3e. Se chercher, se construire, se raconter, se représenter. Contrôles de lecture, dossiers, brevets blancs, questionnaires

Les indices d'un récit autobiographique-Rousseau, les Confessions-La Promesse de l'Aube, de Romain Gary-SARRAUTE Enfance-Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal-« La vie est un je » Agnès Jaoui

Chateaubriand 3

• Cinq premières minutes de l’émission « La vie est un je » Agnès Jaoui

Agnès Jaoui : comment la lecture du journal d’Anne Franck lui a donné l’idée d’écrire son journal pour se construire, comment aussi elle s’est sentie, jeune, entre deux cultures, deux mondes, juifs et non juifs, Sarcelles et Paris, populaires et bourgeois.

• Cinq premières minutes de l’émission « La vie est un je »

 

Les indices d'un récit autobiographique

 

A consulter 

 Le texte autobiographique, fiche brevet pour réviser



* un texte écrit à la 1re personne : celui qui prend en charge la narration parle de lui-même, de son caractère, de sa manière d'écrire.

* Identité du narrateur ( celui qui parle), de l'auteur ( l'écrivain) et du personnage ( personnage principal du récit) = 
Auteur = narrateur = personnage principal = je

* Les évènements sont racontés au passé, ils doivent avoir eu lieu et les personnages ne sont pas fictifs.

C'est ainsi que Philippe Lejeune a défini l'autobiographie : « Récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle nous fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur une vie individuelle, en particulier l'histoire de sa personnalité ».


- Le point de vue est interne (donc subjectif): c’est l’auteur qui raconte ses souvenirs, ce qu'il a vécu.
- Le récit est donc fait à la première personne.
- Deux “je” coexistent : celui du moment de l’événement raconté, de l’enfance, d’hier et celui du moment de l’écriture, d’aujourd’hui.
- L’autobiographie a un double destinataire : soi-même et le lecteur.

Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal de « Va-t’en, lui disais-je » à « l’insensé réveil ». Critique de la colonisation- l'engagement dans le combat de la décolonisation

Aimé Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1947)

Va-t’en, lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache, va-t’en je déteste les larbins de l’ordre et les hannetons de l’espérance. Va-t’en mauvais gris-gris, punaise de moinillon. Puis je me tournais vers des paradis pour lui et les siens perdus, plus calme que la face d’une femme qui ment, et là, bercé par les effluves d’une pensée jamais lasse je nourrissais le vent, je délaçais les montres et j’entendais monter de l’autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane que je porte toujours dans mes profondeurs à hauteur inverse du vingtième étage des maisons les plus insolentes et par précaution contre la force putréfiante des ambiances crépusculaires, arpentée nuit et jour d’un sacré soleil vénérien.

Au bout du petit matin bourgeonnant d’anses frêles les Antilles qui ont faim, les Antilles grêlées de petite vérole, les Antilles dynamitées d’alcool, échouées dans la boue de cette baie, dans la poussière de cette ville sinistrement échouées.

Au bout du petit matin, l’extrême, trompeuse désolée eschare sur la blessure des eaux ; les martyrs qui ne témoignent pas ; les fleurs de sang qui se fanent et s’éparpillent dans le vent inutile comme des cris de perroquets babillards  ; une vieille vie menteusement souriante, ses lèvres ouvertes d’angoisses désaffectées ; une vieille misère pourrissant sous le soleil, silencieusement ; un vieux silence crevant de pustules tièdes, l’affreuse inanité de notre raison d’être.

Au bout du petit matin, sur cette plus fragile épaisseur de terre que dépasse de façon humiliante son grandiose avenir – les volcans éclateront, l’eau nue emportera les taches mûres du soleil et il ne restera plus qu’un bouillonnement tiède picoré d’oiseaux marins – la plage des songes et l’insensé réveil.

Aimé Césaire

"Se chercher, se construire", étudier l'autobiographie en 3e

Leiris

Séquence brevet de français, 3ème, "se chercher, se construire", étudier l'autobiographie. Le pacte de Philippe Lejeune, brevet Leiris, l'âge d'homme 

Séquence brevet de français, 3ème, "se chercher, se construire", étudier l'autobiographie. Le pacte de Philippe Lejeune, brevet Leiris, l'âge d'homme. Exercices d'entraînement au brevet

Lectures cursives à consulter

  • • Le Fils du pauvre, Mouloud Feraoun
  • • L’Enfant noir, Camara Laye
  • • La Civilisation, ma mère !, Driss Chraibi
  • • Le Gône du chabaa, Azouz Begag
  • • Aliocha, Henri Troyat
  • • La Promesse de l’Aube, Romain Gary
  • • Comment peut-on être français?, Chahdortt Djavann
  • • Je viens d’ailleurs, Chahdortt Djavann

Rousseau 4Texte étudié : Rousseau, les Confessions
"Je forme une entreprise.... que cet homme-là."
***** Pourquoi parler de soi?


