Litterature d idees 2

Le français en seconde. La littérature d’idées et la presse du XIX au XXI. Définition, genres, auteurs. Commentaire, dissertation, contraction, essai

Littérature d'idées

Qu'est-ce que la littérature d'idées? Définition, caractéristiques, genres et auteurs phares

Littérature d'idées, défintion et caractéristiques

Ensemble des écrits littéraires à vocation philosophique, morale, politique ou esthétique, reposant sur l'argumentation directe (essais, pamphlets, manifestes) ou indirecte (apologues, contes, fables, romans ou pièces à thèse, poésie engagée).

L'expression "Littérature d'idées" désigne tous les genres argumentatifs qui permettent aux écrivains de faire passer leurs idées dans le but de défendre une thèse ou de la réfuter, l'auteur peut faire appel à la raison pour convaincre le lecteur ou au contraire, tenter de le persuader. Les textes appartenant à ce genre de "Littérature d'idées" sont le pamphlet, le texte argumentatif, l'essai etc. 

 

A retenir 

La littérature d'idées est un texte d'argumentation à vocation esthétique qui vise la création d'une oeuvre littéraire 

 

l'argumentation

L'argumentation peut-être directe ou indirecte 

L'argumentation directe

 Définir l’argumentation.

Présenter un ensemble d'arguments pour soutenir, étayer une idée

Convaincre, consiste à défendre une thèse contestable, de façon logique et rationnelle, dans le but d’amener la personne visée à adhérer à cette thèse ; tandis que persuader utilise les sentiments, fait appel aux émotions de la personne visée.

 

 

Quelle est la différence entre convaincre et persuader ?

Les démarches de l’argumentation

  • - L’ironie : affirmer le contraire de ce que l’on veut faire entendre.
  • - Convaincre : faire appel à la raison du lecteur (indices de l'énonciation rares ou absents, structure claire et rigoureuse, procédés tels que la concession…)
  • - Persuader : faire appel aux sentiments 

Quels sont les éléments qui fondent un discours argumentatif ?

  • Tout d’abord le thème : c'est le sujet du texte argumentatif ou encore la question à laquelle le locuteur va répondre à travers sa thèse.
  • La thèse, placée en introduction ou en conclusion le plus fréquemment, engage la position du locuteur, c'est l'idée du texte dont il s'agit de convaincre ou de persuader le destinataire. Une thèse peut être soutenue ou rejetée.
  • Ensuite, l’argument permet de justifier sa thèse ou de la réfuter (dans ce cas on parle de contre argument). On peut définir l'argument comme une proposition donnée comme vraie. Ils s’enchainent grâce à des liens logiques. Ils sont illustrés par des exemples, qui viennent renforcer l'argument.

L'argumentation indirecte

Dans l'argumentation indirecte, l'auteur utlise la fiction pour mettre en avant ses idées. L'idée est implicite, le lecteur doit la déduire. L'argumentation s'effectue à travers les paroles d'un narrateur ou d'un personnage; c'est le genre de la poésie, de la fable, du roman, du conte philosophique

Qu’est-ce qu’un schéma argumentatif ?

  • C'est ce qui permet de reconstituer l'agencement de la thèse, des arguments et des exemples.

 Quels sont les différents types de raisonnement ?

  • Il existe des logiques de raisonnement dans un texte argumentatif :
  • - La déduction: commence par une loi générale pour terminer sur un fait particulier. (Exemple : le syllogisme)
  • - L'induction est le contraire de la déduction, on part d'une action particulière pour aboutir à une loi générale.

 Quels sont les différents types d’arguments ?

  • - L'argument d'autorité : s'agit d'une idée émise d'un groupe que l'on ne peut généralement pas contester.
  • - L'argument ad hominem qui est utilisé pour une raison personnelle pour attaquer l'hypothèse de l'adversaire.

Quels sont les procédés du discours argumentatif ?

  • - La thèse rejetée: utilisée pour opposer deux thèses accentuée par cette opposition.
  • - La concession: utilisée pour faire semblant d'approuver sa thèse pour mieux soutenir la sienne. On peut la repérer facilement grâce à des connecteurs logiques.
  • - L'organisation logique: utilisée pour relier des arguments, grâce à des connecteurs logiques, pouvant exprimer de multiples rapports logiques.

 

Pour aller plus loin

L'implicite
1) Qu'est-ce que l'implicite?

- Mot formé du latin inplicitus, signifiant que le locuteur, laisse plus ou moins consciemment, insinue ou laisse deviner au lecteur. Le message implicite peut aussi signifier que d'habitude la personne à qui le message s'adresse a le plus souvent mauvaise mine comme par exemple "Tu as bonne mine aujourd'hui !"
- Le message implicite permet au locuteur d'exprimer indirectement ce qu'il pense, d'avoir un jugement sans en avoir l'air, mais en se débrouillant pour être compris. Il convient de savoir repérer ses indices dans un texte car l'implicite n'est pas toujours visible.
2) Les indices de l'implicite
- On peut repérer l'implicite grâce aux modalisations que l'on reconnait grâce aux conjonctions et aux adverbes tels que: "enfin", "pourtant", "même", "assez", "vraiment" ... On peut aussi le reconnaître grâce à la ponctuation: point de suspension, point exclamation, et grâce aux modes verbaux: le conditionnel, le subjonctif.
- Avec un vocabulaire appréciatif, l'auteur cherche à dévoiler la situation sous un meilleur jour. Avec un vocabulaire dépréciatif, l'auteur cherche a présenter de façon défavorable la situation. Comme "le rouge et le noir" de Stendhal, il cherche à rendre Julien Sorel sympathique au lecteur.
- L'allusion, le sous-entendu et la connotation consistent à suggérer ce que l'on pense en utilisant différent procédés d'écriture.
- L'ironie consiste à dire le contraire de ce que l'on pense, tout en faisant comprendre le fond de sa pensée. L'ironie est mise en avant par les figures de rhétorique suivantes: antiphrase et moins souvent l'antithèse. On peut citer Voltaire et ses nombreuses antiphrases dans Candide.
3) La fonction de l'implicite
- L'implicite à plusieurs effets, tout d'abord, il permet de susciter la curiosité du lecteur, créant un style léger. Ensuite, c'est une arme de défense contre la censure et permet de communiquer clandestinement dans une situation politique ou sociale difficile. Pour finir, il doit établir une complicité avec le lecteur qui doit deviner l'intention du locuteur, il est caractérisé par des textes argumentatifs et polémiques.
L'implicite permet ainsi de dire indirectement ce que l'on pense.

