Dissertations, Les Fables, EAF 2021-Le genre de la fable a t'il perdu sa vocation originelle?Les fables sont un miracle de la culture, André Gide.

Le genre de la fable a t'il perdu sa vocation originelle?Les fables, un miracle de la culture a écrit Gide expliquez. La fable « Une ample Comédie à cent actes divers/ Et dont la scène est l'univers"

la cigale

 
 

Le genre de la fable a t'il perdu sa vocation originelle?

I. Vertus de la fable en tant qu’apologue.
II. L’intérêt de la fable c’est son histoire
III. Liens entre littérature et morale

I. Les fables sont des petites histoires aptes à développer sagesse et vertu.

1. Des raisons liées à la nature même de l’apologue,
qui est fait pour être l’association d’un récit et d’une
moralité (le plus souvent explicite, quelquefois
implicite) : « L’apologue est composé de deux parties,
dont on peut appeler l’une le corps et l’autre l’âme. Le
corps est la fable ; l’âme ; la moralité » (La Fontaine,
préface de 1668).

2. Des raisons historiques : dans l’Antiquité (Phèdre,
Ésope), l’apologue revêt clairement une dimension
didactique. La Fontaine lui-même écrit pour l’instruction
morale et politique du Dauphin. Bien plus tard, la fable
sera le véhicule privilégié de la morale dans les écoles
de la République. On notera en outre que la fable est
étymologiquement « parole » : c’est dire tout le pouvoir
de convaincre et persuader qu’elle suppose.

3. Des raisons d’universalité : les leçons de l’apologue
sont des leçons transversales ; chaque âge, chaque
époque, chaque culture peut s’y reconnaître : l’histoire
de l’apologue nous fait connaître les chemins qu’il a
parcourus de la Grèce antique à la France des Lumières,
en passant par l’Inde (Pilpay) ou la Cour de Louis XIV. Les
morales sont simples, les travers sont fondamentaux
et donc universels. Le recours à l’allégorie animale
permet cette reconnaissance transculturelle.

II . La fable prend par la main les enfants que nous sommes.

« Les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être ;
Le plus simple animal nous y tient lieu de maître.
Une morale nue apporte l’ennui :
Le conte fait passer le précepte avec lui »
(La Fontaine, « Le Pâtre et le Lion » VI-1)

1. Des raisons référentielles : l’apologue, par la
familiarité et la proximité des thèmes de ses histoires
touche davantage le lecteur que ne le feraient des
objets extra-ordinaires : les gens du petit peuple, les
animaux familiers, la vie des campagnes, le quotidien
de Pérette, voilà les personnages et les situations
que La Fontaine va convoquer pour illustrer son
enseignement ; et non les héros et les princes glorieux
de l’Histoire sans doute admirables mais bien loin des
Hommes (La Fontaine parle d’un « exemple conforme
et moins disproportionné à la petitesse de l’esprit des
enfants », préface de 1668).

2. Des raisons structurelles : la brièveté ordinaire de
l’apologue en fait un objet immédiatement « efficace »
et il apparaît comme une sorte de diamant brut tout
entier taillé pour que chacun de ses éclats frappe celui
qui le regarde.

3. Des raisons liées à sa faculté d’évocation : la fable
a su survivre à la disparition du modèle originel. Sa
permanence dans le cinéma d’animation ou dans les
arts du spectacle le prouve.
 

4. Des raisons poétiques : l’apologue est un objet
« joli et charmant » (La Fontaine), et il va frapper
par son étrangeté ou son côté plaisant : un bref
apologue de Voltaire aura la séduction et l’efficacité
de son exotisme, le monde des animaux parlants de La
Fontaine ravira les enfants comme les adultes, l’esprit
d’un Fontenelle captera la bienveillance de son lecteur
le moins bien disposé.
b. L’art de la mise en scène : les fables sont d’authentiques
petites pièces de théâtre : spectacle, décor et
construction en actes et scènes.
c. Le charme de l’intrigue : dramatique, féeriques,
comiques, les intrigues accrochent l’intérêt du lecteur.
d. Des personnages et non des types : caractérisés,
rendus sensibles aux yeux (l’art de la description), aux
oreilles (les paroles rapportées), au coeur (les différents
registres), les personnages sont nos voisins, nos amis
ou nos ennemis.
e. Des univers merveilleux : le monde des animaux,
celui d’une nature brossée en quelques traits, l’orient
des palais…

III . La littérature et la morale : une incompatibilité d’humeur ?

