Commentaire linéaire, "A qui donc sommes-nous?" Hugo, les Contemplations livre IV - parcours : Les Mémoires d'une âme

Problématique : Comment de l'incompréhension et du doute du poète, l'interrogation sur la destinée humaine naît-elle?

Hugo

Exercices bac français Hugo Les Contemplations livres I à IV parcours Les Mémoires d'une âme. Evaluez votre niveau, testez vos connaissances

Exercices 2 4

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A qui donc sommes-nous? Victor Hugo

Les ContemplationsÀ qui donc sommes-nous ?
À qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ?
Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ?
Oh ! parlez, cieux vermeils,
L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre
Liant l'homme aux soleils ?

Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires,
Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ?
Destin, lugubre assaut !
Ô vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ?
L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ?
Combien sont-ils là-haut ?

Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre,
Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre.
Qui craindre ? qui prier ?
Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres
Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres
Sur le noir échiquier.

Songe horrible ! le bien, le mal, de cette voûte
Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute !
Ô sphinx, dis-moi le mot !
Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent,
Noirs vivants ! heureux ceux qui tout à coup s'éveillent
Et meurent en sursaut !
 

Mouvement 1 : les deux premiers sizains : questionnement du poète sur la destinée humaine Mouvement 2 : troisième sizain : un récit fantasmagorique Mouvement 3 le poète cherche des réponses

Les Contemplations Introduction 


« Les Contemplations » est un recueil de poésies en date de 1856 de Victor Hugo, chef de file du mouvement romantique. Dans ce recueil, le poète présente les Contemplations comme « Les Mémoires d’une âme » dès sa préface car c’est une autobiographie poétique sous le signe de la mémoire où chaque évènement est l’occasion pour le poète d’associer un mouvement de l’âme (révolte, souvenirs, émerveillement…).
Le recueil est un diptyque, « Autrefois » et « Aujourd’hui », c’est le décès de sa fille Léopoldine en 1843 qui marquera la coupure des Contemplations en deux parties. 
Nous allons étudier une poésie de Victor Hugo intitulée "A qui donc sommes-nous?" située dans la deuxième partie des Contemplations "Aujourd'hui", 4ème livre Pauca Meae dont le thème est relié à la mort de Léopoldine. Pauca Meae est un livre hommage à sa fille décédée. Le poète fait le choix d'insérer "A qui donc sommes-nous?" dans cette partie à la date d'anniversaire de la mort de sa fille. 
Le poème évoque un moment de doute du "je" sur le sens de la vie. Il est constitué de quatre strophes de 6 vers composées en alexandrins, un sizain puis deux alexandrins et un sizain. Les rimes correspondent au schéma suivant : AABCCB 
Le poète ne comprend pas comment les évènements arrivent, ni le sens de la destinée humaine. De l'incompréhension naît le doute du poète. Il élargit ses interrogations personnes à celles de tous les hommes.


Problématique :
 Comment de l'incompréhension et du doute du poète, l'interrogation sur la destinée humaine naît-elle? 


Mouvements :
Mouvement 1 : les deux premiers sizains : questionnement du poète sur la destinée humaine
Mouvement 2 : troisième sizain : un récit fantasmagorique
Mouvement 3 : quatrième sizain : le poète est en quête de réponse à ses questions. 
 

Mouvement 1 Hugo s'interroge sur l'homme, sur l'être humain.

