René Descartes, biographie, citations, oeuvres principales, courant, système philosophique : Fiche auteur bac terminale 2024

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Descartes

Descartes

La connaissance. La raison,la vérité = Le rationalisme- Croyance et opinion- L'empirisme-Dossier le réel et le virtuel 

La connaissance. La raison,la vérité=Le rationalisme- Croyance et opinion- L'empirisme-Dossier le réel et le virtuel -Le rationalisme cartésien « Je pense donc je suis »-Y a-t-il un sens à débattre de la vérité?Faut-il démontrer pour savoir ?Faut-il toujours dire la vérité?Bac de philosophie 2023

Kant

La raison comme moyen privilégié d'ordonner le Réel, programme bac de philosophie 2023, la connaissance 

La raison comme moyen privilégié d'ordonner le Réel, programme bac de philosophie 2023, la connaissance-La raison pour ordonner le monde réel - La relation Raison et Réel -Formes historiques de la relation-La méthode mathématique = la démonstration-Méthode herméneutique = l'interprétation

Biographie de René Descartes - 1596 / 1650

René Descartes, né le  à La Haye-en-Touraine (aujourd'hui Descartes) et mort le  à Stockholm, est un mathématicien, physicien et philosophe français.

Il est considéré comme l’un des fondateurs de la philosophie moderne. Il reste célèbre pour avoir exprimé dans son Discours de la méthode le cogito - Le cogito marque la naissance de la subjectivité moderne

 En physique, il a apporté une contribution à l’optique et est considéré comme l'un des fondateurs du mécanisme. En mathématiques, il est à l’origine de la géométrie analytique - Descartes s'est intéressé à tous les champs du savoir.

Le projet de Descartes n'est rien de moins que d'unifier toutes les sciences (ou connaissances) et de les fonder toutes sur une science universelle, la métaphysique. Pour y parvenir il entreprend dans un premier temps de douter de toutes les opinions ou pseudo-connaissances reçues et formule une méthode qui doit permettre de "bien conduire sa raison".

  • La conception de l'univers de Descartes est mécaniste, y compris en ce qui concerne les êtres vivants : tout est descriptible en termes physiques 

  • Il conçoit néanmoins l'homme comme l'union d'une âme et d'un corps. Il échappe donc, par l'esprit, aux strictes lois qui régissent la matière, et connaît ainsi le libre-arbitre
Œuvres principales
Discours de la méthode, 1637
Méditations métaphysiques, 1641
Les passions de l'âme, 1649

 

 

Citations les plus représentatives du système philosophique de Descartes

  • Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont.
  • Première phrase du Discours.
  • Discours de la méthode (1637), René Descartes

 

  • Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent.
  • Discours de la méthode, René Descartes

 

  • Au lieu d'un grand nombre de préceptes dont la logique est composée, je crus que j'aurais assez des quatre suivants :
  • Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle [...] ;
  • Le second était de diviser chacune des difficultés que j'examinais en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour mieux les résoudre [...] ;
  • Le troisième était de construire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaitre [...] ;
  • Le dernier était de faire des dénombrements si entiers, et des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre.
  • Discours de la méthode (1637), René Descartes

 

  • Et remarquant que cette vérité : je pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir, sans scrupule, pour le premier principe de la philosophie, que je cherchais.
  • Discours de la méthode (1637), René Descartes

 

  • Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde : et généralement de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées.
  • Discours de la méthode, René Descartes

 

  • C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher.
  • Les Principes de la philosophie, René Descartes

 

Notions liées : La vérité - La raison et le réel - La conscience, le sujet existant, pensant - 

 

  • « Je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose »
  • Descartes,  Principes de la philosophie
  • Cette phrase exprime le point de vue mécaniste de Descartes sur le corps. Pour connaître les êtres vivants nous pouvons les considérer comme des machines, et par conséquent, nous pouvons considérer que les lois de la physique ne s'appliquent pas uniquement aux réalités inertes : On parle alors aussi d'approche physicaliste.


Notions liées : La raison et le réel - Le vivant - La matière et l'esprit

Textes de référence sur le thème de la vérité en philosophie



critique kantienne de la définition classique de la vérité.