1. Il peut arriver au demeurant que l’inverse se produise
et que l’apologue ne soit plus que morale : lisons les
traductions des fables de Phèdre ou d’Ésope : quel
ennui et quelle platitude ! ç’en est fini de l’efficacité
en question.

2. Drôle de morale, d’ailleurs, chez La Fontaine : rapport
de force, inégalités, injustices, mensonges et hypocrisie,
sont souvent chez lui les valeurs mises en scène- sinon
acceptées avec fatalisme. Sans parler des nombreuses
fois où d’une fable à l’autre les morales se contredisent.
Rousseau n’a peut-être pas complètement tort.

3. Une morale, une moralité n’ont jamais remplacé la
morale. La réflexion proposée est parfois bien maigre :
on peut lui préférer la littérature d’idées : celle des
théologies, celle des moralistes, celle des philosophes
ou celle des historiens. Bossuet, Montesquieu, Sartre ou
Camus apportent une nourriture plus substantielle à qui
souhaite « faire réfléchir les hommes et faire changer
leurs comportements ». D’un autre côté, toute littérature,
même lorsqu’elle n’est pas littérature d’idées, n’est-elle
pas, au fond, conçue pour porter une leçon (de Racine
à Flaubert et à Giono), et n’est-ce pas un penchant (un
travers ?) de la critique moderne que de tout privilégier
dans l’oeuvre, sauf cette leçon ? La vocation morale
des tragédies de Racine ne nous intéresse plus guère,
pas plus que nous ne lisons vraiment Madame Bovary
comme un brûlot anti-romantique.

 

 Vous pouvez aussi consulter 

Le commentaire linéaire de la fable, les deux coqs

Les deux coqs, livre VII

Commentaire linéaire le Rat et l'huître, les obsèques de la lionne

Le rat et l'huître, livre VIII

Le commentaire linéaire des obsèques de la lionne 

 
 

Les fables de La Fontaine sont un miracle de la culture a écrit André Gide, expliquez.

"les fables de La Fontaine sont un miracle de la culture a écrit André Gide", voici une citation lourde de sens que nous tenterons d'examiner de façon à éclaircir les idées mises en avant par Gide.

 

Nous savons que les fables sont composées d'un récit appelé corps et d'une morale que le fabuliste appelle âme de la fable. La fable est un texte en vers ou en prose qui a recours à l'allégorie le plus souvent animale, pour donner une leçon de morale. On l'appelle aussi apologue. La Fontaine, auteur du 17 ème siècle s'est inspiré d'Esope, de Phèdre et de Pilpay; Il privilégie le récit plutôt que la morale dont il varie la place dans la fable. D'une façon générale, il observe son époque et la critique, y comprois le pouvoir royal. Nous devons donc admettre que l'apologue en tant que récit allégorique, une histoire, met en scène des animaux, des végétaux, parfois des hommes dont le lecteur peut tirer une leçon morale ou un enseignement. Nous pouvons donc parler des fables en ce sens qu'elles sont des oeuvres à teneur didactique, à visée pédagogique que la morale soit explicite ou implicite. C'est à ce niveau sans dout que nous retrouvons Gide qui considère que les fables sont des miracles de la culture. Nous allons tenter de voir en quoi ces fables à but didactique peuvent être considérées comme des miracles de la culture. En quoi et comment véhiculent elles un enseignement?

