Bouvier, l'Usage du monde, commentaire littéraire. Comment le locuteur définit-il le voyage dans cet extrait? EAF, littérature d'idées 2021

Comment l’ouverture à l’autre favorise la découverte de soi-même et l’engagement pour l’égalité? Voyage, altérité,engagement - Littérature d'idées programme 2021

N bouvier

 

Cyrano de bergerac

Cyrano de Bergerac, l'autre monde ou les états et empires de la lune -Comment la relation de voyage permet-elle la réflexion sur l'autre? EAF  

Cyrano de Bergerac l'autre monde ou les états et empires de la lune -Comment la relation de voyage permet-elle la réflexion sur l'autre? l’ouverture à l’autre favorise la découverte de soi-même,l’engagement pour l’égalité-Voyage, altérité,engagement-Littérature d'idées 2021-Lévi-Strauss Parcours l’Autre et l’Ailleurs

Questionnaire sur Nicolas Bouvier - Journalisme et Usage du Monde

Nicolas Bouvier, L’usage du monde : « Découvrir et se découvrir », 1963

 

  • Questionnaire sur Nicolas Bouvier
  •  - Qui est Nicolas Bouvier ?
  • C'est un écrivain, photographe et journaliste
  • Il était universitaire à Genève
  • - A quelle littérature s'est il intéressé ?
  • A la littérature de la guerre de trente ans
  • - Quand est-il né ?
  • En 1929
  • - Quand est-il mort ?
  • 1998 à Genève

 

Journalisme et Usage du Monde

  • - A quelle occasion écrit-il la première partie du voyage racontée dans L'Usage du monde ?
  • En 1953, avec Thierry Vernet il part de Belgrade à Kaboul à travers la Yougoslavie, Turquie, Iran et Pakistan. C'est à cette occasion qu'il écrit la première partie du voyage racontée dans l'Usage du monde.
  • - Ce livre est-il devenu culte ?
  • Oui ce livre est devenu culte
  • Quand L'usage du monde est-il publié pour la première fois ?
  • En 1963
  • -De quoi est-il question dans cet ouvrage ?
  • Dans cet ouvrage, il raconte un voyage entrepris avec son ami Thierry Vernet qui était un dessinateur.
  • - Dans notre passage, quelle est la situation ? A quel moment l'action ?
  • L'action se situe au moment où ils s'installent à Tabriz pendant l'hiver en Iran.

Problématique Comment le locuteur définit-il le voyage dans cet extrait ?

Lecture du texte :

Dans L’empire des steppes, de Grousset, je trouvai mention d’une infantechinoise dont un khan de Russie occidentale avait demandé la main. Les émissaires ayant pris quinze ans pour faire l’aller-retour et rapporter une réponse favorable, l’affaire s’était finalement conclue... à la génération suivante. J’aime la lenteur ; en outre, l’espace est une drogue que cette histoire dispensait sans lésiner. En déjeunant,

je la racontai à Thierry, et vis sa figure s’allonger. Les lettres qu’il recevait de son amie Flo le confirmaient dans des idées de mariage qu’il ne comptait pas différer d’une génération. Bref, je tombais mal avec ma princesse.

Un peu plus tard, retour du Bain Iran, je le trouvai sur le point d’éclater. J’allai faire du thé pour lui laisser le temps de se reprendre et quand je revins, c’était : « Je n’en peux plus de cette prison, de cette trappe » – et je ne compris d’abord pas, tant l’égoïsme peut aveugler, qu’il parlait du voyage – « regarde où nous en sommes,

après huit mois ! piégés ici. »

Il avait déjà assez vu pour peindre toute sa vie, et surtout, l’absence avait mûri un attachement qui souffrirait d’attendre. J’étais pris de court ; mieux valait aborder cette question-là le ventre plein. On mit le cap sur le Djahan Noma* et, tout en rongeant un pilori, nous convînmes qu’à l’été suivant, nous nous séparerions. Flo viendrait

le retrouver dans l’Inde ; je les rejoindrais plus tard, pour la noce, quelque part entre Delhi et Colombo, puis ils s’en iraient de leur côté.

Bon. Je ne voyais guère que la maladie ou l’amour pour interrompre ce genre d’entreprise, et préférais que ce fût l’amour. Il poussait sa vie. J’avais envie d’aller égarer la mienne, par exemple dans un coin de cette Asie centrale dont le voisinage m’intriguait tellement. Avant de m’endormir, j’examinai la vieille carte allemande dont le postier m’avait fait cadeau : les ramifications brunes du Caucase, la tache

froide de la Caspienne, et le vert olive de l’Orda des Khirghizes plus vaste à elle seule que tout ce que nous avions parcouru. Ces étendues me donnaient des picotements.

