Marivaux, La Vie de Marianne, étude linéaire. Parcours associé personnages en marge, plaisirs du romanesque

Parcours associé "Personnages en marge" 

Une oeuvre du parcours bac EAF 2023, Manon Lescaut personnages en marge, plaisirs du romanesque

Abbe prevost

 

Quiz bac 2023 Manon Lescaut l'abbé Prévost, analyse de l'oeuvre

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Quiz bac Manon Lescaut parcours / personnages en marge, plaisirs du romanesque

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

 

Quiz bac Manon Lescaut Prévost, Tiberge et Des Grieux à St Lazare

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque.

Quiz bac pour réviser l'incipit de Manon Lescaut, Prévost

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. L'incipit de Manon "Ayant repris mon chemin par Evreux... sentiment de modestie" Support texte

Quiz bac n°2 pour réviser l'incipit de Manon Lescaut, Prévost.

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. "J'entrai avec peine..." à "... lui vouloir du bien." Support texte. Extrait n° 2 pour organiser les révisions et étudier l'incipit 

Quiz bac Manon Lescaut Prévost, la scène du prince

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte

Quiz bac Manon Lescaut Prévost, l'enterrement de Manon

Exercice pour la classe de 1ère Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Abbé Prévost, Manon Lescaut / parcours : personnages en marge, plaisirs du romanesque. Support texte 

Support texte : "Ce jeune homme...ce que je sentais

Etude linéaire : Marivaux, La Vie de Marianne, II 

Support texte 
"Ce jeune homme...ce que je sentais 


Lecture du texte 


Ce jeune homme, à son tour, m'examinait d'une façon toute différente de celle des autres : il y avait quelque chose de plus sérieux qui se passait entre lui et moi. Les autres applaudissaient ouvertement à mes charmes, il me semblait que celui-ci les sentait; du moins je le soupçonnais quelquefois, mais si confusément, que je n'aurais pu dire ce que je pensais de lui, non plus que ce que je pensais de moi. Tout ce que je sais, c'est que ses regards m'embarrassaient, que j'hésitais de les lui rendre, et que je les lui rendais toujours; que je ne voulais pas qu'il me vît y répondre, et que je n'étais pas fâchée qu'il l'eût vu.
Enfin, on sortit de l’église ; et je me souviens que j’en sortis lentement, que je retardais mes pas, que je regrettais la place que je quittais, et que je m’en allais avec un cœur à qui il manquait quelque chose, et qui ne savait pas ce que c’était. Je dis qu’il ne le savait pas, c’est peut-être trop dire ; car, en m’en allant, je retournais souvent la tête pour revoir encore le jeune homme que je laissais derrière moi ; mais je ne croyais pas me retourner pour lui.
De son côté, il parlait à des personnes qui l’arrêtaient, et mes yeux rencontraient toujours les siens.
La foule à la fin m’enveloppa, et m’entraîna avec elle ; je me trouvai dans la rue, et je pris tristement le chemin de la maison.
Je ne pensais plus à mon ajustement en m’en retournant ; je négligeais ma figure, et ne me souciais plus de la faire valoir.
J’étais si rêveuse, que je n’entendis pas le bruit d’un carrosse qui venait derrière moi, qui allait me renverser, et dont le cocher s’enrouait à me crier, gare.
Son dernier cri me tira de ma rêverie ; mais le danger où je me vis m’étourdit si fort, que je tombai en voulant fuir, et me blessai le pied en tombant.
Les chevaux n’avaient plus qu’un pas à faire pour marcher sur moi : cela alarma tout le monde ; on se mit à crier ; mais celui qui cria le plus fut le maître de cet équipage, qui en sortit aussitôt, et qui vint à moi : j’étais encore à terre, d’où malgré mes efforts je n’avais pu me relever.
On me releva pourtant, ou plutôt on m’enleva, car on vit bien qu’il m’était impossible de me soutenir. Mais jugez de mon étonnement, quand, parmi ceux qui s’empressaient à me secourir, je reconnus le jeune homme que j’avais laissé à l’église ! C’était lui à qui appartenait le carrosse ; sa maison n’était qu’à deux pas plus loin, et ce fut où il voulut qu’on me transportât.
Je ne vous dis point avec quel air d’inquiétude il s’y prit, ni combien il parut touché de mon accident. À travers le chagrin qu’il en marqua, je démêlai pourtant que le sort ne l’avait pas tant désobligé en m’arrêtant. Prenez bien garde à mademoiselle, disait-il à ceux qui me tenaient : portez-la doucement, ne vous pressez point ; car dans ce moment, ce ne fut point à moi qu’il parla. Il me sembla qu’il s’en abstenait à cause de mon état et des circonstances, et qu’il ne se permettait d’être tendre que dans ses soins.
De mon côté, je parlai aux autres, et ne lui dis rien non plus ; je n’osais même le regarder, ce qui faisait que j’en mourais d’envie : aussi le regardai-je, toujours en n’osant, et je ne sais ce que mes yeux lui dirent ; mais les siens me firent une réponse si tendre qu’il fallait que les miens l’eussent méritée. Cela me fit rougir, et me remua le cœur à un point qu’à peine m’aperçus-je de ce que je devenais.
Je n’ai de ma vie été si agitée. Je ne saurais vous définir ce que je sentais.