 

ExercicesExercice

Le schéma argumentatif 


Exercice sur le schéma argumentatif 

Entrainons nous sur un texte de Maupassant, préface Pierre et Jean 

Lecture du texte : 


Le réaliste, s'il est un artiste, cherchera non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. 
Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée pour énumérer les multitudes d'incidents insignifiants qui emplissent notre existence. 
Un choix s'impose donc, ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité. 
La vie, en outre, est cimposée des choses les plus différents les plus imprévues les plus contraires, les plus disparates. Ille est brutale, sans uite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illlogiques et contradictoires qui doivent être classées au chapitre faits divers. 
Voilà pourquoi l'artiste ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les détails caractéristiques utiles à son sujet et il rejettera tout le reste tout à l'à côté; 
Un exemple entre mille : 
Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons nous faire tomber une tuile sur la tête d'un personnage principal, ou le jeter sous les roues d'une voiture, au milieu d'un récit, sous prétexte qu'il faut faire la part de l'accident? 

Guy de Maupassant, "Le roman", préface de Pierre et Jean 

 

ExercicesApplication : correction de l'exercice 

Quel est le schéma de ce texte? 
thème du texte : le roman réaliste 

I - 
statut : thèse soutenue 
Reformulation : le réalisme ne tente pas de copier la réalité en l'imitant mais à faire plus vrai que le vrai. 

II - 
Statut : Argument 1 
Reformulation : le roman réaliste ne dit pas tout de la réalité, c'est impossible, il sélectionne et de ce fait ne dit pas toute la vérité. Des choix s'opèrent. 

III - 
Statut : Argument 2 
Mot de liaison introducteur : "en outre" 
Reformulation : L'existence réelle est irrationnelle car elle est livrée au hasard par opposition au roman réaliste qui sélectionne les éléments qui collent à la logique de l'intrigue. 

IV -  
Statut : Exemple de l'argument 2 
Expression introductrice : Un exemple 
Reformulation : Ce n'est pas parce qu'il y a un grand nombre d'accidents dans la vie réelle que le héros d'un roman réaliste doit disparaitre de cette manière.

 

Quelques exemples de genres de la littérature d'idées 

  • Argumentation indirecte 
  • l’apologue (fables, contes philosophiques…), La Fontaine, les Fables. Les contes philosophiques de Voltaire, par exemple, Candide, Micromégas... 
  • les récits de fiction,
  • Le récit épistolaire 
  • Articles pour l'argumentation directe
  • Pensées
  • L'article de presse. 
  • Essais 
  • l’essai, genre littéraire qui nous vient de Montaigne. Les Essais, Montaigne 
  • Le manifeste : exemple, Le Manifeste du surréalisme d'André Breton
  • La critique littéraire et artistique
  • Plaidoirie - La plaidoirie désigne de manière générale l'exposé verbal des prétentions et arguments d'une partie devant un tribunal, lors d'une audience.

 

 

Le procés de Madame Bovary de Flaubert

 

FlaubertEn 1857, alors que Napoléon III régente le pays d'une main de fer, deux procès ont lieu dans le monde de la littérature à quelques mois d’intervalle : Flaubert et Charles Baudelaire comparaissent devant la sixième chambre du tribunal correctionnel de la Seine, sous le chef d’inculpation d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs, et en face du même procureur impérial, Ernest Pinard. Le premier est acquitté, alors que le second est condamné, mais dans les deux jugements se retrouve identiquement le blâme pour excès de réalisme

Le procès eut lieu le 29 janvier 1857, et non le 31 comme on le trouve parfois, à la suite d’une erreur commise par Flaubert lui-même dans son édition de 1873 chez Librairie Charpentier. Alors que le procureur Ernest Pinard décortique le roman dans un réquisitoire d'une heure et demie, Jules Senard, l'avocat de Gustave Flaubert, va plaider pendant quatre heures, sur un ton très rigoriste, pour mettre en avant la moralité du roman, dans lequel l'héroïne coupable d'infidélité est punie pour ses fautes. Ce point de vue sera un triomphe au tribunal, mais laissera Flaubert amer, car cela laisse entendre qu'Emma Bovary n'est qu'une simple catin. Pour Ernest Pinard, le roman était immoral, car l’héroïne « meurt dans tout le prestige de sa jeunesse et de sa beauté », sans que personne ait pu « lui faire courber la tête », et que l'adultère n'est jamais condamné explicitement par l’auteur.

Le jugement est rendu huit jours après le procès, le 7 février 1857, et Flaubert est acquitté. Le roman peut alors paraître en librairie

 

Le procés des Fleurs du mal de Baudelaire

 

BaudelaireMoins de deux mois après leur parution, Les Fleurs du mal sont poursuivies en justice pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante francs, par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur Auguste Poulet-Malassis s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction (Les Bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées [Delphine et Hippolyte] ; Les métamorphoses du Vampire).

Le 30 août, Victor Hugo, à qui Baudelaire a fait parvenir son recueil, lui envoie de son exil à Guernesey une lettre d'encouragement : « Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit. Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu'il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu'il appelle sa morale ; c'est là une couronne de plus ». Malgré la relative clémence des jurés eu égard au réquisitoire plus sévère qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément Baudelaire. Contraint et forcé, il fera publier une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes.

En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie Française. Il est parrainé par Sainte-Beuve et Vigny. Mais le 6 février 1862, il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renoncera à se présenter au fauteuil d'Henri Lacordaire. En 1866, il réussit à faire publier à Bruxelles (c'est-à-dire hors de la juridiction française), sous le titre Les Épaves, les six pièces condamnées accompagnées de seize nouveaux poèmes.

BaudelaireQuestionnaire n° 1

 

 Auteurs engagés du XXe siècle

 

Camus 11La littérature engagée renvoie en règle générale à la démarche d'un auteur (poète, romancier, dramaturge…) qui défend une cause éthique, politique, sociale ou religieuse, soit par ses œuvres soit par son intervention directe en tant qu'«intellectuel», dans les affaires publiques. Historiquement, on dit d’une œuvre qu’elle est engagée lorsqu'elle présente un certain statut dans la société de son auteur et qu'est reconnue l'importance de sa fonction sur un sujet donné. Par le biais de son texte, un écrivain peut critiquer certains aspects de la société.

« La littérature vous jette dans la bataille ; écrire, c'est une certaine façon de vouloir la liberté ; si vous avez commencé, de gré ou de force vous êtes engagé », Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?

Au xxe siècle, l'engagement devient un devoir au nom de la liberté et de la solidarité : « Tout artiste aujourd'hui est embarqué dans la galère de son temps… Nous sommes en pleine mer. L'artiste, comme les autres, doit ramer à son tour, sans mourir s'il le peut, c'est-à-dire en continuant de vivre et de créer » Camus - C'est le cas de Roger Martin du Gard, Malraux, aux côtés des existentialistes et des poètes de la Résistance - Voir le surréalisme

Les écrivains de l'existentialisme, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Merleau-Ponty considèrent qu'ils doivent s'engager sur de questions politiques. Les existentialistes promeuvent le communisme et dénoncent l'impérialisme de leur temps.

