Corrigé du sujet n° 1, dissertation philosophique, sujet national 2019, série ES -La morale est-elle la meilleure des politiques ?

ANNALES BAC DE PHILOSOPHIE DE METROPOLE 

- ANNEE 2019 -

Les sujets de la série ES bac 2019 métropole

Sujets de philosophie série ES 

 

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Sujet 1 bac de philosphie 2018 métropole 

Sujet 1

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Sujet 1

La morale est-elle la meilleure des politiques ?


Sujet 2
Le travail divise-t-il les hommes ? 

Commentaire : 

LEIBNIZ, Remarques sur la partie générale des Principes de Descartes (1692)

 

Correction du sujet 1, dissertation de philosophie - La morale est-elle la meilleure des politiques ?

CORRECTION EN LIGNE DES LA SORTIE DE L'EPREUVE

 

La morale est-elle la meilleure des politiques ?

 

La morale : ensemble des devoirs qui s’imposent à un individu

La politique : art de la gestion des affaires publiques et du bien commun

Idée possible : continuité entre le bien individuel et le bien collectif, entre la morale et la politique. La meilleure politique serait la politique soucieuse de morale. Pourtant, deux domaines intuitivement fort différents. Y a-t-il continuité ou rupture ?

 

I. Deux domaines bien distincts

a) La morale est le lieu du bien individuel. Le bien moral ne semble pas fonctionner comme le bien collectif : il se joue au niveau de la conscience individuelle et de la relation concrète à autrui. Ex : les Dix Commandements : pas de meurtre, pas d’adultère, etc mais aucun précepte politique.

b) La politique est le lieu du bien commun. Il s’agit de gouverner et administrer une communauté pour permettre le vivre-ensemble, grâce à des lois et grâce à une force répressive (la police) pour les faire respecter. Il y a de nombreuses politiques imaginables mais le bien qu’elles poursuivent n’est pas le bien individuel. Ce bien est plutôt la paix civile, ou la justice.

c) Chacun des deux domaines semble commander de ne pas le confondre avec l’autre. En politique : méfiance contre les politiques utopistes, idéalistes, naïves. En morale : Jésus Christ : « Il faut rendre à César ce qui appartient à César et rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu » = suivre ses devoirs dans le respect de lois qu’on n’a pas individuellement choisies. La justice divine réglera le reste.

II. L’idée de la meilleure politique

a) Les domaines sont distincts mais affirmer une rupture complète ne permet plus de penser une « meilleure des politiques ». En effet, si toute politique qui permet la sauvegarde de la communauté est une politique valide, alors la moindre politique est aussi bonne que les autres. Un État tyrannique ou totalitaire permet le vivre ensemble à sa manière.

b) La position réaliste (par opposition à idéaliste) ne soutient pas autre chose. L’idée que la politique est l’art de la sauvegarde de la communauté place le politicien face à une certaine situation, devant laquelle il doit faire les choix qui mèneront au maximum d’ordre, au moins de dissension possible. Il n’y a donc plus de place pour une réflexion abstraite qui juge plus largement les choix politiques réalisés.

c) S’il y a une meilleure des politiques, c’est une politique soucieuse de justice. Or la justice ne peut pas être définie sans aucune dimension morale. Elle est au contraire la condition de possibilité, à l’échelon collectif, de la moralité à l’échelon individuel. Kant : le droit (c’est-à-dire ici la justice) est l’accord des libertés selon une loi universelle. La meilleure politique concilie les libertés individuelles en laissant le plus de place possible à l’individu qui pourra alors suivre ses devoirs.

III. La morale envoie vers une politique

a) Le noyau de la morale est bien la conscience individuelle. Les devoirs s’imposent à des individus. L’idée de devoir collectif est valide mais elle veut dire devoir qui concerne tous les individus d’une communauté. Une communauté n’est pas un être concret comme l’est une personne singulière.

b) Néanmoins le devoir envoie vers la politique. Kant : le sujet qui suit ses devoirs est celui qui peut universaliser les maximes de son action. Suivre ses devoirs c’est agir d’un point de vue universel. Cela fait naître l’idée de « règne des fins » : un système où tous les hommes agissent ainsi et où mes fins morales sont devenues les fins concrètes des agents moraux.

c) Pour que le règne des fins existe, il faut des dispositions légales qui garantissent à chaque individu la possibilité matérielle de remplir ses devoirs. Il y a par conséquent, contenus dans la morale, des « devoirs de droit » (Kant) dont le respect permet à chacun de suivre ses devoirs, et qui peuvent être transcrits dans un système de législation. Il en découle l’obligation pour les hommes politiques de faire advenir une « politique morale » qui soit conforme à ces devoirs de droit. Il s’agirait de la meilleure des politiques, car elle suit ce que la morale commande.

 
 
 
 

Date de dernière mise à jour : 23/04/2021

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