Defoe, Robinson Crusoé, Tournier, Vendredi ou les limbes du pacifique, Vendredi ou la vie sauvage. Analyse littéraire, EAF, 2021

Robinson Crusoé et les réécritures. Littérature d'idées, programme du bac de français 2021

Robinson crusoe

Robinson Crusoé est un roman d'aventures anglais de Daniel Defoe

Robinson Crusoé est un roman d'aventures anglais de Daniel Defoe, publié en 1719. L'histoire s'inspire très librement de la vie d'Alexandre Selkirk. Écrit à la première personne, l'intrigue principale du roman se déroule sur une île déserte où Robinson, après avoir fait naufrage, vécut pendant 28 ans. Durant son séjour, il fit connaissance d'un « sauvage » qu'il nomma Vendredi. Les deux compagnons vécurent ensemble pendant plusieurs années avant de pouvoir quitter l'île.

C'est un des premiers romans d'aventures, voire le premier, écrit en anglais. Il connut un grand succès à sa parution. Certains, comme Jean-Jacques Rousseau, le considérèrent comme un livre d'éducation. Il reste aujourd'hui un grand classique de la littérature.

Le titre complet, traduit en français, de l'ouvrage est « La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l'Amérique, près de l'embouchure du grand fleuve Orénoque, à la suite d'un naufrage où tous périrent à l'exception de lui-même, et comment il fut délivré d'une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même ».

Résumé 

En 1651, Robinson Crusoé quitte York, en Angleterre, contre la volonté de ses parents qui voulaient qu'il devienne avocat, pour naviguer. Le navire est abordé par des pirates de Salé et Crusoé devient l'esclave d'un Maure. Il parvient à s'échapper sur un bateau et ne doit son salut qu'à un navire portugais qui passe au large de la côte ouest de l'Afrique. Arrivé au Brésil, Crusoé devient le propriétaire d'une plantation grâce au matériel qu'il y avait sur le bateau.

En 1659, alors qu'il a vingt-huit ans, il se joint à une expédition partie à la recherche d'esclaves africains, mais à la suite d'une tempête il est naufragé sur une île à l'embouchure de l'Orénoque en Amérique du Sud. Tous ses compagnons étant morts, il parvient à récupérer des armes et des outils dans l'épave. Il fait la découverte d'une grotte. Il se construit une habitation et confectionne un calendrier en faisant des entailles dans un morceau de bois. Il chasse et cultive le blé. Il apprend à fabriquer de la poterie et élève des chèvres. Il lit la Bible et rien ne lui manque, si ce n'est la compagnie des hommes.

Il s'aperçoit que l'île qu'il a appelée « Despair Island », signifiant « île du désespoir », reçoit périodiquement la visite de cannibales, qui viennent y tuer et manger leurs prisonniers. Crusoé, qui juge leur comportement abominable, songe à les exterminer, mais il se rend compte qu'il n'en a pas le droit, puisque les cannibales ne l'ont pas agressé et ne savent pas que leur acte est criminel. Il rêve de se procurer un ou deux serviteurs en libérant des prisonniers et, de fait, quand l'un d'eux parvient à s'évader, ils deviennent amis. Crusoé nomme son compagnon « Vendredi », du jour de la semaine où il est apparu. Il lui apprend l'anglais et le convertit au christianisme.

28 ans après son arrivée sur l'île, un navire anglais survient ; une mutinerie vient d'éclater et les rebelles veulent abandonner leur capitaine sur l'île. Le capitaine et Crusoé parviennent à reprendre le navire et à retourner en Angleterre avec Vendredi qui sera toujours un serviteur dévoué. Sa plantation a été bien entretenue et il est devenu riche. Il voyage en Espagne et en France, où il est attaqué par des loups dans les Pyrénées. Il vend sa plantation pour ne pas avoir à se convertir au catholicisme et retourne en Angleterre pour retrouver sa femme et ses enfants.

