Analyse littéraire, III, 12, scène de dénouement, les Fausses confidences Marivaux. EAF 2023

en quoi cette scène se révèle t'-elle être une scène d’aveu ? / Comment Araminte et Dorante vont-ils laisser exprimer la vérité du cœur ?

Fausses confidences

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Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vous, progressez avec les quiz

Exercices 2 4

Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Exercices bac français Marivaux Les Fausses confidences parcours théâtre et stratagème.Evaluez votre niveau, testez vous, progressez avec les quiz, QCM, questionnaires

Entraînez-vous. Dissertation sur une oeuvre au programme

« Toute pièce de Marivaux est une marche vers l’aveu »

En quoi cette déclaration de Jean Rousset dans Forme et signification peut-elle s’appliquer aux Fausses confidences?

Quelques questions pour préparer votre analyse littéraire

1-Donnez quelques éléments biographiques sur Marivaux.
Pierre Carlet de Chamblain. Famille de petite noblesse. Il fréquente deux salons et découvre la PRECIOSITE. Il écrit des romans parodiques, des poèmes, des chroniques journalistiques. Il va créer le marivaudage. Sa devise reprend la devise du théâtre : « castigat ridendo mores. » (la comédie châtie les mœurs en riant.) Comédie philosophique avec L’Ile des esclaves. Son nom a donné naissance au verbe « marivauder » (échanger des propos galants pour séduire).
2-Faites un résumé en 5 lignes maximum des Fausses confidences.
Cette pièce part de l’idée de provoquer l’amour par de fausses confidences. Dubois, le valet de Dorante –noble ruiné-, veut lui faire épouser Araminte. La seule chose de vrai, c’est l’amour que porte Dorante à Araminte. Les fausses confidences n’étaient que des stratagèmes pour arriver à cette conclusion et à la naissance du sentiment amoureux chez Araminte.
3-Qu’est-ce que le marivaudage ?
Marivaudage : style précieux pour exprimer des sentiments amoureux.
4-Expliquez un peu ce qu’est la préciosité ? En quoi consiste ce mouvement littéraire ?
La préciosité est né au XVIIème dans les salons littéraires tenus par des femmes. C’est un courant qui met la féminité, l’intelligence et l’invention de néologisme ou le choix de mots rares au centre de leur préoccupation.
 

Acte III, scène 12

DORANTE, ARAMINTE.

ARAMINTE
Approchez, Dorante.

DORANTE
Je n'ose presque paraître devant vous.

ARAMINTE, à part.
Ah ! je n'ai guère plus d'assurance que lui. (Haut.) Pourquoi vouloir me rendre compte de mes papiers ? Je m'en fie bien à vous ; ce n'est pas là-dessus que j'aurai à me plaindre.

DORANTE
Madame… j'ai autre chose à dire… Je suis si interdit, si tremblant que je ne saurais parler.

ARAMINTE, à part, avec émotion.
Ah ! que je crains la fin de tout ceci !

DORANTE, ému.
Un de vos fermiers est venu tantôt, Madame.

ARAMINTE, émue.
Un de mes fermiers !… Cela se peut bien.

DORANTE
Oui, Madame… Il est venu.

ARAMINTE, toujours émue.
Je n'en doute pas.

DORANTE, ému.
Et j'ai de l'argent à vous remettre.

ARAMINTE
Ah ! de l'argent !… Nous verrons.

DORANTE
Quand il vous plaira, Madame, de le recevoir.

ARAMINTE
Oui… Je le recevrai… vous me le donnerez. (À part.) Je ne sais ce que je lui réponds.

DORANTE
Ne serait-il pas temps de vous l'apporter ce soir, ou demain, Madame ?

ARAMINTE
Demain, dites-vous ! Comment vous garder jusque-là, après ce qui est arrivé ?

DORANTE, plaintivement.
De tout le reste de ma vie, que je vais passer loin de vous, je n'aurais plus que ce seul jour qui m'en serait précieux.

ARAMINTE
Il n'y a pas moyen, Dorante ; il faut se quitter. On sait que vous m'aimez, et on croirait que je n'en suis pas fâchée.

DORANTE
Hélas Madame ! Que je vais être à plaindre !

ARAMINTE
Ah ! Allez, Dorante, chacun a ses chagrins.

DORANTE
J'ai tout perdu ! J'avais un portrait, et je ne l'ai plus.

