Commentaire, Le Buffet de Rimbaud, Cahier de Douai. Ponge et Rimbaud : transformation poétique d'un objet

Rimbaud 1

Repérage en vue d'un commentaire littéraire Le Buffet de Rimbaud

RimbaudLe Buffet de Rimbaud Cahiers de Douai, 1870 

C'est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c'est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons ;

- C'est là qu'on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

- Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s'ouvrent lentement tes grandes portes noires.
 

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Un bon repérage permet de lier le fond et la forme 

Rimbaud

Cf : Mouvement littéraire
Le symbolisme

Le repérage 
I - Les questions à se poser pour comprendre la poésie = le fond
Quelles sont les idées? 
Quelle est l'intention du poète? 
Quels sentiments cette poésie vous inspire t'-elle? 
Etc 
II - Les procédés littéraires et insistances stylistiques = la forme 
Champs lexicaux?
Figures de style? 
Construction des phrases? 
Temps verbaux?
Rythmes, sonorités? 
L'énonciation? 
Typographie? Composition? 
Etc 

Un bon repérage permet de lier le fond et la forme 
 

Problématique En quoi le buffet, objet du quotidien devient-il poétique sous la plume de Rimbaud? 

RimbaudEléments pour l'introduction
Dans sa lettre à Paul Demeny, Rimbaud confie que le poète doit se faire "voyant". C'est dans cet esprit qu'il transforme un simple objet familier et quotidien en objet poétique, singulier. 
Ce poème est tiré du Cahiers de Douai, l'avant dernier des 22 poèmes, il précède "La bohème" en date de 1870. C'est un sonnet, deux quatrains et deux tercets en alexandrins. 
Dans cette poésie, Rimbaud fait d'un objet du quotidien, "le buffet", un objet poétique, voire surnaturel. 
Problématique
En quoi le buffet, objet du quotidien devient-il poétique sous la plume de Rimbaud

 

Objet du quotidien, le buffet devient le thème central du sonnet de Rimbaud. Description du buffet, objet du quotidien

RimbaudDescription du buffet, objet du quotidien
- Dès le vers 1, la poésie s'ouvre sur le  présentatif "c'est" répondant à la volonté du poète de présenter au lecteur l'objet qu'il tente de décrire. 
-La description se fait au présent "c'est", "est ouvert", "verse", vers 2, "se mêle", vers 11, "bruis", vers 13.  Nous avons une description très simple du buffet, limitée à son apparence et ses caractéristiques. Les précisions sont ajoutées par les adjectifs "large" pour sa taille, "sculpté" pour son apparence, "sombre" pour la couleur, "portes noires". 
- Le poète insiste sous la forme d'une polyptote sur l'ancienneté de l'objet, "très vieux", "vieilles gens", "vieux", "du vieux temps". 

Une mise en abîme 
- L'objet du quotidien est familier et pratique. Sa fonction première est de ranger. Par une mise en abîme, le buffet semble se limiter à sa fonction, le rangement, car il est un objet du quotidien qui contient d'autres objets. En effet, il est fonctionnel, trop rempli comme le suggère l'hyperbole "tout plein". Le désordre apparent est évoqué au vers 5 "fouillis". 

Le buffet est personnifié
- Dès le deuxième vers, le buffet est personnifié, on remarque des attributs humains par la comparaison "a pris cet air si bon des vieilles gens". Il semble s'humaniser et s'animer d'une volonté propre, "tu voudrais", vers 13. Cette idée est également présente dans la dernière strophe, "tu sais bien des histoires/Et tu voudrais conter tes contes". 
- Il s'anime par les allitérations en "CH", en "V" et en "F" qui imitent le bruissement du meuble : "buffet", vers 1, 3, 12 - "chêne", vers 2 - "vieux", vers 2, 4, 12 - "vieilles", vers 2 et 5 - "ouvert", "verse", "flot de vin", vers 3 et 4. Puis, "parfums", vers 4, 11 - "Fouillis", "vieilleries", "chiffons", "enfants", "flétries", "fichus" aux vers 5 à 8. Enfin, "cheveux", "fleurs sèches", vers 9 à 11. 
 

