Corrigé du sujet n° 1, sujet philo 2019, série S-La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE DE METROPOLE 

- ANNEE 2019 -

Les sujets de la série S bac 2019 métropole

Sujets de philosophie série S 

 

 

Vous pouvez lire 

Correction de la dissertation n° 1, bac de philosophie métropole 2018 série S

Les bacheliers se sont interrogés sur le désir et le besoin 

Le désir est-il la marque de notre imperfection ?
 

 

 

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants

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S philosophie 2019 metropole sujet officielS philosophie 2019 metropole sujet officiel (247.41 Ko)

Dissertation 1 :
La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?

Dissertation 2 :
Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Explication de texte :
Il s'agit d'un texte de Freud, L'Avenir d'une illusion (1927).

 

Correction du sujet 1, dissertation de philosophie - La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?

La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?

Une culture : l'ensemble des particularités d'un groupe, de la vie d'une communauté, qui sont artificielles. S'oppose à « nature ».

Sens premier (non concerné par le sujet) : travail de la terre = ce que l'homme modifie dans sa nature.

La culture se divise en domaines : la langue, la religion, les valeurs, les modes de vie, …

Problème : impression d'un caractère submergeant de ces particularités, difficultés à remonter à un donné originaire qui serait le point de départ de toutes les différences culturelles. L'unité du genre humain est mise en péril. À quoi tient le genre humain ?

 

  1. L'obscurité de la nature humaine : difficulté à trouver un critère universel du genre humain

a) Très grande variété de cultures sur la Terre. Concerne tous les domaines de la vie. Quasi impossibilité manifeste de trouver un facteur commun. [ici, quelques exemples ethnologiques sont tout à fait bienvenus]

b) Le critère du corps : tous les hommes ont une tête, deux bras, deux jambes, indépendamment de leur culture. Problème : il y a un grand nombre de variations morphologiques d'un groupe à l'autre (ex résultats aux Jeux Olympiques). Le code génétique est lui aussi modifié par les appartenances ethniques. De plus, fonder le genre humain sur le corps reviendrait à exclure les difformités et les handicaps de l'humanité, ce qui est problématique.

c) Le critère de la raison : tous les hommes peuvent mener un raisonnement, additionner deux et deux. Descartes : « le bon sens [= la raison] est la chose du monde la mieux partagée ». Problème : là encore les types de rationalité diffèrent : tous les peuples n'ont pas les mathématiques, les conceptions du monde peuvent être très éloignées les unes des autres, certaines logiques orientales ne reconnaissent pas le principe de contradiction... De plus, là encore, cela reviendrait à exclure les fous et les malades mentaux du genre humain.

  1. Saisir l'unité infra-culturelle du genre humain en creux

a) Ce qui échappe à la culture en nous peut être pensé comme ensemble de virtualités. Le genre humain ne serait pas une certaine réalité concrète, mais l'ensemble des possibilités de ce que peut être l'homme. Chez Aristote, couple acte/puissance : la culture est du côté de l'acte, ce qui lui échappe est la puissance non actualisée. Le genre humain est alors une forme creuse, qui doit être remplie par la matière de chaque culture particulière. Ces virtualités se retrouvent néanmoins en chacun de nous : « chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition » (Montaigne).

b) On peut rendre le portrait plus précis en identifiant aussi ce qui ne pourra jamais être humain. Idée d' « universel négatif » (François Jullien). Exemple : aucun homme n'aime être réduit en esclavage. Le genre humain comme négativité, la culture comme positivité.

c) Couple genre / espèce : il peut y avoir un genre humain, largement indéterminé et virtuel, qui se particularise en « espèces humaines » (en un sens logique et non biologique !), qui sont les cultures. L'unité du genre humain tiendrait à ce fond insaisissable commun à toutes les cultures.

III. Le genre humain comme concept moral

a) Les valeurs sont relatives et appartiennent aux cultures. Mais l'expérience du mal, de l'injustice, de la cruauté existe partout. Le mal peut constituer un principe anthropologique : l'humanité qui révèle ses côtés sombres, qui se montre indisciplinée par les valeurs de la culture, qui montre la force de pulsions qui l'animent. Kant : il y a dans la nature humaine une « disposition au bien » (simple possibilité), mais un « penchant au mal » (inclination concrète et effective).

b) La morale peut alors être identifiée comme effort pour surmonter le mal anthropologique. Elle est alors un domaine qui transcende les cultures particulières et dont les enjeux lui échappent. Humanité non infra-culturelle, mais supra-culturelle. Ce qui rassemble les hommes au-delà de leurs cultures c'est l'effort vers les principes du bien.

c) Tout cela pose une humanité de droit, abstraite. On peut lui faire correspondre une humanité de fait, concrète par l'idée d'une culture commune à toute l'humanité fondée sur ces valeurs ainsi que sur les moyens de les mettre en œuvre (ex ONU et institutions subalternes, espéranto...). L'unité du genre humain peut tenir justement à une « métaculture » commune à toute l'humanité. Sortie de l'opposition entre nature et culture au profit de l'opposition particulier-universel à l'intérieur de la culture.

 
 
 
 

Date de dernière mise à jour : 23/04/2021

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