Le sens du socratisme. La notion socratique de conscience «connais toi toi même»-Socrate et les sophistes-Le procès-Disciples et continuateurs

Biographie - Le Socrate d'Aristophane - Questionnaire bac pour réviser et s'entraîner - Citations de Socrate. Programme bac de philosophie 2024

Socrate

Biographie de Socrate (né vers -470/469, décédé en -399 av. J.-C.)


Socrate est né près d’Athènes. Son père était tailleur de pierres et sa mère sage-femme. Lors de la guerre du Péloponnèse, il participe aux combats en tant que fantassin. Grand orateur à l’affût de toute sorte de débats, il commence à enseigner vers -435. Il considère qu’il faut bien se connaître pour développer une conduite morale. Les autorités de son époque voient chez Socrate un maître corrompu. Ils considèrent que sa théorie de la vertu basée sur la connaissance de soi est une façon de faire du mal à ses disciples. C’est pourquoi ils le condamnent à mort. Ses disciples essaient sans succès de le convaincre de renier ses théories. Mais Socrate préfère mourir plutôt que de trahir ses idées. En choisissant la mort, il témoigne de la primauté de la vertu sur la vie, c’est-à-dire que le corps est subordonné à la pensée. Il était connu de son vivant, mais c’est surtout après sa mort qu’il devint un des penseurs les plus illustres de l’histoire de la philosophie. Socrate n’a laissé aucun écrit, sa pensée nous a été entièrement transmises par des témoignages. Notamment, ses disciples Platon et Xénophon ont grandement contribué à le faire connaître.

 

 

Philosophie

Qu'est-ce que la philosophie? Cours, commentaire Aristote, Métaphysique I,2, questionnaires, citations, définitions.

Qu'est-ce que la philosophie? Cours, commentaire Aristote, Métaphysique I,2, questionnaires, citations, définitions. Bac 2023-La question philosophique. Commentaire philosophique Aristote, Métaphysique, I, 2-Le questionnement philosophique part de l’étonnement-Questionnaire pour s’initier aux premières notions

Platon

HLP De l'écrit, parole figée à la parole vivante des dialogues platoniciens. L'enseignement oral.La parole déviante. Aristophane, les Nuées

 Humanités, littérature, philosophie-De l'écrit, parole figée à la parole vivante des dialogues platoniciens. La parole écrite. Référence, Phèdre, Platon-L'enseignement oral.La parole déviante. Aristophane, les Nuées-La parole sophistique contre la parole philosophique

La notion socratique de conscience - «connais toi toi même»

La citation et son contexte

La formule est attribuée à Socrate, père fondateur de la philosophie et maître de Platon. Socrate cite lui-même une inscription écrite sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes. À l’entrée d’un temple, cette sentence est vraisemblablement un appel à l’humilité : saches que tu n’es pas un dieu. Dans la bouche de Socrate, elle prend un sens légèrement différent. Car Socrate (-470/-399) fut l’un des premiers, au V e siècle avant J.-C., à se détourner des problèmes de physique (philosophie de la nature) pour s’orienter vers des problématiques morales : comment agir ? Qu’est-ce que le bonheur ? La sagesse ? La vertu peut-elle s’enseigner ? Socrate se plaisait à poser de telles questions à ses concitoyens athéniens, afi n de leur faire prendre conscience de leur ignorance, ce qui est encore une façon de mieux se connaître.

Platon
Charmide, ou De la sagesse, trad. Emmanuel Chauvet, Oeuvres complètes de Platon, Paris, 1869-1875

[Socrate s'entretient avec Critias sur l'essence de la sagesse. Critias a proposé une définition: est sage celui qui agit utilement avec modération. Ils viennent d'évoquer l'exemple d'un médecin.]

Socrate:

Donc, à ce qu'il me semble, puisqu'il [le médecin] agit quelquefois utilement, il agit avec modération, il est sage; et néanmoins il ne se connaît pas, il ne sait pas qu'il est sage.

Critias:

Mais non, Socrate, cela n'est pas possible ! Si tu crois que mes paroles aboutissent nécessairement à cette conséquence, j'aime mieux les retirer, j'aime mieux, sans rougir, avouer que je me suis exprimé inexactement, plutôt que d'accorder qu'on puisse être sage tout en ne se connaissant pas soi-même. Peu s'en faut même que je ne définisse le Sagesse comme la connaissance de soi-même, et je suis tout à fait du sentiment de celui qui a placé dans le Temple de Delphes une inscription de ce genre. Cette inscription est, à mon avis, le salut que le dieu adresse à ceux qui y entrent; au lieu de la formule ordinaire "sois heureux!", il pense apparemment que ce salut "sois heureux!" n'est pas convenable, et que les hommes doivent s'exhorter, non au bonheur, mais à la Sagesse. Voilà en quels termes, différents des nôtres, le dieu parle à ceux qui entrent dans son temple, si je comprends bien la pensée de l'auteur de l'inscription. Sois sage! dit-il à tout venant, dans un langage un peu énigmatique, comme celui d'un devin. "Connais-toi toi-même" et "sois sage", c'est la même chose; ainsi du moins nous le pensons, l'inscription et moi. Mais on peut fort bien y voir une différence, et c'est le cas de ceux qui ont gravé les inscriptions plus récentes: "Rien de trop" et "La caution mène au malheur". Ils ont pris la sentence: "Connais-toi toi-même" pour un conseil, et non pour le salut du dieu à ceux qui entrent. Et voulant montrer que eux aussi étaient capables de donner d'utiles conseils, ils ont gravé ces maximes sur les murs de l'édifice.

Comment interpréter le salut du dieu à son visiteur ?

"Connais-toi toi-même" veut dire "Sois sage" dit Critias. Mais que veut dire "Sois sage" ?

Dans l'Apologie de Socrate, Socrate propose cette interprétation:

« Que veut dire le dieu et quel sens recèlent ses paroles? [...] Je me rendis chez un de ceux qui passent pour être des sages. [...] C’était un de nos hommes d’État, qui, à l’épreuve, me fit l’impression dont je vais vous parler. Il me parut en effet, en causant avec lui, que cet homme semblait sage à beaucoup d’autres et surtout à lui-même, mais qu’il ne l’était point. [...] Tout en m’en allant, je me disais à moi-même : « je suis plus sage que cet homme-là. Il se peut qu’aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu’il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir. »


 

Comment comprendre l'adage socratique « connais-toi toi-même » ?

La conscience signifie le retour de la pensée sur elle-même, c’est la réflexivité, la conscience réflexive-

Comment comprendre l'adage socratique « connais-toi toi-même » ?

Socrate en invitant l'homme à se connaître lui-même, l'invite à prendre conscience de ses limites, à ne vouloir que le possible et à laisser le reste, donc l'impossible aux Dieux. L'adage assigne à l’homme le devoir de prendre conscience de sa propre mesure sans tenter de rivaliser avec les dieux.

La visée philosophique est la connaissance, car la conscience s’exerce dans l’acte du moi, celui qui pense et dont la conscience fait retour sur elle-même.

= invitation à l’introspection liée à la théorie platonicienne de la réminiscence. Chacun, nous dit Socrate, dispose du savoir en lui-même, il suffit de se les rappeler. La connaissance est immanente à l’homme, et non extérieure. La sagesse consister à apprendre à se ressouvenir. Notion très grecque de la sagesse que l'on retrouve dans les pièces de théâtre de l'Antiquité comme Antigone. Se connaître soi-même suppose de ne pas commettre le péché de démesure.

La conscience de son ignorance.

"Connais-toi toi-même" signifie aussi s'interroger sur son savoir. Se connaître est prendre conscience de soi et par là de son ignorance. Socrate déclarait "Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien". Il ne niait pas l'existence de la vérité. La vérité existe même s'il ne la connaît pas ; il vaut mieux une ignorance qui se connaît qu'une ignorance qui s'ignore.

L'objectif moral

la liberté de l’homme se dessine à travers ses choix et ses ambitions qui ne servent pas toujours la bonne cause. L’immédiateté de l’homme dans la connaissance de lui-même lui ouvre les portes de l’éthique. Le «?bien agir?» suppose une réelle connaissance des choses car ainsi que l’affirmait Platon, «?nul n’est méchant volontairement?», le mal est toujours l’expression d’une ignorance. La faute n’est pas dans l’acte mais dans l’ignorance. La philosophie socratique est donc une véritable philosophie du salut. Mais l’homme doit commencer par lui-même, car celui qui ne se connait pas est un fou. Celui qui se connait peut se juger au niveau des actes, au niveau éthique. Nous pouvons mettre en avant la supériorité de l’âme sur le corps, la sensibilité peut en effet altérer le jugement et fausser l’intérêt personnel. Le «?je?» est pensé comme un pur sujet réfléchissant et comme pur intellect, le «?je?» juge son «?moi?». Mais si le moi se juge il est en outre jugé, car il y a chez les anciens une connotation très lourde et toujours présente du divin qui fait que l’âme se reflète en Dieu inspirateur de nos actions, la conscience devient ou peut devenir culpabilité car l’image divine est à suivre en tant que modèle symbole du bien duquel il ne faut pas s’écarter. L’homme devient ainsi témoin de sa conscience. Le moi juge est jugé.