L'intimité et le regard du poète  - Un témoin du passé 

RimbaudL'intimité et le regard du poète 
Proximité avec l'objet évoquée dans la dernière strophe, "tu sais bien des histoires". Le poète semble s'adresser à une personne. 
L'apostrophe renforce cette idée, "O buffet du vieux temps", vers 12. Le vocabulaire est mélioratif, "bon", vers 2, "engageants", vers 3 et 4, "bien", vers 12, "si bon", vers 2. 
La personnification se poursuit par l'usage de l'article définit "le", vers 3 (et non plus "un", vers 1). 


Un témoin du passé 
Le buffet symbolise le temps qui passe comme le suggère la polyptote « vieilles », « vieux », « vieilles vieilleries ». 
L'objet vieillit mais reste toujours là, il est d'ailleurs désigné à l'aide de verbes au présent. Il n'appartient pas au passé. Il est tel un vieux meuble, un vieil objet conservé, toujours à sa place et toujours fonctionnel. Le temps a passé, les marques en sont visibles, « linges jaunes » v 6, « dentelles flétries » v 7, « grand-mère » v 8, « cheveux blancs », « fleurs sèches » v 10. Il est fané, « jaunes », « flétries », « sèches », « blancs », démodé« chiffons », « dentelles », « fichus ». Il porte la trace du passé dont il est le témoin. 
- Il est la mémoire du temps passé. Il en est symboliquement, le souvenir, « cheveux , « médaillons » et « portraits » qui représentent des personnes, ou encore un évènement particulier avec « fleurs séchées »
Dans sa lettre à Paul Demeny, Rimbaud confie que le poète doit se faire "voyant". C'est dans cet esprit qu'il transforme un simple objet familier et quotidien en objet poétique, singulierLe buffet révèle son contenu dans une énumération qui va du second quatrain au premier tercet, notons la présence de l'anaphore "De", vers 6, 8 et 10. 
"De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d'enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand'mère où sont peints des griffons;"
 

Les souvenirs s'accompagnent de sensations - Pouvoirs de la poésie

RimbaudLes souvenirs s'accompagnent de sensations 
Visuelles avec les couleurs, "sombre", "noires", "jaunes, "blancs ou blonds"
Sonores "tu bruis", vers 13
Olfactives, "parfums", vers 4, "odorants", vers 6 et vers 11, "dont le parfume se mêle à des parfums de fruits". 
Tactiles, "linges", "chiffons", "dentelles", "fichus", des vers 5 à 8, ou encore "fleurs séches" au vers 10
Gustatives avec "vin" et "fruits"
Cette correspondance des sens propre au symbolisme s'appelle les synesthésies. 


Pouvoirs de la poésie
comparaisons valorisantes : « cet air si bon des vieilles gens » v 2, « comme un flot de vin vieux » v 4. Le buffet est un objet précieux, il est poétisé, il raconte l'histoire des temps anciens, il garde en secret, les souvenirs. 
Rimbaud transforme l'objet et lui donne une âme, il transforme la réalité quotidienne en la sublimant du regard. 
Déterminants indéfinis : « de femmes », « d’enfants », « de grand-mère », v 6-7-8. 
La chute du sonnet : que symbolisent les "grandes portes noires"? le silence et l'obscurité dominent à la fin du poème. Les portes pourraient connoter la mort. 
 

Plan possible pour un commentaire
I - Le buffet objet du quotidien s'anime progressivement
- Description d'un objet familier et banal
- Personnalisation et humanisation du buffet
II - Le buffet : métaphore de la mémoire
- Témoin du temps qui passe
- Le secret des souvenirs 
III - Du buffet réel au buffet imaginaire
- Du réel à l'irréel, transformation de l'objet ordinaire en objet poétique
- Le pouvoir de la poésie

Eléments pour la conclusion
Transformation d'un objet du quotidien en objet poétique. Le poète transcende la réalité.
Pour travailler l'ouverture
Analogie avec Ponge dans Le Parti pris des choses. Le poète poétise les objets les plus banals, comme l'orange, le cageot, le pain... en objets poétiques. 

