L'Enracinement une philosophie morale et politique. L'Enracinement Simone Weil

Simone weil l enracinement

La philosophie de l'enracinement

L'enracinement de Simone Weil

Simone weil l enracinement 3

Simone Weil 
Née à Paris en 1909 et décédée à Londres en 1943, Simone Weil est une philosophe française du XXe siècle disciple du philosophe Alain et proche de la mouvance dite des Non-conformistes des années 1930. 
Issue d’une famille juive alsacienne, elle fût proche de personnalités éminentes de la philosophie française de l’entre-deux-guerres.

La philosophie de l'enracinement
Attachée au principe de justice sociale, Simone Weil milite pour la gauche prolétarienne. 
Éprise de patriotisme, Simone Weil s’engage dans la France libre ( le régime républicain fondé par le Général de Gaulle 1940) après la défaite de 1940 et rejoint de Gaulle à Londres, où elle entreprend la rédaction de son ouvrage intitulé L’Enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain.
L’Enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, Simone Weil. Elle achève l'écriture de son livre en 1942, c'est un essai philosophique. Il est publié en 1949 par Albert Camus. Il a été publié à titre posthume.

Résumé de l'essai philosophique 
Cet essai comprend trois parties distinctes : 

1- La première est un prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain, idée déjà présente dans le titre. 
2- La deuxième se rapporte à une réflexion sur la nature et les causes du déracinement ainsi que les possibilités de s'enraciner pour un peuple. 
3- La dernière comprend les considérations philosophiques sur la religion, la science, l'histoire et la politique. Il y est question du réenracinement de la France après la guerre. 
 

2- Elle envisage les malaises culturels et sociaux de la civilisation du XXe. Elle en étudie les causes sur la base des notions de déracinement. Le déracinement ici signifie rupture avec les liens du passé, dissolution d'une communauté. Les failles du monde moderne sont analysés, celles du monde ouvrier, paysan et de la nation toute entière. 
3 - Réflexion sur les questions culturelles incontournables dans une vie en société pour le bien-être collectif. Il faut reconnaître l'importance du travail au sens d'un enracinement
 

L'Enracinement une philosophie morale et politique Différentes notions sont brassées

Simone weil l enracinement 3

Exigence d'une conscience universelle fondée sur le bien en obligation morale. Le bien serait inhérent à l'homme pour Simone Weil indépendamment des faits et évènements du monde matériel. Le bien est le ressort de la conscience morale, il caractérise les actions des hommes. La beauté du monde est le signe "d'un bien" existant". En fait les hommes aspirent à un bien absolu qui n'existe pas dans ce monde car le "bien véritable" ne peut que transparaître à travers la beauté du monde. Les oeuvres d'art qualifiées de belles, les actions dites bonnes en sont aussi des manifestations dans la réalité matérielle. Cette notion de bien absolu n'est accessible que par l'amour et l'attention = obligation morale dans la transcendance du bien qui s'incarne universellement en chaque homme. 
 « Il y a hors de cet univers, au-delà de ce que les facultés humaines peuvent saisir, une réalité à laquelle correspond dans le cœur humain l'exigence de bien total qui se trouve en tout homme. De cette réalité découle tout ce qui est bien ici-bas. C'est d'elle que procède toute obligation"


Autre notion étudiée : l'obligation 
Les obligations sont plus importantes que les droits. 
"Il y a obligation envers tout être humain, du seul fait qu'il est un être humain, sans qu'aucune autre condition ait à intervenir."
La Déclaration des droits de l'homme de 1789 pose des droits puis des devoirs, Simone Weil part des obligations puis des droits. 
Pourquoi? Car la notion de droit dépend pour exister de l'obligation. La loi pose les devoirs pour faire exister les droits. 
Simone Weil remet en question le contenu de la Déclaration qui fonde l'idée d'une société sur la notion de droit plutôt que sur celle d'obligation. 
La dimension inconditionnée de l'obligation est à rapprocher de la seconde formulation de l'impératif catégorique de Kant : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »
L'obligation est indépendante de toutes conditions, elle est "au-dessus de ce monde", universelle, ne repose sur aucune convention alors que les droits sont soumis à des conditions variables. L'obligation la plus fondamentale est de subvenir aux besoins d'autrui, ceux du corps et de l'âme. 
Weil se fonde sur une conception morale de l'obligation dont l'histoire témoigne, exemple le devoir de nourrir les affamés = c'est une obligation morale universelle. 

