’individu. Nous avons appris de quelle façon ingénieuse s’effectue ce domptage du récalcitrant. L’instauration du surmoi, qui tire à lui les motions agressives dangereuses, amène en quelque sorte une garnison dans une place qui inclinerait à la rébellion. Mais d’autre part, du point de vue purement psychologique, il faut le reconnaître, le moi ne se sent pas à l’aise s’il est ainsi sacrifié aux besoins de la société, s’il doit se soumettre aux tendances destructives de l’agression qu’il aurait bien aimé mettre en œuvre lui-même contre d’autres. C’est comme une continuation, dans le domaine psychique, du dilemme manger ou être mangé qui domine le monde vivant organique. Par bonheur, les pulsions d’agression ne sont jamais seules, elles sont toujours alliées aux pulsions érotiques. Ces dernières, dans les conditions de la civilisation créée par les hommes, ont bien des choses à adoucir et à prévenir.

Sigmund Freud, Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse (1933)


 


 

Petite synthèse


 

L’agressivité est-elle en question pour la civilisation?

Oui, c’est l’entrave la plus redoutable

Comment se pose la question du sort de l’espèce humaine?

Le progrès de la civilisation saura t’-il dominer les perturbations à la vie en commun par les pulsions d’agression et d’autodestruction?

Citez deux pulsions essentielles

La pulsion de vie et la pulsion de mort

Quelles sont les deux tendances de l’homme à l’origine des premières communautés?

Eros (pulsion d’amour) et anankè ( la tendance à la nécessité)

 Comment dépasser ce stade primaire «?du chacun pour soi?»?

Il faut gérer et substituer aux forces individuelles une puissance collective, une volonté de masse. Les pulsions d’agression sont toujours présentes dans une société civilisée.

Quelle est la fonction de l’éthique?

Elle doit inhiber les pulsions agressives

Comment résumer la signification de l’évolution de la civilisation?

Une lutte entre éros et thanatos.


 

Ethnocentrisme et relativité des cultures = Il n’y a pas une culture mais des cultures.

L'ethnocentrisme

 

 

 « L’expérience nous prouve, malheureusement, combien il faut de temps avant que nous considérions comme nos semblables les hommes qui diffèrent de nous par leur aspect extérieur et par leurs coutumes. »   

Charles Darwin - Théorie de l’évolution des espèces

 

L'ethnocentrisme se définit donc comme une attitude d'origine inconsciente qui consiste à considérer sa propre société comme un modèle et à voir toute différence par rapport à ce modèle comme un signe d'infériorité.
Etymologie de « ethnocentrisme »: du grec ethnos, nation, tribu, et du latin centrum, centre. L’ethnocentrisme consiste à juger les autres cultures en fonction de la notre. 
Lévi-Strauss montre que, parce que notre histoire est surtout caractérisée par un développement des sciences, des techniques et de la puissance économique, nous nous imaginons que les sociétés qui n'ont pas su progresser sur ces trois plans sont des sociétés sans histoire.
si nous prenions, par exemple, comme critère de développement la parfaite adaptation à un milieu particulièrement hostile, ce ne serait plus les Occidentaux qui seraient considérés comme civilisés mais les Bédouins du désert saharien ou les Inuits de l'Arctique. Si l'on prenait comme critère la connaissance des ressources du corps humain, les plus civilisés seraient les peuples de l'Orient et de l'Extrême-Orient etc. Toute culture peut se prévaloir d'une supériorité selon un critère qui lui est propre mais, comme aucun de ces critères n'est plus pertinent qu'un autre, aucune culture ne peut se considérer comme supérieure aux autres.
parler de société plus civilisée ne veut pas dire grand chose
 
Lévi-Strauss l'exprime en ces termes: «Le barbare est d'abord l'homme qui croit à la barbarie». On qualifie en effet de barbare les peuples primitifs sans voir que ceux-ci procèdent exactement de la même manière.
 

«Derrière ces épithètes se dissimule un même jugement; il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l’inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire «de la forêt», évoque ainsi un genre de vie animal, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse d’admettre le fait même de la diversité culturelle. On préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit». Ainsi, est barbare ce qui est différent culturellement.

Et Lévi-Strauss constate que cette dimension a une portée universelle, chaque peuple réagissant de la même façon à l’égard de l’autre dès lors qu’il ne se reconnaît pas en lui, qu’il ne lui ressemble pas. L’ethnocentrisme serait donc le premier mouvement de repli d’une société face à une autre.