Le féminisme  

 

Littérature et émancipation féminine

Si la littérature représente parfois jusqu’à l’exhibition grinçante les conventions de la relation hommefemme, elle est aussi le lieu de leur renversement et de leur recréation. La figure même de l’héroïne suggère une possible victoire de la femme dans le champ littéraire. Rimbaud dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 se fait prophète de la condition féminine : « Quand sera brisé l’infini servage de la femme, quand elle vivra pour elle et par elle, l’homme, — jusqu’ici abominable, — lui ayant  donné son renvoi, elle sera poète, elle aussi ! La femme trouvera de l’inconnu ! ». Ainsi se rêve, chez les écrivains, une voix féminine puissante et une égalité des poètes en écho à une égalité des sexes. La fiction met volontiers en scène des femmes guerrières qui réclament une égalité des sexes et rivalisent avec les hommes. C’est d’ailleurs un lieu commun de la comédie, miroir social par excellence, et ce depuis l’Antiquité : Lysistrata d’Aristophane est à cet égard un modèle de la guerre des sexes. Les femmes savantes de Molière réclament, elles, des droits intellectuels, comme Agnès dans L’Ecole des femmes qui déplore son ignorance. Marivaux, dans La Dispute, semble pour sa part se plaire à rejouer l’éternel conflit entre l’homme et la femme et à interroger, selon une pseudo méthode expérimentale, la responsabilité de chacun des sexes en matière d’inconstance. La pièce (notamment mise en scène par Chéreau en 1973 et par Stanislas Nordey en 1987 et 1997) est l’occasion d’une réflexion profonde et riche sur l’inné et l’acquis au sein des genres. La voix féminine s’exprime aussi hors de la comédie et dans des accents souvent plus sérieux, le poème « Les mains de Jeanne-Marie » de Rimbaud choisit de mettre en scène une combattante, en l’occurrence une communarde, une pétroleuse, qui réécrit au féminin maints récits épiques de démonstration de force. De même, Sabine face à Horace est une force qui va et qui anticipe sur la virago que sera Mathilde de la Môle. Le roman a en effet aussi ses porte-paroles emblématiques. Des héroïnes éponymes comme la Princesse de Clèves ou Manon Lescaut représentent des femmes autonomes qui refusent la domination masculine (par le choix final du couvent pour l’une, et la persistance dans son être pour l’autre). La voix féminine s’élève aussi parfois pour revendiquer dans quelque plaidoyer puissant sa condition et sa liberté : songeons à la lettre 81 de la Marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses ou à l’ultime lettre de Roxane à Usbek à la fin des Lettres persanes ou encore aux accents féministes du récit de sa vie par Marianne dans le roman de Marivaux. L’émancipation peut enfin être affaire de prise de parole : les œuvres littéraires d’écrivaines telles qu’elles se développent à partir du XXe siècle (mais aussi telles qu’elles ont toujours existé malgré l’hostilité de la société, jusqu’au XIXe siècle, à l’égard de la femme qui écrit) placent sur le devant de la scène des préoccupations plus proprement féminines (le rapport au travail, au mariage, à l’enfantement, à la famille) et affirme une identité. On songe par exemple à la dernière rencontre entre Mme de Clèves et Monsieur de Nemours qui donne lieu, de la part de la jeune veuve, à l’exposé des raisons qui lui font préférer une vie solitaire à une vie maritale dans le roman de Mme de Lafayette ; dans un autre genre, on peut avoir en tête les lettres de Madame de Sévigné à sa fille, lettres qui réfléchissent volontiers au sens de la maternité et au statut de la femme enceinte. De façon plus attendue, nombre de textes d’écrivaines du XXe siècle posent des problèmes de femme : la mère et l’enfant dans les Tropismes IX ou XX de Sarraute, les comportements différents de la mère à l’égard de sa fille et à l’égard de son fils dans L’Amant ou Un Barrage contre le Pacifique de Duras. Il ne s’agit plus de mettre en scène par un arsenal de stéréotypes une héroïne canonique, mais d’exprimer « de l’intérieur » sensations et rêveries. Ces œuvres permettent de réfléchir à une spécificité des femmes écrivains à défaut de permettre d’établir une écriture féminine.

 

Olympe de gougeQuiz n° 1 :

 

Si les premières mobilisations en faveur des femmes sont très anciennes, c’est seulement à la Révolution que s’exprime, conformément aux idéaux des Lumières, une aspiration à l’égalité des sexes. Pouvoir, éducation, liberté sexuelle, liberté d’expression : du postambule de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne au discours historique de Simone Veil en faveur de l’avortement, on pourra identifier, à travers des manifestes, des articles ou des discours, quelques grands combats du féminisme. Mais, si les projets de loi ne viennent qu’entériner l’éveil des consciences pressenti par Marivaux dans La Colonie, comment la femme s’élève-t-elle du statut d’objet à celui de sujet ? Qui formule ses revendications, et comment ? A côté des rares hommes qui défendent les droits de la femme en faisant leur éloge, comme Descartes, Louis-Sébastien Mercier ou Michelet, se trouvent des femmes, qui ont rarement droit à l’éducation et à la parole. On pourra s’arrêter sur les figures de George Sand, de Colette, voire de Duras et Sagan, dont la plume et la vie aventureuse reflètent une émancipation qui remet en cause le déterminisme sexuel. « Aucun destin biologique, psychique, économique, ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c’est l’ensemble de la société qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu’on qualifie de féminin » affirme Beauvoir dans Le Deuxième Sexe. Le féminisme ne revendique pas seulement des droits, il en appelle à une relecture du monde : la mise en place de l’égalité réelle exige la mise au jour des mécanismes de la domination. A côté des récits autobiographiques, comme La femme gelée d’Annie Ernaux, l’étude devrait faire la part belle à l’essai. Contre une vision « androcentrée », Michèle Perrot cherche à réhabiliter les femmes comme actrices de l’histoire. Avec son concept de « classe de sexe », Christine Delphy substitue à la théorie de l’exploitation du prolétariat celle de la domination des femmes par le patriarcat. La langue elle-même est piégée. Si « l’homme » dans « la question de l’homme » vise un concept universel, « la question des femmes » suggère le particularisme, et les genres linguistiques façonnent notre vision du monde.

 

Légalisation de la contraception et de l’avortement : ce sont les lois Veil (1975).

- Développement du divorce

- Les femmes s’intègrent de plus en plus dans la vie active (cherchent un emploi).