Simone weil l enracinement

Réflexion autour de l'obligation = la part du divin en l'homme

"Il faut penser tous les devoirs sur le modèle du devoir de nourrir l'être humain quand il a faim ou de l'héberger quand il a froid"
 

Obligation = « devoir envers l’être humain »
"L’obligation seule peut être inconditionnée. Elle se place dans un domaine qui est au-dessus de toutes conditions, parce qu’il est au-dessus de ce monde. Les hommes de 1789 ne reconnaissent pas la réalité d’un tel domaine. Ils ne reconnaissent que celle des choses humaines. C’est pourquoi ils ont commencé par la notion de droit."
Il apparaît bien que l’obligation échappe aux règles du contrat social, elle relève d’un absolu = le sacré 
"Cette obligation ne repose sur aucune situation de fait, ni sur les jurisprudences, ni sur les coutumes, ni sur la structure sociale, ni sur les rapports de force, ni sur l’héritage du passé, ni sur l’orientation supposée de, l’histoire. […] Car toutes les conventions sont modifiables selon la volonté des contractants, au lieu qu’en elles aucun changement dans la volonté des hommes ne peut modifier quoi que ce soit. Cette obligation est éternelle. Elle répond à la destinée éternelle de l’être humain"

 

L'enracinement est un idéalisme, il faut voir les hommes comme une finalité et non un moyen. L'homme a une place privilégiée. Il est partie d'un tout, conception grecque. 
L'obligation est 

  • atemporelle, inconditionnée, universelle. 
  • Le livre est structuré autour de la notion d'obligation. Elle est comme le modèle, l'archétype. Elle n'est fondée sur rien, aucune condition, aucun fondement mais fait écho à la conscience morale de l'homme du point de vue universel.
  • C'est une philosophie très grecque car par l'intermédiaire des besoins terrestres de l'homme, il peut répondre à cette obligation = idée platonicienne.  
  • L'essai philosophique fait la liste des obligations : les besoins ex, la faim, la sécurité jusqu'aux besoins de l'âme en relation avec la vie morale. 
  • Les besoins supposent une harmonisation des contraires, couples des contraires pour trouver un équilibre = un juste milieu : ex, repos/ exercice. 
  • Parmi les 12 besoins de l'âme, le plus important est l'enracinement 
  • = racine de l'homme dans l'existence d'une collectivité. Il faut du passé pour avoir un avenir. L'enracinement se rapporte tant à la vie individuelle que collective 
  • En rapport avec le siècle des lumières, le 18e. Cet essai s'inscrit contre le culte de la raison, cause de déracinement au détriment de l'obligation
  • Une notion important : la vérité : ce n'est pas les opinions mais le vrai au sens de l'amour de la vérité, du bien (Platon). 

 

L'enracinement
Simone weil l enracinement 3

Mais parmi l’ensemble de ces besoins, celui de l’enracinement « est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » : « Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. »

Simone Weil voit dans le déracinement la cause d’un malheur qui, dans l’histoire, a régulièrement poussé les humains à vouloir asservir les autres. Elle a cette formule frappante : « Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. ».
Écrivant ce texte pendant la guerre, elle se demande « si les Français possèdent les moyens nécessaires pour empêcher le peuple de France de glisser dans le fascisme, […] dans le communisme [ou] dans le désordre »
 Lire L’Enracinement aujourd’hui, loin du contexte de la guerre mondiale et alors que la période de la colonisation est révolue, c’est s’interroger sur la mondialisation, les migrants, la question des territoires et les frontières. 

Les personnes déracinées n'ont pas de liens avec le passé. 