Objectifs :

- comprendre les enjeux de l'autobiographie
- Identifier les obstacles et l'écriture de soi
- Définir le pacte autobiographique

Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple, et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme, ce sera moi.

Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.

Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement: Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon; et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire. J'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus: méprisable et vil quand je l'ai été; bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose: je fus meilleur que cet homme-là.

Lire l'étude 
 

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, brevet blanc, sujet corrigé


BREVET BLANC

TEXTE


L'habitude de vivre ensemble dans un état paisible m'unit tendrement à mon cousin Bernard. En peu de temps, j'eus pour lui des sentiments plus affectueux que ceux que j'avais eus pour mon frère, et qui ne se sont jamais effacés. C'était un grand garçon fort efflanqué, fort fluet, aussi doux d'esprit que faible de corps, et qui n'abusait pas trop de la prédilection qu'on avait pour lui dans la maison, comme fils de mon tuteur. Nos travaux, nos amusements, nos goûts étaient les mêmes ; nous étions seuls, nous étions de même âge, chacun des deux avait besoin d'un camarade; nous séparer était, en quelque sorte, nous anéantir.

Quoique nous eussions peu d'occasions de faire preuve de notre attachement l'un pour l'autre, il était extrême ; et non seulement nous ne pouvions vivre un instant séparés, mais nous n'imaginions pas que nous puissions jamais l'être. Tous deux d'un esprit facile à céder aux caresses, complaisants quand on ne voulait pas nous contraindre, nous étions toujours d'accord sur tout. Si, par la faveur de ceux qui nous gouvernaient , il avait sur moi quelque ascendant sous leurs yeux, quand nous étions seuls, j'en avais un sur lui qui rétablissait l'équilibre. Dans nos études, je lui soufflais sa leçon quand il hésitait ; quand mon thème était fait, je lui aidais à faire le sien ; et, dans nos amusements, mon goût plus actif lui servait toujours de guide.

Enfin, nos deux caractères s'accordaient si bien, et l'amitié qui nous unissait était si vraie, que, dans plus de cinq ans que nous fûmes presque inséparables, tant à Bossey qu'à Genève, nous nous battîmes souvent, je l'avoue, mais jamais on n'eut besoin de nous séparer, jamais une de nos querelles ne dura plus d'un quart d'heure, et jamais nous ne portâmes l'un contre l'autre aucune accusation. Ces remarques sont, si l'on veut, puériles, mais il en résulte pourtant un exemple peut-être unique depuis qu'il existe des enfants.



Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions
PREMIERE PARTIE

QUESTIONS (15 points)



I ) Un récit rétrospectif (5 points)

1. Identifiez le personnage principal, le narrateur et l’auteur de ce texte. (0,5 point)
2. Quels sont les temps dominants ? A quel moment renvoient-ils ? (1 point)
3. Le présent est utilisé dans le troisième paragraphe. A quel autre moment renvoie-t-il ? (1 point)
4. Combien de temps a duré la relation entre les deux personnages ? (0,5 point)
5. Que peut-on dire de la durée des sentiments de l’auteur ? Justifiez votre réponse en relevant un élément précis du premier paragraphe. (1 point)
6. Déduisez de vos réponses précédentes le genre du texte. (1 point)


II ) Une évocation de l’amitié (5 points)
1. Relevez les expressions (trois au moins) qui caractérisent les sentiments du narrateur pour son cousin. (1,5 points)
2. « Nous séparer était en quelque sorte nous anéantir », l.7 : expliquez le sens de « anéantir », en proposant un équivalent. (1 point)
3. Dans le dernier paragraphe, quel est l’effet produit par la répétition de l’adverbe « jamais », l.21-22 ? (0,5 point)
4. En vous servant des réponses précédentes, dites comment Rousseau cherche à présenter cette amitié. (2 points)


