Etude linéaire, Marivaux, Les Fausses Confidences, Acte I, scène 2 - Une scène d’exposition qui distribue les rôles dans un projet qui se dessine.

Problématique : Nous nous interrogerons sur les obstacles que doit vaincre le stratagème de Dubois

Fausses confidences 4

  • Quiz n° 1 :
  • La vie et l'oeuvre de Marivaux
  • 22 questions / réponses
  • Faire le quiz 
  • Questionnaire  :
  • Questionnaire sur le siècle des lumières
  • 22 questions / réponses 
  • Faire le quiz
  • Quiz n° 2 :
  • Quiz sur le parcours bac "Théâtre et stratagème"
  • 30 questions / réponses 
  • Faire le quiz

Pour revoir vos études linéaires, entraînez-vous 

  • Quiz n°3
  • Quiz sur l'étude II,13
  • 18 questions / Correction 
  • Faire le quiz 
  • Quiz n°4
  • Quiz sur l'étude linéaire I,14
  • 22 questions / Correction 
  • Faire le quiz 
  • Quiz n° 5
  • Quiz sur l'étude III,12
  • 20 questions / Correction 
  • Entraînez-vous

Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vous, progressez avec les quiz

Exercices 2 4

Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vous, progressez avec les quiz, QCM, questionnaires

Lecture de la scène 2

Acte I, scène 2 (extrait)

DORANTE – Cette femme-ci a un rang dans le monde : elle est liée avec tout ce qu’il y a de mieux, veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances : et tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je l’épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ?

DUBOIS - Point de bien ! Votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame.
DORANTE - Quelle chimère !
DUBOIS - Oui, je le soutiens. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise.
DORANTE - Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois.
DUBOIS - Ah ! Vous en avez bien soixante, pour le moins.
DORANTE - Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ?
DUBOIS - Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne pourra se soutenir qu'en épousant ; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez ?
DORANTE - Je J'aime avec passion. et c'est ce qui fait que je tremble !
DUBOIS - Oh ! Vous m'impatientez avec vos terreurs : Oh que diantre ! un peu de confiance ; vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est  ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait quelques pas, et revient.) A propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'amour et moi, nous ferons le reste.

Marivaux - Les Fausses confidences - Acte I, scène 2

Cette scène montre une opposition des caractères et met en évidence l'éloquence du valet et la fragilité de l'ancien maître.

Introduction

Cette pièce est jouée pour la première fois en 1737 sans pour autant connaître un grand succès. Le thème essentiel de la pièce de Marivaux est le statagème et non l’amour.

C’est une scène d’exposition qui nous renseigne sur les personnages et l’intrigue. Nous y voyons l'entrée en scène d'un deuxième valet qui est l'antithèse du premier.

 Le spectateur découvre le personnage de Dorante et prend conscience de ce qui se met en place grâce aux échanges avec le valet Dubois. Dorante reste malgré tout dans ses doutes tandis que Dubois se sent à l’aise dans l’exercice du pouvoir de maîtriser les mouvements du cœur. Cette scène montre une opposition des caractères et met en évidence l'éloquence du valet et la fragilité de l'ancien maître.

Problématique :

Nous nous interrogerons sur les obstacles que doit vaincre le stratagème de Dubois

Plan

Mouvement 1 : Le premier obstacle, la fortune. Dorante : « Cette femme-ci… » jusqu’à la ligne 3

Mouvement 2 : La réponse de Dubois et l’attitude de Dorante : « Point de bien… le moins », lignes 4 à 11

Mouvement 3 : La raison est le deuxième obstacle : lignes 12 à16, « Et tu me dis, je tremble ».

Mouvement 4 : Réussite du stratagème : « Oh ! Vous m’impatientez le reste », lignes 17 à la fin.