  • Le déracinement a de nombreuses causes : 
  •  la conquête d'une nation par des étrangers 
  •  l'influence croissante de l'argent 
  • la conquête militaire/guerre
  • Domination économique

Le déracinement = le déracinement des Européens procède de la révolution industrielle. L’homme européen, par le biais du progrès technique et des conquêtes coloniales du XIXe a déraciné les peuples d'Afrique, d'Asie; 
Weil s'intéresse au déracinement de l'ouvrier et du paysan, victimes de la société industrielle. 
 

Questionnaire bac

Questions 


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1 - Comment Simone Weil définit-elle la notion de besoin? 
En référence à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, elle revient sur les manquements du texte, il faudrait envisager les besoins de l'âme
Les besoins élémentaires de l'âme : 
Le besoin de vérité + de travailler + propriété privée + justice+ l'enracinement
L'obligation fondamentale qui engage chaque homme envers tous les autres est celle « de satisfaire aux besoins terrestres de l'âme et du corps de chaque être humain autant qu'il est possible »
La première étude à  faire est celle des besoins qui sont à  la vie de l’âme ce que sont pour la vie du corps les besoins de nourriture, de sommeil et de chaleur. Il faut tenter de les énumérer et de les définir.
Il ne faut jamais les confondre avec les désirs, les caprices, les fantaisies, les vices. Il faut aussi discerner l’essentiel et l’accidentel. L’homme a besoin, non de riz ou de pomme de terre, mais de nourriture ; non de bois ou de charbon, mais de chauffage. De même pour les besoins de l’âme, il faut reconnaître les satisfactions différentes, mais équivalentes, répondant aux mêmes besoins.
Ces besoins sont les fondements de la société. C'est une alternative à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui ne prend en considération que les droits individuels sans jamais interroger la nécessité d’une prise en compte des besoins de l’esprit humain, tant sur le plan individuel que collectif.
Les besoins supposent une harmonisation des contraires, couples des contraires pour trouver un équilibre = un juste milieu : ex, repos/ exercice. 
Mais parmi l’ensemble de ces besoins, celui de l’enracinement « est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine » : « Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie. »


2 - Pourquoi Simone Weil critique t'-elle si violemment les médias? 
 Elle a également été critique des médias, en particulier de la presse écrite, qu’elle considérait comme un outil de propagande pour les puissants. Elle a écrit que les médias étaient « l’opium du peuple » et qu’ils étaient utilisés pour maintenir les gens dans l’ignorance et la soumission.
Elle a également critiqué la façon dont les médias déforment la réalité et créent des stéréotypes. Elle a écrit que les médias étaient responsables de la création d’une « fausse réalité » qui était utilisée pour manipuler les gens. Les médias se concentrent sur les évènements sensationnels au lieu de comprendre les problèmes réels.


3 - Que pense Simone Weil du développement technique? 
Il faut raisonner en termes de travail, de travaux économisés, dépensés ou gaspillés, alors que le capitalisme et le marxisme pensent  profit ou extorsion d’un surtravail.
La dépossession de l'individu vient de la transformation du travail par la machine. Simone Weil attaque le mythe du productivisme et de la croissance. Rien ne lui semble pouvoir justifier rationnellement la thèse d’une loi scientifique de la croissance illimitée des forces productives:
Simone Weil remet donc en doute ce que la modernité appelle progrès, à savoir le progrès de la techno-science. Loin d’être un facteur de progrès, ces effets pervers dépassent en réalité les avantages qu’il procure:
Ainsi à tous ces égards le progrès se transforme aujourd'hui, d'une manière à proprement parler mathématique, en régression :
c’est le mode de production industriel qui doit être remis en question et pas seulement le rapport social capitaliste. 