 

Nous savons en tant que lecteurs de La Fontaine adultes et enfants que pour éduquer, on a souvent recours à des histoires comme des fables même si elles ont moins de crédibilité aux yeux des adultes en ce qui concerne l'argumentation. La Fontaine tout comme Voltaire ont bien vu l'intérêt de travailler sur de tels récits. La Fontaine pensait qu'une morale seule était ennuyeuse alors conjuguée à un récit, nous retrouvons les deux fonctions de l'apologue, plaire et instruire. L'aspect didactique est ainsi mis en évidence. Tout peut être dit ainsi. Nous pouvons prendre l'exemple du pouvoir des fables, VIII, 4 du fabuliste dans laquelle un orateur tente dans l'antiquité de capter l'attention d'un public distrait, mais en vain et finalement, en leur racontant une histoire, il parvient à se faire écouter. On peut donc convaincre par une histoire car l'histoire est amusante et capte l'attention des lecteurs et auditeurs. La vivacité du récit fait appel au goût pour les histoires, le récit touche un large public et de tous les âges, les fables ne sont donc pas idéales que pour les enfants. Elles permettent l'évasion, admettent le merveilleux, évitent le discours théorique, il n'y a donc pas de ton didactique apparent même si le message suit toujours le récit. Le récit parle à l'imagination, nous pouvons citer, la cigale et la fourmi, avant même de parler à l'esprit et le lecteur suit le récit sans penser à la morale, il se laisse entrainer et surprendre même par la logique du raisonnement. Finalement et paradoxalement, le récit finit par obliger le lecteur à faire un effort d'interprétation, il doit en effet réfléchir et dépasser le récit car lorsqu'il devient critique, c'est la morale

 

Nous nous retrouvons avec des publics confondus, jeune public, tout public, public spécialisé, et pourtant il existe pour chaque public une stratégie différente pour convaincre. A chaque époque, il y a une sensiblité différente, le 18 ème siècle est friand des démonstrations indirectes et ironiques, des contes philosophiques, à la fin du 19ème siècle, on est plus tourné vers les essais et philosophies positivistes, mais la fable ne passe pas de mode car derrière le récit se cache comme un miracle que l'on n'attend pas, l'enseignement qui fait dire à Gide, "les fables sont un miracle de la culture".

Dans le loup et l'agneau, La Fontaine met en avant la philosophie du plus fort, la raison du plus fort est toujours la meilleure, il nous donne sa vision du monde et rapports de force dans la société. C'est une conception très lucide et juste mais un peu pessimiste. L'affirmation est ainsi concentrée en un seul vers, au présent de vérité générale et renforcée par l'adverbe toujours. Il décrit ainsi le comportement odieux de celui qui, exerce sa violence sur plus faible que lui , prétend la justifier par des arguements spécieux, inverse les rôles et se fait victime pour pouvoir être bourreau.

Le message est à ce niveau philosophique, cela signifie que l'homme est un loup pour l'homme. Seul La Fontaine parvient à véhiculer des idées aussi profondes et existentielles pour l'homme en ayant l'air de raconter une simple histoire anodine. C'est en cela que consiste le miracle. La culture est ainsi sauvgardée dans la mémoire des hommes; Il développe dans cette même fable une argumentation différente pour chaque animal, le loup est ainsi assimilé à un dictateur, interdisant à la population de se plaindre des sévices dont elle est victime. souffre et tais toi. Loup incarne l'homme biensûr, on retrouve dans la transposition de l'allégorie animale, le monde des hommes, la philosophie à tirer de nos actes. L'argumentation de l'agneau va à l'inverse du loup.

Ainsi qu'il le dit dans sa dédicace à "Monseigneur Le Dauphin" du premier recueil des fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables, "je me sers d'animaux pour instruire les hommes"; Le miracle est réussi. La réussite des fables tient à ce que les animaux sont humanisés, et cette métamorphose s'inscrit dans une logique, ce qui rend les fables encore plus convaincantes.