 

Un enseignement oral

Vers -435, il commença à enseigner, dans la rue, dans les gymnases, les stades, les échoppes, au gré des rencontres. Il parcourait les rues d’Athènes vêtu plus que simplement et sans chaussures, dialoguant avec tous.

Il enseignait, ou plus exactement questionnait, gratuitement — contrairement aux sophistes, qui enseignaient la rhétorique moyennant une forte rétribution. L'année -420 est importante, puisque la Pythie de Delphes aurait répondu à son ami d’enfance Chéréphon : « Il n'y a pas d'homme plus sage que Socrate »

On sait que Socrate passait à certaines occasions plusieurs heures debout et immobile. Platon en a fait une description dans Le Banquet. La philosophie étant un mode de vie, il s'agit ici d'un exercice de méditation, ou « dialogue avec soi-même », pratiqué dans l'Antiquité par les philosophes. Outre Socrate, Pyrrhon ou Cléanthe par exemple s'y adonnaient

Le procès de Socrate

Le procès de Socrate est l'un des procès les plus célèbres de l'Antiquité. Accusé de corruption de la jeunesse, de négation des dieux ancestraux et d'introduction de divinités nouvelles, le philosophe athénien Socrate est condamné à mort par le tribunal de l'Héliée, à Athènes, en -399.

En avril 399 av. J.-C., Socrate se vit accuser par Mélétos ainsi que deux de ses amis (Lycon et Anytos), de deux crimes, découpés en trois chefs d'accusation

  1. Ne pas reconnaître les dieux que reconnaît la cité ;
  2. Introduire des divinités nouvelles ;
  3. Corrompre les jeunes gens

 

Il est relaté par deux disciples de Socrate, Platon et Xénophon, dans leurs Apologie de Socrate respectives. Plusieurs amis de Socrate offrent de le défendre, mais il refuse leurs offres. Acceptant la sentence, bien que se défendant de l'accusation d'impiété, il boit volontairement la ciguë.

Au printemps -399, cinq ans après la fin de la guerre du Péloponnèse, un procès pour impiété (?σεβε?ας γραφ?) est intenté à Socrate par trois accusateurs, Anytos, homme politique de premier plan, et deux comparses, Mélétos, un poète, et Lycon, obscur orateur. Les chefs d'accusation sont les suivants : « ne pas reconnaître les mêmes dieux que l’État, […] introduire des divinités nouvelles et […] corrompre la jeunesse » Sur les 501 juges, 280 votent en faveur de la condamnation, 221 de l'acquittement. Invités à proposer une peine, Mélétos demande la peine de mort, Socrate demande à être nourri au Prytanée, honneur réservé aux citoyens les plus méritants. Les juges votent alors en faveur de la peine de mort. Les commentateurs contemporains sont partagés sur l'interprétation à donner à ce procès : les uns pensent que les chefs d'accusation sont les véritables motifs du procès, les autres qu'ils sont un prétexte et que les véritables motifs sont de nature politique

À propos du premier chef d'accusation, la question s'est posée de savoir ce qu'on reprochait exactement à Socrate : être athée, donc de ne pas croire tout court aux dieux, ou être impie, c'est-à-dire de ne pas honorer les dieux d'Athènes. Platon et Xénophonle présentent comme s'il se défendait contre une accusation d'asébie, ce qui contredirait l'accusation d'introduire de nouvelles divinités. Ses disciples ne présentent jamais Socrate comme un athée, mais, même si Socrate ne croit pas aux fables des poètes sur les dieux, il n'est pas non plus présenté comme un impie, et ce dernier point ne suffit pas à lui seul à comprendre la raison de ce procès pour cette forme d'impiété. La possibilité même d'un procès pour asébie à Athènes à cette date n'est pas assurée. Un décret à ce sujet, datant du début de la guerre du Péloponnèse, est mentionné par Plutarque et aurait visé Périclès à travers Anaxagore. Mais son authenticité ou le fait qu'il soit toujours en vigueur en -399 sont discutés

Le chef d'accusation relatif à l'introduction de nouvelles divinités (δαιμ?νια) est mis en relation par Platon et Xénophon avec le « signe divin » (δαιμ?νιον σημε?ον) de Socrate. Dans Les Nuées d'Aristophane, Socrate est présenté comme un « physicien », substituant aux anciens dieux des entités telles que les Nuées, la Langue ou le Vide. Mais le signe divin de Socrate n'apparaît nulle part dans la pièce et il est possible que ce chef d'accusation soit la manifestation d'une certaine jalousie des Athéniens envers ce qui pouvait apparaître comme une faveur des dieux à l'égard de Socrate