« Une perfection majeure de la connaissance et même la condition essentielle et inséparable de toute sa perfection, c’est la vérité. La vérité, dit-on, consiste dans l’accord de la connaissance avec l’objet. Selon cette simple définition de mot, ma connaissance doit donc s’accorder avec l’objet pour avoir valeur de vérité. Or le seul moyen que j’ai de comparer l’objet avec ma connaissance, c’est que je le connaisse[1]. Ainsi ma connaissance doit se confirmer elle-même ; mais c’est bien loin de suffire à la vérité. Car puisque l’objet est hors de moi et que la connaissance est en moi, tout ce que je puis apprécier c’est si ma connaissance de l’objet s’accorde avec ma connaissance de l’objet. Les anciens appelaient diallèle un tel cercle dans la définition. Et effectivement c’est cette faute que les sceptiques n’ont cessé de reprocher aux logiciens ; ils remarquaient qu’il en est effet de cette définition de la vérité comme d’un homme qui ferait une déposition au tribunal et invoquerait comme témoin quelqu’un que personne ne connaît, mais qui voudrait être cru en affirmant que celui qui l’invoque comme témoin est un honnête homme. Reproche absolument fondé, mais la solution du problème en question est totalement impossible pour tout le monde. » Kant – Logique.

foi, opinion savoir ; objectivité et subjectivité ; conviction et persuasion.

« Tenir quelque chose pour vrai [la croyance] est un fait de notre entendement qui peut reposer sur des principes objectifs, mais qui suppose aussi des causes subjectives dans l’esprit de celui qui juge. Quand cet acte est valable pour chacun, pour quiconque du moins a de la raison, le principe en est objectivement suffisant, et c’est alors la conviction. Quand il a uniquement son principe dans la nature particulière du sujet, on le nomme persuasion.

La persuasion est une simple apparence, parce que le principe du jugement, qui réside simplement dans le sujet, est tenu pour objectif. Aussi un jugement de ce genre n’a-t-il qu’une valeur individuelle, et la croyance ne s’en communique-t-elle pas. Mais la vérité repose sur l’accord avec l’objet, et par conséquent, par rapport à cet objet, les jugements de tous les entendements doivent être d’accord. La pierre de touche servant à reconnaître si la croyance est une conviction ou une simple persuasion est donc extérieure : elle consiste dans la possibilité de la communiquer et de la trouver valable pour la raison de chaque homme ; car alors, il est au moins présumable que la cause qui produit l’accord de tous les jugements, malgré la diversité des sujets entre eux, reposera sur un principe commun, je veux dire sur l’objet, et que, tous s’accordant ainsi avec l’objet, la vérité sera prouvée par là même.

La persuasion ne peut donc pas se distinguer subjectivement de la conviction, si le sujet ne se représente la croyance que comme un phénomène de son propre esprit ; l’épreuve que l’on fait sur l’entendement d’autrui des principes qui sont valables pour nous, afin de voir s’ils produisent sur une raison étrangère le même effet que sur la nôtre, est un moyen qui, bien que purement subjectif, sert, non pas sans doute à produire la conviction, mais à découvrir la valeur toute personnelle du jugement, c'est-à-dire à découvrir en lui ce qui n’est que simple persuasion.

Si nous pouvons en outre expliquer les causes subjectives du jugement, que nous prenons pour des raisons objectives, et par conséquent expliquer notre fausse croyance comme un phénomène de notre esprit, sans avoir besoin pour cela de la nature de l’objet, nous découvrons alors l’apparence, et nous ne serons plus trompés par elle, bien qu’elle puisse toujours nous tenter jusqu’à un certain point, si la cause subjective de cette apparence tient à notre nature.

Je ne saurais affirmer, c'est-à-dire exprimer comme un jugement nécessairement valable pour chacun, que ce qui produit la conviction. Je puis garder pour moi ma persuasion, quand je m’en trouve bien, mais je ne puis ni ne dois vouloir la faire valoir hors de moi.

La croyance, ou la valeur subjective du jugement par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l’opinion, la foi et le savoir. L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante subjectivement aussi bien qu’objectivement . Quand la croyance n’est suffisante que subjectivement, et qu’en même temps elle est tenue pour objectivement insuffisante, elle s’appelle foi. Enfin celle qui est suffisante subjectivement aussi qu’objectivement s’appelle savoir. La suffisance subjective s’appelle conviction (pour moi-même), la suffisance objective, certitude (pour chacun). » Kant – Critique de la Raison Pure – Méthodologie Transcendantale, Canon de la raison pure.

la raison et le cœur, démonstration et intuition : quel mode d’accès à la vérité ?

« Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur. C’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c’est en vain que le raisonnement, qui n’y a point de part, essaie de les combattre. Les pyrrhoniens[2], qui n’ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point. Quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non pas l’incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car les connaissances des premiers principes : espace, temps, mouvement, nombres, sont aussi fermes qu’aucune de celles que nos raisonnements nous donnent et c’est sur ces connaissances du cœur et de l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie et qu’elle y fonde tout son discours. Le cœur sent qu’il y a trois dimensions dans l’espace et que les nombres sont infinis et la raison démontre ensuite qu’il n’y a point deux nombres carrés dont l’un soit le double de l’autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent et le tout avec certitude quoique par différentes voies – et il est aussi inutile et aussi ridicule que la raison demande au cœur des preuves de ses premiers principes pour vouloir y consentir, qu’il serait ridicule que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu’elle démontre pour vouloir les recevoir.

Cette impuissance ne doit donc servir qu’à humilier la raison – qui voudrait juger de tout – mais non pas à combattre notre certitude. Comme s’il n’y avait que la raison capable de nous instruire, plût à Dieu que nous n’en eussions au contraire jamais besoin et que nous connussions toutes choses par instinct et par sentiment, mais la nature nous a refusé ce bien ; elle ne nous a au contraire donné que très peu de connaissance de cette sorte ; toutes les autres ne peuvent être acquises que par raisonnement.

Et c’est pourquoi ceux à qui Dieu a donné la religion par sentiment de cœur sont bienheureux et bien légitimement persuadés, mais ceux qui ne l’ont pas nous ne pouvons la donner que par raisonnement, en attendant que Dieu la leur donne par sentiment de cœur, sans quoi la foi n’est qu’humaine et inutile par le salut. » Pascal – Pensées.

connaître par soi-même et connaître par l'intermédiaire d'autrui.

"Lorsque, dans les matières qui se fondent sur l’expérience et le témoignage, nous bâtissons notre connaissance sur l’autorité d’autrui, nous ne nous rendons ainsi coupables d’aucun préjugé ; car, dans ce genre de choses, puisque nous ne pouvons faire nous-mêmes l’expérience de tout ni le comprendre par notre propre intelligence, il faut bien que l’autorité de la personne soit le fondement de nos jugements. — Mais lorsque nous faisons de l’autorité d’autrui le fondement de notre assentiment à l’égard de connaissances rationnelles, alors nous admettons ces connaissances comme simple préjugé. Car c’est de façon anonyme que valent les vérités rationnelles ; il ne s’agit pas alors de demander : qui a dit cela ? mais bien qu’a-t-il dit ? Peu importe si une connaissance a une noble origine ; le penchant à suivre l’autorité des grands hommes n’en est pas moins très répandu tant à cause de la faiblesse des lumières personnelles que par désir d’imiter ce qui nous est présenté comme grand. "Kant – La logique



Texte de Platon

Vérité et opinion publique.



« Socrate – Maintenant, pour avoir une idée de la nature de l’homme par rapport à l’éducation et au manque d’éducation, figure-toi la situation que je vais te décrire. Imagine un antre souterrain, très ouvert dans toute sa profondeur du côté de la lumière du jour ; et dans cet antre, des hommes retenus, depuis leur enfance, par des chaînes qui leur assujettissent tellement les jambes et le cou qu’ils ne peuvent ni changer de place ni tourner la tête et ne voient que ce qu’ils ont en face. La lumière leur vient d’un feu allumé à une certaine distance en haut derrière eux. entre ce feu et les captifs s’élève un chemin, le long duquel imagine un petit mur semblable à ces cloisons que les charlatans mettent entre eux et les spectateurs, et au-dessus desquelles apparaissent les merveilles qu’ils montrent.

Glaucon – Je vois cela.

Socrate – Figure-toi encore qu’il passe, le long de ce mur, des hommes portant des objets de toute sorte qui paraissent ainsi au-dessus du mur, des figures d’hommes et d’animaux en bois ou en pierre, et de mille formes différentes ; et naturellement, parmi ceux qui passent, les uns se parlent entre eux, d’autres ne disent rien.

Glaucon – Voilà un étranger tableau et d’étranges prisonniers.

Socrate – Voilà pourtant ce que nous sommes. Et d’abord, crois-tu que dans cette situation ils verront autre chose d’eux-mêmes et de ceux qui sont à leurs côtés que les ombres qui vont se retracer, à le lueur du feu, sur le côté de la caverne exposé à leurs regards ?