Lévi-Strauss souligne, par exemple, comment la proclamation de l'égalité naturelle entre les hommes et de la fraternité qui doit les unir sans distinction de races ou de cultures néglige la diversité des cultures et nie en réalité les différences qu'elle n'arrive pas à comprendre.
 
L'attitude la plus ancienne, et qui repose sans doute sur des fondements psychologiques solides puisqu'elle tend à réapparaître chez chacun de nous quand nous sommes placés dans une situation inattendue, consiste à répudier purement et simplement les formes culturelles : morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. « Habitudes de sauvages », « cela n'est pas de chez nous » , « on ne devrait pas permettre cela », etc., autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion, en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères. Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or derrière ces épithètes se dissimule un même jugement. Il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain et sauvage, qui veut dire « de la forêt », évoque aussi un genre de vie animale, par opposition à la culture humaine. Dans les deux cas, on refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit.

 

Ce point de vue naïf, mais profondément ancré chez la plupart des hommes, n'a pas besoin d'être discuté puisque cette brochure en constitue précisément la réfutation. I1 suffira de remarquer ici qu'il recèle un paradoxe assez significatif. Cette attitude de pensée, au nom de laquelle on rejette les « sauvages » (ou tous ceux qu'on choisit de considérer comme tels) hors de l'humanité, est justement l'attitude la plus marquante et la plus distinctive de ces sauvages mêmes. On sait, en effet, que la notion d'humanité, englobant, sans distinction de race ou de civilisation, toutes les formes de l'espèce humaine, est d'apparition fort tardive et d'expansion limitée. Là même où elle semble avoir atteint son plus haut développement, il n'est nullement certain l'histoire récente le prouve qu'elle soit établie à l'abri des équivoques ou des régressions. Mais, pour de vastes fractions de l'espèce humaine et pendant des dizaines de millénaires, cette notion paraît être totalement absente. L'humanité cesse aux frontières de la tribu, du groupe linguistique, parfois même du village; à tel point qu'un grand nombre de populations dites primitives se désignent d'un nom qui signifie les hommes » (ou parfois dirons-nous avec plus de discrétion les « bons », les « excellents », les « complets »), impliquant ainsi que les autres tribus, groupes ou villages ne participent pas des vertus ou même de la nature humaines, niais sont tout au plus composés de « mauvais », de « méchants », de « singes de terre » ou d' « œufs de pou ». On va souvent jusqu'à priver l'étranger de ce dernier degré de réalité en en faisant un « fantôme » ou une « apparition ». Ainsi se réalisent de curieuses situations où deux interlocuteurs se donnent cruellement la réplique. Dans les Grandes Antilles, quelques années après la découverte de l'Amérique, pendant que les Espagnols envoyaient des commissions d'enquête pour rechercher si les indigènes possédaient ou non une me, ces derniers s'employaient à immerger des blancs prisonniers afin de vérifier par une surveillance prolongée si leur cadavre était, ou non, sujet à la putréfaction.

Cette anecdote à la fois baroque et tragique illustre bien le paradoxe du relativisme culturel (que nous retrouverons ailleurs sous d'autres formes) c'est dans la mesure même où l'on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l'on s'identifie le plus complètement avec celles qu'on essaye de nier. En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus « sauvages» ou « barbares » de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.

Lévi-Strauss, Race et histoire, 1952

 

Ethnocentrisme et relativisme culturel

L’ethnocentrisme de l’anthropologue, de l’ethnologue, du membre d’une ethnie, d’une civilisation ou d’une confession quelles qu’elles soient, s’oppose au relativisme culturel. Ce relativisme culturel peut se manifester de trois manières différentes :

  • le relativisme culturel scientifique, pratiqué par la plupart des anthropologues et ethnologues actuels, ne hiérarchise pas les civilisations mais les étudie et décrit selon des critères objectifs (pratiques, récits, artefacts, témoignages) sans émettre de jugement de valeurs ;
  • le relativisme culturel militant reconnait à chaque culture, a fortiori contemporaine, le droit de disposer de ses propres valeurs sans avoir à se référer, voire s'inféoder, à des modèles extérieurs ; au nom de ce droit, il peut parfois dénier à tout observateur extérieur le droit d'exprimer des critiques sur telle ou telle pratique ou croyance, et considère de telles critiques comme de l'« impérialisme culturel »;
  • enfin le relativisme culturel humaniste place les besoins fondamentaux de l'être humain au-dessus de toute culture, croyance ou particularité, et y enracine la légitimité des référents universels comme la démocratie, les droits de l'homme, les droits des femmes et les droits de l’enfant, la laïcité de la sphère publique, la liberté de l’information, le droit d'association, le droit à l'éducation, l'absence de toute discrimination basée sur les origines, la religion ou le sexe, le droit à la propriété… qui ne sont pas propres au « modèle occidental » et que toute culture se devrait d'adopter

 

La controverse de Valladolid illustre la position ethnocentrique de l’Europe à l’époque de la Renaissance et des grandes découvertes.