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4 - Comparer la position de Weil à celle de Platon dans les domaines que vous connaissez
- L’Amour est descendu par amour dans ce monde sous forme de beauté. Dans Le Banquet de Platon, celui-ci fait dire à Socrate que l’amour n’est pas la beauté, puisqu’il est essentiellement amour de la beauté. Si l'homme en ressent la privation cela signifie que par nature, il doit y tendre, il en participe. 
 L’idée de Platon pour Simone Weil est source d’énergie. La beauté suscite en nous de l’énergie, elle éveille le désir, étant la seule de toutes les Idées qui soit accessible à nos sens.  La beauté est elle-même la seule finalité et que, cette finalité, comme l’a vu Kant, est une finalité sans fin, alors que tout le reste de ce que nous considérons ici-bas comme des biens, n’est fait que de moyens, tels que le pouvoir, l’argent, etc. L’amour est l’élan de l’âme vers le beau
- L'enracinement est un idéalisme, il faut voir les hommes comme une finalité et non un moyen. L'homme a une place privilégiée. Il est partie d'un tout, conception grecque. 
- C'est une philosophie très grecque car par l'intermédiaire des besoins terrestres de l'homme, il peut répondre à cette obligation = idée platonicienne.  
Les besoins supposent une harmonisation des contraires, couples des contraires pour trouver un équilibre = un juste milieu : ex, repos/ exercice. 


5 - Que signifie s'épanouir pour Simone Weil? 
“S’épanouir, c’est ne pas se déraciner” . Cette citation peut être interprétée comme une invitation à ne pas perdre ses racines et à s’enraciner dans sa culture, son histoire et ses traditions. Selon Weil, le déracinement est un drame de la société actuelle, car une fois que le passé est détruit, il est irrémédiablement perdu
les hommes sont riches d’un passé et possèdent des racines, une culture, des traditions de travail et de savoir. Être attaché à conserver le passé ne constitue pas une attitude réactionnaire. L’avenir ne peut être construit qu’à partir d’un passé. « L’amour ne contient rien par lui-même. Il est vide. L’amour ne nous apporte rien, c’est nous qui devons tout lui donner. » « L’amour du passé est nécessaire pour construire chaque jour l’avenir avec ce que nous avons conservé de notre tradition. »
« Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé. »
Comme le corps humain, l’âme se construit autour de besoins qui vont de pair et s’opposent (l’ordre vs la liberté, l’obéissance, la responsabilité, l’égalité, la hiérarchie, etc.). C’est le juste équilibre entre chacun de ces deux pôles qui permet à l’âme humaine de s’épanouir et au corps social de fonctionner, autant que faire se peut, de manière cohérente. 
L'Enracinement est un besoin de l'âme. Il est possible de s'appuyer sur la définition de l'Enracinement qu'elle propose dans l'exposé des obligations où elle écrit : "L'âme humaine a besoin par-dessus tout d'être enracinée dans plusieurs milieux naturels et de communiquer avec l'univers à travers eux.
L’enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. C’est un des plus difficiles à  définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à  l’existence d’une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d’avenir. Participation naturelle, c’est-à -dire amenée automatiquement par le lieu, la naissance, la profession, l’entourage. Chaque être humain a besoin d’avoir de multiples racines. Il a besoin de recevoir la presque totalité de sa vie morale, intellectuelle, spirituelle, par l’intermédiaire des milieux dont il fait naturellement partie.

 - Opposer cette définition à la doxa d'aujourd'hui 
La Vérité

Une notion importante : la vérité : ce n'est pas les opinions mais le vrai au sens de l'amour de la vérité, du bien (Platon). 
Platon met aussi la vérité au rang suprême des valeurs. C’est une valeur plus difficile à définir que la beauté. Il est impossible de penser le monde tel qu’il est vraiment. Et pourtant la vérité du monde est une pensée. Les sens ne peuvent rien pour nous faire découvrir le vrai du faux. Seule notre pensée, dans le silence intérieur, peut effectuer cette découverte qui se dérobe à notre intelligence.
Doxa = opinion. Le contraire de l'idée qui est ce dont on peut rendre compte. 