L'accusation de corrompre la jeunesse est liée par Platon à celle d'impiété. Mais pour Louis-André Dorion, ce lien paraît superficiel et le véritable motif serait d'ordre politique. Cette accusation est par ailleurs mise en relation avec la pratique de l’elenchos (?λεγχος). La révélation en public de l'ignorance de certains, se croyant savants, par Socrate et les jeunes gens qui l'imitaient, ainsi que l'influence que l'on attribuait au philosophe sur certains de ses disciples, Alcibiade, Charmide, Critias, considérés comme ayant trahi la démocratie athénienne, ont clairement pu donner aux Athéniens l'idée que Socrate corrompait la jeunesse. La récente loi d'amnistie de -403, votée après le rétablissement de la démocratie, explique sans doute pourquoi le procès intenté à Socrate n'est pas ouvertement politique. Dès les environs de -393, le sophiste Polycrate d'Athènes publie un pamphlet, Accusation de Socrate, attaquant le philosophe sur le plan politique, auquel Xénophon répond dans ses Mémorables. Pour Gregory Vlastos, le fait de ne pas avoir de croyances orthodoxes (l'« impiété ») n'était pas à soi seul un motif pour être condamné. La véritable raison de la condamnation de Socrate tient au « caractère agressif de sa mission publique », c'est-à-dire qu'il se sentait obligé de débattre avec tout un chacun dans les rues d'Athènes, pouvant donner par là la fausse idée qu'il enseignait à ses disciples à ne pas respecter la religion traditionnelle

Un mois s'écoula entre la condamnation de Socrate et sa mort, pendant lequel il resta enchaîné dans la prison des Onze. Ses amis le visitaient et s'entretenaient avec lui quotidiennement. Deux dialogues de Platon sont censés se dérouler pendant cette période, le Criton et le Phédon. Le jour venu, Socrate boit le poison létal, la cigüe, en présence d'Apollodore de Phalère, Criton et son fils Critobule, Hermogène, Épigénès, Eschine, Antisthène, Ménexène, son cousin Ctésippos de Péanie, et quelques anonymes. Ce « poison d'État » contenait probablement une préparation à base de suc de Grande Ciguë, associé à du datura et de l'opium pour augmenter l'effet toxique tout en réduisant la souffrance et neutralisant les spasmes consécutifs à son absorption.

En choisissant de mourir, Socrate affirme la primauté de la vertu sur la vie : la vie du corps est subordonnée à la pensée. Cet événement est à l'origine du platonisme dans lequel le Bien est supérieur à toute chose. En ce sens, philosopher est un exercice spirituel d'apprentissage de la mort : « c'est donc un fait […] que les vrais philosophes s'exercent à mourir et qu'ils sont, de tous les hommes, ceux qui ont le moins peur de la mort. » Il s'agit dans le platonisme de mourir en son corps, ses passions et son individualité, pour s'élever à l'universalité de la pensée. Cette idée de la philosophie comme apprentissage de la mort se retrouve ensuite dans une bonne partie de la philosophie occidentale : chez les stoïciens ou chez Montaignepar exemple, mais aussi chez des antiplatoniciens comme les épicuriens ou Heidegger

Socrate et les sophistes

Les sophistes se placent sans doute dans la continuité de l'école éléatique. En effet, pour l'éléate Parménide, il y a identité entre l'être et le discours. Mais pour Parménide, l'être a la primauté et c'est lui qui assure que le discours peut être vrai. Les sophistes traitent eux aussi du problème des rapports entre l'être et le discours, mais opèrent un renversement : c'est désormais le discours qui a la primauté. Ce qui conduit à deux positions sophistiques : celle de Gorgias, pour qui il n’y a pas d'être, et celle de Protagoras, pour qui n'importe quel discours peut donner une existence à n'importe quel être

Socrate est en accord avec Parménide sur le fait qu'il existe un Être unique, existant indépendamment du discours et supérieur à lui. Mais il accorde cependant aux sophistes qu'il existe aussi une multitude d'autres êtres, qui peuvent se montrer illusoires et trompeurs, en relation avec le discours. Contrairement aux sophistes, Socrate est cependant le premier à penser que ces êtres existent aussi en dehors du discours, préservant ainsi la possibilité d'un discours vrai, qui ne varie pas en fonction de la subjectivité de chacun. Socrate est ainsi à l'origine en philosophie de la notion de concept, ouvrant par là le chemin aux idées platoniciennes

Disciples et continuateurs

Parmi ses élèves, sept sont d'après Diogène Laërce considérés comme particulièrement importants. Ce sont Antisthène, Eschine de Sphettos, Platon, Xénophon, Euclide de Mégare, Aristippe de Cyrène et Phédon d'Élis. Tous, sauf peut-être Aristippe, ont écrit des dialogues socratiques. Ce sont des fictions littéraires dans lesquelles des sujets philosophiques font l'objet d'un débat « à la manière » de Socrate. Seuls nous sont parvenus en entier des dialogues de Platon, du Pseudo-Platon (anciennement attribués à Platon mais qui n'ont pas été écrits par lui) et de Xénophon.