Les Contemplations
On note une triple interrogation dès le premier vers. L'usage du pronom personnel "nous" renvoie non pas au poète mais à l'humanité toute entière. Hugo s'interroge sur l'homme, sur l'être humain. Les trois pronoms relatifs "qui" renforcent le questionnement de l'auteur. 
Vers 2/3 : L'auteur ne s'adresse pas à une personne mais à la fatalité dans une métaphore "Vautour fatalité" qui donne l'image d'un destin funeste, l'image d'un charognard dont l'homme est la proie-victime. Cela crée une scène fantasmagorique de la destinée humaine. Il en donne une vision effrayante, cauchemardesque en imaginant notre destinée manipulée par des personnages mystérieux et inquiétants. L'interjection "Oh!" exprime l'appel du lointain, vers 3. L'âme humaine des vers 3 à 6 est associée au champ lexical de l'espace "cieux", "étoiles", "rayon", "soleil" pour connoter son immensité, son caractère infini "sans fond" et son lien avec l'infinité de l'espace "liant", "fil". 
"Destin lugubre assaut" : vers 3 du second sizain, il fait écho à la métaphore du vers 2 du premier sizain. La race humaine est une proie destinée à son funeste destin. Le questionnement du poète se poursuit au vers 3 "Ô vivants, serions-nous l'objet d'une dispute?" Il émet l'hypothèse d'une dispute et dès le vers 5 du 2ème sizain, suggère dans un parallélisme l'éventuelle présence de deux acteurs "l'un" qui pourrait être Satan, auteur de la chute de l'homme et "l'autre qui pourrait vouloir notre gloire", Dieu. L'usage du conditionnel s'accorde au questionnement persistant du poète tourmenté. 

Mouvement 2 : le monde est réduit à un jeu qui se déroule en présence de personnages inquiétants

Les ContemplationsL'adverbe "jadis" marque une coupure dès le premier vers du troisième sizain, le poète assimile le monde à un échiquier gouverné par deux joueurs le divisant en deux valeurs, le bien et le mal. C'est un véritable récit fantasmagorique.
Le sizain est dominé par le champ lexical de l'ombre suggérant l'aspect effrayant de ce jeu morbide pour l'homme qui s'interroge "Qui craindre? Qui prier?" 
La représentation de l'ordre des évènements de l'univers est évoquée à l'imparfait "apparaissaient", "voyaient", "déplaçaient". Les deux questions du vers interrogent le récit afin de mettre en avant l'incompréhension, le doute persistant du poète toujours sans réponse à ses questions. 
Les trois derniers vers du sizain sont évocateurs du dualisme entre le bien et le mal auquel le monde est soumis "Manès", "Zoroastre". La métonymie de "l'échiquier" pour désigner le monde le réduit à un jeu, un simple divertissement qui se déroule en présence de personnages inquiétants "mage sombre", théologiens "Manès" et "Zoroastre". 

Mouvement 3 "Dieu, tire-moi du doute!"

Les ContemplationsLa dernière strophe est à nouveau au présent de l'indicatif, c'est un présent d'énonciation comme dans la première strophe. Cela permet au poète d'exprimer l'urgence des réponses attendues aux questions posées.
Vers 19 "horrible", "Affreux" vers 22, "noirs" dans l'avant dernier vers = ces adjectifs reflètent l'état de doute angoissant dans lequel se trouve le poète. Il est encore renforcé par l'absence de réponse à ses questions comme le suggèrent les phrases exclamatives et l'apostrophe à Dieu " Dieu, tire-moi du doute !" (référence chrétienne) et au Sphinx (référence à la mythologie Grecque) "O Sphinx, dis-moi le mot!" 

Conclusion 
Ce poème nous montre comment de l'incompréhension et du doute naît l'interrogation du poète sur la destinée humaine, le sens de la vie et l'ordre du monde. Cet état d'esprit de l'écrivain fait suite au décés de sa fille Léopoldine. L'ordre du monde reste indéchiffrable et incompréhensible. Son questionnement concerne l'humanité, la destinée des hommes, cela n'est pas sans rappeler une phrase de la préface "Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous". 
Ouverture
Il semble que Victor Hugo trouve un peu d'apaisement dans le poème XXVI du dernier livre "Ce que dit la bouche d'ombre". 
L’espoir apparaît vers la fin de « Ce que dit la bouche d’ombre », avec la séquence qui commence par le vers « Espérez ! espérez ! espérez, misérables »
 

Date de dernière mise à jour : 16/12/2022

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