ARAMINTE
À quoi vous sert de l'avoir ? Vous savez peindre.

DORANTE
Je ne pourrai de longtemps m'en dédommager ; d'ailleurs, celui-ci m'aurait été bien cher ! Il a été entre vos mains, Madame.

ARAMINTE
Mais, vous n'êtes pas raisonnable.

DORANTE
Ah ! Madame ! Je vais être éloigné de vous ; vous serez assez vengée ; n'ajoutez rien à ma douleur !

ARAMINTE
Vous donner mon portrait ! Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ?

DORANTE
Que vous m'aimez, Madame ! Quelle idée ! qui pourrait se l'imaginer ?

ARAMINTE, d'un ton vif et naïf.
Et voilà pourtant ce qui m'arrive.

DORANTE, se jetant à ses genoux.
Je me meurs !

ARAMINTE
Je ne sais plus où je suis. Modérez votre joie ; levez-vous, Dorante.

DORANTE, se lève, et tendrement.
Je ne la mérite pas ; cette joie me transporte ; je ne la mérite pas, Madame : vous allez me l'ôter ; mais, n'importe, il faut que vous soyez instruite.

ARAMINTE, étonnée.
Comment ! que voulez-vous dire ?

DORANTE
Dans tout ce qui s'est passé chez vous, il n'y a rien de vrai que ma passion, qui est infinie, et que le portrait que j'ai fait. Tous les incidents qui sont arrivés partent de l'industrie d'un domestique qui savait mon amour, qui m'en plaint, qui par le charme de l'espérance du plaisir de vous voir, m'a, pour ainsi dire, forcé de consentir à son stratagème : il voulait me faire valoir auprès de vous. Voilà, Madame, ce que mon respect, mon amour et mon caractère ne me permettent pas de vous cacher. J'aime encore mieux regretter votre tendresse que de la devoir à l'artifice qui me l'a acquise ; j'aime mieux votre haine que le remords d'avoir trompé ce que j'adore.

ARAMINTE, le regardant quelque temps sans parler.
Si j'apprenais cela d'un autre que de vous, je vous haïrais, sans doute ; mais l'aveu que vous m'en faites vous-même, dans un moment comme celui-ci, change tout. Ce trait de sincérité me charme, me paraît incroyable, et vous êtes le plus honnête homme du monde. Après tout, puisque vous m'aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon cœur n'est point blâmable : il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner, lorsqu'il a réussi.

DORANTE
Quoi ! La charmante Araminte daigne me justifier !

ARAMINTE
Voici le Comte avec ma mère, ne dites mot, et laissez-moi parler.

Marivaux - Les Fausses confidences - Acte III, scène 12

 

En quoi cette scène assez ambiguë suggère t'-elle à la fois la sincérité et l’hypocrisie de Dorante?

Introduction
a)Marivaux, auteur du XVIIIème siècle, utilise le théâtre pour mettre en scène des gens amoureux et faire triompher leurs sentiments au-delà des convenances sociales. C’est le cas dans Les Fausses confidences mais aussi dans Le Jeu de l’amour et du hasard.
b)présentation du texte :Cette scène se situe à la fin de la comédie et montre que cette pièce possède une fin heureuse, caractéristique de ce genre. Dorante, amoureux d’Araminte, va enfin connaître la conclusion de toute sa mise en scène et savoir qu’il est aimé de la veuve qui l’emploie.
c)problématique : En quoi cette scène assez ambiguë suggère à la fois la sincérité et l’hypocrisie de Dorante.
d)annonce du plan :
Nous nous intéresserons dans un premier temps à ce jeu de cache-cache qui fait naître l’amour et enfin à la révélation des sentiments dans cette scène de dénouement, l’avant-dernière de la pièce qui en compte 13. 