III ) L’image du narrateur (5 points)
1. « Il avait sur moi quelque ascendant… » (l.14)
a) Quel ascendant Bernard a-t-il sur le narrateur ? (0,5 point)
b) Le narrateur a, lui aussi, un ascendant sur son cousin. Dans quels domaines ? (0,5 point)
2. « Je lui soufflais […] je lui aidais […] mon goût plus actif lui servait […] » (l.15-16)
a) Donnez la fonction grammaticale de chacun des groupes de mots soulignés. (1 point)
b) En vous servant de votre réponse, précisez le rôle de chacun des personnages dans cette relation. (0,5 point)
c) Quel mot du texte confirme le rôle du narrateur vis-à-vis de son cousin ? (0,5 point)
3. Que pensez-vous de « l’équilibre » (l.15) dont parle le narrateur ? Justifiez. (1 point)
4. En utilisant les réponses précédentes, dites quelle image le narrateur cherche à donner de lui-même à travers l’évocation de cette amitié. (1 point)


REECRITURE (4 points)

De « En peu de temps » (l.2) à « effacés » (l.3), remplacez l’expression « des sentiments » par « une amitié ». Réécrivez la phrase en faisant toutes les modifications nécessaires.

DICTEE (6 points)

Il y a un pour qui je m’étais épris d’une véritable passion. C’était un Russe. Il était de santé délicate, pâle extraordinairement ; il avait les cheveux très blonds, assez longs, les yeux très bleus ; sa voix était musicale que rendait charmante un léger accent. Une sorte de poésie se dégageait de tout son être, qui venait, je crois, de ce qu’il se sentait faible et cherchait à se faire aimer.
André Gide, Si le grain ne meurt


DEUXIEME PARTIE


REDACTION (15 points)


Bernard, devenu adulte, a lu cette page des Confessions.
Imaginez qu’il s’adresse à Rousseau dans une lettre pour lui présenter, à son tour, son propre point de vue sur cette amitié.

 Votre texte devra prendre la forme d’une lettre d’une trentaine de lignes au moins.
 Vous ne perdrez pas de vue que le texte se situe au XVIIIème siècle.
 Bernard peut ne pas être d’accord avec ce que Rousseau dit de lui.
 Vous intégrerez une anecdote qui illustrera son point de vue.
 Vous veillerez à ne pas utiliser le langage familier.
 Il sera tenu compte dans l’évaluation de la présentation et de la correction de la langue.



ELEMENTS DE CORRIGE

QUESTIONS

Un récit rétrospectif


1) Le narrateur, l’auteur et le personnage sont une même personne : J.-J. Rousseau.
2) Le passé simple et l’imparfait dominent. Ils renvoient à l’enfance du narrateur.
3) Le présent utilisé renvoie au moment de l’écriture ou temps de l’énonciation.
4) La relation a duré cinq ans. Cf l.20.
5) Les sentiments de l’auteur durent toujours au moment où il raconte. On relève : « qui ne se sont jamais effacés », l. 3.
6) Ce texte appartient au genre de l’autobiographie.

Une évocation de l’amitié

1) On peut relever « unit tendrement », l.1 ; « des sentiments plus affectueux que ceux que j’avais eus pour mon frère », l.2-3 ; « notre attachement l’un pour l’autre […] extrême », l.9 ; « nos deux caractères s’accordaient si bien », l.19 ; « l’amitié qui nous unissait […] si vraie » l.19.
2) « anéantir » signifie détruire, réduire à néant.
3) La répétition de l’adverbe « jamais » a un effet d’insistance.
4) Rousseau cherche à montrer le caractère exceptionnel, « unique » de cette amitié. Il insiste sur la puissance des sentiments (« extrême », « si bien », « si vraie », « nous séparer était nous anéantir ») et la parfaite harmonie des relations (« équilibre », la répétition du verbe « unir » et l’emploi de l’adverbe « jamais »).

L’image du narrateur

1) a) Bernard est le fils du tuteur de Rousseau. Il bénéficie de la « prédilection » (l.4) et de la « faveur » (l.13) de ses parents. Il est le préféré.
b) Le jeune Rousseau a un ascendant dans le domaine des études et des amusements.
2) a) « Je » est sujet des verbes, « lui » est complément d’objet de ces verbes. On admettra que l’élève ne précise pas « indirect ».
b) Dans cette relation, le narrateur tient la place de celui qui agit, domine.
c) Le mot « guide », l.17, confirme ce rôle.
3) L’équilibre apparent est mis en question. Rousseau oppose plusieurs ascendants à l’unique ascendants de son cousin. Il passe alors du « nous » ou « je », il parle de lui, de ses qualités.
4) A travers le récit de cette amitié exemplaire dans lequel il a le beau rôle, Rousseau cherche à montrer qu’il est, lui-même, exemplaire, exceptionnel.



