Manon Lescaut l'abbé Prévost commentaire linéaire, la mort de Manon. parcours associé/ personnages en marge, plaisirs du romanesque

Etude linéaire 

Une oeuvre du parcours bac EAF 2023, Manon Lescaut personnages en marge, plaisirs du romanesque

Abbe prevost

 

Quiz bac 2023 Manon Lescaut l'abbé Prévost, analyse de l'oeuvre

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Quiz bac Manon Lescaut parcours / personnages en marge, plaisirs du romanesque

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

 

Quiz bac Manon Lescaut Prévost, Tiberge et Des Grieux à St Lazare

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Quiz bac pour réviser l'incipit de Manon Lescaut, Prévost

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. L'incipit de Manon "Ayant repris mon chemin par Evreux... sentiment de modestie" Support texte

Quiz bac n°2 pour réviser l'incipit de Manon Lescaut, Prévost.

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. "J'entrai avec peine..." à "... lui vouloir du bien." Support texte. Extrait n° 2 pour organiser les révisions et étudier l'incipit 

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Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte

Quiz bac Manon Lescaut Prévost, l'enterrement de Manon

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte 

Manon Lescaut, l'abbé Prévost. La mort de Manon, lecture du passage à étudier

Mort de manon

Manon Lescaut, l’abbé Prévost

La mort de Manon

Lecture de l’extrait

Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir, c’est-à-dire environ deux lieues, car cette amante incomparable refusa constamment de s’arrêter plus tôt. Accablée enfin de lassitude, elle me confessa qu’il lui était impossible d’avancer davantage. Il était déjà nuit. Nous nous assîmes au milieu d’une vaste plaine, sans avoir pu trouver un arbre pour nous mettre à couvert. Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure, qu’elle avait pansée elle-même avant notre départ. Je m’opposai en vain à ses volontés. J’aurais achevé de l’accabler mortellement, si je lui eusse refusé la satisfaction de me croire à mon aise et sans danger, avant que de penser à sa propre conservation. Je me soumis durant quelques moments à ses désirs. Je reçus ses soins en silence et avec honte. Mais, lorsqu’elle eut satisfait sa tendresse, avec quelle ardeur la mienne ne prit-elle pas son tour! Je me dépouillai de tous mes habits, pour lui faire trouver la terre moins dure en les étendant sous elle. Je la fis consentir, malgré elle, à me voir employer à son usage tout ce que je pus imaginer de moins incommode. J’échauffai ses mains par mes baisers ardents et par la chaleur de mes soupirs. Je passai la nuit entière à veiller près d’elle, et à prier le Ciel de lui accorder un sommeil doux et paisible. Ô Dieu! Que mes vœux étaient vifs et sincères! Et par quel rigoureux jugement aviez-vous résolu de ne les pas exaucer!

 Pardonnez, si j’achève en peu de mots un récit qui me tue. Je vous raconte un malheur qui n’eut jamais d’exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer Mais, quoique je le porte sans cesse dans ma mémoire, mon âme semble reculer d’horreur chaque fois que j’entreprends de l’exprimer.

Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit. Je croyais ma chère maîtresse endormie et je n’osais pousser le moindre souffle, dans la crainte de troubler son sommeil. Je m’aperçus dès le point du jour, en touchant ses mains, qu’elle les avait froides et tremblantes. Je les approchai de mon sein, pour les échauffer. Elle sentit ce mouvement, et, faisant un effort pour saisir les miennes, elle me dit, d’une voix faible, qu’elle se croyait à sa dernière heure. Je ne pris d’abord ce discours que pour un langage ordinaire dans l’infortune, et je n’y répondis que par les tendres consolations de l’amour. Mais, ses soupirs fréquents, son silence à mes interrogations, le serrement de ses mains, dans lesquelles elle continuait de tenir les miennes, me firent connaître que la fin de ses malheurs approchait. N’exigez point de moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous rapporte ses dernières expressions. Je la perdis ; je reçus d’elle des marques d’amour au moment même qu’elle expirait. C’est tout ce que j’ai la force de vous apprendre de ce fatal et déplorable événement.

Problématique En quoi le récit de Des Grieux sublime t’-il la mort de Manon ?

Introduction

L’histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut est le septième tome des Mémoires et aventures d’un homme de qualité écrit par l’abbé Prévost. Dès sa parution en 1731, il connaît un grand succès.

La scène rapportée est un récit mené par Des Grieux quelques années après la mort de Manon. Le passage se situe à la fin de l’œuvre dans la deuxième partie. Manon et Des Grieux sont en Louisiane après plusieurs péripéties en France.