Marivaux, La vie de Marianne (1731-1741)

Problématique :  En quoi cette rencontre peut-elle être qualifiée de romanesque? 

MarivauxIntroduction 
Marivaux écrit les mémoires fictives La Vie de Marianne à partir de 1728, c'est un grand succès. Marivaux crée une héroïne orpheline recueillie par charité, en marge du monde des riches. 
Dans notre passage est racontée sa rencontre avec le jeune Valville à l'église. 
Problématique : 
En quoi cette rencontre peut-elle être qualifiée de romanesque? 
Plan 
1er mouvement : L1 à "ce qu'il eût vu" : des regards différents 
2e mouvement : "Enfin... avec elle" : la sortie de l'église
3e mouvement : "Je... de me soutenir" : récit de l'accident 
4e mouvement : "Mais jugez.." jusqu'à la fin "...ce que je sentais" : naissance de nouvelles émotions 

1er mouvement : L1 à "ce qu'il eût vu" : des regards différents

1er mouvement :

Marianne a repéré un homme en particulier "Ce jeune homme", c'est le début de notre extrait. Elle constate que ses regards sont particuliers "différente", "m'examinait", "plus attentive", plus discrets, "modeste". Le champ lexical du regard suggère l'importance accordée par Marianne à cette nouvelle manière d'être regardée, elle y décèle une profondeur et une insistance discrète très nouvelle "quelque chose de plus sérieux qui se passait entre lui et moi". Un lien est déjà créé, timide mais discret avec toute la pudeur des premiers échanges. 
Les autres restent dans le superficiel du spectacle : "applaudissaient à mes charmes", le regard des autres jeunes gens est banalisé, peu significatif pour Marianne déjà habituée à être regardée pour sa beauté mais sans respect réel. Elle est face à eux, une belle jeune fille qu'ils imaginent facile à courtiser. Là tout est différent, il ressent les charmes, "celui-ci les sentait". Notre passage dévoile ainsi l'importance du regard comme premier signe du sentiment amoureux encore mal défini "du moins je le soupçonnais quelquefois, mais si confusément". 
La confusion est aussi présente dans les expressions "je n'aurais pu dire", "ses regards m'embarrassaient", "j'hésitais". Une autre idée de la naissance du sentiment est présente, elle se dévoile dans la force des regards réciproques à laquelle les deux personnages ne peuvent résister "je les lui rendais toujours". Le lecteur perçoit la touche d'humour de la narratrice à l'égard d'elle-même car elle se revoit dans sa jeunesse et c'est d'un ton moqueur qu'elle confie "et je n'étais pas fâchée qu'il l'eût vu".  

2e mouvement : "Enfin... avec elle" : la sortie de l'église

Mouvement 2


La narratrice fait retour au récit pour la sortie de l'église. C'est une séparation douloureuse ainsi que le soulignent les verbes au passé simple et la longue phrase : "on sortit... j'en sortis", l'imparfait de durée pour les sentiments "je regrettais... je m'en allais avec coeur à qui il manquait.." Marianne méconnaît ce sentiment "qui ne savait pas ce que c'était". Elle prend alors du recul et imagine "je dis qu'il ne le savais pas, c'est peut-être trop dire".
L'amour naissant fait de ce moment, un moment privilégié auquel le lecteur assiste "mais je ne croyais pas me retourner pour lui" placé en clausule de phrase. Il en va de même pour le jeune homme qui ne peut s'empêcher de regarder Marianne "mes yeux rencontraient toujours les siens". La foule semble disparaître ainsi que le suggère la phrase dans laquelle elle est le sujet qui domine avec deux verbes "la foule à la fin m'enveloppa et m'entraîna avec elle". 
 