- Développement des unions libres : concubinage autorisé, puis PACS et depuis 2013 la loi légalisant le mariage homosexuel ("mariage pour tous").

- Loi sur la parité en 2000 qui oblige les partis politiques à présenter autant d’hommes que de femmes aux élections.

 En 1971, le Manifeste des 343 est rédigé par Simone de Beauvoir, c'est une pétition française signée par 343 femmes ayant eu recours à l'avortement alors que cet acte était reconnu comme illégal en France. Le Manifeste appelle à dépénaliser et légaliser l'interruption volontaire de grossesse. En 1975, Simone Veil, alors ministre de la Santé, fait adopter la loi Veil qui autorise l'avortement. 

A consulter 

 

Emancipation de la femme

 

 

L'engagement au XIXe siècle

 

HugoAu xixe siècle, le recueil de Victor Hugo, Les Châtiments, est désigné comme un "poème du crime". Le poète ne s'en prend pas seulement à un sujet général, mais directement à une personne, qui est Napoléon III, qu'il surnomme « Napoléon le Petit ». Il dénonce également la misère sociale dans de nombreux pans de son œuvre, notamment son roman Les Misérables, écrit en plus de 20 ans, et étant l'un des principaux romans de Victor Hugo mais aussi l'un des symboles de l'écriture engagée; ou encore le poème "Melancholia", extrait de son recueil poétique Les Contemplations. Il prend également position contre la peine de mort dans Le Dernier Jour d'un condamné. Mais le véritable acte de naissance de l'intellectuel engagé, c'est l'article "J'accuse...!" d’Émile Zola qui a été rédigé au cours de l’affaire Dreyfus, sous la forme d'une lettre ouverte au président de la République française

Pour travailler la vie et l'oeuvre du poète

Victor hugoQuestionnaire n° 1

 

L'engagement au XXe siècle

 

Aime cesaireJean-Paul Sartre, Qu'est-ce que la littérature ?

Sartre interpelle l'écrivain engagé: « Pourquoi as-tu parlé de ceci plutôt que de cela et – puisque tu parles pour changer – pourquoi veux-tu changer ceci plutôt que cela ? »

Albert Camus, Discours de Suède

Camus y formule ses difficultés à prendre position dans le conflit algérien.

André Malraux, L'Espoir

Malraux y dénonce la guerre civile espagnole et soutient le Front populaire (contre Francisco Franco). Il défend des idées de gauche.

Poètes de la résistance à l'origine du surréalisme :

René Char, Fragment 128

Paul Éluard, Liberté

Louis Aragon, La Rose et le Réséda.

Boris Vian, Le Déserteur

Poème sur la dénonciation de la guerre d'Indochine, adressé au président de la République française, René Coty afin de montrer sa lâcheté. Ce poème est une chanson antimilitariste qui est écrite sous forme de lettre ouverte. Il faut notamment savoir que ce poème a été censuré car ses paroles étaient trop subversives. Ce texte montre que la guerre laisse de nombreuses traces psychologiques.

Eugène Ionesco, Rhinocéros

Ionesco dénonce la montée du fascisme qu'il a connu en Roumanie. Plus largement, il illustre l'ascendance de la masse sur l'individu seul, dans une métaphore du totalitarisme.

Robert Desnos, Ce cœur qui haïssait la guerre

Il y fait un appel à la résistance.

George Orwell, La ferme des Animaux

L'auteur britannique a décidé d'écrire la ferme des animaux pour critiquer le régime totalitaire communiste soviétique de façon implicite et attractive (sous forme romanesque). Ainsi, chaque animal représente une facette de la société soviétique d'après guerre : les cochons accaparent les richesses dès la Révolution, et convainquent les autres animaux de travailler pour la ferme.

Réviser l'énonciation - Les formes de discours - Les registres - Le vocabulaire de l'argumentation à connaître

L'énonciation
La situation dénonciation permet de déterminer le degré d'implication du locuteur dans son énoncé.
1) La situation d'énonciation :

Si l'on prend en exemple la lettre à Madame de la Fayette A Madame de la Fayette
A Paris, le mardi 24 juillet 1657
Vous savez, ma belle, qu'on ne se beigne pas tous les jours; de sorte que pendant les trois jours que je n'ai pu me mettre dans la rivière, j'ai été à livry, d'où je revins hier, avec dessein d’y retrouver quand j’aurai achevé mes bains, et que notre abbé aura fait quelques petites affaires qu’il a encore ici.
Madame de Sévigné, Lettre 1657
Lorsqu’il faut étudier une situation d’énonciation comme par exemple dans cette lettre, il faut préciser qui sont le locuteur et le destinataire ainsi que le lieu, et le moment de l’énonciation.
Nous savons que le locuteur est l’auteur de la lettre à savoir Madame de Sévigné qui se désigne par le pronom personnel « je ». Le destinataire est Madame de La Fayette désigné par le pronom « vous » et l’apostrophe « Ma belle ». Le lieu et le moment de l’énonciation sont précisés par l’en-tête de la lettre. « A Paris, le mardi 24 juillet 1657 ».


2) Le locuteur : Pour déterminer le degré d’implication du locuteur, il faut mettre en avant les marques de subjectivité.
-Les pronoms Personnels, les adjectifs et pronoms possessif permettant de repérer le locuteur ainsi que les déictiques (connecteurs spatiaux-temporels) comme par exemple, maintenant, ici etc. Il y a également le présent d’énonciation qui montre que l’énoncé est lié au moment où le locuteur le prononce. On peut également étudier les modalisateurs qui expriment les doutes et les certitudes du locuteur comme « peut-être », « assurément », enfin il faut en outre prendre en compte la ponctuation affective en particulier l’exclamation.
3)L’énoncé :
a) l’énoncé ancré dans la situation d’énonciation : le discours

Si un énoncé comporte un certain nombre de marques de la présence du locuteur, on le désigne comme un discours, il donne une impression de subjectivité. On y retrouve la première personne « mon », « me », l’implication du destinataire, l’exclamation qui traduisent l’implication du locuteur et la subjectivité de l’énoncé.
b) L’énoncé coupé de la situation d’énonciation : le récit
S’il n’y a pas de marque de subjectivité donc aucune implication du locuteur, On parle de récit. L’impression d’objectivité domine. On y retrouve le présent de vérité générale, les formes imperssonnels comme « il est rare que » qui traduisent l’effacement du locuteur et l’ospectivité de l’énoncé.