REECRITURE
On enlèvera 0,5 point (en tout) pour toute faute de copie.
On comptera :
• 0,25 pt pour « affectueuse » ;
• 0,25 pour « celle » ;
• 1 pour « eue » ;
• 1 pour « s’est » ;
• 1 pour « effacée ».


DICTEE

Pour le décompte des points de la dictée, on divisera le texte en trois parties.
Dans chacune d’elles, on ne retranchera pas plus de 2 points, même si les fautes sont très nombreuses dans une même partie.
1ère partie : début à « extraordinairement » ;
2ème partie : jusqu’à « accent » ;
3ème partie : jusqu’à la fin.

Barème :
- 0,25 point pour faute lexicale ;
- 0,25 point pour la majuscule à « Russe » ;
- 0,5 point pour une faute de grammaire.

Chapitre I ROMAIN GARY Visite d'une mère Séquence : l'autobiographie - Quelles sont les caractéristiques autobiographiques de cet extrait?

 

 

LA PROMESSE DE L'AUBE

ROMAIN GARY

Je l'ai vue descendre du taxi, devant la cantine, la canne à la main, une gauloise aux lèvres et , sous le regard goguenard des troufions, elle m'ouvrit ses bras d'un geste théâtral, attendant que son fils s'y jetât, selon la meilleure tradition.

J’allai vers elle avec désinvolture, roulant un peu les épaules, la casquette sur l’œil, les mains dans les poches de cette veste de cuir qui avait tant fait pour le recrutement de jeunes gens dans l’aviation, irrité et embarrassé par cette irruption inadmissible d’une mère dans l’univers viril où je jouissais d’une réputation péniblement acquise de « dur », de « vrai » et de « tatoué ».

Je l’embrassai avec toute la froideur amusée dont j’étais capable et tentai en vain de la manœuvrer habilement derrière le taxi, afin de la dérober aux regards, mais elle fit simplement un pas en arrière, pour mieux m’admirer et le visage radieux,les yeux émerveillés, une main sur le cœur, aspirant bruyamment l’air par le nez, ce qui était toujours chez elle un signe d’intense satisfaction, elle s’exclama, d’une voix que tout le monde entendit, et avec un fort accent russe:

- Guynemer! Tu seras un second Guynemer! Tu verras, ta mère a toujours raison!

Je sentis le sang me brûler la figure, j’entendis les rires derrière mon dos, et déjà, avec un geste menaçant de la canne vers la soldatesque hilare étalée devant le café, elle proclamait, sur le mode inspiré :

- Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d’Annunzio, Ambassadeur de France- tous ces voyous ne savent pas qui tu es!

Je crois que jamais un fils n’a hai sa mère autant que moi, à ce moment-là. Mais, alors que j’essayais de lui expliquer dans un murmure rageur qu’elle me compromettait irrémédiablement aux yeux de l’armée de l’air, et que je faisais un nouvel effort pou la pousser derrière le taxi , son visage prit une expression désemparée, ses lèvres se mirent à trembler, et j’entendis une fois de plus la formule intolérable, devenue depuis longtemps classique dans nos rapports :

- Alors, tu as honte de ta vieille mère?

D’un seul coup, tous les oripeaux de fausse virilité, de vanité, de dureté, dont je m’étais si laborieusement paré, tombèrent à mes pieds; j’entourai ses épaules de mon bras, cependant que, de ma main libre, j’esquissais, à l’intention de mes camarades, ce geste expressif, le médius soutenu par le pouce et animé d’un mouvement vertical de va-et-vient, dont le sens, je le sus par la suite, était connu des soldats du monde entier, avec cette différence qu’en Angleterre, deux doigts étaient requis là où un seul suffisait, dans les pays latins -c’est une question de tempérament.

Je n’entendais plus les rires, je ne voyais plus les regards moqueurs, j’entourais ses épaules de mon bras et je pensais à toutes les batailles que j’allais livrer pour elle à la promesse que je m’étais faite, à l’aube de ma vie, de lui rendre justice, de donner un sens à son sacrifice et de revenir un jour à la maison, après avoir disputé victorieusement la possession du monde à ceux dont j’avais si bien appris à connaître, dès mes premiers pas, la puissance et la cruauté.