Manon a été déportée avec un convoi de filles de joie en Louisiane. Des Grieux la suit. La scène se passe dans le désert où ils ont dû fuir pour échapper à un duel, la nuit. Manon est épuisée, elle va mourir, on assiste à une scène d’agonie.

Problématique

En quoi le récit de Des Grieux sublime t’-il la mort de Manon ?

Mouvements du texte

Mouvement 1

Les marques mutuelles d’affection des deux amants ; une mise en scène réaliste, pathétique et tragique

Mouvement 2

« Pardonnez si j’achève… j’entreprends de l’exprimer » : le douloureux récit de Des Grieux qui s’adresse à l’Homme de qualité pour partager sa douleur

Mouvement 3

« Nous avions passé tranquillement une partie… la fin de ses malheurs approchait » : la mort de Manon

Mouvement 4

« N’exigez point de moi… « à la fin : nouvelle intervention du narrateur, Des Grieux s’adresse encore une fois à l’homme de qualité

Mouvement 1 Les marques mutuelles d’affection des deux amants ; une mise en scène réaliste, pathétique et tragique

Mouvement 1

Mort de manonLe texte s’ouvre sur des précisions temporelles et sur les distances parcourues, « longtemps », « environ deux lieues ». Au réalisme succède le pathétique rendu par les marques de la sensibilité destinées à émouvoir le lecteur avec des notes élogieuses et affectueuses pour Manon, « courage », une périphrase « cette amante incomparable » introduite par la conjonction de coordination « car »,  la présentant ainsi comme unique, formidable. L’amour est sublimé, Manon est révélée comme courageuse, sa vaillance transparaît dans l’allégorie « Nous marchâmes aussi longtemps que le courage de Manon put la soutenir », brave et héroïque jusqu’au bout comme le souligne l’adverbe de manière « constamment », elle refuse d’abandonner malgré son épuisement, « refusa constamment de s’arrêter plus tôt ».  Bravoure et héroïsme sont deux valeurs qui idéalisent et subliment l’amour des amants en accentuant le pathétique de la scène d’agonie. 

Le champ lexical de la souffrance et de la mort entre en opposition avec celui de l’amour créant ainsi une intensité pathétique, « Accablée enfin de lassitude… impossible d’avancer davantage ».

Le réalisme par l’absence de pittoresque et la négation syntaxique transparaît dans le décor, « une vaste plaine, sans… un arbre »

La mise en scène pathétique au paroxysme rend leur amour parfait, l’accent est mis sur la tendresse débordante et le souci de l’autre. Manon pourtant souffrante et faible ne se soucie que des soins à prodiguer à son amant : « Son premier soin fut de changer le linge de ma blessure, qu’elle avait pansée elle-même avant notre départ. ». Les lexiques du corps, des soins, de la souffrance et de l’amour sont indissociables. Le corps est évoqué par les mains qui soignent et deviennent symbole de la fusion charnelle, synecdoque de leur union charnelle,  le souci de l’autre, soins corporels et souffrance se confondent avec le vocabulaire amoureux, « Je me soumis durant quelques moments à ses désirs. Je reçus ses soins en silence et avec honte. »

Dans la suite du texte, le corps est évoqué par les mains et la bouche associant ainsi les lexiques du corps et de l’amour, « … la chaleur de mes soupirs … les tendres consolations de l’amour … je reçus d’elle des marques d’amour … la bouche attachée sur le visage et sur les mains de Manon … l’ardeur du plus parfait amour ». La bouche devient synecdoque de l’union charnelle. Des Grieux se défait de ses habits pour réchauffer Manon et lui assurer un minimum de confort : « Je me dépouillai de tous mes habits, pour lui faire trouver la terre moins dure en les étendant sous elle ». Les vêtements deviennent symboliques de la fusion des corps avec une tendresse importante du contact physique, « j’échauffai mes mains par mes baisers ardents et par la chaleur de mes soupirs. »

Le tragique s’intensifie car Dieu est sourd aux prières de Des Grieux, « à prier le Ciel de lui accorder un sommeil doux et paisible. Ô Dieu! Que mes vœux étaient vifs et sincères! Et par quel rigoureux jugement aviez-vous résolu de ne les pas exaucer! ». La vie des héros est soumise à la fatalité d’une force supérieure. Dans de nombreux passages du roman, le chevalier anticipe son malheur à cause de Manon « Hélas! Que ne le marquai-je un jour plus tôt!", "ainsi, je vais aider mon mauvais sort à consommer ma ruine, en y concourant moi-même volontairement", le lecteur est donc en droit de se demander si la valeur de la mort à venir de Manon est une punition. La fatalité domine et les personnages ne peuvent que s’y plier.