Glaucon – Non, puisqu’ils sont forcés de rester toute leur vie la tête immobile.

Socrate – Et les objets qui passent derrière eux, de même aussi n’en verront-ils pas seulement l’ombre ?

Glaucon – Sans contredit.

Socrate – Or, s’ils pouvaient converser ensemble, ne crois-tu pas qu’ils s’aviseraient de désigner comme les choses mêmes les ombres qu’ils voient passer ?

Glaucon – Nécessairement.

Socrate – Et si la prison avait un écho, toutes les fois qu’un des passants viendrait à parler, ne s’imagineraient-ils pas entendre parler l’ombre même qui passe sous leurs yeux ?

G. – Oui.

S. – Enfin, ces captifs n’attribueront absolument de réalité qu’aux ombres.

G. – C’est inévitable.

Socrate. – Supposons maintenant qu’on les délivre de leurs chaînes et qu’on les guérisse de leur erreur : vois ce qui résulterait naturellement de la situation nouvelle où nous allons les placer. Qu’on détache un de ces captifs, qu’on le force sur-le-champ de se lever, de tourner la tête, de marcher et de regarder du côté de la lumière : il ne pourra faire tout cela sans souffrir, et l’éblouissement l’empêchera de discerner les objets dont il voyait auparavant les ombres. Je te demande ce qu’il pourra dire, si quelqu’un vient lui déclarer que jusqu’alors il n’a vu que des fantômes ; qu’à présent plus près de la réalité, et tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste ; si enfin, lui montrant chaque objet à mesure qu’il passe, on l’oblige, à force de questions, à dire ce que c’est ; ne penses-tu pas qu’il sera fort embarrassé, et que ce qu’il voyait auparavant lui paraîtra plus vrai que ce qu’on lui montre ?

G. – Sans doute.

S. – Et si on le contraint de regarder le feu, sa vue n’en sera-t-elle pas blessée ? N’en détournera-t-il pas les regards pour les porter sur ces ombres qu’il considère sans effort ? Ne jugera-t-il pas que ces ombres sont réellement plus visibles que les objets qu’on lui montre ?

G. – Assurément.

S. – Si maintenant on l’arrache de sa caverne malgré lui, et qu’on le traîne, par le sentier rude et escarpé, jusqu’à la clarté du soleil, cette violence n’excitera-t-elle pas ses plaintes et sa colère ? Et lorsqu’il sera parvenu au grand jour, accablé de sa splendeur, pourra-t-il distinguer aucun des objets que nous appelons êtres réels ?

G. – Il ne le pourra pas d’abord.

S. – Ce n’est que peu à peu que ses yeux pourront s’accoutumer à cette région supérieure. Ce qu’il discernera plus facilement, ce sera d’abord les ombres, puis les images des hommes et des autres objets qui se peignent sur la surface des eaux, ensuite les objets eux-mêmes. De là il portera ses regards vers le ciel, dont il soutiendra plus facilement la vue, quand il contemplera pendant la nuit la lune et les étoiles, qu’il ne pourrait le faire pendant que le soleil éclaire l’horizon.

G. – Je le crois.

S. – A la fin, il pourra, je pense, non seulement voir le soleil dans les eaux et partout où son image se réfléchit, mais le contempler en lui-même à sa véritable place.

G. – Certainement.

S. Après cela, se mettant à raisonner, il en viendra à conclure que c’est le soleil qui fait les saisons et les années, qui gouverne tout dans le monde visible, et qui est en quelque sorte le principe de tout ce que nos gens voyaient là-bas dans la caverne.

G. – Il est évident que c’est par tous ces degrés qu’il arrivera à cette conclusion.

S. – Se rappelant alors sa première demeure et ce qu’on y appelait sagesse et ses compagnons de captivité, ne se trouvera-t-il pas heureux de son changement et ne plaindra-t-il pas les autres ?

G. – Tout à fait.

S. – Et s’il y avait là-bas des honneurs, des éloges, des récompenses publiques établies entre eux pour celui qui observe le mieux les ombres à leur passage, qui se rappelle le mieux en quel ordre elles ont coutume de précéder, de suivre ou de paraître ensemble, et qui par là est le plus habile à deviner leur apparition ; penses-tu que l’homme dont nous parlons fût encore bien jaloux de ces distinctions, et qu’il portât envie à ceux qui sont les plus honorés et les plus puissants dans ce souterrain ? Ou bien ne sera-t-il pas comme le héros d’Homère et ne préfèrera-t-il pas mille fois n’être qu’un valet de charrue, au service d’un pauvre laboureur, et souffrir tout au monde plutôt que de revenir à sa première illusion et de vivre comme il vivait ?