La controverse de Valladolid est un débat qui opposa essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda en deux séances d'un mois chacune (l'une en 1550 et l'autre en 1551) au collège San Gregorio de Valladolid, mais principalement par échanges épistolaires. Ce débat réunissait des théologiens, des juristes et des administrateurs du royaume, afin que, selon le souhait de Charles Quint, il traite et parle de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience

La question était de savoir si les Espagnols pouvaient coloniser le Nouveau Monde et dominer les indigènes, les Amérindiens, par droit de conquête, avec la justification morale pouvant permettre de mettre fin à des modes de vie observés dans les civilisations précolombiennes, notamment la pratique institutionnelle du sacrifice humain, ou si les peuples amérindiens étaient légitimes malgré de tels éléments et si seul le bon exemple devait être promu au moyen d'une colonisation - émigration.

Une question fondamentale va être débattue : les Indiens du Nouveau-Monde sont-ils des hommes comme les autres ? 

 

De l’ethnocentrisme au relativisme…

ENTRAINEZ-VOUS

Dissertations ou commentaires sur la culture 

Réflexion : Entraînez-vous = Sujet : la culture fait-elle l'homme?

Sujet : la culture fait-elle l'homme?
 

 

Vous pouvez aussi consulter

la culture sert-elle à changer le monde ?

Y a t'-il en nous quelque chose qui échappe à la culture? 

Suis-je défini par ma culture?

la culture fait-elle l'homme?




Compréhension du sujet


- Combien de sens, le concept de culture a t'-il?

quatre sens de "culture" : générale, agricole, ethnique, nature

- Comment comprendre "fait-elle"?
Trois sens pour "fait elle" : fabriquer, changer, transformer

- En quel sens comprendre l'homme? Quels en sont les sens possibles ?
Deux pour homme : humain/homo sapiens et biologie .


Introduction

- La culture ne fait pas l'homme. Est-ce évident? Pourquoi?

- L'homme fait la culture. Est-ce évident? Pourquoi?

Il semble évident que ce n'est pas la culture qui fait l'homme , mais l'homme qui fait la culture .
En effet l'homme précède ses productions culturelles : les oeuvres d'art , les objets techniques, les lois , les cérémonies religieuses ...

L'homme et la culture sont-ils apparus en même temps? Expliquez
Pourtant il n'est pas certain que l'homme ait jamais existé avant la culture .
L'homme et la culture sont apparus en même temps ,comme si l'humanité ne pouvait naitre que culturellement , c'est à dire en integrant son animalité dans un jeu de significations culturelles .
Doit on dire alors que la culture fait l'homme ?


I)Ce n'est pas la culture qui fait l'homme

- Peut-on avancer l'argument de Dieu ou de la Nature pour montrer que ce n'est pas la culture qui fait l'homme? Pourquoi?

Ce n'est pas la culture qui fait l'homme ,mais Dieu ou la nature .
Dans le livre de la génèse Dieu crée l'homme à son image à partir d'un peu de terre .La culture vient après dans le jardin d'Eden il n'y a ni vêtements ni outils ,ni art ,ni école,ni rien de culturel

Ce n'est donc pas la culture qui est à l'origine de l'homme mais une intervention divine et l'expulsion du paradis. La culture vient après.

Pourtant cette explication a quelque chose de mythique et ne correspond pas à la réalité des faits. On peut considérer que l'homme est le fruit d'une évolution naturelle. Darwin écrit en 1859 "l'origine des espèces". La reproduction donnerait lieu selon lui à des mutations génétiques. L'environnement provoquerait ensuite une sélection naturelle des individus les plus adaptés. On explique ainsi l'évolution des espèces. Par exemple, certains moustiques subissent des mutations par hasard qui les rendent insensibles à certains insecticides, les autres ayant été éliminés.


II - La culture fait l'homme

- En quel sens peut-on dire que la culture fait l'homme?