Plan de l'étude :

Introduction

I - La rencontre d’une mère et d’un fils

II - Prise de conscience de Romain Gary

III - Caractéristiques de l’autobiographie, récit rétrospectif

Conclusion

Ouverture

Le roman autobiographique est un genre littéraire issu de l'autobiographie et du roman-mémoire. Ainsi Romain Gary, personnage du XX ème siècle, est un auteur écrivant principalement des romans autobiographiques. La Promesse de l’aube est un roman autobiographique paru en 1960, l'auteur fait le récit de son enfance et de sa jeunesse auprès de sa mère. Nous découvrons alors dans cet extrait la rencontre avec sa mère, mais surtout l'effet que celle-ci produit sur lui, à travers des procédés d'écriture bien relatifs au genre autobiographique.

Nous pouvons donc nous demander quelles sont les caractéristiques autobiographiques de cet extrait. Nous étudierons alors tout d'abord le thème de la rencontre d’une mère et d’un fils, puis nous verrons qu'il y a une prise de conscience de Romain Gary et enfin les caractéristiques de l’autobiographie, récit rétrospectif.

Tout d'abord, nous pouvons alors observer une rencontre d’une mère et d’un fils. Ainsi la principale caractéristique d'une autobiographie est d'être rédigée à la première personne, et donc d'être la voix de l'auteur racontant son histoire. Ici l'auteur nous confie alors une scène filiale avec sa mère qui ne semble pas à la première lecture émouvoir Romain Gary. En effet nous pouvons voir des adjectifs qualificatifs péjoratifs tels que «  désinvolture » ou «froideur » signifiant bien que Romain Gary n'éprouve aucun plaisir à sa rencontre avec sa mère. Cela semble lui apparaître comme une intrusion dans sa vie.

Ainsi il écrit lui même être « irrité et embarrassé par cette irruption inadmissible d’une mère » dans son univers viril de soldat de l'armée de l'air. Nous pouvons alors voir qu'une autobiographie est également un exutoire pour l'auteur. En effet nous voyons alors tous les sentiments par lesquels il passe, et par quels moyens il tente de dissimuler sa mère à ceux qui le voient comme celui qu'il cherche à se faire passer. Alors il tente « de la dérober aux regards » comme si elle représentait une partie de sa vie qu'il souhaitait oublier, comme si elle était la personnification du sentiment d'une vie passée désormais refoulée. Cependant sa mère ne semble pas en avoir conscience.

Sa mère, quant à elle ne comprend donc pas l'attitude de son fils à son égard. Tandis qu'elle cherche à l'enlacer, il la salue avec une « froideur amusée ». Elle semble voir l'auteur non pas comme le jeune soldat qu'il est devenu mais toujours comme le petit enfant qu'il a été, elle manifeste cependant sa fierté en public, déclarant «Tu seras un héros, tu seras général, Gabriele d’Annunzio, Ambassadeur de France- tous ces voyous ne savent pas qui tu es!». Sa mère ne réagit alors que comme une mère, qui cherche alors à protéger son fils contre les rires des autres soldats, mais ce n'est qu'à la réaction de son fils qu'elle comprend que c'est à son encontre. Elle semble alors blessée, voir rejetée par ce fils qu'elle venait voir par surprise. Sa question: «alors, tu as honte de ta vieille mère?» confirme bien cette interprétation.

Dans un second temps, nous découvrons que cette question provoque chez l'auteur une prise de conscience. En effet, il écrit lui-même que «tous les oripeaux de fausse virilité, de vanité, de dureté, dont je m’étais si laborieusement paré, tombèrent à [ses] pieds», il semble comprendre que sa relation et son amour envers sa mère est bien plus important que l'apparence de « « dur », de « vrai » et de « tatoué »» qu'il s'est créée. Il apparaît alors clairement dans cet extrait un tournant, l'auteur assumant alors sa mère venue le voir.

Ainsi au début de cet extrait l'auteur cherchait à cacher cette partie de sa vie, en l’occurrence sa mère, mais désormais il l'affirme avec attention et amour, l'entourant de «ses épaules de [son] bras», tel que le ferait un fils aimant envers sa mère. De plus il fait comprendre à ses camarades de cesser ces railleries, inéluctablement déplacées face à la mère d'un camarade.