C’est tellement agréable aussi, ces grandes images dépliantes de la

nature, avec des taches, des niveaux, des moirures, où l’on imagine des cheminements, des aubes, un autre hivernage encore plus retiré, des femmes aux nez épatés, en fichus de couleur, séchant du poisson dans un village de planches au milieu des joncs (un peu puceaux, ces désirs de terre vierge ; pas romantiques pourtant,

mais relevant plutôt d’un instinct ancien qui pousse à mettre son sort en balance pour accéder à une intensité qui l’élève).

J’étais quand même désemparé : cette équipe était parfaite et j’avais toujours imaginé que nous bouclerions la boucle ensemble. Cela me paraissait convenu, mais cette convention n’avait probablement plus rien à faire ici. On voyage pour que les choses surviennent et changent ; sans quoi on resterait chez soi. Et quelque chose

avait changé pour lui, qui modifiait ses plans. De toute façon nous n’avions rien promis ; d’ailleurs il y a toujours dans les promesses quelque chose de pédant et de mesquin qui nie la croissance, les forces neuves, l’inattendu. Et à cet égard, la ville était une couveuse.

 

 

Plan possible pour l'étude :

 

  • I – Le voyage : un concept
  • II – Le voyage : l'occasion d'un débat
  • III – Le voyage : les enjeux

I – Le voyage : un concept - L'écriture est au service du récit et du témoignage.

Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

 Montaigne, "Essais", "Des Cannibales", I, 31 / parcours : Notre monde vient d'en trouver un autre.

Vous pouvez aussi consulter 

EAF 2021, Montaigne, les Essais, Des cannibales, I, 31, "Trois d'entre eux...hauts-de-chausses!"

commentaire littéraire et questionnaires

Spécial bac oral de l'EAF 2021

Commentaire linéaire Montaigne, les Essais, Cannibales I, 31 "Trois d'entre eux...hauts-de-chausses!" et questions de grammaire pour l'oral de français 

 

 

I – Le voyage : un concept

Ce passage est un récit de voyage dans lequel Bouvier témoigne et expose sa conception du voyage.

L'écriture est au service du récit et du témoignage.

Le terme de voyage n'est pas si récurrent mais il est également connoté à l'aide d'autres expressions comme « l'aller-retour » et « entreprise », « la boucle » assimilant ainsi le voyage à un cheminement, voire une quête. Ainsi subjectivée, personnalisée, cette quête assimile le voyage à une expérience personnelle.

Le concept de voyage suppose cheminement et authenticité car l'expérience fait office de témoignage. Pas d'expérience de voyage sans authenticité, « j'étais pris de court », « j'avais envie d'aller égarer ma vie ». Il s'agit de la propre expérience du narrateur. Cela n'est pas sans rappeler le pacte de sincérité avec le lecteur, le narrateur doit être fidèle à ses ressentis et les transmettre au fur et à mesure de ses découvertes. En fait, il s'agit plus de se découvrir soi-même que de découvrir l'Autre.

  • Questionnaire possible :
  • De quoi est-il question ? De quelle nature le témoignage de Bouvier est-il ?
  • Quelle est la fonction de l'écriture dans ce passage ?
  • Est-ce le cas dans les autres récits de voyage ?
  • Comment le concept de voyage est-il nommé ?
  • Citez pour justifier votre réponse
  • Citez les autres expressions métonymiques de voyage
  • Quelle est la connotation rendue ? A quoi le voyage est-il assimilé ?
  • Expliquez le sens d'authenticité par rapport à la notion de voyage
  • Relevez les expressions et phrases qui se rapportent à l'authenticité inhérente au voyage
  • Est-il question de se découvrir soi-même ou plutôt de découvrir l'autre ? Expliquez en citant le texte

 

 

II – Le voyage : l'occasion d'un débat - Le voyage est l'occasion de se découvrir soi-même avant d'être l'occasion de découvrir l'autre.

II – Le voyage : l'occasion d'un débat

Le concept de voyage est l'occasion d'un débat entre les deux amis, débat dans lequel les motivations du voyageur sont évoquées.

Nicolas Bouvier a un regard bien précis sur les terres étrangères et la méditation qu'elles suscitent. Le voyage est l'occasion de se découvrir soi-même avant d'être l'occasion de découvrir l'autre. Lors de son célèbre voyage avec Thierry Vernet en hiver à Tabriz en Iran, ils débattent sur leur expérience de voyage. Il est intéressant de voir la conception du voyage développée dans le cadre de cet échange avec le monde découvert. Nous sommes confrontés à deux conceptions du voyage, les amis entrent en désaccord.

« je le trouvai sur le point d’éclater ».

  • Questionnaire possible :
  • A quoi le concept de voyage aboutit-il ?
  • Où se déroule cette expérience de voyage ?
  • De quoi est-il question dans le débat entre les deux amis ?
  • S'ordonne t'-il selon un débat dialectique ?
  • Quelles sont les deux thèses ?
  • Celle de Thierry Vernet puis celle de Bouvier ?
  • Relevez une phrase qui montre que les amis sont en complet désaccord.