Il eut d'autres disciples, dont Apollodore et son frère Aïantodore ; Isocrate, pendant une courte période ; Cébès, Chéréphon, son ami d'enfance et assistant ; Ménexène, Simmias, Métrodore, Alcibiade dès -431, Charmide, Critias, Théétète d'Athènes, Criton et ses enfants Critobule, Hermogène, Epigène et Ctésippe; Spintharos, père d'Aristoxène ; Hermogène, Lysanias de Sphettos, père d'Eschine de Sphettos ; Coriscos de Scepsis, père de Nélée de Scepsis. L’un de ses disciples, Euclide de Mégare, en -405, fonda la première école des « Petits socratiques » : le mégarisme. En -400, un autre disciple, Antisthène, a fondé la deuxième école des « Petits socratiques » : le cynisme. L’année suivante, Aristippe fonda la troisième école : le cyrénaïsme. L’acmé de Socrate est contemporaine de la mort d’Anaxagore

Le Socrate d'Aristophane

Les plus anciens témoignages sur Socrate se trouvent dans la comédie attique. Outre Aristophane, qui a raillé Socrate dans sa pièce Les Nuées, au moins quatre auteurs s'en sont pris à Socrate dans leurs comédies : Amipsias, Téléclidès, Callias et Eupolis. D'après les fragments conservés, Socrate y apparaît comme le type caricatural de l’« intellectuel », pauvre et affamé. Ces fragments n'ont pas d'intérêt du point de vue philosophique, mais on peut en conclure que Socrate était un personnage connu dans l'Athènes de la fin du ve siècle. Lorsque Aristophane remporte le troisième prix aux Grandes Dionysies avec les Nuées en -423, le deuxième prix revient à Amipsias avec sa pièce Konnos, qui est le nom du professeur de cithare de Socrate.

Les Nuées est une comédie grecque classique d'Aristophane, du ve siècle av. J.-C. Le thème de la pièce s'articule autour du conflit générationnel qui éclate entre le vieil Athénien, Strepsiadès, et son fils Phidippidès.

Le portrait de Socrate dans Les Nuées d'Aristophane, de fait le seul témoignage datant du vivant même de Socrate, est en complète contradiction avec celui de Platon et Xénophon sur plusieurs points. C'est notamment le cas pour les trois chefs d'accusation du procès de Socrate en -399 : ne pas croire aux dieux de la cité et les remplacer par des divinités nouvelles, et corrompre la jeunesse, chefs d’accusation qui sont anticipés dans la pièce. Aristophane contredit aussi Platon et Xénophon en présentant Socrate par exemple comme donnant des leçons contre paiement, afin d'apprendre à faire triompher le Raisonnement injuste sur le Raisonnement juste ; comme étudiant la physique et les causes matérielles des phénomènes ; ou encore comme étant le maître d'une école. Aristophane a peut-être cherché à faire la caricature de l'intellectuel, en lui donnant le nom d'un personnage connu, en l'occurrence Socrate, mais sans viser la personne elle-même. Le personnage de Socrate serait ainsi composé d'éléments appartenant à plusieurs groupes : l'étude de la nature aux philosophes dits présocratiques, les leçons de rhétorique contre paiement aux sophistes, ou encore certains aspects de l'« école » tel le secret aux pythagoriciens. Cette explication a cependant le défaut de ne pas rendre compte de ce qui est spécifiquement « socratique » dans le personnage des Nuées. Une autre hypothèse serait que le Socrate d'Aristophane est bien un personnage historique, mais qu'il correspond à une époque de la vie de Socrate que n'ont connue ni Platon — né en -428 — ni Xénophon — né en -430 —, encore enfants. Cela concorderait avec certains témoignages, dont celui de Diogène Laërce qui font de Socrate un élève d'Anaxagore et d'Archélaos, ainsi qu'avec un passage du Phédon (95e-99d) de Platon considéré parfois comme « autobiographique » : Socrate se serait ainsi à une époque de sa vie consacré à des recherches sur la nature (φ?σις). Cependant le personnage d'Aristophane est avant tout considéré comme un sophiste, et aucun autre témoignage ne permet de confirmer que Socrate l'ait été. Le débat entre spécialistes sur l'interprétation à donner au Socrate d'Aristophane n'est pas tranché