Cependant nous pouvons également voir que l'auteur se rappelle alors d'une promesse faite à sa mère. Le fait qu'il entoure sa mère de ses bras semble prouver que l'auteur prend conscience que la seule chose qui, dans les batailles à venir, animerait sa force, serait sa mère et l'envie de lui rendre hommage. Nous pouvons y voir le souvenir d'une promesse faite des années auparavant, une caractéristique faisant qu'un «roman-mémoire» est en réalité une autobiographie.

Dans un troisième temps, nous pouvons mettre en avant les caractéristiques de l'autobiographie, qui est également un récit rétrospectif. En effet, nous découvrons que l'auteur fait ici une rétrospection de sa vie. En effet par définition l'autobiographie est un récit rétrospectif en prose, écrite par un auteur à partir de sa propre expérience et donc mettant par conséquent l'accent dans son œuvre sur sa vie individuelle et plus précisément sur l'histoire de la personnalité de cet auteur.

Par conséquent, le temps employé est au passé, comme avec les verbes « ai vue», «embrassai» ou «tombèrent» etc. Nous pouvons alors dire que l'écriture intervient après l’événement raconté. Cette scène de rencontre d'un fils avec sa mère est racontée et analysée avec le recul nécessaire au temps de l'écriture. Par cette introspection, l'auteur cherche à comprendre ses réactions passées.

Alors son affirmation «je le sus par la suite», affirme qu'il a repensé et réfléchi postérieurement à ce moment. Une autobiographie apparaît alors davantage comme un récit écrit pour l'auteur lui-même que comme un récit destiné à autrui, c'est-à-dire à des lecteurs bien qu'il cherche à être lu dans un second temps ainsi que le montre sa tentative de séduction et de complicité.

Ce passage est essentiel car il ouvre le livre sur le thème dominant, la relation d'un fils avec sa mère et son engagement d'enfant et d'adulte investi dans ce travail d'écriture autobiographique. Nous y retrouvons les caractéristiques du genre et les procédés d'écriture d'une scène emblématique, un texte d'engagement par rapport à une promesse que l'auteur s'est faite à lui-même, «je pensais à toutes les batailles que j'allais livrer pour elle, à la promesse que je m'étais faite à l'aube de ma vie, de lui rendre justice».

 

 

Contrôle de lecture sur la Promesse de l'aube, Romain Gary

1°)   A quel âge le narrateur décide-t-il d'écrire son autobiographie ? Où se trouve-t-il alors et quelle est sa profession ?  

2°)   Dans quel pays est né le narrateur ? Quel est son vrai nom de famille ? 

3°)   Quel métier faisait Nina, sa mère, dans son pays d'origine ? Quels métiers a-t-elle fait ensuite ? Et quelle fut sa dernière occupation professionnelle ?

4°)   Le  narrateur sait-il quelque chose sur son père ? Que croit-il savoir ou deviner ?  

5°)   Enfant, en Pologne, le narrateur a voulu se suicider : de quelle façon ? par qui ou par quoi fut-il sauvé ?  

6°)   Qui fut son premier grand amour ? Comment cela s'est-il passé ? 

7°)   Qu'est-ce que sa mère lui défend d'accepter des femmes ? Pourquoi ?  

8°)   Qui sont Aniela et Mariette ?  

9°)   La mère du narrateur insiste pour qu'il apprenne à jouer au tennis ; qui lui paye sa cotisation au Club du Parc Impérial de Nice, et pourquoi ?  

10°)   De quelle maladie souffre Nina, la mère de Romain Gary ?  

11°)   Qui est M. Zaremba ? Qu'a-t-il fait à la mère du narrateur ?  

12°)   Une fois son bac en poche, quelles études entreprend Romain ?  

13°)   Qu'est-ce que Gringoire et qu'est-ce que "L'Orage" ? Expliquez…  

14°)   Pour quelle raison Romain Gary est-il refusé à l'examen des officiers à l'armée ?

15°)   Quelle récompense reçoit-il en 1944, pour son courage ? Qui la lui décerne ?  

16°)   Parachuté en France, il se rend à Nice pour voir sa mère, dont il reçu des lettres pendant toute la guerre : que trouve-t-il ? Expliquez ce qui s'est passé.  

17°)   Expliquez le titre du livre, La Promesse de l'aube.