 

Le parti pris des choses, Ponge vision poétique d’objets

Francis ponge 1Le parti pris des choses, Ponge
vision poétique d’objets

Loin de ces thèmes traditionnels, la poésie moderne quant à elle, fait place au quotidien et à ses objets, et non plus aux seuls sujets jugés nobles. Cette révolution poétique est amorcée dans la seconde moitié du XIXème siècle par Baudelaire et Rimbaud.

Le Parti pris des choses est un recueil de poèmes en prose écrit par Francis Ponge et paru en 1942.
Dans ce recueil, il tente de décrire les objets et les choses du quotidien d'une apparence banale et les investies de connotations diverses. Il tente ainsi d'offrir une autre vision des choses en leur conférant une fonction et une beauté nouvelles. Les fonctions sont déplacées et la poétisation des objets à son paroxysme. Les objets sortent ainsi de leur banalité quotidienne grâce aux mots dotés de qualités linguistiques nouvelles. Ce poète est l'un des seuls à avoir donné une telle beauté aux objets du quotidien.
Il utilise les images, métaphores, comparaisons, pour mettre en avant l'originalité de ses descriptions et offre de ce fait au lecteur une autre perception des choses hors du sens commun.
Il nous suggère une poésie hors des stéréotypes et des règles d'écriture. Le papillon devient "une allumette volante", la fleur, "une tasse mal lavée"...
Il créé ses propres objets poétiques, le pain, le cageot, l'orange..... et subjectivise leur rapport au monde. Il recrée les choses au-delà de tous les stéréotypes possibles.

Le parti pris des choses est un parti pris poétique. La poésie devient une lecture du réel, ainsi Ponge considère différents objets dans son recueil et leur donne une beauté particulière en les faisant vivre et en les dotant d'une personnalité. Il en fait des sujets et les valorise en éloge.
Parmi les objets, nous pouvons citer =
Le cageot, objet créé par l'homme dont la fonction première est purement utilitaire
Le pain, objet de consommation
Le coquillage est perçu comme une petite chose
Le galet n'est pas «une chose facile à bien définir» du point de vue du langage, mais c'est aussi un objet du point de vue de la perception.
L'Assiette, la radio, la bougie, le cageot, le savon..... sont des objets fonctionnels, non symboliques

Du parti pris des choses au parti pris poétique et philosophique
Point de départ de toute création poétique

Il faut exorciser le banal, le sublimer, l'esthétiser. Une nouvelle fonction est donnée à la poésie = l'écriture poétique doit faire voir le banal. Le regard doit se tourner vers les choses, les objets. Valoriser l'objet et diminuer l'homme en proie à un égo disproportionné. Le monde des choses doit renaître et l'homme doit comprendre qu'il doit exercer sa liberté de penser en remettant en question les idées reçues, les idéologies de masse. Ponge appelle l'homme à cette prise de conscience et décide de la transcrire dans son traitement des choses, des objets riches d'enseignement. L'objet devient support d'une leçon.

Ressources bac 2024

Ponge la rage de l expressionPonge

Rimbaud / Ponge
Ponge nous donne une autre vision des objets du quotidien souvent banal. Il transforme poétiquement le pain comme Rimbaud transforme poétiquement le buffet 

Francis ponge 1Un exemple, Le pain, Ponge
" La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. "
Francis Ponge, Le Parti-pris des choses