Les personnages

  • Robinson Crusoé : personnage de fiction créé par Defoe. Celui-ci le fait naître à York en 1632 d'un père, originaire de Brême et d'une mère de la famille Robinson, une des meilleures de la province d'où son double nom de Robinson-Kreutznaer. Defoe nous explique que par une corruption de mots, assez commune en Angleterre où se situe l'histoire, il le nomma Robinson Crusoé. Troisième fils de la famille, son père voulait en faire un avocat. Mais, le désir de Robinson était de partir en mer. Malgré l'interdiction de ses parents, il partit sur un bateau pour Londres le 1er septembre 1651. Durant cette première navigation, le bateau fut pris dans une terrible tempête et sombra. Enfin arrivé à Londres, il rencontra un capitaine de vaisseau avec qui il partit vers la côte de Guinée. Capturé par des corsaires de Salé, il fut réduit à l'esclavage. Il s'échappa, après deux ans de captivité, et à la suite d'une longue navigation il arriva à la baie de Tous les Saints au Brésil. Il y devint planteur de tabac. Au bout de quatre ans, associé à d'autres planteurs, il partit sur un vaisseau afin de se procurer des esclaves. Après douze jours de navigation, il fut complètement désorienté par un ouragan. Le navire fit naufrage près d'une île aux environs de l'Orénoque. C'est le début de son long isolement.
  • Robinson Crusoé description physique: Robinson était roux, assez grand, habillé de vêtements déchirés après son naufrage. Il était assez foncé mais pas noir et il avait des cheveux mi-long.
  • Vendredi : jeune indigène cannibale. La description qu'en donne le roman de Defoe est la suivante (trad. Saint-Hyacinthe) : « C’était un grand beau garçon, svelte et bien tourné, et à mon estime d’environ vingt-six ans. Il avait un bon maintien, l’aspect ni arrogant ni farouche et quelque chose de très-mâle dans la face ; cependant il avait aussi toute l’expression douce et molle d’un Européen, surtout quand il souriait. Sa chevelure était longue et noire, et non pas crépue comme de la laine. Son front était haut et large, ses yeux vifs et pleins de feu. Son teint n’était pas noir, mais très-basané, sans rien avoir cependant de ce ton jaunâtre, cuivré et nauséabond des Brésiliens, des Virginiens et autres naturels de l’Amérique ; il approchait plutôt d’une légère couleur d’olive foncé, plus agréable en soi que facile à décrire. Il avait le visage rond et potelé, le nez petit et non pas aplati comme ceux des Nègres, la bouche belle, les lèvres minces, les dents fines, bien rangées et blanches comme ivoire. »
  • Ismaël.
  • Josué, l'ennemi de Ismaël.
  • Xury : ancien esclave qui réussit à s'échapper grâce à l'aide de son ami Robinson Crusoé; il décide d'accompagner son maitre au Brésil. Puis , il sera vendu par ce dernier.

Le roman de Defoe fut adapté au cinéma et à la télévision à maintes reprises ; citons un téléfilm, une série télévisée commencée en 2008 et à ce jour en production, une série d'animation (Robinson Sucroë), une version modernisée intitulée Seul au monde, une version soviétique de Stanislav Govoroukhine en 1973 (????? ? ???????????? ??????????? ????????? ?????)4, un film de Luis Buñuel, Les Aventures de Robinson Crusoé.

 

 

 
 

Vendredi ou les Limbes du Pacifique, roman de Michel Tournier

Vendredi ou les Limbes du Pacifique est un roman de Michel Tournier publié le  aux éditions Gallimard et ayant reçu le Grand prix du roman de l'Académie française la même année.

Vendredi ou les Limbes du Pacifique propose une variante sur le mythe de Robinson Crusoé, initialement écrit par Daniel Defoe. Il base cette version sur la relation entre le naufragé Robinson et le sauvage Vendredi.

Michel Tournier reprit en 1971 le thème de ce roman et en fit une adaptation pour la jeunesse, sous le titre de Vendredi ou la Vie sauvage.

Résumé

Robinson Crusoé, rescapé du naufrage de La Virginie (avec Tenn le chien du commandant de bord), échoue sur une île déserte, qu'il baptise Speranza (« Espérance »). Épuisé par la solitude et le désespoir, Robinson cède à la tentation de « la souille », le bain de boue, où il oublie sa condition d'homme et se laisse aller à la nostalgie. Pour ne plus se rabaisser à ce niveau, Robinson décide de revenir à l'humain, en s'entourant de cérémonials dont la démesure fait le grotesque : il tente d'abord de soumettre à sa volonté d'homme les bêtes et les terres de l'île, avant de se proclamer gouverneur de l'île, et de créer tout un système de codes, de lois et de sanctions pour la régir. Dans sa solitude il philosophe, se remémore des souvenirs d'enfance, tente de combler le vide qui l'entoure malgré la présence du chien Tenn.