  Correction 

Sujet de brevet blanc corrigé : Nathalie SARRAUTE, Enfance

Sujet de brevet blanc : Nathalie SARRAUTE, Enfance


J’ai beau me recroqueviller, me rouler en boule, me dissimuler tout entière sous mes couvertures, la peur, une peur comme je ne me rappelle pas en avoir connu depuis, se glisse vers moi, s’infiltre… C’est de là qu’elle vient… je n’ai pas besoin de regarder, je sens qu’elle est là partout… elle donne à cette lumière sa teinte verdâtre… c’est elle, cette allée d’arbres pointus, rigides et sombres, aux troncs livides… elle est cette procession de fantômes revêtus de longues robes blanches qui s’avancent en file lugubre vers des dalles grises… elle vacille dans les flammes des grands cierges blafards qu’ils portent… Je voudrais m’échapper, mais je n’ai pas le courage de traverser l’espace imprégné d’elle, qui sépare mon lit de la porte.
Je parviens enfin à sortir ma tête un instant pour appeler… On vient… “ Qu’y a-t-il encore ? — On a oublié de recouvrir le tableau. — C’est pourtant vrai… Quel enfant fou… On prend n’importe quoi, une serviette de toilette, un vêtement, et on l’accroche le long de la partie supérieure du cadre… Voilà, on ne voit plus rien… Tu n’as plus peur ? — Non, c’est fini. ” Je peux m’étendre de tout mon long dans mon lit, poser ma tête sur l’oreiller, me détendre… Je peux regarder le mur à gauche de la fenêtre… la peur a disparu.
Une grande personne avec l’air désinvolte, insouciant, le regard impassible des prestidigitateurs l’a escamotée en un tour de main.

Nathalie SARRAUTE, Enfance (récit autobiographique)


PREMIÈRE PARTIE
QUESTIONS (15 points)

Un souvenir d’enfance


1. a. A quel moment de la vie du narrateur les deux “ je ” (lignes 1 et 2) renvoient-ils ? (1 point)
b. Quelle est la valeur des présents “ j’ai beau… ” (ligne 1)
et “ je ne me rappelle pas ” (ligne 2) ? (1 point)
2. Le narrateur est-il un garçon ou une fille ? Citez l’indice grammatical
qui justifie votre réponse. (0.5 point)

3. Où la scène se situe-t-elle ? Relevez trois indices du texte permettant
de justifier votre choix. (1 point)

4. a. Quel objet provoque l’angoisse du personnage principal ? (0.5 point)
b. Trouvez dans le texte les deux mots qui permettent de l’identifier. (0.5 point)
c. Dans quelle intention l’auteur tarde-t-il à le nommer ? (1 point)


La mise en scène de la peur

5. a. Relevez tous les verbes qui traduisent la progression de la peur autour de l’enfant. (1 point)
b. Quel mot de reprise désigne la peur dans le premier paragraphe ?
Donnez sa nature grammaticale. (0.5+0.5 point)
c. Comment la peur apparaît-elle à travers ces deux procédés ? (1 point)

6. a. Expliquez le sens du mot “ verdâtre ” (ligne 5) à partir des éléments qui le
composent (nommez-les précisément). (0.5 point)
b. Quelle atmosphère se dégage de la description de la peur dans les lignes 3 à 9.
Justifiez votre réponse par le relevé d’un champ lexical que vous nommerez. (1.5 point)


Le soulagement

7. a. Qui chasse la peur ? Par quel pronom est-il désigné ? (1 point)
b. Comment s’y prend-il ? Pourquoi le compare-t-on à un magicien ? (1 point)

8. Dans les lignes 12 à 16 :
a. Quel est le rôle des guillemets ? (0.5 point)
b. Qui parle premier, qui parle le dernier ? (0.5 point)

9. Quelles attitudes traduisent le soulagement de l’enfant ? En quoi s’opposent-elles
à ses réactions au début du texte ? Justifiez votre réponse en citant le texte. (1.5 point)


RÉÉCRITURE (5 points)

Vous réécrirez le texte depuis “ Je peux m’étendre… ” (ligne 16) jusqu’à la fin (ligne 20) en remplaçant “ je ” par “ elle ” et “ la peur ” par “ les angoisses ”.