 

Beaumarchais

Autre étude linéaire

III, 12 Marivaux, les Fausses confidences

III 12 Etude linéaire Marivaux les Fausses confidencesIII 12 Etude linéaire Marivaux les Fausses confidences (1.45 Mo)

 

I-Un jeu de cache-cache - Une conversation ordinaire qui laisse transparaître l’émotion - Le départ de Dorante - Les différents revirements

I-Un jeu de cache-cache
Mouvement du texte
l.1 à 10 : conversation ordinaire
l.11 à 27 : départ de Dorante
l.12-33 : aveu d’Araminte, aveu de son amour pour Dorante malgré les différences sociales
L.34 à la fin : aveu de Dorante. Tout était faux sauf les sentiments pour Araminte.
a)Une conversation ordinaire qui laisse transparaître l’émotion
-propos répétitifs alors que les propos sont simples
-ces propos trahissent les sentiments des personnages : les points d’exclamation d’Araminte ne sont pas justifiées ou traduisent son émoi, les nombreux points de suspension montrent que les personnages ne sont pas à ce qu’ils disent (ils hésitent). Les didascalies (« ému, émue ») confirment ce décalage entre ce qui est dit et ce qui est éprouvé. L’aparté d’Araminte (l.9 : « je ne sais ce que je lui réponds ») exprime clairement son émoi.
b)Le départ de Dorante
Au moment de l’annonce du départ de Dorante, Araminte retient ses sentiments et les didascalies disparaissent. L’impératif présent « allez, Dorante, chacun a ses chagrins » semble montrer qu’Araminte finit par accepter le départ de son intendant. Dorante s’en plaint, registre élégiaque avec la didascalie « plaintivement », mais s’y soumet. Pour finir, il réclame le portrait de sa bien-aimée et c’est cette demande qui va entraîner l’aveu de celle-ci.
c)Les différents revirements
Dorante, suite à cet aveu, explique qu’il ne la mérite pas (l.31). Il va lui aussi faire l’aveu d’un jeu hypocrite et faux qui visait à faire naître des sentiments chez celle qu’il aimait : « Dans tout ce qui se passe chez vous, il n’y a rien de vrai que ma passion, qui est infinie et que le portrait que j’ai fait. »Cette révélation fait l’effet d’une mise en abyme du théâtre (= un enchâssement, une pièce de théâtre dans une pièce de théâtre par exemple) où tout n’est que jeu pour faire surgir des émotions. La passion utiliserait-elle les mêmes ressorts que le théâtre ?
A cet aveu un peu ambigü, Araminte répond de façon positive en pardonnant celui qui a joué un rôle pour la bonne cause

II-La force des sentiments a)Registre élégiaque - b)l’expression de sentiments sincères

II-La force des sentiments
a)Registre élégiaque

Dorante se plaint du dernier jour qu’il va passer avec Araminte . La didascalie, incluant l’adverbe « plaintivement », souligne ce ton. L’interjection « hélas », l’exclamation « j’ai tout perdu » renforce cette idée. Les hyperboles « de tout temps dans ma vie », « j’ai tout perdu » annoncent une catastrophe pour le personnage principal.
De même l’aveu d’Araminte déclenche un sentiment hyperbolique chez le protagoniste qui s’exclame « je me meurs ! » (l.29)
b)l’expression de sentiments sincères
La confusion des sentiments fait place à la limpidité de ceux-ci : Araminte pardonne ce jeu qui s’est fait à son insu car son but en était noble « il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner, lorsqu’il a réussi. »  On peut comprendre cette dernière phrase comme une litote, car elle vise par des moyens détournés à exprimer l’amour.
Enfin, la révélation de Dorante et les raisonnements d’Araminte soulignent les valeurs communes qui unissent ces deux personnages au-delà des conventions et des conditions : la sincérité, l’honnêteté et le respect. On peut alors parler de correspondances des cœurs et des âmes au-delà des apparences sociales.

 

Conclusion
a)bilan du texte

Cette scène offre un véritable dénouement à la pièce en mettant en scène un double aveu : celui de Dorante qui reconnaît avoir inventé de nombreuses situations de toutes pièces sous l’influence de son valet Dubois et celui d’Araminte qui à demi-mot avoue son amour pour Dorante.
b)réponse à la problématique posée par l’examinateur
c)ouverture, prolongement
Marivaux aime parler de l’amour et souhaite que les gens sortent des conventions sociales. Comme dans Le Jeu de l’amour et du hasard, écrit précédemment, en 1730, le dramaturge s’attache à faire ressortir la sincérité des sentiments en mettant de côté le mariage de convenance et d’intérêt. Les pièces de Marivaux font surgir de nombreuses questions : les barrières sociales peuvent-elles être franchies et dans quelles limites ? L’éducation, le langage et l’esprit ne sont-ils pas les révélateurs premiers de ces différences sociales ?
 

Date de dernière mise à jour : 01/03/2023

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