Questionnaire bac et liens pour aller plus loin

Vous pouvez aussi consulter 

Questionnaire de connaissances en philosophie

Questionnaire de connaissances sur les premières notions de philosophie. Etudier le cours avec un questionnaire

La parole vivante dans les dialogues philosophiques platoniciens - Un enseignement exclusivement oral, la maïeutique, l'élenctique et l'anatreptique
 

Textes de référence :

les incontournables. Introduction à la philosophie, Platon, Aristote, Alain, Deleuze

La philosophie en musique

La philosophie en musique : Sartre et Maxime le Forestier, Etre né quelque part et la liberté sartrienne
 

 

 

I - Définition de la philosophie

1 -

La philosophie est-elle une matière de connaissances?

Dans toutes les matières, nous avons quelque chose à apprendre, ainsi en mathématique, il s’agit d’étudier les théorèmes, en histoire, un ensemble de faits, mais en philosophie, il n’y a pas d’ensemble de connaissances précises et sûres. Il n’y a que des théories mais aucun système n'a jamais obtenu l'accord unanime des esprits compétents. Il semblerait donc que la philosophie ne soit pas une matière de connaissances.

2 -

Comment définir la philosophie si elle n’est pas une matière de connaissances. Est-elle une science?

Nous dirons que la philosophie n'est pas une science, elle n'existe pas du fait de sa vérité ou de sa fausseté, ni parce qu'elle est prouvée ou démontrée ou réfutée, mais parce qu'elle est conforme à notre propre pensée. Les théories philosophiques ne sont pas précieuses par leur contenu mais par l'exemple qu'elles offrent d'une réflexion.

La philosophie n’est donc ni une matière de connaissances, ni une science

3 -

La philosophie n’est ni une science ni une matière de connaissances, comment la définir? Est-elle un art? Un hybride entre la science et l’art?

Nous pouvons reprendre les mots de Kant pour illustrer cette idée, nous dirons «qu'il n'y a pas de philosophie que l'on puisse apprendre, on ne peut qu'apprendre à philosopher». Si l'on se réfère à l'expression de Jean François Revel, dans son livre, Pourquoi des philosophes, nous affirmerons avec le penseur que «la philosophie n'est ni une science , ni un art mais un hybride des deux». On ne peut donc pas réduire la philosophie à un art purement et simplement mais elle a malgré tout un peu de la subjectivité artistique. Elle n'est pas non plus une science car elle n'existe pas du fait de sa vérité ou de sa fausseté. Elle n'atteint pas l'universelle vérité objective de la science.

4 -

Peut-on refuser à la philosophie le statut de sagesse et lui conférer celui de «?recherche de la sagesse et de la vérité?»?

Si l'on se réfère à l'étymologie du terme, la philosophie signifie, philo, donc amour et Sophia, c'est-à-dire, sagesse. Littéralement elle est l'amour de la sagesse, les hommes n'étant que des philo-sophos, à savoir, des amants de la sagesse. Par conséquent, la philosophie n'est pas la Sophia, la sagesse mais le désir, l'amour de cette Sophia, sa recherche et sa quête.  Son essence en tant que ce qui constitue une chose, ce qu'est une chose par nature de façon intrinsèque, est donc la recherche du savoir et non sa possession. Faire de la philosophie, c'est être en chemin -hodos- en quête de vérité, cela s'oppose à la base à l'attitude dogmatique.

5 -

Qu’est-ce que le dogmatisme?

Le dogmatisme est une doctrine établie et considérée comme indiscutable dans une école philosophique ou religieuse;

6 -

L’attitude dogmatique s’oppose t’-elle à l’attitude philosophique? Justifiez votre réponse en expliquant

Cette attitude s'oppose de façon absolue à l'attitude philosophique qui suppose le doute au sens cartésien, c'est-à-dire, le doute entendu au sens du fondement premier de toute réflexion philosophique; le regard du philosophe est un regard qui sait douter (Descartes) et s'étonner (Platon) avant de s'élever vers la connaissance claire et distincte (la clarté et la distinction étant les deux critères de vérité chez Descartes).

7 -

L’humilité du philosophe s’oppose t’-elle à l’attitude orgueilleuse du dogmatique?

Nous dirons par conséquent, que le dogmatisme est une mise en formule du savoir considéré comme définitif et complet. Faire de la philosophie suppose une authentique humilité, par opposition à l'attitude orgueilleuse du dogmatique;

8 -

Les questions en philosophie sont-elles plus importantes que les réponses?

Les questions en philosophie sont en effet plus importantes que les réponses. L'humilité philosophique consiste à dire que la vérité est devant nous.