I- Decription du pain
Le regard fasciné de l'auteur s'exprime par la précision de la description ainsi que par une invitation à la rêverie.Dés le début le poème commence par le présent de vérité générale par l 'intermédiaire du verbe être qui renvoie à une réalité physique incontestable du pain. Alors que le pain est une « chose » de notre vie quotidienne à laquelle on ne fait plus attention, Ponge le décrit comme s'il en voyait un. Aussi l'objet de la description est-il qualifié par de nombreux adjectifs précisés par des adverbes: « merveilleuse », « panoramique » « amorphe », « articulés », « minces », « ignoble » « lâche », « froid », « soudées », « friable ». La minutie de cette description est renforcée par des comparaisons: d'une part « la mie a son tissu pareil à celui des éponges », « comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois » ; d'autre part regarder du pain est « comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes ». A propos de cette dernière comparaison, l'examen du pain est tellement précis que Ponge y voit le monde entier, dans un grand panorama. De plus, la description se fait de l'éclatement au resserrement. En effet le premier paragraphe reste une vision éloignée, « panoramique » où l'on ne voit que la « surface » du monde entier, des « Alpes » jusqu'à la « Cordillère des Andes ». Puis, le pain est regardé de plus près, à la loupe et l'on aperçoit dorénavant « vallées, crêtes, ondulations, crevasses... »ce qui est du vocabulaire géographique. Finalement dans le troisième paragraphe la croûte est éclatée et l'on aperçoit la « mie » assimilée au « sous-sol » terrestre. Cette idée d'éclatement est ensuite renforcée avec l'expression « brisons-la » . Mais bien sûr, tout ce que l'auteur nous décrit, montagnes, vallées, crevasses n'est qu'imagination de sa part. Ponge nous invite à rêver, par de nombreuses images et par les points de suspension qui interrompent la lecture et stimulent l'imagination du lecteur, même avec des objets apparemment banals. Le poète retrouve ainsi la magie du premier contact, car à force de trop voir les choses, nous cessons de les voir.


II-Une allégorie du monde
Mais l'auteur exprime aussi le sens symbolique que l'on prête au pain à travers son histoire: pour lui il s'agit d'une image de la vie. Au commencement, il n'y avait qu'une pâte, cette « masse amorphe » puis dans le « four stellaire » il s'est durci, s'est « façonné » et pendant la cuisson, croûte et mie se sont distinguées. La progression chronologique est marquée par le passage du passé simple au passé composé. Ce n'est que l'explication de la fabrication du pain, mais que Ponge met en scène avec poésie grâce notamment aux métaphores. Dès le départ, le destin et la mort du pain sont indiqués : inscrits dans les étoiles du « four stellaire », le pain est « pour nous ». Ce sacrifice est repris dans le dernier paragraphe où le poète nous dit que le pain doit finalement être « dans notre bouche », pour être mangé. Ce n'est qu'un objet « de consommation » Mais le pain incarne aussi la vie en générale. Selon le poète, c'est un monde en miniature: il y voit, avec la comparaison « les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes » ainsi qu'avec la métaphore des « vallées, crêtes, ondulations, crevasses », un coucher de soleil: « la lumière […] couche ses feux » (métaphore du four en réalité) ou encore des « feuilles ou fleurs » métaphore de la mie). Toutes ces analogies entre le pain et des divers éléments composant la nature nous rappellent le symbole de vie que le pain a longtemps été. En effet, pendant toute une époque, il s'agissait de la seule chose que l'on mangeait, à tous les repas pour pouvoir vivre... Grâce à tout cela, l'auteur donne une vraie symbolique à cette « chose » du quotidien qu'est le pain: et quel symbole que celui de la vie !

En conclusion : même s'il s'agit d'un texte en prose et non en vers, Francis Ponge provoque ici une extraordinaire invitation au rêve, et associe un symbole fort à un des objets les plus prosaïque de la vie. 

 

Dissertation
Jean Cocteau définit dans les termes suivants l’effet que doit provoquer la poésie chez le lecteur : « lui montrer ce sur quoi son cœur, son œil glissent chaque jour, sous un angle et une vitesse tels qu’il lui paraît le voir et s’en émouvoir pour la première fois ».
Dans quelle mesure partagez-vous cette conception de la poésie ? 