6 - Quel rôle l'Etat doit-il jouer?
Selon Simone Weil, l’État est une institution qui a pour fonction de maintenir l’ordre social et de garantir la sécurité des citoyens. Elle considère que l’État doit être au service du bien commun et non pas d’intérêts particuliers. Elle critique le pouvoir absolu de l’État et prône une forme de gouvernement qui respecte les droits de l’individu et la liberté de conscience.
La politique compose les institutions et les êtres à l’intérieur des 
États, et noue les relations entre les États. 
Elle souligne l'importance apparente de la rupture  établie par la Révolution de 89 dans le passage de la monarchie absolue de droit divin à la "souveraineté du peuple".
Elle montre qu'en réalité, c'est toujours le même Etat despotique 
Donc 
Il faut restaurer le vrai patriotisme : 
"Un amour parfaitement pur de la patrie a une affinité avec les sentiments qu'inspirent à un homme ses jeunes enfants, ses vieux parents, une femme aimée. La pensée de la faiblesse peut enflammer l'amour comme celle de la force, mais c'est d'une flamme bien autrement pure."
Le Rôle de l'État et des Syndicats
Weil examine également le rôle que peuvent jouer l'État et les syndicats dans l'amélioration de la condition ouvrière. Elle critique cependant la bureaucratie syndicale, qui selon elle peut être déconnectée des besoins réels des travailleurs, et plaide pour un engagement plus direct et authentique en faveur de la justice sociale.


7 - La notion de "racines" contribue t'-elle à nous rendre plus libre ou pas? Quelle liberté, quel enracinement? 
Définir la radicalisation. En quoi cette définition ne convient-elle pas aux extrêmistes, fondamentalistes, fanatiques, terroristes d'aujourd'hui si l'on suit cette définition? 
La notion de "racines" questionne le fondement possible d'une vie ayant du sens. 
Réflexion autour de l'obligation = la part du divin en l'homme
"Il faut penser tous les devoirs sur le modèle du devoir de nourrir l'être humain quand il a faim ou de l'héberger quand il a froid"

Exigence d'une conscience universelle fondée sur le bien en obligation morale. Le bien serait inhérent à l'homme pour Simone Weil indépendamment des faits et évènements du monde matériel. Le bien est le ressort de la conscience morale, il caractérise les actions des hommes. La beauté du monde est le signe "d'un bien" existant". En fait les hommes aspirent à un bien absolu qui n'existe pas dans ce monde car le "bien véritable" ne peut que transparaître à travers la beauté du monde. Les oeuvres d'art qualifiées de belles, les actions dites bonnes en sont aussi des manifestations dans la réalité matérielle. Cette notion de bien absolu n'est accessible que par l'amour et l'attention = obligation morale dans la transcendance du bien qui s'incarne universellement en chaque homme. 

Simone Weil voit dans le déracinement la cause d’un malheur qui, dans l’histoire, a régulièrement poussé les humains à vouloir asservir les autres. Elle a cette formule frappante : « Qui est déraciné déracine. Qui est enraciné ne déracine pas. ».
Écrivant ce texte pendant la guerre, elle se demande « si les Français possèdent les moyens nécessaires pour empêcher le peuple de France de glisser dans le fascisme, […] dans le communisme [ou] dans le désordre »
 Lire L’Enracinement aujourd’hui, loin du contexte de la guerre mondiale et alors que la période de la colonisation est révolue, c’est s’interroger sur la mondialisation, les migrants, la question des territoires et les frontières. 

8 - Comparez Simone Weil à ce que vous savez de Camus 
Camus, en 1949, décide de publier et de préfacer, avec un grand respect, cette œuvre interrompue par la mort : « un des livres les plus lucides, les plus élevés, les plus beaux qu’on ait écrits depuis fort longtemps sur notre civilisation ».
une préoccupation essentielle a poursuivi Camus à travers son œuvre, depuis les « écrits du Quartier pauvre» et L'envers et l'endroit jusqu'au Premier homme : donner une voix au « peuple des muets », son peuple pour toujours. « Arracher cette famille pauvre au destin des pauvres qui est de disparaître de l’histoire sans laisser de traces. Les Muets. Ils étaient et ils sont plus grands que moi »
Au sein même de sa famille :
Pour communiquer avec sa mère, son oncle, c'est le silence habité qu'il choisira, avec les humbles mots de la vie quotidienne au sein du quartier pauvre. Communion plus profonde que toute autre, sans doute ; mais la communication n'était pas rétablie entre la société et les très pauvres. Camus leur a prêté sa voix, mais ils n'ont pu l'entendre ni surtout se faire entendre eux-mêmes dans le monde.
Les efforts désespérés de Camus et de Simone Weil se sont heurtés quelque part à un mur : absence de communication verbale avec ses plus proches en matière de pensée chez Camus, mais aussi fin de non-recevoir pour ses tentatives d'établir un véritable dialogue entre communautés en Algérie ; impossibilité pour Simone Weil d'entrer en relation spirituelle ou intellectuelle avec les ouvrières dont elle partageait la vie. 
Camus est en constante recherche du sens
Autour de la notion de l'homme sans Dieu, de la notion d'absurde, l'homme est en quête d'une union avec lui-même, les autres et le monde. 
Aux antipodes de la philosophie de Simone Weil qui part en quête du sacré dans l'homme. 
 