9 -

La philosophie doit-elle socratique? Quel adage socratique illustre le mieux cet aspect de la philosophie?

Elle doit être socratique. C'est pourquoi le philosophe grec affirmait : « Je sais que je ne sais pas».

10 -

Comment définiriez-vous au regard de ces premiers éléments de définition, la conscience philosophique?

La conscience philosophique est une conscience inquiète  à la recherche d'une vérité pour laquelle elle se sent faite, cela rentre en opposition avec la conscience dogmatique qui est une conscience satisfaite d'elle-même qui se dégrade dans l'illusion de la possession d'un savoir, d'une certitude.

11 -

Comment la philosophie se constitue t’-elle?

La philosophie se constitue par atavisme.

12  -

Définissez l’atavisme

Nous entendons par atavisme, l'hérédité. La vérité philosophique n'est pas une vérité du même ordre que la vérité mathématique ou physique. Au cours de l'histoire, les systèmes philosophiques succèdent aux systèmes. Chaque philosophe s'emploie à réfuter ceux qui le précèdent et sera réfuté à son tour. Nous pouvons dès lors réorienter notre définition, la philosophie est la réédition du passé, c'est un réemploi des vieux concepts dans des phraséologies nouvelles.

II - Les modèles de réflexion philosophique

1 -

Définir «?réflexion?»

Nous entendons par Ré -flexion, le retour de l'esprit sur lui-même.

2 -

Quel modèle de réflexion trouvons-nous chez Descartes?

En premier lieu, nous pouvons citer comme modèle le doute cartésien qui est exposé dans les méditations. Nous savons que le doute est le point de départ de la réflexion philosophique qui nous amène au cogito ergo sum, il est à la base d'une longue réflexion et a pour caractéristiques d'être tant méthodique qu’hyperbolique

3 -

Quel modèle Platon propose t’-il?

Dans l'ensemble de ses dialogues, Platon, philosophe ayant écrit environ 32 dialogues tous aporétiques, c'est-à-dire, qu'ils se terminent par une  question, la conclusion reste ouverte, il fait ainsi de la philosophie un véritable questionnement, il considère que le point de départ de la réflexion philosophique est l'étonnement, il met en scène un certain nombre d'interlocuteurs en face de Socrate. Ainsi, une question apporte des éléments de réponses qui soulèvent à leur tour d'autres questions. Chaque affirmation d'un interlocuteur donne lieu grâce à l'interrogation socratique, à une autre interrogation. Socrate pose l'ironie comme point de départ philosophique; Il est l'incarnation de l'humilité philosophique au sens où il affirme, «je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien». L'attitude des interlocuteurs qui croient savoir s'oppose à celle d'un Socrate qui avoue qu'il sait qu'il ne sait pas.

4 -

Quelle maxime socratique illustre l’éveil de la conscience?

Nous retiendrons les maximes les plus représentatives de Socrate,, «je sais que je ne sais pas», et «connais toi toi même», qui illustre l'éveil de l'esprit à la conscience philosophique.

5 -

De quelle nature l’ignorance socratique est-elle si l’on se réfère à l’adage «?je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien?»?

Son ignorance est une ignorance qui se sait, qui se connait. Elle entre en contradiction avec l'ignorance qui s'ignore de ses interlocuteurs; Nous sommes ici en présence d'un pseudo-savoir, d'un faux-savoir. Ce cheminement socratique de la pensée est rendu possible grâce à la dialectique;

6 -

Définir la dialectique

nous entendons par dialectique, la confrontation de deux thèses opposées, une thèse et une antithèse. Il faut examiner les contradictions d'une théorie. Mettre en avant les contradictions de chacun jusqu'au moment ou il va être révélé à lui-même dans son ignorance dialectique.

7 -

Quel est le modèle de réflexion philosophique proposé par Socrate?

La matière de la réflexion n'est pas le savoir de Socrate mais le jeu des questions et réponses vers lequel il s'engage afin de susciter la réflexion chez ses élèves interlocuteurs. Nous sommes en pleine quête philosophique avec la méthode infaillible pour parvenir à la sagesse appelée la maïeutique.

8 -

Définir la maieutique

Il faut entendre par maïeutique «l'art d'accoucher les esprits du vide dont ils sont pleins» ainsi que nous l'affirme Platon dans son dialogue intitulé Le Théétète. Socrate est comme sa mère qui était sage-femme, il accouche les esprits en les aidant à mettre au jour les contradictions qu'ils portent en eux-mêmes. Il fait accoucher les esprits de leur pseudo-savoir.

9 -

Définir le pseudo-savoir

Un faux savoir

 

 III : Socrate et la méthode philosophique

1 -

Quelle est la méthode  philosophique de Socrate?

