Corrigé du sujet n° 2, dissertation philosophique, sujet national 2019, série S-Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE DE METROPOLE

- ANNEE 2019 -

Les sujets de la série S bac 2019 métropole

Sujets de philosophie série S 

 

 

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Sujet 2

Éprouver l’injustice, est-ce nécessaire pour savoir ce qui est juste ?

 

 

 

Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants

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S philosophie 2019 metropole sujet officielS philosophie 2019 metropole sujet officiel (247.41 Ko)

Dissertation 1 :
La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l'unité du genre humain ?

Dissertation 2 :
Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Explication de texte :
Il s'agit d'un texte de Freud, L'Avenir d'une illusion (1927).

Correction du sujet 2, dissertation de philosophie dès la sortie de l'épreuve - Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ?

Devoirs : actions que l'on est obligé de faire, mais que l'on peut ne pas accomplir

Liberté : capacité de choisir ses actes sans une contrainte extérieure

Problème : le devoir semble s'imposer comme une contrainte à la liberté et supprimer la possibilité du choix. Qu'en est-il du rapport du devoir à la liberté ?

 

  1. Devoir et liberté, deux notions séparées

a) Le devoir ne s'impose pas comme une contrainte. La contrainte réduit le champ des possibles (ex : handicap, pauvreté...). Le devoir est une obligation qui s'applique à une action possible sans modifier les autres.

b) Les obstacles à la liberté sont des facteurs extérieurs par rapport au libre arbitre. Mêmes exemples : les contraintes n'émanent pas de la volonté elle-même mais des situations matérielles, objectives. Le devoir, au contraire, est intérieur et se détermine avant l'action de la volonté. Il n'est pas une contrainte.

c) Autre argument : l'action de reconnaître ses devoirs est contingente. Elle implique donc que le sujet soit libre et ne peut pas être contraire à la liberté : au contraire, elle la suppose.

II. Vivre le devoir comme une contrainte

a) Le devoir n'est pas objectivement une contrainte. Mais il peut l'être subjectivement. Il peut se présenter à la conscience de l'agent moral avec les mêmes conséquences qu'une contrainte extérieure, tout en étant d'origine intérieure. Le reconnaître serait un renoncement à sa liberté du point de vue de ses effets subjectifs.

b) Pour le comprendre : Kant dans la Critique de la Raison Pratique modélise le devoir par une scission du sujet : il y a l'homme d'un point de vue naturel, qui est affecté empiriquement par des inclinations, et l'homme d'un point de vue rationnel, qui est la source du devoir. Le devoir émane de la raison, il est intérieur, mais cette séparation intérieure fait que l'homme vit le devoir comme une contrainte qui s'impose à lui de l'extérieur. Il y a à la fois intériorité et extériorité.

c) Le devoir n'est pas n'importe quelle contrainte, il est une contrainte très forte. Il y a un appel de la conscience auquel il est très difficile de résister. On choisit à peine de reconnaître ses devoirs, ils s'imposent à la conscience de manière quasi irrépressible. La liberté en pâtit presque infailliblement.

  1. Liberté et devoir, des termes corrélatifs

a) Le devoir est une contrainte, mais une contrainte paradoxale parce qu'intérieure. Il faut reconnaître aussi que le sujet soumis à la contrainte est en même temps la source de cette contrainte. Le mot de contrainte est donc trop fort. Le devoir est en même temps un vouloir, pas un pur obstacle à la liberté.

b) Pour un être non libre (ex une pierre), il n'y a pas de devoir parce qu'il n'y a pas de liberté. Le devoir suppose une action contingente, c'est-à-dire la liberté. Il en est l'effet. C'est toujours la liberté qui précède le devoir, non l'inverse. Autrement dit, liberté et devoir sont des termes corrélatifs, c'est-à-dire que l'apparition de l'un est en même temps l'apparition de l'autre. Si je suis libre, j'ai des devoirs. Si j'ai des devoirs, c'est parce que je suis libre.

c) Le devoir, en effet, ne surgit pas de nulle part. Il émane de la raison. Il est ce que veut une volonté conforme à la raison. Kant le formalise par le concept d'impératif catégorique, qui saisit ce caractère rationnel du devoir. En un mot, liberté et devoir sont deux modalités de la raison, dont la première désigne le rapport de la raison à elle-même (pas de contrainte extérieure), et l'autre son rapport à la partie empirique de l'homme (elle s'impose comme un devoir).

 
 
 
 

Date de dernière mise à jour : 23/04/2021

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