Les formes de discours
I - Définition

Le discours est un énoncé produit par un locuteur. Cependant tous les discours au sens d'énoncés n'ont pas tous la même fonction. Ils peuvent avoir pour but de raconter, de décrire, d'informer, d'expliquer, de convaincre.
II - Le discours descriptif
La description caractérise ce discours. Il doit en effet décrire une situation, un lieu, un personnage;
La description suppose :
L'imparfait ou le présent
Des verbes d'état, être, paraître, sembler, devenir
La mention de lieux précis et des connecteurs spatiaux
Des adjectifs pour parfaire la description dans un texte
III Le discours narratif
La narration ou le discours narratif rapporte un enchainement de faits dans le temps. Les temps verbaux sont le passé simple et le présent Les connecteurs mettent en valeur un enchainement d'évènements dans le temps L'action est clairement évoquée par les verbes et renforcée par la présence d'adverbes.
IV - Le discours informatif
Le discours informatif est un discours explicatif, il communique et transmet un savoir, fait comprendre une idée. On constate la présence :
Du présent historique ou de vérité générale
De mots de liaison
Une certaine objectivité rendant ainsi le discours plus crédible.
V - Le dicours argumentatif
Convaincre et persuader sont les fonctions du discours argumentatif, on y trouve :
Des mots de liaison permetttant de structurer le texte "mais", "car" etc
Un locuteur représentant sa thèse
Des raisonnements logiques, déductions, inductions, syllogismes
Définitions
Déduction : On part d'une vérité générale pour justifier une conclusion particulière
Induction : On part des faits et de l'exemple particuliers pour parvenir à la vérité générale
Syllogisme : Cas particulier du raisonnement déductif. C'est un raisonnement logique basé sur deux propositions, une mineure et une majeure ainsi que sur une conclusion. La conclusion est irréfutable d'un point de vue logique.
Exemple :
Tous les hommes sont mortels : prémisse majeure
Or Socrate est un homme : prémisse mineure
Donc Socrate est mortel : conclusion
Le syllogisme fonde une conclusion irréfutable en apparence sur deux propositions données comme vraies, les prémisses
Il est toujours vrai du point de vue formel mais peut être faux du point de vue matériel.

LES REGISTRES

Didactique : qui est porteur d’un enseignement ou qui démontre, le registre didactique nous renvoie aux textes qui ont des connotations culturelles manifestes ; Par exemple les fables de La Fontaine remplissent deux fonctions, elles doivent plaire et instruire, nous pouvons alors affirmer que la portée du récit est didactique.
Comique : le registre comique par définition amuse, le comique peut être un comique de mots, de caractère ou de geste, comique de répétition (dialogue de sourds par exemple, répétitions d’expressions, de situations), il est associé au genre de la comédie et peut donc prendre plusieurs formes.
Dramatique : il cherche a provoquer la surprise du lecteur grace a une forme de suspens dans la narration, ou la representation d'évènements. En général, l'action suppose un rythme très soutenu et multiplie les rebondissements.
Pathétique : Le registre pathétique cherche à provoquer l’émotion du lecteur, il fait pitié et donne envie de pleurer. Les thèmes sont donc associés à la souffrance comme la mort, la maladie, la séparation. Il est facilement perceptible dans les textes en prose et en vers grâce aux champs lexicaux de la souffrance et de la mort, aux figures de style comme les métaphores, les hyperboles qui intensifient l’émotion, les ellipses qui traduisent l’horreur de la situation et la ponctuation expressive comme les questions oratoires,les exclamations.
Ironique : Il critique par l'humour. La figure de style qui traduit le mieux l’ironie est l’antiphrase, elle consiste à dire le contraire de ce que l’on pense, Voltaire la fait valoir dans tous ses apologues philosophiques. Le registre ironique repose sur l’implicite, il revient donc au lecteur de s’interroger sur les véritables intentions de l’auteur. Outre les antiphrases, on voit souvent des textes ironiques dont les figures de rhétorique dominantes sont, les antithèses et les oxymores.
Tragique : Il confronte le lecteur au destin (mort). Il est lié au genre théâtral de la tragédie, on peut toutefois le rencontrer dans le roman ou la poésie. La fatalité se traduit dans le registre tragique car elle représente ce contre quoi l’homme ne peut rien et le fait se sentir impuissant face au tragique du temps qui passe ; On le reconnait par le niveau du langage soutenu, les champs lexicaux de la fatalité, de la mort, du devoir, de la faute et les allusions à l’autorité de Dieu.
Epique : Il fait vivre une aventure héroïque. Il est donc associé au mot épopée qui met en avant les valeurs héroïques. On le retrouve dans les aventures d’Ulysse d’Homère par exemple, il se traduit dans une forme de récit descriptif, point de vue omniscient et parfois recours au merveilleux ; Les figures de rhétorique concourent à le mettre en valeur comme les hyperboles, les effets de gradation et d’accumulation ainsi que les répétitions ;
Fantastique : Il déstabilise. Il se définit par l’intrusion de l’irréel dans la vie réelle. On le reconnait par les champs lexicaux du surnaturel, de la mort, de la peur, de la folie, la narration à la première personne domine ainsi que le choix de la focalisation interne. Les modes et les temps verbaux renvoient à l’irréel également.
Polémique : qui défend et combat.
Lyrique : Il émeut. Il est associé à la lyre d’Orphée, prince des poètes, il a pour but de traduire les émotions et les passions du locuteur comme la mélancolie, la nostalgie, la douleur. Il se retrouve souvent dans les thèmes de l’amour, de la fuite du temps, de la solitude et de la désillusion. Les figures de style qui l’expriment le mieux sont les personnifications, les anaphores, les métaphores ainsi que les comparaisons. La ponctuation des récits lyriques est expressive et marquée par des exclamations, des points de suspension.
oratoire : il cherche a impressionner le lecteur dans le but de le convaincre ou de le persuader. Il suppose différents procedés comme, l'emploi de la premiere personne, les apostrophes, les questions rhétoriques, les répétitions, les images. Ces procédes ont pour fonction d'augmenter l'effet du discours sur le destinataire.
Satirique : Ce registre a pour but de provoquer le rire du lecteur par la dénonciation des défauts et des vices d'une époque ou d'un individu. Il met en valeur l'ironie et les sarcasmes.