La méthode philosophique de Socrate est l'ironie. Elle est l'aptitude de celui qui interroge en feignant l'ignorance. Il faut mettre en question l'interrogé.  Cette méthode socratique s'appelle la maïeutique mais il y a trois étapes :

2 -

Quelles sont les trois étapes de la méthode Socratique?

              a -La maïeutique

L'art d'accoucher, monter le vide de celui qui croit savoir.

               b- l'elenctique

C'est l'étape de la réfutation. Montrer les contradictions, c'est l'art de la catharsis. La méthode cathartique ou purificatrice.

               C – l'anatreptique

C'est le renversement. Tout se  ramène en fait à la maïeutique. Socrate est toujours face à un interlocuteur. Nous pouvons citer Nietzsche qui affirmait, «la vérité commence à deux».

3 -

Quelle est la différence entre l’ignorance de Socrate et celle de son interlocuteur?

La pédagogie socratique est particulière. Il faut faire prendre conscience  à l'interlocuteur de son ignorance qui s'ignore. En opposition, l'ignorance socratique se sait, elle a conscience d'elle-même. Cette prise de conscience amène au mutisme, c'est-à-dire, au silence.

4 -

Quelle est la valeur de la méthode?

La méthode socratique permet de passer du vrai au faux, nous sommes renvoyés à la nécessité de passer du sensible à l’intelligible qui était le souci premier de Platon ainsi que le suggère le «?mythe de la caverne?». Il s’agit pour l’homme de saisir l’idée en soi des choses, c’est-à-dire l’essence. Il nous faut sortir du monde empirique et celui des opinions pour un monde philosophique d’idées.

Questionnaire sur le syllogisme

1 -

Qu’est-ce qu’un syllogisme?

C’est un raisonnement logique basé sur trois propositions, une mineure, une majeure et une conclusion.

On part de la théorie du discours. Un syllogisme consiste à démontrer une conclusion à partir de premières prémisses. Il est toujours vrai d’un point de vue formel mais peut-être faux d’un point de vue matériel.

2 -

Donnez deux  exemples et précisez si la nature de la vérité du syllogisme

tous les philosophes pensent

or Socrate est un philosophe

donc Socrate pense.

Nous avons ici une vérité formelle et matérielle mais le syllogisme peut être faux d’un point de vue matériel. Il faut démontrer une conclusion à partir de données. Un syllogisme ne se sert que de ces deux premières prémisses pour faire sa démonstration, la conclusion n’annonce rien de plus qui n’est déjà implicite dans les deux premières prémisses.

La conclusion résulte nécessairement des deux propositions;

 

           Tous les hommes sont mortels : majeure

           Or Socrate est un homme        : mineure = moyen terme

           Donc Socrate est mortel          : conclusion

Ce syllogisme est vrai tant d’un point de vue formel que d’un point de vue matériel.

En fait nous pouvons parler d’un raisonnement tautologique, rien de plus n’est dit dans la conclusion qui ne soit déjà contenu dans les deux premières propositions, à savoir, la majeure et la mineure.

Citations de Socrate

 

Être philosophe ne consiste pas à savoir beaucoup de choses, mais à être tempérant.

Je ne peux apporter de connaissance à un homme, mais je peux le faire réfléchir.

Le pédagogue n’est pas celui qui donne les bonnes réponses, mais celui qui fait naître les bonnes questions.

Le premier savoir est le savoir de mon ignorance : c’est le début de l’intelligence.

Le savoir est la seule matière qui s’accroît quand on la partage.

Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, tandis que les autres croient savoir ce qu’ils ne savent pas.

Une vie sans introspection ne vaut pas la peine d’être vécue.

L’âme déréglée est comme un tonneau percé à cause de sa nature insatiable.

Disposer de temps est la plus précieuse de toutes les richesses du monde.

En toutes choses, on doit agir dans la vue du bien.

Il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre.

Le mal vient de ce que l’homme se trompe au sujet du bien.

Nul n’est méchant volontairement.

L’esprit est la source de tout pouvoir ; vous devenez ce que vous pensez.

Le fanatisme est un monstre mille fois plus dangereux que l’athéisme philosophique.

La sagesse commence dans l’émerveillement.

La vraie sagesse vient à chacun de nous quand nous nous rendons compte combien peu nous comprenons la vie, nous-mêmes, et le monde qui nous entoure.

L’homme doit apprendre avant tout les moyens de faire le bien et d’éviter le mal. (Les sentences et adages)

Un des préceptes les plus importants de la sagesse est de se connaître soi-même.


 

Date de dernière mise à jour : 01/08/2023

Ajouter un commentaire