 

Il n'y a pas d'époque pour lire les fables, elles sont toujours et ont toujours été contemporaines. Derrière le loup et l'agneau, se cachent des individus que La Fontaine côtoie, il élargit la fable à des situations qui dépassent de simples rapports individuels pour refleter les relations internationales,lorsque par exemple les petits états sont agressés et menacés par les plus gros. Il en va de même pour l'agneau face au loup.

Culture est le mot qui correspond le mieux aux fables, miracle car elles sont à la portée de tous, sans pour autant être ennuyeuses

« Il y a longtemps que les fables ne nous intéressent plus pour leur moralité. N’importe quel gamin vous le dira : le plaisir, c’est l’histoire, et peu importe la leçon ! ». ...

« Il y a longtemps que les fables ne nous intéressent plus pour leur moralité. N’importe quel gamin vous le dira : le plaisir, c’est l’histoire, et peu importe la leçon ! ». Peut-on aussi facilement amputer la fable de sa morale ? N’est-ce pas dénaturer l’apologue et le ravaler au rang d’histoire brève, d’anecdote ?

Entraînez-vous

Plan possible pour une dissertation

  • I. Une affirmation contestable
  • 1. Une affirmation qui aurait choqué La Fontaine
  • 2. Deux éléments complémentaires
  • 3. La célébrité des « morales » de La Fontaine
  • II. Une affirmation pourtant justifiée
  • 1. La morale n’est pas indispensable
  • 2. Des morales stéréotypées
  • 3. Le charme des fables

 

Dissertation n°2

Les traités, essais ou ouvrages théoriques peuvent paraître, a priori, la forme la plus apte à proposer une réflexion sur la condition de l’homme. Cependant, les œuvres littéraires, quel que soit leur genre, ont également une efficacité qui leur est propre pour interroger le lecteur sur cette question. Nous verrons donc comment elles mettent en œuvre des procédés rhétoriques efficaces et s’appuient sur la fiction et l’émotion pour faire passer un message convaincant.

Plan possible pour faire une dissertation

1. Efficacité des procédés rhétoriques

A. Clarté de la pensée et du raisonnement

B. Efficacité de l’énonciation 

C. Figures de style

2. Le recours à la fiction

A. Une argumentation indirecte

B. Une réflexion plaisante 

C. Incarnation des idées 

3.Les émotions 

A. Le pathos Faire naître pitié, colère, indignation, admiration 

B. Le rire

C. L’émotion esthétique

dans sa fable intitulée « Le Bûcheron et Mercure », La Fontaine définit ainsi le genre de la fable : « Une ample Comédie à cent actes divers, / Et dont la scène est l'Univers. » Qu'en pensez vous ?

Sujet de la dissertation :

dans sa fable intitulée « Le Bûcheron et Mercure », La Fontaine définit ainsi le genre de la fable : « Une ample Comédie à cent actes divers, / Et dont la scène est l'Univers. » Qu'en pensez vous ?

I. Une comédie aux cent actes divers

A. La diversité des fables

B. La fable, un divertissement à l'image de la comédie

II Et dont la scène est l'Univers

A. Une morale individuelle, valable pour tous

B. Une morale pour les « peuples à venir »

Consultez la correction de dissertation 

Trois bonnes copies d'élèves 

Dans quelle mesure peut-on considérer les « Fables » de La Fontaine comme une œuvre composite ?

Sujet : Les fables se laissent lire comme un livre d'images qui donne  le loisir de suspendre la lecture ou de la reprendre plus tard... La Fontaine a choisi une sorte de didactisme frontal et limpide qui ne rechigne pas à offrir quelques drôleries pétries d'esprit, même au prix d'un raffinement tragique ou douloureux. C'est grâce à cela que le lecteur peut suivre la trajectoire du fabuliste...

Dans quelle mesure peut-on considérer les « Fables » de La Fontaine comme une œuvre composite ?

Plusieurs corrections proposées

Date de dernière mise à jour : 19/08/2020

Ajouter un commentaire