Un extrait 
Simone Weil, L’Enracinement, 1949 


Une nourriture indispensable à l'âme humaine est la liberté. La liberté, au sens concret du mot, consiste dans une possibilité de choix. Il s'agit, bien entendu, d'une possibilité réelle. Partout où il y a vie commune, il est inévitable que des règles, imposées par l'utilité commune, limitent le choix. 
Mais la liberté n'est pas plus ou moins grande selon que les limites sont plus étroites ou plus larges. Elle a sa plénitude à des conditions moins facilement mesurables. Il faut que les règles soient assez raisonnables et assez simples pour que quiconque le 
désire et dispose d'une faculté moyenne d'attention puisse comprendre, d'une part l'utilité à laquelle elles correspondent, d'autre part les nécessités de fait qui les ont imposées. Il faut qu'elles émanent d'une autorité qui ne soit pas regardée comme étrangère ou ennemie, qui soit aimée comme appartenant à ceux qu'elle dirige. Il faut qu'elles soient assez stables, assez peu nombreuses, assez générales, pour que la pensée puisse se les assimiler une fois pour toutes, et non pas se heurter contre elles toutes les fois qu'il y a une décision à prendre. À ces conditions, la liberté des hommes de bonne volonté, quoique limitée dans les faits, est totale dans la conscience. 
Simone Weil, L’enracinement, 1ere partie (Les besoins de l’âme), section « La liberté », 1949

Simone weil l enracinement

Présentation des grands enjeux 
Le contexte dans lequel l’ouvrage a été écrit et le but que son auteur lui assigne s’inscrivent parfaitement dans la défense des valeurs de la République que l’auteur souhaitait contribuer à restaurer au terme de la Seconde Guerre mondiale. Les titres de certaines sections de la première partie (la liberté, l’égalité, la liberté d’opinion, la sécurité, la vérité) révèlent le contenu de l’ouvrage et son projet : comme le corps humain, l’âme se construit autour de besoins qui vont de pair et s’opposent (l’ordre vs la liberté, l’obéissance, la responsabilité, l’égalité, la hiérarchie, etc.). C’est le juste équilibre entre chacun de ces deux pôles qui permet à l’âme humaine de s’épanouir et au corps social de fonctionner, autant que faire se peut, de manière cohérente


Proposition de questions 
Comment comprenez-vous, à la ligne 1, l’expression « nourriture indispensable » ? 

L’emploi de ce groupe nominal est une métaphore qui rend concrète et tangible l’importance de la liberté, présentée comme un aliment qui serait destiné à satisfaire des besoins physiques. La structure attendue serait plutôt le contraire, à savoir faire de ce groupe nominal un attribut du sujet : « La liberté est une nourriture indispensable à l'âme humaine ». Le renversement de la construction permet de mettre en valeur à la fois le sujet et son attribut qui, pour ainsi dire, prennent la place l’un de l’autre. 