Le vocabulaire de l'argumentation : convaincre, persuader, délibérer

Une œuvre argumentative a plusieurs visées : convaincre, persuader, démontrer ou délibérer (qui peuvent se mêler).


démontrer et convaincre : on fait appel à la raison de lecteur. On recourt à un raisonnement construit de manière logique (importance des connecteurs logiques). On appuie ce raisonnement sur des arguments qui auront valeur de preuves (des idées, du domaine de l'abstrait souvent) que l'on illustre par des exemples. Démontrer consiste à prouver la vérité d'une hypothèse par un raisonnement DEDUCTIF et des preuves indiscutables. Laisse transparaître le moins possible la subjectivité.
Persuader : on use de moyens détournés, faisant appel aux sentiments, pour gagner l'adhésion de son interlocuteur. On use alors souvent du registre satirique pour se moquer de son adversaire, du registre polémique pour porter une attaque contre une idée ou une personne, ou du registre pathétique pour susciter la compassion, la pitié.
Délibérer : signifie discuter, avec soi-même ou avec d'autres, ceci afin de prendre une décision ou d'émettre un avis sur une question précise. Le message se construit progressivement à partir des positions des différents interlocuteurs, des confrontations entre les différents points de vue.
Justifier : on développe un point de vue en l'expliquant et en prouvant sa validité par des arguments et des exemples
Réfuter : on repousse un argument ou une thèse en prouvant qu'ils ne sont pas valables
Concéder : c'est reconnaître qu'une partie de la thèse adverse est valide, pour ensuite, réfuter le reste de la thèse. C'est un bon moyen de convaincre dans la mesure où la concession permet d'entrer dans le raisonnement de l'adversaire pour mieux le dépasser.
Un réquisitoire : discours prononcé pour accuser
Un plaidoyer : discours visant à défendre
Implicite = ce qui est sous-entendu, présupposé
L'ironie : du grec « eironeia » qui signifie « interrogation ». Le terme doit son sens précis à la méthode de Socrate qui feignait l'ignorance pour faire ressortir l'ignorance réelle de son interlocuteur. C'est une manipulation du sens. On feint de dire le contraire de ce que l'on pense, en espérant que l'interlocuteur comprendra bien ce que l'on pense vraiment.
Polémique : c'est un discours agressif (du grec polémos qui signifie « guerre »). C'est aussi un registre. Le discours polémique nomme et cite l'adversaire, s'attaque à sa personne, le discrédite en recourant notamment à l'ironie, à la caricature, à la violence verbale (on peut trouver ce registre dans le pamphlet et le réquisitoire notamment).
Raisonnement déductif : il part d'une hypothèse pour en déduire les conséquences
Raisonnement inductif : il part de l'observation d'un cas particulier pour établir une cause générale ou aboutir à une vérité générale
Raisonnement par analogie : il s'agit de rapprocher deux domaines particuliers dont l'un est familier au destinataire (en gros on compare, on établit des relations). Importance alors de la métaphore.
Raisonnement par l'absurde : consiste à montrer qu'une thèse est fausse parce que si on l'admettait comme valable, ses conséquences seraient absurdes
Raisonnement causal : est un raisonnement qui établit un lien entre la cause et les effets

4 Exercices - Ce texte a-t-il pour intention de convaincre, persuader ou délibérer? Réflexions sur la guillotine Camus. Hugo, Le dernier jour d'un condamné - Bobin, Un essai sur la télévision

Exercice d'application


ExercicesSujet :

Ce texte a-t-il pour intention de convaincre, persuader ou délibérer?

Extrait des réflexions sur la guillotine, 1957
Albert Camus


TEXTE


Peu avant la guerre de 1914, un assassin dont le crime était particulièrement révoltant (il avait massacré une famille de fermiers avec leurs enfants) fut condamné à mort en Alger. Il s’agissait d’un ouvrier agricole qui avait tué dans une sorte de délire du sang, mais avait aggravé son cas en volant ses victimes; l’affaire eut un grand retentissement. On estima généralement que la décapitation était une peine trop douce pour un pareil monstre. Telle fut, m’a t’on dit, l’opinion de mon père que le meurtre des enfants, en particulier, avait indigné. L’une des rares choses que je sache de lui, en tout cas est qu’il voulut assister à l’exécution, pour la première fois de sa vie. Il se leva dans la nuit pour se rendre sur les lieux du supplice, à l’autre bout de la ville au milieu d’un grand concours de peuple. Ce qu’il vit, ce matin là, il n’en dit rien à personne. Ma mère raconte seulement qu’il rentra en coup de vent, le visage bouleversé, refusa de parler, s’étendit un moment sur le lit et se mit tout d’un coup à vomir. Il venait de découvrir la réalité qui se cachait sous les grandes formules dont on la masquait. Au lieu de penser aux enfants massacrés, il ne pouvait plus penser qu’à ce corps pantelant qu’on venait de jeter sur une planche puis lui couper le cou.
Il faut croire que cet acte rituel est bien horrible pour arriver à vaincre l’indignation d’un homme simple et droit et pour qu’un châtiment qu’il estimait cent fois mérité n’ait eu finalement d’autre effet que de lui retourner le cœur. Quand la suprême justice donne seulement à vomir à l’honnête homme qu’elle est censée protéger, il paraît difficile de soutenir qu’elle est destinée, comme ce devrait être sa fonction, à apporter plus de paix et d’ordre dans la cité. Il éclate au contraire qu’elle n’est pas moins révoltante que le crime et que ce nouveau meurtre, loin de réparer l’offense faite au corps social, ajoute une nouvelle souillure à la première.


ANALYSE

Introduction


Nous allons étudier un extrait des réflexions sur la guillotine de Camus en date de 1957. Nous nous interrogerons sur l’intention de ce texte, a t’-il pour intention de convaincre, persuader ou délibérer? L’essai camusien est une réflexion objective sur la peine de mort; le texte ne contient aucune marque de subjectivité mais des récurrences de la première personne du pluriel. Nous allons voir que le philosophe cherche à convaincre et non à persuader, il s’adresse à nous avec la raison et non avec le cœur en essayant de susciter en nous émotion, crainte etc.

Développement

Dans l’extrait des réflexions de Camus, nous avons une condamnation réaliste de la peine de mort. Il s’agit d’un ouvrier agricole condamné pour meurtres sur enfants et vol; ce texte est destiné à nous convaincre de l’abomination de « ce nouveau meurtre » qu’est la peine de mort d’un homme au-delà même de toute l’indignation que les meurtres commis même sur des enfants suscitent. Ce fait vécu est relaté par Camus à travers la personne de son père d’abord indigné puis révolté par de telles tueries organisées. Nous n’avons aucune marque de subjectivité mais des signes de la première personne du pluriel, « nous avons », « nous définissons » et des impératifs, « admettons ». L’analyse est ponctuée par une série de définitions comme la justice; le premier connecteur « en effet » marque le début d’un raisonnement qui se termine par le dernier connecteur « donc ». Nous avons un réel réalisme de la description, cette « réalité qui se cachait sous les grandes formules », « corps pantelant », « couper le cou ». La cruauté de cet acte rituel est perçu comme aussi révoltant et intolérable que le meurtre commis lui-même. Les deux métonymies le confirment, « nouveau meurtre », « nouvelle souillure ». Elles sont à elles seules dénonciatrices et assimilées à un meurtre consenti, un assassinat. Nous avons donc une dénonciation de cette pratique inhumaine qu’est la peine de mort qui à une valeur d’authenticité car elle est référée à un fait précis, vécu. Nous avons donc à travers cette intention de convaincre, une dénonciation de la peine de mort.