Dissertation
Jean Cocteau définit dans les termes suivants l’effet que doit provoquer la poésie chez le lecteur : « lui montrer ce sur quoi son cœur, son œil glissent chaque jour, sous un angle et une vitesse tels qu’il lui paraît le voir et s’en émouvoir pour la première fois ».
Dans quelle mesure partagez-vous cette conception de la poésie ? Vous répondrez à cette question en un développement argumenté, appuyé sur les textes que vous avez étudiés en classe et sur vos lectures personnelles.


Eléments de corrigé
Jean Cocteau récuse la recherche du beau langage, du beau thème, et prône au contraire une poésie du quotidien, qui s’inscrit dans le trivial et le banal. Est poète celui qui cherche à agir sur le réel, à le transfigurer, et ainsi parvient à réveiller les émotions du lecteur en lui offrant une perception et une sensation nouvelles. Cocteau n’hésite pas pour défendre sa conception à user d’un langage presque didactique, insistant sur le fait que la poésie doit “ montrer ”l’essentiel et pour cela user d’un “ angle et d’une vitesse ” particuliers. Par ces termes, il semble que le poète renvoie à un travail langagier effectué sur les mots mêmes, comme l’énonce d’ailleurs son texte programmatique extrait du Rappel à l’ordre. Il s’agira donc dans cette réflexion de s’interroger sur la fonction assignée à la poésie, sur son aptitude à convoquer conjointement l’expérience sensorielle et affective du lecteur, pour nous demander ensuite si la poésie ne pourrait pas aussi faire appel à la culture, à la tradition dans laquelle elle s’inscrit. Elle permettrait de la sorte le partage d’expériences qui nous sont communes par delà les frontières mêmes du langage.
 

Proposition de plan


I. Une poésie à contre-courant ?
1. Une poésie qui n’hésite pas à battre en brèche nos habitudes intellectuelles, notre confort, en refusant par exemple de s’inscrire dans le cadre habituel de la norme référentielle du langage.
2. Une poésie inscrite dans le quotidien, refusant les traditionnels sujets poétiques.
3. Une poésie qui peut ainsi explorer, jusqu’à l’excès, l’envers du réel, par exemple dans des expériences telles que celle de Baudelaire dans "La charogne".


II. Une poésie qui refuse de survoler hâtivement le réel pour mieux « le voir et s’en émouvoir ».
1. Une poésie renouvelant le regard du lecteur grâce à la mobilisation de ses sens et de ses émotions.
2. Une poésie de la transfiguration qui oblige à s’ouvrir à des équivalences, qui privilégie l’image, l’analogie. Ex : « Le pain », « La bicyclette » ; on pourrait par exemple développer
l’exemple offert par “ Le pain ” en rappelant comment la langue ordinaire parle de la “ croûte ” du pain, mais omet le rapprochement avec celle de la terre. "La bicyclette" de Jacques Réda se fond dans le paysage et s’en attribue les formes par la magie du langage poétique.
3. Une poésie du dévoilement qui vise à construire l’unicité de chaque expérience poétique.


III. Une conception poétique partagée par le lecteur ?
1. Une poésie qui nous offre la joie de recréer la réalité
2. Une poésie qui fait appel non seulement à nos propres sensations, mais à une fraternité, une communion. Force du lyrisme, y compris dans des formes très codifiées qui laissent le
partage de l’intime affleurer. Exemple : Louise Labé, « Je vis, je meurs… », ou dans un autre registre les poèmes d’Eluard extraits de Capitale de la douleur.
3. Une poésie de l’ouverture à une voix qui rejoint un combat universel, qui s’élève pour transcrire l’expérience de la douleur propre à tous les opprimés, en empruntant la diversité des
ressources propres au langage poétique. Exemple : Victor-Hugo, “ Où vont tous ces enfants ? ”

Ressources pour la classe de 1ère : Rimbaud, Les Cahiers de Douai. Parcours bac "Emancipations créatrices"

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés

Exercices 2 2

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés 

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés Révisions pour l'oral et l'écrit EAF

Rimbaud Cahier Douai Emancipations créatrices

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