Comment comprenez-vous l’expression « une possibilité de choix » (ligne 2) ? Qu’est-ce que pour vous le libre choix ? 
Simone Weil réactualise une des conceptions traditionnelles de la liberté : si nous sommes libres c’est parce que nous sommes naturellement dotés de la capacité non seulement de penser, mais aussi de vouloir, en prenant des décisions qui ne sont pas contraintes (ni par le monde extérieur, ni par nos dispositions intérieures). Mais Simone Weil insiste surtout sur le fait que cette liberté demande une « possibilité réelle » : nous pourrions en effet manquer des forces et des moyens nous permettant d’exercer effectivement notre liberté. Que devient le droit d’aller et venir, si l’on ne dispose pas des moyens de se déplacer ? Que devient le droit de s’exprimer librement, si l’on ne dispose pas d’une maîtrise minimale de la langue, de la culture ? Les très grandes inégalités sociales, et les privations que subissent les individus et les groupes sociaux les plus démunis, réduisent considérablement les « possibilités réelles » de la liberté.

Quelles réflexions vous inspire la dernière phrase du premier paragraphe (« Partout où il y a vie commune, il est inévitable que des règles, imposées par l'utilité commune, limitent le choix ») ? Que traduisent les choix stylistiques faits par l’auteur ? 
L’auteur souligne, par différents effets stylistiques, que la liberté collective ne peut pas exister si la liberté individuelle ignore celle d’autrui et prend le pas sur l’intérêt collectif. L’on note ainsi en tête de phrase la présence de la tournure partout où dotée d’une valeur fortement généralisante : son emploi traduit que cette limitation de la liberté individuelle, dictée par l’intérêt commun, est universelle, et que, d’une certaine manière, la société ne peut manquer d’être oppressive. L’on note par ailleurs la reprise de l’adjectif épithète commune dans vie commune et utilité commune qui insiste sur la primauté que les nécessités vitales imposent d’accorder à l’intérêt du groupe au détriment de l’intérêt individuel.

Le deuxième paragraphe (« Mais la liberté n'est pas plus ou moins grande selon que les limites sont plus étroites ou plus larges. Elle a sa plénitude à des conditions moins facilement mesurables ») semble apporter un rectificatif au précédent : que veut dire ici Simone Weil ? 
La liberté n’est pas seulement conditionnée par l’étendue des possibilités de choix offertes à chacun. En tant qu’elle appartient à la pensée, la liberté porte sa propre réalité, son propre dynamisme. On a ainsi à faire, selon Simone Weil, à deux ordres de réalité très profondément différents, qu’il s’agit justement d’essayer de concilier : d’une part, les exigences de la vie en société (que Simone Weil associe à la satisfaction des besoins vitaux); d’autre part, les exigences de la vie intérieure, autrement dit de la vie de l’esprit, auxquelles il s’agit aussi de faire droit.

Quelles sont les conditions et propriétés qui, dans le dernier paragraphe, doivent rendre acceptables les règles imposées aux hommes ? 
Pour faire l’objet d’un consensus, les règles de la vie en commun doivent obéir aux trois ensembles de critères suivants : 
- conformité à la raison, simplicité et caractère intelligible ; 
- émanation d’une autorité légitime ;
- caractère durable et nombre réduit. 

Dans ce même paragraphe, comment comprenez-vous la triple reprise du verbe impersonnel « Il faut » ? 
Les trois phrases du troisième paragraphe commencent par le verbe impersonnel il faut. Ce verbe interroge ici le caractère de nécessité des conditions qui sont énoncées et sans lesquels les règles de la vie en commun ne sauraient être acceptées. On se trouve ici aux prises avec une véritable difficulté : il n’est pas aisé en effet – et il est même peut-être en réalité impossible – d’accorder de manière tout à fait harmonieuse les exigences de l’organisation sociale et celles de la liberté personnelle. Il le « faut » - mais le peut-on vraiment ? Que les règles de la vie collective soient raisonnables et qu’elles puissent être librement consenties, cela permet de se rapprocher d’un tel idéal. Cela ouvre aussi sur la perspective d’une reprise et d’un perfectionnement indéfini des lois et des institutions sociales, toujours imparfaites en réalité. 
Lien avec une ou plusieurs des trois thématiques : liberté d’expression, valeurs de la République, rôle de l’École républicaine 
- liberté individuelle et liberté d’expression
- valeurs fondatrices de la République

Les notions à connaître sur la morale et la politique au baccalauréat de philosophie

Date de dernière mise à jour : 09/02/2024

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