 

Du blâme à l'éloge

Thierry Vernet voit dans le voyage un certain nombre de limites, il entame un blâme du voyage tandis que Nicolas Bouvier en fait l'éloge.

Nicolas Bouvier

Le voyage est associé à la liberté « mettre mon sort en balance », au plaisir « tellement agréable », « désirs de terres vierges ».

Thierry Vernet

Le voyage signifie, l'enfermement et la douleur de la séparation « je n'en peux plus », « l'absence ».

  • Questionnaire possible :
  • Montrez que Thierry Vernet assimile le voyage à un enfermement et à une douleur de la séparation
  • Montrez que Nicolas Bouvier associe cette expérience à la liberté et au plaisir de la découverte.
  • Relevez les expressions de l'éloge et du blâme

 

 

III – Le voyage : les enjeux - Motivations et quête de soi - Vient ensuite la quête de l'autre

III – Le voyage : les enjeux

Il y a une condition sine qua non pour entreprendre un voyage : il faut aimer le monde et s'affranchir des contraintes. Le voyage ne doit pas obéir à une quelconque nécessité, ce n'est pas une exploration mais une expérience personnelle. Tout dépend donc de la motivation première du voyageur.

  • Questionnaire possible :
  • Quelle est la condition préalable pour apprécier un voyage ?
  • Quelles sont au contraire les règles auxquelles le voyage ne doit pas obéir ?

 

Motivations et quête de soi

Les motivations sont premières et non soumises à des nécessités ou obligations extérieures à soi. Le goût de découvrir est lié à la quête de soi = voyager c'est se découvrir et alimenter son besoin de curiosité ainsi que le suggère la référence en début de texte à L'empire des steppes. L'aventure est donc à la fois culturelle et géographique : « la vieille carte allemande », « les étendues ». La quête de soi à travers le voyage est première.

  • Questionnaire possible 
  • Les motivations doivent elles être premières ?
  • A quoi la découverte du voyage est-elle liée en priorité ?
  • Proposer une définition du voyage qui correspondrait à celle de Bouvier
  • Relevez la phrase du texte qui montre que l'aventure est tant culturelle que géographique.

 

Vient ensuite la quête de l'autre

La recherche première est la quête de soi mais le voyageur se tourne aussi vers l'autre comme en témoignage la phrase suivante : « des femmes aux nez épatés ». Autre argument présent dans le texte en ce qui concerne la relation à l'autre pour Thierry Vernet, Flo lui manque et elle devient plus indispensable, plus nécessaire que l'exploration elle-même. L'harmonie entre le monde et l'intériorité se retrouve chez Nicolas Bouvier. Le voyage permet donc la découverte de soi, de l'autre dans une perpétuelle évolution, l'homme « est voué à évoluer », « il y a toujours dans les promesses quelque chose de pédant et de mesquin qui nie la croissance, les forces neuves, l’inattendu ».

  • Questionnaire possible
  • La quête de soi s'alimente t'-elle d'une quête de l'autre ?
  • Citez au moins une phrase de l'extrait qui le prouve
  • Dans son expression la plus haute et selon Bouvier, le voyage peut-il être synonyme d'harmonie et de symbiose entre le monde et l'intériorité ?
  • Faut-il pour cela considérer l'homme comme évolutif ?
  • Citez le passage pour justifier votre réponse

 

Conclusion :

Ce texte consacré au thème du voyage envisage d'abord d'en analyser le concept pour le contrarier sous la forme d'un débat afin d'en tirer les enjeux. Riche de leur expérience en matière d'exploration et de voyage, les deux hommes parviennent ainsi à se consacrer à une véritable expérience du moi dont ils font le témoignage dans le cadre d'un récit de voyage.

Travail proposé

Montrez en quoi ce passage qui n'accorde pas la priorité à l'autre s'oppose à Montaigne, Cyrano de Bergerac et Bougainville.

Faire une synthèse d'une dizaine de lignes.

Dissertations sur les oeuvres du programmes 2021

 

Montaigne

En quoi peut-on dire que l’humanisme se caractérise par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ? littérature d'idées EAF 

Dans le premier livre des Essais Montaigne explique que, pour se former, il faut «frotter et limer notre cervelle contre celle d’autrui».En quoi peut-on dire que l’humanisme, à la Renaissance, se caractérise par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre ?Dissertation sur une oeuvre au programme EAF 2021

Supplement au voyage de bougainville

" En quoi le Détour par l'Autre est-il un bon moyen de dénoncer les travers de notre société ? " Dissertation sur les oeuvres au programme, EAF 

" En quoi le Détour par l'Autre est-il un bon moyen de dénoncer les travers de notre société ? " Dissertation sur les oeuvres au programme, EAF 2021-Littérature d'idées, dissertations bac français 2021-En quoi peut-on dire que l’humanisme se caractérise par une ouverture à l’autre et une interrogation sur l’autre?

Date de dernière mise à jour : 21/11/2022

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