Mouvement 1 : Le premier obstacle, la fortune

Fausses confidences 5Ce mouvement aborde le premier obstacle, la fortune. En effet à travers la formule « à un rang dans le monde » nous renvoie à la situation sociale et se confirme grâce aux développements de Dorante dans la même phrase avec la citation « veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances ». Le monde évoqué ici est celui des riches aristocrates, riches bourgeois, « son rang correspond à une place dans la société, donnée tout à la fois par une fortune constituée en domaine de revenus et d’autres rentes ».  En antithèse s’affirme dans une négation totale la situation de Dorante, « moi qui n’ai point de bien ». La situation financière et sociale  de celui-ci l’éloigne de son aimée et l’opposition est mise en avant par la négation et le ton pessimiste « tu crois qu’elle fera attention à moi que je l’épouserai ? »

Mouvement 2 : La réponse de Dubois et l’attitude de Dorante 

Dubois répond par l’intermédiaire d’une métaphore « votre bonne mine est un Pérou », ligne 4 pour évoquer la belle allure de Dorante. Nous pouvons souligner le jeu de mots entre « mine » pour dire le visage et « mine d’or, (polysémie du mot "mine" )  le valet joue sur la polysémie du mot "mine", peu importe l'argent, Dorante vaut par lui-même. Le ton se veut rassurant comme le suggère l’hyperbole « de plus grand seigneur que vous », l’exclamation « allons, Monsieur !». Il cherche à le valoriser par l’emploi du terme de « seigneur » qui le projette dans le domaine de la noblesse.

L’allure de Dorante « voilà une taille » est aussi mise en avant et valorisée faisant de celui-ci, le modèle du bel homme.

Le portrait physique très mélioratif se poursuit en un portrait moral, l’idée grecque selon laquelle un beau corps abrite une belle âme est reprise. Un bel homme serait par conséquent un homme de valeur ainsi que le suggère le superlatif « toutes les dignités » et les deux occurrences « d’infaillible ».

 Son discours est péremptoire : ton moqueur employé pour répondre aux objections de Dorante ("Elle a plus de cinquante mille livres de rente / vous en avez bien soixante"). Le ton est critique et moqueur, l’ironie : la disproportion mise en évidence semble avant tout le réjouir : cf. l'interjection.

L'image un peu insolente de Dorante "en déshabillé dans l'appartement de Madame"  montre avec humour que le projet aboutira.

Mouvement 3 : la faiblesse de l’amour, réponse de Dubois

Fausses confidences 5Selon Dorante le deuxième obstacle est la raison, il est mis en avant par l’usage du superlatif « extrêmement raisonnable ». La réponse ne se fait pas attendre, « Tant mieux pour vous, tant pis pour elle ». Dubois laisse entendre à Dorante que c’est un argument qui joue en sa faveur. L’amour combattra toujours les raisonnements « elle deviendra si faible », la raison a peu d’impact sur l’amour comme le suggère également la proposition subordonnée de conséquence « qu’en épousant «. Les allitérations en « V » « vous l’avez vue et vous l’aimez » renforcent encore l’impuissance de la raison contre la puissance de l’amour. Ce constat est reconnu par Dorante qui affirme » Avec passion que je tremble ».

Mouvement 4 : la réussite du stratagème

Les verbes au futur traduisent la confirmation de la réussite, « vous réussirez, on vous aimera ».  Parallélisme de structure qui définit les objectifs : "aimera/ épousera/ enrichira" = trois moments auxquels correspondent trois traits définissant la personne à conquérir : "fierté/ raison/ richesse".

La réussite transparaît également dans l’usage valorisé du « je », « je le veux », « je sais mes talents » ou encore « l’amour et moi ferons le reste ». Enfin, l’anaphore semble marquer la victoire de manière définitive, « on vous aimera toute raisonnable, on vous épousera, toute fière… on vous enrichira tout ruiné.. » -  "Nous sommes convenus de toutes nos actions/ toutes nos mesures sont prises"- Le chiasme souligne la validité et l’assurance de réussir dans ce stratagème.

Conclusion

C’est une scène importante, une scène d’exposition qui distribue les rôles dans un projet qui se dessine. Le valet tire les ficelles et met en avant ses nombreuses qualités morales, intellectuelles. Face à un maître fragile et malheureux. Elle donne à Dubois toute son importance.

Marivaux, les Fausses confidences

Marivaux, L'île des esclaves

EAF, séquence théâtre 2023

Date de dernière mise à jour : 13/01/2023

Ajouter un commentaire