 

ExercicesExercice d'application


Sujet à traiter :

Ce texte a-t-il pour intention de convaincre, persuader ou délibérer?



Victor Hugo, Le dernier jour d’un condamné, chapitre XXVI, 1829.

TEXTE

Le dernier jour d’un condamné est un roman écrit par Hugo sous la forme d’un journal intime fictif; un condamné à mort, dont on ne connaît ni le nom ni la faute, y évoque les dernières heures de son existence.



Il est dix heures.
O ma pauvre petite fille! Encore six heures, et je serai mort! Je serai quelque chose d’immonde qui traînera sur la table froide des amphithéâtres une tête qu’on moulera d’un côté, un tronc qu’on disséquera de l’autre; puis de ce qui restera, on en mettra plein une bière, et le tout ira à Clamart; voilà ce qui’ls vont faire de ton père, ces hommes dont aucun ne me hait qui tous me plaignent et tous pourraient me sauver; ils vont me tuer. Comprends-tu cela, Marie? Me tuer de sang-froid, en cérémonie, pour le bien de la chose ah! Grand Dieu!
Pauvre petite! Ton père qui t’aimait tant, ton père qui baisait ton petit cou blanc et parfumé, qui passait la main sans cesse dans les bouches de tes cheveux comme sur de la soie, qui prenait ton joli visage rond dans sa main, qui faisait sauter sur ses genoux et le soir joignait tes deux petites mains pour prier Dieu!
Qui est-ce qui te fera tout cela maintenant? Qui est-ce qui t’aimera? Tous les enfants de ton âge auront des pères, excepté toi. Comment te déshabitueras-tu, mon enfant, du jour de l’an, des étrennes, des beaux joujoux, des bonbons et des baisers? -Comment te déshabitueras-tu, malheureuse orpheline, de boire et de manger?
Oh! si ces jurés l’avaient vue, au moins, ma jolie petite Marie! Ils auraient compris qu’il ne faut pas tuer le père d’un enfant de trois ans.
Et quand elle sera grande, si elle va jusque-là, que deviendra t’-elle? Son père sera un des souvenirs du peuple de Paris. Elle rougira de moi et de mon nom: elle sera méprisée, repoussée, vile cause de moi de moi qui l’aime de toutes les tendresses de mon coeur; O ma petite Marie bien aimée! Est-il bien vrai que tu auras honte et horreur de moi?
Misérable! Quel crime j’ai commis, et quel crime je fais commettre à la société?
Oh! Est -il bien vrai que je vais mourir avant la fin du jour? Est-il bien vrai que c’est moi? Ce bruit sourd de cris que j’entends au-dehors, ce flots de peuple joyeux qui déjà se hâte sur les quais, ces gendarmes qui s’apprêtent dans leurs casernes ce prêtre en robe noire, cet autre home aux mains rouges, c’est pour moi! C’est moi qui vais mourir! Moi, le même qui est ici, qui vit, qui se meut, qui respire, qui est assis à cette table, laquelle ressemble à une autre table, et pourrait aussi bien être ailleurs; moi, enfin, ce moi que touche et que je sens, et dont le vêtement fait les plis que voilà!

ANALYSE

Introduction


Nous allons étudier du point de vue de l’argumentation un texte de Victor Hugo, le dernier jour d’un condamné , le chapitre XXVI en date de 1829. Nous nous demanderons si ce texte a pour intention de convaincre, de persuader ou de délibérer. Un condamné à mort nous fait partager ses derniers instants en mettant l’accent sur la tristesse causée à sa fille de trois ans, Marie. Nous allons analyser les arguments qui justifient que nous avons une intention de persuader ou de convaincre ou encore de délibérer.

Développement

L’extrait fait plus appel aux sentiments qu’à la raison. Nous partageons en tant que lecteur le désespoir d’un condamné à mort enfermé en prison. La présence de la petite fille du condamné renforce l’aspect affectif du texte. Le lecteur est d’autant plus sensibilisé, « ton père qui t’aimait tant ». Les nombreuses marques de subjectivité « je serai », « me tuer », « je vais mourir » accentuent cette impression de fait vécu avec une suggestion de l’horreur poussée à son paroxysme: « quelque chose d’immonde », « une tête », « un tronc ». Cela permet une certaine généralisation concernant la question de la peine de mort. Cet extrait fait appel aux sentiments du lecteur. Il est rendu encore plus touchant grâce à l’apostrophe à la « petite fille » et aux interjections « O », « oh ». Nous n’avons par conséquent pas le schéma d’un texte organisé au niveau d’un raisonnement logique et d’arguments mis en avant en fonction de connecteurs précis marquant une progression dans une réflexion. L’auteur tente donc de nous persuader plutôt que de nous convaincre puisqu’il fait plus appel à notre cœur qu’à notre raison.

 

ExercicesExercice d'application



Sujet ;
De quelle manière l’auteur dénonce-t’il la télévision?

Christian Bobin
Un essai sur la télévision, « la mal », 1994.




TEXTE

Elle règne partout. Elle est comme une reine grasse et sale qui n’aurait plus rien à gouverner, ayant tout envahi, ayant tout contaminé de sa saleté foncière. Personne ne lui résiste; elle règne en vertu d’une attirance éternelle vers le vas, vers le noir du temps. Elle est dans les prisons comme un calmant. Elle est en permanence dans certains pavillons d’hôpitaux psychiatriques. C’est dans ces endroits qu’elle est le mieux à sa place on ne la regarde pas, on ne l’écoute pas, on la laisse radoter dans son coin, on met devant elle ceux dont on ne sait plus quoi faire. Elle a infiniment moins de dignité que ces gens-là, assommés par l’âge, blessés par la loi ou par la nature. Elle se moque parfaitement de cette dignité qui lui manque. Elle se contente de faire son travail. Son travail, c’est salir la douleur qui lui est confiée et tout agglomérer -l’enfance et le malheur, la beauté et le rire,l’intelligence et l’argent -dans un seul bloc vitré gluant; on appelle ça une fenêtre sur le monde.


