La liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ? Corrigé de la dissertation, bac technologique 2022

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Annales bac 2022

La liberté consiste-t-elle réellement à n'obéir à personne, ou bien l'obéissance est-elle condition de liberté ?

 

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Dissertation

Sujet 1

La liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ? 

 

Si on définit la liberté comme la capacité de faire ce que l'on veut, et l'obéissance comme le fait d'être contraint de respecter la parole d'autrui, alors il paraît évident que la liberté consiste bien à n'obéir à personne ; si j'obéis à quelqu'un je ne fais pas ce que je veux et donc je ne suis pas libre. Mais un monde où personne n'obéit à personne est un monde de désordre et de chaos. Or dans le chaos, je ne suis plus libre.

Problème : il semble bien que la liberté consiste à n'obéir à personne, mais en même temps, si plus personne n'obéit à personne, il résulte une anarchie qui supprime toute possibilité de liberté. La liberté consiste-t-elle réellement à n'obéir à personne, ou bien l'obéissance est-elle condition de liberté ?

 

I/ La liberté consiste à n'obéir à personne (la liberté est indépendance, et l'obéissance est une contrainte)

A) Gorgias (dans le Gorgias de Platon) défend la thèse suivante : être libre, c'est pouvoir satisfaire tous ses désirs. Or si je veux satisfaire tous mes désirs je ne dois obéir à personne, puisque l'obéissance pourrait aller à l'encontre de mes désirs personnels. Être libre c'est donc pouvoir n'obéir à personne et faire ce que l'on veut.

B) La liberté se définit comme libre arbitre : être libre c'est avoir la capacité de choisir en son nom propre. Pour Descartes le libre-arbitre est une évidence. L'homme est essentiellement libre, et sa liberté s'exprime quand il n'est pas contraint d'obéir à un autre, mais peut choisir pour lui-même.

C) Si la liberté consiste à n'obéir à personne, c'est parce qu'elle se définit de manière négative, comme absence d'obstacle. C'est la définition de Hobbes dans le Léviathan. Or le fait qu'une personne m'ordonne d'agir d'une manière ou d'une autre, cela est un obstacle pour ma liberté.

Transition : le problème posé par cette conception de la liberté, c'est que si personne ne doit obéir à personne, il en résulte un désordre absolu. Comment la liberté peut-elle consister à n'obéir à personne, si la conséquence de cette définition est la suppression de toute liberté ?

II/ La liberté n'existe pas sans l'obéissance.

A) Hobbes définit la liberté comme absence d'obstacle. Mais il explique aussi que dans « l'état de nature », quand les hommes sont libres de faire ce qu'ils veulent sans obéir à quiconque, règne un état de guerre permanent où les hommes sont constamment en danger. S'ils veulent rester en vie, les hommes doivent renoncer au moins pour une part à leur liberté, et obéir aux lois de l’État, qui a pour mission de les protéger.

B) La liberté absolue n'existe pas : les hommes sont libres seulement en tant qu'ils ont conscience qu'ils sont contraints d'obéir aux lois de la nature. Spinoza dans l'Ethique explique que les hommes ignorent les causes qui les déterminent à agir, et que la seule manière d'être libre est pour eux de prendre conscience de ces causes.

C) Rousseau considère que la liberté est impossible sans les lois. Avant les lois il n'existe pas de liberté : la liberté existe parce qu'il y a des lois qui viennent cadre son existence. Il ne faut pas confondre l'indépendance (capacité de faire ce que l'on veut, incompatible avec l'obéissance) et l'autonomie, qui est une manière d'envisager la liberté malgré l'obéissance.

Transition : comment penser la liberté malgré l'obéissance aux lois ?

III/ L'obéissance est la condition de la liberté

A) Rousseau explique que l'obéissance aux lois est la condition de la liberté, car cette liberté est une autonomie, et l'obéissance n'est pas une contrainte mais une obligation morale. L'individu citoyen est libre quand il peut exercer sa souveraineté politique.

B) La volonté générale est la manière pour les hommes de conserver leur liberté par et malgré l'obéissance aux lois : en obéissant aux lois on n'obéit pas à quelque chose d'extérieur à soi, mais on obéit à soi-même. Ainsi on fait preuve d'autonomie : on est capable de se fixer à soi-même sa propre loi.

C) C'est le sens de la distinction entre le fait d'agir conformément au devoir et d'agir par devoir que l'on trouve chez Kant. Agir conformément au devoir c'est agir en tant qu'on est contraint d'obéir à la loi : on n'est pas libre. Lorsqu'on agit par devoir on se sert de la loi morale qui est en nous pour guider notre action, et on a conscience que l'obéissance à la loi est la meilleure chose à faire : non seulement on obéit en conservant sa liberté, mais l'obéissance est alors l'expression la plus haute de la liberté (autonomie) qui est la notre.

Conclusion : non seulement la liberté ne se pense qu'avec l'obéissance (sinon c'est l'anarchie), mais on peut voir pour conclure que c'est seulement par l'obéissance, comprise comme obéissance à soi-même et à la loi morale qui est en nous, qu'on peut réaliser sa liberté.

 

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