Mouvement 2 « Pardonnez si j’achève… j’entreprends de l’exprimer » : le douloureux récit de Des Grieux qui s’adresse à l’Homme de qualité pour partager sa douleur

 Mouvement 2

Ce mouvement s’ouvre sur un impératif à la deuxième personne « Pardonnez », adressé à son destinataire, l’Homme de qualité, le marquis de Renoncour, c’est une imploration.  Le récit se présente de manière difficile, « si j’achève en peu de mots un récit qui me tue ».  Le récit est structuré autour de la mort de Manon, ainsi le tragique domine et avec Manon s’estompe tout intérêt pour la narration. Le minimum est dit en trois phrases seulement. Deux périphrases se suivent chacune dans une proposition relative pour désigner le triste récit qui se prépare, « un récit qui me tue » et « un malheur qui n’eut jamais d’exemple », cette figure de style désigne sous deux formes la mort de Manon.  Le lecteur est en situation d’attente.

Le tragique du récit domine ainsi que le suggère le champ lexical « malheur », « destinée à le pleurer », « reculer l’horreur » lié  à celui du récit, « récit », « raconte », « exprimer ». Le présent à valeur d’habitude « je le porte sans cesse » et « chaque fois que j’entreprends » renforce la douleur toujours présente. 

Mouvement 3 « Nous avions passé tranquillement une partie… la fin de ses malheurs approchait » : la mort de Manon

Mouvement 3

Mort de manonDes Grieux fait figure de préromantique, un héros endeuillé par la mort de son aimée, un récit qui se déroule dans le désert de Louisiane, motif préromantique de la mort dans la nature.

Le tableau de la mort de Manon fait preuve de beaucoup de pudeur et de manière imagée, la mort est associée au sommeil ainsi que le suggère « je croyais ma chère maîtresse endormie ». Le sommeil est aussi connoté et suggéré par la présence des allitérations en « M » avec « tranquillement », « ma », « maîtresse », « endormie », « sommeil ». Cela entraîne la retenue de l’amant, « je n’osais », (négation syntaxique) et « dans la crainte de », (négation lexicale).

Des Grieux désigne Manon par une périphrase qui l’idéalise encore une fois « ma chère maîtresse ».

La tendresse entre les deux amants se traduit par le contact physique des mains, « en touchant ses mains », « saisir les miennes » et le sein, « je les approchai de mon sein, pour les réchauffer ».  On retrouve de nouveau le lexique du corps et de l’amour lié l’un à l’autre , le corps est évoqué par les mains qui deviennent le symbole de leur fusion charnelle, synecdoque de leur union jusqu’à la fin par la proximité de leur corps. On peut également relever les verbes qui connotent le toucher « touchant », « approchai », « sentit », « échauffer », « saisir ».

Les paroles de Manon sont rendues au discours indirect « elle me dit », sa voix se fait murmures annonçant « sa dernière heure », périphrase pour dire la mort.

Du « je » à « elle », progressivement le « nous » s’efface du discours narrativisé, la mort approche pour séparer les amants. Ce que Des Grieux prenait pour « le langage ordinaire de l’infortune » devient prise de conscience car « les soupirs, les « serrements », les « silences » introduits par la conjonction de coordination « mais » sont annonciateurs de la mort de Manon désignée par la périphrase « la fin de ses malheurs ».

Mouvement 4 « N’exigez point de moi… « à la fin : nouvelle intervention du narrateur, Des Grieux s’adresse encore une fois à l’homme de qualité

Mouvement 4

Un impératif pour informer son destinataire de l’impossibilité de décrire sa douleur, de poursuivre son récit. On voit que les verbes sont niés par la négation, « N’exigez point … ni que je vous rapporte ».  La souffrance est si forte qu’elle le réduit au silence.

Le registre est tragique ainsi que le suggère l’expression « fatal et déplorable évènement ». La mort de Manon n’est pas décrite si ce n’est de manière concise par l’euphémisme « je la perdis ». 

Conclusion

La mort de Manon clôt le roman de l’abbé Prévost de manière pathétique, la mort de Manon est effective et celle de Des Grieux est perceptible dans son désir de rejoindre son amour perdu. Dans ce désir de mort, l’histoire se termine dans un récit pudique qui fait du chevalier un amant maudit.

Des Grieux fait figure de préromantique, un héros endeuillé, un récit qui se déroule dans le désert de Louisiane, motif préromantique de la mort dans la nature.

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EAF 2023, séquence roman

Abbé Prévost personnages en marge plaisirs du romanesque

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