Robinson traverse plusieurs périodes de réconciliation avec la nature. Lors de sa « période tellurique », il descend dans une cavité rocheuse, et devient ainsi le noyau de Speranza, son fœtus. Il quitte cette situation lorsqu'il comprend qu'il est un homme mûr, et entre alors dans une « période végétale », où il entretient une sexualité avec l'île, enfantant par là des mandragores.

Ces expérimentations ontologiques prennent fin le jour où Robinson sauve fortuitement un Indien que ses congénères avaient condamné à mort. Il le nomme Vendredi, d'après le jour de la semaine où il l'a recueilli, car ce nom n'est ni un nom d'objet, ni un nom d'homme. Il considère donc que Vendredi n'a pas tout à fait le statut d'homme, étant donné sa condition de métis. Il le bat d'ailleurs à de nombreuses reprises, notamment lorsqu'il le surprend en train d'enfanter des mandragores rayées dans la plaine où lui-même satisfait ses pulsions sexuelles. Le jeune arrivant devient l'esclave de Robinson, lequel veille toujours à faire de son île un reflet de la civilisation occidentale.

Mais Vendredi, en fumant en cachette la pipe de son maître, provoque l'explosion de la grotte où se trouvaient quarante tonneaux de poudre à canon, détruisant ainsi toutes les constructions de Robinson. Robinson échappe à l'éboulement, mais l'équilibre fragile qu'il avait instauré vole en éclats. Les limbes peuvent se transformer en vent et en soleil, en cohésion avec la terre-mère de l'île de Speranza. Robinson devient alors l'élève de Vendredi : apprenant la liberté, il le considère à présent comme son frère. C'est le début de la troisième période de Robinson, la période « héliophane », où il s'expose au soleil et le contemple longuement.

Dans ce petit îlot perdu du Pacifique, les jeux d'amitié d'égal à égal, et le repos, deviennent le quotidien, jusqu'au jour où un navire arrive, le navire qu'avait tant espéré Robinson auparavant. Pourtant, face à ces hommes qui lui semblent dénués d'humanité, Robinson prend conscience du bonheur qu'il a connu sur l'île, et décide de demeurer sur Speranza. Mais Vendredi le quitte à son insu. L'espoir d'une nouvelle série de bonheurs renaît pour Robinson avec l'arrivée sur son île d'un petit mousse qui s'est enfui du bateau. Robinson l'initie d'abord à la contemplation du soleil, puis lui fera découvrir, on l'imagine, la vie sauvage. Source

Vendredi ou la Vie sauvage est un livre de Michel Tournier

Vendredi ou la Vie sauvage est un livre de Michel Tournier paru en 1971 aux éditions Gallimard. Il est inspiré du livre Robinson Crusoé de Daniel Defoe. C'est l'adaptation pour la jeunesse de son livre Vendredi ou les Limbes du Pacifique.

Résumé

Le , Robinson Crusoé est à bord du navire La Virginie faisant route vers le Chili. Une tempête frappe le navire violemment. Seul survivant du naufrage, Robinson se retrouve sur une île déserte qu'il nommera « Speranza », livré à lui-même avec Tenn le chien de La Virginie. Sa solitude va le contraindre à faire preuve d'ingéniosité, de persévérance et de courage, afin de survivre dans ce monde sauvage. Jusqu'au jour où, se croyant abandonné de tous, il se lie avec un indigène qu'il surnomme « Vendredi ». Une occasion de quitter l'île se présente : un navire s'arrête sur l'île pour sauver Robinson. Mais il refuse de s'en aller, contrairement à Vendredi. Robinson ne reste cependant pas seul, le petit Jean que Robinson renomma Dimanche, le mousse du bateau White Bird, le rejoignant pour vivre avec lui sur Speranza. Dans ce livre, Robinson Crusoé meurt sur l'île (ou isle).