3e mouvement : "Je... de me soutenir" : récit de l'accident 

3e mouvement : 

Mais la foule ne tarde pas à recader les personnages pour les replonger dans la réalité. Mariane ne voit plus le jeune homme ainsi que le suggère l'adverbe de manière "tristement" et l'allitération en "R" doublée par l'assonance en "i", "je pris tristement". La mélancolie la gagne comme le connotent les deux termes suivants "rêveuse" et "rêverie". 
Puis un carosse apparaît soudain tel un animal sauvage par son bruit et par le fait que le cocher ne maîtrise plus les chevaux, "les chevaux n'avaient plus qu'un pas à faire pour marcher sur moi". Soulignons le champ lexical de l'accident "me renverser... le danger... je tombais... me blessai le pied en tombant". 
Le cri intensifie l'aspect dramatique de la scène, le cri du cocher, puis "tout le monde" et "le maître de cet équipage". La foule est de nouveau au premier plan, elle intervient "cela alarma tout le monde... on me releva... on m'enleva car on vit bien..." Marianne se laisse porter par la foule pour l'aider. L'héroïne romanesque est sauvée par cette foule salvatrice. La scène se termine sur un nouveau face à face entre Marianne et le "maître de l'équipage" "qui en sortit aussitôt et qui vint à moi" placé à la clausule. Le lecteur n'est pas au bout de ses surprises ainsi que le révèle la suite de l'histoire romanesque.  
 

4e mouvement : "Mais jugez.." jusqu'à la fin "...ce que je sentais" : naissance de nouvelles émotions

4e mouvement :

"Mais jugez de mon étonnement", l'intérêt du lecteur est capté par cette phrase exclamative et l'impératif, il devient par la narratrice témoin de la surprise "je reconnus le jeune homme".  
Nous apprenons ainsi que le carosse lui appartient, ce qui est révélateur de sa condition sociale, la noblesse, que sa maison est proche du lieu, qu'il donne les ordres, il est le maître "il voulut qu'on me transportât". Nous apprendons plus tard son nom, Valville. Marianne est transportée dans un autre monde. Il est très attentionné "quel air d'inquiétude... il parut touché... le chagrin".
Auparavant timide, il se révèle déterminé à prendre la situation en main. L'amour commence à le transformer. Il exige la douceur, "portez-la doucement", ils sont l'un et l'autre très hésitants, on le voit dans les échanges des regards, ce qui amuse le lecteur, ils n'osent pas se parler "ce ne fut point à moi qu'il parla... de mon côté je parlai aux autres... mes yeux lui dirent... les siens me firent une réponse".
Le lecteur n'en doute plus, les émotions nouvelles submergent les deux personnages, l'amour est déjà là et la tendresse se manifeste également "être tendre... une réponse si tendre". 
Au grand amusement du lecteur "cela me fit rougir", ce qui souligne la puissance de nouveau sentiment "me remua le coeur... je n'ai été de ma vie si agitée", encore valorisée par l'assonance en "i". Marianne vit cela comme un bouleversement "à peine m'apercus-je de ce que je devenais". La remémoration de sa rencontre se termine sur le constat d'un nouvel et bien surprenant état d'esprit "je ne saurais vous définir". Le lecteur reste jusqu'au bout le témoin de cette scène. 
 

Conclusion
Ce passage appartient à la littérature romanesque, le lecteur découvre une scène inattendue, une merveilleuse rencontre entre une jeune fille qui est en marde de la société et un jeune homme dont nous apprendrons qu'il est le neveu du protecteur de Marainne, M. de Climal. Marivaux par la voix de la narratrice nous révèle la naissance d'une passion amoureuse avec humour et profondeur. 
 

Les ressources bac Manon Lescaut Prévost 

Es-tu prêt pour l'oral, la grammaire, l'entretien?

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés

Exercices 2 2

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés 

Exercices français 1ère parcours bac roman, théâtre, poésie, littérature d'idées - Progressez avec les quiz, questionnaires, QCM corrigés Révisions pour l'oral et l'écrit EAF

EAF 2023, séquence roman

Tous les quiz du site

Abbé Prévost personnages en marge plaisirs du romanesque

Ajouter un commentaire