Etude linéaire : Marivaux, l'île des esclaves, la scène 10-Bac 2023 parcours : maîtres et valets. Voie technologique

L'humanité que partagent les maîtres et valets. tirade de Cléanthis : la virulence d'un discours. leçon à tirer : un nouveau contrat social

Lile des esclaves

Bandeau

 

- L’île, espace théâtral

- Île et utopie

- La Grèce dans L ’Île des Esclaves

- La Commedia dell’arte dans L'Île des esclaves et La Colonie

- Marivaux Philosophe ?

La publication de ces pages est le fruit du travail collectif de professeurs de Lettres de l'académie de Rouen (Mme Martine Lombaerde, MM. Pascal Bernhart, Bernard Chambré, Hervé Chesnais, Thierry Morand et Dominique Morineau sous la direction de M. François Didier, IA-IPR de Lettres)

Comprendre le parcours bac

  • Quiz n° 1 :
  • La vie et l'oeuvre de Marivaux
  • 22 questions / réponses
  • Faire le quiz 
  • Questionnaire  :
  • Questionnaire sur le siècle des lumières
  • 22 questions / réponses 
  • Faire le quiz
  • Quiz n° 2 :
  • Quiz sur le parcours bac "Maîtres et valets"
  • 20 questions / réponses 
  • Faire le quiz

Pour revoir vos études linéaires, entraînez-vous 

  • Quiz n°3
  • Quiz sur la scène d'exposition
  • 21 questions / Correction 
  • Faire le quiz 
  • Quiz n°4
  • Quiz sur la scène 3
  • 15 questions / Correction 
  • Faire le quiz 
  • Quiz n° 5
  • Quiz sur la scène 5
  • 17 questions / Correction 
  • Entraînez-vous
  • Quiz n° 6
  • Quiz sur la scène 9
  • 17 questions / Correction 
  • Entraînez-vous

Exercices bac français Marivaux L'Île des esclaves parcours maîtres et valets -Evaluez votre niveau, testez vous, progressez avec les quiz

Exercices 2 4

Exercices bac français Marivaux L'Île des esclaves parcours maîtres et valets. Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

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Etude linéaire scène 10 -L'humanité que partagent les maîtres et valets. tirade de Cléanthis : la virulence d'un discours. leçon à tirer : un nouveau contrat social

Scène X de L'Ile des Esclaves de Marivaux

Cléanthis, Euphrosine, Iphicrate, Arlequin.

 

 

 

Vous pouvez aussi consulter 

Marivaux, cet inconnu  (France Culture) 

Marivaux, un philosophe et l'amour : la quête du bonheur et de la liberté (Canal académie) 

Les essentiels, Marivaux, Gallica

 Un livre audio pour accompagner la lecture

Exemple de mise en oeuvre, une île renversante, Eduscol

La relation maître/valet    -  Analyse de l'Île des esclaves 

 

 


CLEANTHISen entrant avec Euphrosine qui pleure. Laissez-moi, je n'ai que faire de vous entendre gémir. (Et plus près d'Arlequin.) Qu'est-ce que cela signifie, seigneur Iphicrate ? Pourquoi avez-vous repris votre habit ?
ARLEQUINtendrement : C'est qu'il est trop petit pour mon cher ami, et que le sien est trop grand pour moi.
Il embrasse les genoux de son maître.
CLEANTHIS : Expliquez-moi donc ce que je vois ; il semble que vous lui demandiez pardon ?
ARLEQUIN : C'est pour me châtier de mes insolences.
CLEANTHIS : Mais enfin notre projet ?
ARLEQUIN : Mais enfin, je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? je me repens de mes sottises, lui des siennes ; repentez-vous des vôtres, Madame Euphrosine se repentira aussi ; et vive l'honneur après ! cela fera quatre beaux repentirs, qui nous feront pleurer tant que nous voudrons.
EUPHROSINE : Ah ! ma chère Cléanthis, quel exemple pour vous !
IPHICRATE : Dites plutôt : quel exemple pour nous ! Madame, vous m'en voyez pénétré.
CLEANTHIS : Ah ! vraiment, nous y voilà avec vos beaux exemples. Voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, et qui nous regardent comme des vers de terre ; et puis, qui sont trop heureux dans l'occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. Fi ! que cela est vilain, de n'avoir eu pour mérite que de l'or, de l'argent et des dignités ! C'était bien la peine de faire tant les glorieux ! Où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions point d'autre mérite que cela pour vous ? Voyons, ne seriez-vous pas bien attrapés ? Il s'agit de vous pardonner, et pour avoir cette bonté-là, que faut-il être, s'il vous plaît ? Riche ? non ; noble ? non ; grand seigneur? point du tout. Vous étiez tout cela ; en valiez-vous mieux ? Et que faut-il donc ? Ah ! nous y voici. Il faut avoir lecœur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il nous faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ? Voilà avec quoi l'on donne les beaux exemples que vous demandez et qui vouspassent. Et à qui les demandez-vous ? A de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont. Estimez-vous à cette heure, faites les superbes, vous aurez bonne grâce ! Allez ! vous devriez rougir de honte.
ARLEQUIN : Allons, m'amie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du bien sans dire d'injures. Ils sont contrits d'avoir été méchants, cela fait qu'ils nous valent bien ; car quand on se repent, on est bon ; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous. Approchez, Madame Euphrosine ; elle vous pardonne ; voici qu'elle pleure ; la rancune s'en va, et votre affaire est faite.
CLEANTHIS : Il est vrai que je pleure : ce n'est pas le bon cœur qui me manque.
EUPHROSINEtristement : Ma chère Cléanthis, j'ai abusé de l'autorité que j'avais sur toi, je l'avoue.
CLEANTHIS : Hélas ! comment en aviez-vous le courage ? Mais voilà qui est fait, je veux bien oublier tout ; faites comme vous voudrez. Si vous m'avez fait souffrir, tant pis pour vous ; je ne veux pas avoir à me reprocher la même chose, je vous rends la liberté ; et s'il y avait un vaisseau, je partirais tout à l'heure avec vous : voilà tout le mal que je vous veux ; si vous m'en faites encore, ce ne sera pas ma faute.
ARLEQUINpleurant : Ah ! la brave fille ! ah ! le charitable naturel !
IPHICRATE : Êtes-vous contente, Madame ?
EUPHROSINE, avec attendrissement : Viens que je t'embrasse, ma chère Cléanthis.
ARLEQUINà Cléanthis : Mettez-vous à genoux pour être encore meilleure qu'elle.
EUPHROSINE : La reconnaissance me laisse à peine la force de te répondre. Ne parle plus de ton esclavage, et ne songe plus désormais qu'à partager avec moi tous les biens que les dieux m'ont donnés, si nous retournons à Athènes.

Marivaux - L'île des esclaves

Date de dernière mise à jour : 26/11/2022

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