Tous les échanges sont-ils profitables? Dissertation corrigée série ES Washington 2019

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE WASHINGTON

 

- ANNEE 2019 -

Sujet 1

La connaissance de l'histoire est-elle utile à l'action présente? 

Sujet 2

Tous les échanges sont-ils profitables ?

Sujet 3

Commentaire

Aristote, Ethique à Eudème

 

Sujets : lecture PDF 

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Correction du sujet 2

Tous les échanges sont-ils profitables?

 

Compréhension du sujet

La condition pour que l'échange soit profitable

Les thèmes philosophique, la politique, les échanges

Définition : Un échange est un don qui implique une contre partie lorsque le terme est employé au pluriel, il renvoie plus généralement aux relations commerciales au sein d’une communauté ou entre différentes cultures. Toutefois, le terme peut désigner des liens qui ne sont pas économiques

 À quelles conditions un échange peut-il être profitable?

Tous les échanges sont profitables

l'échange matériel 

Gain spirituel

 l’équivalence des biens 

Tous les échanges ne sont pas profitables

logique du profit

L'échange n'est pas toujours un gain.

Il peut-être un élément de division 

Correction

Échange : acte par lequel deux êtres se cèdent mutuellement quelque chose l'un à l'autre
Profit : Résultat d'une activité qui augmente les bien que l'on possède ou améliore une situation

Double regard à porter sur l'échange : comme acte particulier, et comme type de relation qui suppose une structure pour le rendre possible. Ex : un échange marchand particulier suppose aussi l'existence d'un monde économique ; un échange linguistique suppose la pratique de la langue, etc.

Le profit est apparemment au cœur de l'échange, sans quoi les deux parties ne voudraient pas le réaliser. Pourtant, un doute est permis sur le caractère systématique de ce profit, dans la mesure où l'échange ne crée pas de bien et est seulement une circulation de choses échangées. Y aurait-il alors des échanges qui échappent à la règle du profit ?


Le profit, élément du schéma général de l'échange

a) L'échange doit être approuvé par les deux parties qu'il engage, sinon il ne se tient pas. Par conséquent, toutes deux doivent avoir une raison d'échanger. Sans profit, l'échange n'existerait pas. De quelque nature que ce soit, il doit y avoir un surplus, une plus-value dans le schéma de la cession réciproque.

b) L'échange matériel ou marchand ne crée rien et fait seulement circuler ce qui existe. Le profit n'est donc pas au niveau de l'échange lui-même. Distinction valeur d'échange / valeur d'usage (Marx) : c'est parce que, dans les deux sens, la valeur d'usage est supérieure pour le destinataire de l'objet échangé que, de part et d'autre, l'échange est contracté. Il y a alors gain des deux côtés, non dans le système des échanges mais dans l'usage qui est fait des objets qui circulent.

c) Il existe aussi des types d'échanges qui ne privent pas le propriétaire de l'objet échangé : échanges d'informations, de connaissances, d'idées... Dans ces échanges, la seule chose qui se perd est la supériorité du propriétaire sur celui qui ne possède pas encore. On peut penser la structure de ces échanges comme une transaction : céder cette supériorité contre l'acquisition d'une connaissance / idée /etc dont on suppose qu'elle a plus de valeur. Si les deux parties s'accordent, il y a encore profit de chaque côté.
Dans tous les cas, il faut un profit qui motive l'échange, sans lequel les parties ne le réaliseraient pas.


Suspicion sur l'échange : des échanges préjudiciables

a) Problème : cette structure de l'échange le fait reposer sur les mobiles des parties contractantes, c'est-à-dire sur la perception de leur situation. L'erreur de leur part est possible. L'échange peut être un lieu de manipulation et de duperie. Des échanges préjudiciables pourraient alors être très courants.

b) L'échange est peut-être un préjudice dans son essence. Il suppose en effet une structure qui le rend possible, un système d'échanges. Idée de l'état de nature : situation fictive où il n'y a aucune société, aucun échange. Rousseau : la sortie de cet état, l'entrée dans un système d'échanges est l'origine du malheur humain. En effet, le système d'échanges est un système d'interdépendances. L'organisation de la vie par l'échange est signe de la perte de l'indépendance et de la liberté naturelles, et de la dépendance continuelle envers les autres. Un échange est peut-être ponctuellement profitable, mais le fait de le réaliser est le signe d'une servitude envers le monde social qui est un préjudice bien plus important. Figure de Robinson Crusoé, qui survit sans aucun échange.

 

Les profits du système des échanges

a) Contre la thèse rousseauiste : le monde social ou culturel, le système des échanges, apporte aussi un grand nombre de profits. Il rend en tant que système chaque échange particulier profitable, du fait que celui-ci fait exister pour chaque partie le système qui les a liées. Le système des échanges :
met en commun les forces et les talents des individus : chacun reçoit ainsi le profit des compétences de tous les autres
fait naître de nouveaux domaines d'expérience, avec leur richesse, qui ne sont rien d'autre que des échanges : langue, religion, art...
affranchit l'individu isolé de tout un ensemble de contraintes naturelles qui pesaient sur lui
fait exister un monde social et humain, celui du réseau de tous les niveaux d'échanges, qui fait partie intégrante de la dignité humaine

b) Donc tous les échanges sont initialement profitables, par la structure qu'ils offrent aux parties contractantes. Le préjudice peut encore s'insérer dans les échanges particuliers. Il faut donc soutenir que tous les échanges sont profitables mais qu'ils le sont plus ou moins. Pour maximiser le profit des échanges particuliers, il importe de connaître le monde des échanges dans lequel chaque acte particulier se tient.

c) Ainsi le modèle de l'échange comme cession réciproque justifiée par un mobile de chaque côté est abstrait. Dans la réalité de l'échange, l'intégralité du monde social est en jeu. Chaque échange est inévitablement aussi profitable que le système dans lequel il se produit. Les rapports sociaux ne peuvent pas être pensés comme des successions de rapports isolés, des « robinsonnades », mais entretiennent toujours un rapport organique avec le tout dont ils sont la partie, qui est décisif sur la question de leur caractère profitable.

 

 
 
 

Date de dernière mise à jour : 10/06/2021

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