Genre littéraire

Vendredi ou la Vie sauvage appartient au genre littéraire de la Robinsonnade en mettant en scène le personnage de Robinson, amené à survivre sur une île déserte. Ce roman propose une réflexion sur les thèmes du sauvage et du civilisé. Il s'inscrit donc dans la lignée de nombreuses réécritures du Robinson Crusoé de Daniel Defoe. Pour Michel Tournier, c'est l'universalité du mythe de Robinson qui est à l'origine de ces nombreuses réécritures.

De Vendredi ou les Limbes du Pacifique à Vendredi ou la Vie sauvage

Vendredi ou la Vie sauvage est considérée comme l'adaptation pour la jeunesse d'un autre roman de Michel Tournier intitulé Vendredi ou les Limbes du Pacifique. Michel Tournier a cependant insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une version abrégée ou appauvrie de son premier roman. En effet, cette version a été complètement modifiée par rapport à la première : ainsi, aucune phrase n'est restée inchangée et Vendredi ou la Vie sauvage est organisé en séquences non numérotées, alors que la version originale est organisée en chapitres numérotés. Pour Michel Tournier, Vendredi ou la Vie sauvage constitue d'ailleurs une « version meilleure » de son roman Vendredi ou les Limbes du Pacifique

 

L'Etat de nature

Robinson Crusoé vit dans un état de nature, car il a été isolé lorsque son navire a sombré et tous ses compagnons sont morts. Son état de nature le rend presque malheureux. Il retrouve petit à petit l’état civilisé car il se fait des compagnons sur l'île. Vers la fin du livre, il retrouve l’état civilisé.


Dans les deux livres, les personnages principaux sont : Robinson et Vendredi.

La succession des évènements est

globalement la même :
· le naufrage
· la reconstruction d’une « civilisation » par
Robinson
· l’arrivée de Vendredi
· la vie avec vendredi
· l’apparition du bateau
· le sauvetage


Cependant, les auteurs ont développé de façon différente certaines parties de l’histoire :

Daniel Defoë a préféré développer la vie de Robinson avant son naufrage et sa vie en solitaire sur l’île, alors que Michel Tournier, lui, a développé la vie de Robinson avec Vendredi.

Nous pouvons aussi noter que Daniel Defoë a écrit à la première personne du singulier, ce qui nous donne l’impression de vivre l’histoire en même temps que Robinson, de s’identifier au personnage, alors que, Michel Tournier a écrit à la troisième personne du singulier. De ce fait nous avons l’impression d’être spectateur donc en dehors de l’histoire. Ces impressions sont renforcées par la façon dont les histoires débutent. Daniel Defoë explique longuement la vie de Robinson avant le naufrage pour que l’on s’imprègne du personnage, je suppose. Alors
que Michel Tournier démarre l’histoire au moment de la tempête, ce qui renforce le côté aventure de l’histoire. Daniel Defoë s’attache à développer la vie solitaire de Robinson, ses réflexions…
Alors que Michel Tournier fait apparaître Vendredi assez rapidement, donnant à cette histoire un rebondissement rapide. Une autre différence notable est la partie relation Robinson/Vendredi.
Dans les deux histoires, il y a une relation initiale : Robinson est le maître et Vendredi est l’esclave. Daniel Defoë reste sur cette relation pendant toute l’histoire, alors que, Michel Tournier la fait évoluer : suite à une catastrophe, Robinson ouvre les yeux. Il se repose alors sur les connaissances de Vendredi pour reconstruire sa vie. Ils deviennent égaux.
Cela aboutit à des fins différentes : Dans le livre « Robinson Crusoé » chacun retourne à sa civilisation. Il n’y a pas de remise en question des idées reçues sur la position des hommes les uns par rapport aux autres. Dans « Vendredi ou la vie sauvage » on arrive à une inversion de situation : Robinson reste sur l’île alors que vendredi s’en va. Chacun a appris de l’autre et reconnaît la valeur de l’autre. Ainsi, à partir d’un thème, de personnages et d’une succession d’évènements identiques, on arrive à avoir deux livres très différents : nous n’avons pas l’impression de relire deux fois la même chose.

 

Date de dernière mise à jour : 21/04/2021

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