Dans le sens où la culture le fait accéder à l'humanité.

- Que nous apprend l'exemple des enfants sauvages?

l'exemple des enfants sauvages nous rappelle que l'homme laissé à lui-même est un animal, comme le jeune Victor trouvé dans l'Aveyron à la fin du 18ème siècle. L'enfant sauvage poussait des cris, des grognements et marchait à quatre pattes. Sans la culture, l'homme n'est pas exactement sans être complètement un animal puisqu'il peut toujours comme Victor apprendre à lire ou à écrire ce que même les chimpanzés les plus doués ne peuvent pas faire.

- Le fait que l'homme ne soit jamais "fait", "achevé" justifie t'-il que la culture fasse l'homme?

La culture fait l'homme parce que l'homme, justement n'est jamais fait ,jamais achevé, il est toujours à faire, à façonner, à modeler, à inventer .C'est le propre de notre espèce d'être à ce point malléable ou comme le disait Rousseau, perfectible :capable de se transformer eux mêmes et d'être transformés. Pour Rousseau l'enfant est l'être le plus faible au monde : sans force sans inteligence ,sans biens .Sans culture il mourrait .On peut donc dire que la culture fait l'homme c'est à dire qu'elle le rend viable.

- La culture permet-elle à l'homme de se réaliser? de la faire accéder à son humanité?

L'homme est un être inderterminé.La culture et l'éducation doivent l'aider à devenir lui même. La formation des jeunes animaux sauvages est rapidement faite .Mais l'homme doit apprendre tout au long de sa vie .On dresse des animaux mais on éduque les hommes qui ont besoin d'un long effort .Transmis de génèrations en génèrations pour ne pas tomber dans la pire violence la barbarie et l'inhumanité.

La culture permet à l'homme de se réaliser,on peut dire en ce sens que la culture fait l'homme.

Commentaires philosophiques sur la Crise de la culture, Arendt

Support 1 : philosophie C. étrangers groupe 1, 2019

"Manifestement, la liberté ne caractérise pas....l'autre comme deux côtés d'une même chose"

Explication de texte :
 Arendt, La Crise de la culture (1961). 

Objet du texte : La liberté est-elle consubstantielle à l'idée de communauté humaine ?

Lire les sujets version PDF 

Es philosophie 2019 centres etrangers sujet officielEs philosophie 2019 centres etrangers sujet officiel (369.34 Ko)

Analyse

Support 2 : Bac philo technologique Pondichéry 2018

ARENDT, La crise de la culture (1961)

Il semble qu'on puisse affirmer que l'homme ne saurait rien de la liberté intérieure s'il n'avait d'abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible1 dans le monde. Nous prenons conscience d'abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce 2 avec d'autres, non dans le commerce avec nous-mêmes. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la liberté a été comprise comme le statut de l'homme libre, qui lui permettait de se déplacer, de sortir de son foyer, d'aller dans le monde et de rencontrer d'autres gens en actes et en paroles. Il est clair que cette liberté était précédée par la libération : pour être libre, l'homme doit s'être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d'homme libre ne découlait pas automatiquement de l'acte de libération. Être libre exigeait, outre la simple libération, la compagnie d'autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer — un monde politiquement organisé, en d'autres termes, où chacun des hommes libres pût s'insérer par la parole et par l'action.

ARENDT, La crise de la culture (1961)

1 concrète

2 relation

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction.

Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégager l’idée principale du texte et les étapes du raisonnement.

2. Expliquer :

a) « nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce aux autres, non dans le commerce à nous-mêmes. » ;

b) « pour être libre, l’homme doit s’être libéré des nécessités de la vie »

c) « Être libre […] demandait un espace public où les rencontrer ».

3. La liberté suppose-t-elle des échanges avec autrui ?

1) L’idée principale du texte est que l’homme peut connaître la liberté intérieure en connaissant, grâce à la compagnie des autres, la liberté extérieure (c’est-à-dire la liberté politique). Arendt commence par évoquer cette thèse (du début à « en actes et en paroles »). Elle propose ensuite une nuance, une reformulation (de « il était clair » à la fin) : être libre ce n’est pas seulement se libérer, mais vivrepratiquer sa liberté au contact des autres. La liberté est donc avant tout politique dans son expression.