G. – Je ne doute pas qu’il ne soit disposé à tout souffrir plutôt que de vivre de la sorte.

S. – Imagine encore que cet homme redescende dans la caverne et qu’il aille s’asseoir à son ancienne place ; dans ce passage subit du grand jour à l’obscurité, ses yeux ne seront-ils pas comme aveuglés ?

G. – Oui, vraiment.

S. – Et si tandis que sa vue est encore confuse et avant que ses yeux ne soient remis et accoutumés à l’obscurité, ce qui demande un temps assez long, il lui faut donner son avis sur ces ombres et entrer en dispute à ce sujet avec ses compagnons qui n’ont pas quitté leurs chaînes, n’apprêtera-t-il pas à rire à ses dépens ? Ne diront-ils pas que pour être monté là-haut, il a perdu la vue ; que ce n’est pas la peine d’essayer de sortir du lieu où ils sont, et que si quelqu’un s’avise de vouloir les en tirer et les conduire en haut, il faut le saisir et le tuer, s’il est possible.

G. – Cela est fort probable.

S. – Voilà précisément, cher Glaucon, l’image de notre condition. L’antre souterrain, c’est ce monde visible : le feu qui l’éclaire, c’est la lumière du soleil ; ce captif qui monte à la région supérieure et la contemple, c’est l’âme qui s’élève dans l’espace intelligible. Voilà du moins quelle est ma pensée, puisque tu veux la savoir : Dieu sait si elle est vraie. Quant à moi, la chose me paraît telle que vais dire. Dans le connaissable, l’élément ultime, c’est l’idée du bien qu’on aperçoit avec peine, mais qu’on ne peut apercevoir sans conclure qu’elle est la cause de tout ce qu’il y a de beau et de bon ; que dans le monde visible, elle produit la lumière et l’astre de qui elle vient directement ; que dans le monde invisible, c’est elle qui produit directement la vérité et l’intelligence ; qu’il faut enfin avoir les yeux sur cette idée pour se conduire avec sagesse dans la vie privée ou publique. »

 

LEXIQUE : LA RAISON


Citations:


Brunschvicg : « l’intelligence humaine peut tout comprendre ».

Hegel : « Tout ce qui est réel est rationnel et tout ce qui est rationnel est réel ».

Aristote : « L’homme est un animal raisonnable ».

Spinoza : « le propre de la raison est de considérer les choses non comme contingentes mais comme nécessaires ».

Descartes : « ce qui est conçu clairement et distinctement ne peut être faux ».

Descartes : « Je doute, mais tandis que je doute je ne peux doute que je pense et donc je suis car pour penser il faut être ». « Cogito ergo sum ». « Que suis-je moi qui suis ? Je suis une substance pensante ».

Pascal : « Deux excès, exclure la raison et n’admettre que la raison ». « Le cœur a des raisons que la raison ignore ». « la dernière démarche de la raison est de reconnaitre qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent ».

Spinoza : « La vérité est à elle-même son propre signe ».

Les scolastiques : « La vérité est la conformité de notre pensée aux choses ».

Protagoras : « L’homme est mesure de toutes choses ».

Voir l'étude du relativisme 

Définitions :

Raison : Faculté de connaître et de juger. Tous les philosophes voient dans la raison le propre de l’homme.
Raisonnable : Doué de raison, conforme au bon sens.
Rationnel : fondé sur la raison.
Rationalisme : Doctrine qui pose que la connaissance relève de la raison.
Empirisme : Doctrine qui affirme que la connaissance relève des faits, de l’observation.
Epistémologie : Etude des sciences.
Métaphysique : Théorie générale et abstraite.
Irrationnel : Ce dont la raison ne peut rendre compte à un certain moment
Raison : entendement.
Objectivité : Universel et nécessaire.
Universel : qui vaut pour tous
Nécessaire : qui ne peut pas ne pas être différent du contingent.
Déduction : inférence
Ontologie : Etude de l’être
Pragmatisme : philosophie tournée vers l’utilitaire
Tautologie : Etude du même. Dire deux fois la même chose.

A consulter 

Le dogmatisme 

Le scepticisme

Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

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