DICTÉE (5 points)

On était en janvier et dehors, dans la cour triste de ciment gris du grand lycée, le givre avait blanchi les branches des arbres nus.
J’étais assis au cinquième rang de la classe d’anglais. Le professeur nous faisait réviser un texte lorsque la porte s’ouvrit. Deux hommes entrèrent, banalement vêtus, apportant avec eux une bouffée de cet air glacé qui filtrait déjà à travers les fenêtres mal isolées du vieil établissement. J’ai tout oublié de leur nom, leur âge, leur visage, et jusqu’à leur fonction, mais je sais, trente ans plus tard, que leur entrée ce matin-là dans notre classe, fut à l’origine du premier grand tournant de ma vie.



DEUXIÈME PARTIE

RÉDACTION (15 points)


Enfant, vous avez vu un jour votre univers familier déformé par votre imagination (exemples : perception de bruits ou de formes étranges, situation inattendue, inquiétante…). Évoquez le lieu, les circonstances de cette expérience et les émotions qu’elle a provoquées. Vous montrerez comment vous comprenez maintenant, avec le recul, vos visions d’enfant.


Vous écrirez un texte d’environ trente lignes.
Votre devoir comprendra une partie narrative et descriptive (circonstances, événements…) ainsi qu’une partie plus explicative.
Il sera tenu compte, dans l’évaluation, de la correction de la langue et de l’orthographe.

 

CONSIGNES DE CORRECTION

Questions

Un souvenir d’enfance


1. a. “ j’ ” ligne 1 : enfance (0,5 point)
“ je ” ligne 2 : moment de l’écriture, âge adulte (0,5 point)
b. présent de narration (0,5 point) présent d’énonciation (0,5 point)
2. Le narrateur est une femme. “ tout entière ” (lignes1-2) (0,5 point)
3. La scène se situe dans la chambre de l’enfant (0,5 point)
“ mes couvertures, mon lit, l’oreiller ” (0,5 point)
4. a. un tableau (0,5 point)
b. “ tableau ” (ligne 12), cadre (ligne 15) (0,5 point)
c. provoquer le suspens, l’attente du lecteur (1 point)
La mise en scène de la peur
5. a. “ se glisse, s’infiltre, vient, vacille ” (1 point pour 3 verbes)
b. “ elle ” pronom personnel (0,5 + 0,5 point)
c. la peur est omniprésente, elle entoure l’enfant, il ne peut lui échapper malgré son désir (1 point)
6 a. radical + suffixe ; mise en valeur de la connotation péjorative du terme (0,5 point)
b. atmosphère fantastique ; champ lexical du surnaturel (1,5 point)
Le soulagement
7. a. un adulte (0,5point) ; “ on ” pronom indéfini (0,5 point)
b. L’adulte dissimule l’objet en le couvrant d’une serviette de toilette ou d’un vêtement (0,5 point) ; la peur disparaît immédiatement, par ce seul geste (0,5 point)
8. a. Ils marquent la partie dialoguée du texte (0,5 point)
b. l’adulte ; l’enfant (0,5 point)
9. Il peut s’étendre, se détendre, s’endormir et regarder le mur où le tableau est accroché.
Ces attitudes s’opposent à celles du début du texte où l’enfant était “ recroquevillé, roulé en boule, dissimulé ” sous ses couvertures. Il n’osait pas regarder dans la chambre. (1,5 point)



Réécriture

Elle peut s’étendre de tout son long dans son lit, poser sa tête sur l’oreiller, se détendre… Elle peut regarder le mur à gauche de la fenêtre… les angoisses ont disparu.
Une grande personne avec l’air désinvolte, insouciant, le regard impassible des prestidigitateurs les a escamotées en un tour de main.
- 1 point sera attribué pour la transformation correcte des possessifs et des réfléchis (son, son, sa + s’, se).
- 1 point sera attribué pour l’accord du verbe pouvoir (elle peut, elle peut).
- 1 point sera attribué pour l’accord du verbe disparaître (ont disparu).
- 1 point sera attribué pour la transformation du pronom (les) et l’accord du participe passé (escamotées).
- 1 point sera attribué pour une réécriture sans aucune faute de copie.

« Quel autre est en moi ? »

 

Pensées, Blaise Pascal, « Projet de Juin 1658 » - « Contrariétés » - Fragment 163

  • S’il se vante, je l’abaisse
  • S’il s’abaisse, je le vante
  • Et le contredis toujours
  • Jusques à ce qu’il comprenne
  • Qu’il est un monstre incompréhensible.

 

Date de dernière mise à jour : 16/09/2022

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