2)

a) Arendt veut dire ici que la liberté ne s’expérimente pas par la seule réflexion ; je ne peux pas me contenter de réfléchir seul sur la liberté pour la connaître et la comprendre, il faut que je me lève et que je sorte pour aller la vivre aux côtés des autres, et que je forge peu à peu ma conception de la liberté grâce à eux et aux expériences partagées.

b) Cela signifie que pour être libre, l’homme ne peut pas être retenu, aliéné par quelque chose d’autre : je ne peux pas être libre si je suis contraint par la vie à faire quelque chose que je ne veux (et ne peux moralement) pas faire, par exemple : rester chez moi enfermé.

c) Autrement dit : les conditions de la liberté doivent se traduire dans l’espace public de sociabilité. Je ne peux être libre si la société ne m’offre pas d’espace de partage, de rencontre, un endroit où ma parole politique sera entendue et partagée, où je pourrais échanger avec les autres.

3) oui : je ne peux pas vivre ma liberté dans la solitude, ni même la comprendre.

 

Citations 

Nature/Culture

 

Arendt

“La société de masse ne veut pas la culture mais les loisirs”

LEVI-STRAUSS Claude (XX°)

« Le barbare, c’est l’homme qui croit à la barbarie », Race et Histoire

« Elle (la prohibition de l’inceste) constitue une règle, mais une règle qui, seule entre toutes les règles sociales, possède en même temps un caractère d'universalité ».

 « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l’étage de la culture. Symétriquement, il est aisé de reconnaitre dans l’universel le critérium de la nature. " Les Structures élémentaires de la parenté (1948)

MONTAIGNE Michel de (XVI°)

« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. Comme de vrai, il semble que nous n’avons d’autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. »

Montaigne, Les Essais, (1580-1595), livre Ier, chapitre XXXI

MORIN Edgard (XX°)

“L’homme est un être culturel par nature parce qu’il est un être naturel par la culture”

ROUSSEAU Jean-Jacques (XVIII°)

« Je ne vois dans tout animal qu’une machine ingénieuse (…) J’aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, alors que l’homme concourt aux siennes en qualité d’agent libre. »

"…cette différence de l'homme et de l'animal, (…) c'est la faculté de se perfectionner » « c'est elle, qui (…) le rend à la longue le tyran de lui-même, et de la nature. Discours sur les fondements de l’inégalité " Discours sur les fondements de l’inégalité

Pascal, les Pensées

“L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant." 

S. de Beauvoir, Le Deuxième sexe

« On ne nait pas femme, on le devient ».

 

Vocabulaire 

Nature/Culture 


Acquis : Ce que l’on acquiert par la culture 

Culture : Toute forme de transformation opérée par l’homme sur la nature

Ethnocentrisme : Tendance à privilégier le groupe ethnique auquel on appartient et à en faire le seul modèle de référence.

L’ethnocentrisme est un concept ethnologique ou anthropologique qui a été introduit par W. G. Sumner. Il signifie « voir le monde et sa diversité à travers le prisme privilégié et plus ou moins exclusif des idées, des intérêts et des archétypes de notre communauté d'origine, sans regards critiques sur celle-ci »

Essence : ce qui constitue la nature d’un être, son identité, sa permanence (par rapport à ce qui est accidentel). 

Existence ; Le fait d’être

Inné : Que l'on a en naissant, dès la naissance (opposé à acquis). Un caractère biologique est dit inné lorsqu'il est déterminé dès la naissance de l'individu. 

Nature : Tout ce qui existe sans l'homme et en dehors de l'action des hommes

Race/ Racisme : théorie ou doctrine selon laquelle il existerait une hiérarchie entre les "races", qui se traduit par la volonté de préserver la race supérieure de tout croisement, et qui justifie par la supériorité de la race son droit à dominer les autres groupes ou "races "tenus pour inférieurs. La notion de race n'est qu'un pseudo concept qui n'a aucun fondement scientifiques

Le relativisme culturel est la thèse selon laquelle le sens et la valeur des croyances et des comportements humains n'ont pas de références absolues qui seraient transcendantes et devraient être comprises et analysées que du point de vue de leur culture. Doctrine qui insiste sur la différence de culture et de valeur des sociétés

 Lévi-Strauss présente le double mouvement de nos sociétés modernes : à la fois une tendance à l'uniformisation culturelle et en même temps un besoin de se différencier en se revendiquant d’un groupe, d’une appartenance…

Rien ne marque plus l’inculture d’un homme que d’en qualifier un autre de « barbare »

« Le barbare, c’est l’homme qui croit à la barbarie » Lévi-Strauss

« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage . Montaigne, Les Essais

 

Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

Ajouter un commentaire