ANALYSE

une argumentation au service de la critique
Les figures de rhétorique et la dénonciation

Dans cet extrait tiré de l’inespérée en date de 1994, Christian Bobin s’applique à dénoncer la télévision. C’est un blâme qui consiste en une condamnation, à savoir, la télévision, et qui est donc ici la thèse du propos. L’argumentation met en lumière des critiques. Dans un premier temps, dans le cadre d’un registre satirique, ses défauts sont mis en évidence dès le début du texte : « elle règne partout ». Elle a le monopole, l’exclusivité ainsi que le suggère le champ lexical du pouvoir, de la tyrannie. Elle « gouverne », « tout envahi », « elle règne »; mais ce monopole semble usurpé, injustifié car elle règne « comme une reine qui n’aurait plus rien à gouverner », en vertu d’une simple « attirance éternelle vers le bas ». La première comparaison « comme une reine » met en évidence son pouvoir dévastateur, elle est envahissante et dangereuse car elle paralyse les esprits « personne ne lui résiste » telle une drogue dont on ne soupçonne pas les tragiques conséquences « ayant tout contaminé ». Elle exerce son pouvoir absolu de façon néfaste jusque dans les prisons « comme un calmant ». Cette deuxième comparaison souligne sa fonction abrutissante reprise de façon ironique. La télévision dans les hôpitaux psychiatriques fait office dune boîte inutile tout juste bonne à créer un fond sonore. « on la laisse radoter dans un coin et on met devant elle ceux dont on ne sait plus quoi faire ». Sa seule fonction reconnue, « salir la douleur » et son seul « travail » sont mis en avant par l’anadiplose, « son travail »; elle calme les prisonniers, c’est aussi une machine abêtissante pour les malades mais son pouvoir s’étend à tous et à tout, « l’enfance et le malheur », « beauté et rire », « intelligence et argent ». L’antithèse « l’enfance et le malheur » renforce l’exclusivité, l’étendue de son pouvoir ravageur, tyrannique. Le vocabulaire péjoratif envahit le texte, « reine grasse et sale », « saleté foncière », « vers le bas », « noir du temps », « calmant », « moins de dignité », « salir la douleur », « bloc vitré gluant ». L’extrait se ferme sur une antiphrase et donc un accent ironique, « une fenêtre sur le monde ».

 

ExercicesSujet : Identifiez et reformulez la thèse de l’auteur : Montaigne et la thèse de l’homme sauvage


Texte

Montaigne, Les Essais, chapitre 31
« des cannibales », 1580-1592



Montaigne s’interroge sur l’épithète « sauvage » par laquelle on désigne les peuples nouvellement découverts en Amérique au XVIème siècle.


Or, je trouve pour revenir à mon propos qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage; comme de vrai, il semble que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion,la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils ont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits; là où, à la vérité, ce sont eux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages.

Analyse :

La thèse

Dans l’extrait du chapitre 31 des Essais, intitulé «des cannibales », Montaigne formule très explicitement sa thèse: il refuse de considérer les indiens cannibales comme des barbares et des sauvages. Mais le jugement qui dénonce la barbarie de l’autre n’est que la projection des opinions et de la culture dans laquelle nous vivons. L’appellation « barbare » ne dit rien d’autrui. Elle ne fait que traduire notre intolérance. Il annonce une démarche argumentative personnelle; « je trouve mon propos » et les arguments qui tentent de convaincre fondent une réflexion sur l’emploi des mots, « chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». Ailleurs il nous précise « ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de soi et de son progrès ordinaire, a produits ». Le penseur dénonce l’ethnocentrisme,la croyance que le peuple dont nous faisons partie possède la vérité. Montaigne vide ensuite le terme « sauvage » de sa signification négative pour lui désigner positivement une proximité avec la nature. Les fruits sauvages sont riches de vertus que les fruits cultivés ont perdues; par analogie on peut supposer que les vertus des peuples sauvages sont restés intacts. La civilisation apparaît comme un processus de dégénérescence, comme un éloignement par rapport aux vertus naturelles. Ainsi, l’exemple du fruit débouche sur une généralisation, nous avons ici une supériorité de la nature sur la culture. La légitimité de la culture est donc remise en question. La barbarie devient le signe d’une plus grande proximité de l’homme avec la nature;Les barbares sont moins corrompus que nous.

Les enjeux de la thèse

Les enjeux du texte dépassent donc la thèse initiale. Il ne s’agit pas ici d’une apologie des indiens cannibales mais d’une réflexion sur les cultures. Montaigne à partir d’une réflexion sur le langage proclame la relativité des mœurs et le culte de la nature; il déstabilise ainsi les certitudes européennes par l’ironie, « parfaite religion » et le paradoxe, nous avons une réhabilitation du mot sauvage dans un raisonnement par analogie. Nous sommes aux origines du mythe de l’homme naturellement bon, du bon sauvage.

La littérature d'idées et la presse. Les fondamentaux, vocabulaire du journalisme - Information, désinformation - Liberté de presse, censure -

Histoire de la presse

 

  •  1631 : Naissance du premier journal, La Gazette
  • 1789 : La presse commence à acquérir son autonomie à la Révolution française
  •  24 août 1789 dans l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qu’est consacrée « la libre communication des pensées et des opinions » ainsi que la liberté d’imprimer ces opinions.

 

Essor de la presse au XIXe siècle :

  • 1836 :  nouveau quotidien, La Presse
  •  Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse sous la IIIe République annonce la liberté d'expression en France avec la fin supposée de la censure. On peut citer la lettre ouverte de Zola, "J'accuse" (L’aurore est un quotidien français politique et culturel édité à Paris. Il a été fondé le 1er octobre 1897 et arrêté le 2 août 1914. Il est célèbre, car il a publié l’article J’accuse…! de Zola en janvier 1898.)
  •  « tout journal ou écrit périodique peut être publié, sans autorisation au préalable, et sans dépôt de cautionnement »

La presse entretient une influence réciproque avec les écrivains

De l’homme de lettres au journaliste

  • Au 19e siècle, les caractéristiques du journal influent sur la littérature. L’écrit, traditionnellement argumentatif, devient prioritairement narratif. Pratiquement tous les hommes de lettres contribuent à ce tournant à participent à l’édification de la « civilisation du journal »
  •  Zola, "J'accuse"
  • La presse devient un thème essentiel, voire privilégié chez certains écrivains comme Balzac qui propose sa vision du journalisme (Les Illusions perdues, voir l'analyse en bas de page). C'est aussi le cas de Flaubert dans L'Education sentimentale
  • Voltaire et l’Encyclopédie utilisent le mot journaliste pour désigner les auteurs qui écrivent dans les gazettes. Quant à Pierre Larousse dans son Grand dictionnaire universel, il donne comme définition « écrivain qui travaille à la rédaction d’un journal »
  •  Bel Ami, le roman de Maupassant, constitue en 1885 l’acte de naissance littéraire de la profession : le romancier campe son héros dans le cadre de ses activités quotidiennes de rédacteur.
  • Tous les écrivains du 19e siècle (mais aussi un grand nombre au 20e comme Kessel, Colette, Proust, Camus, Mauriac, Sartre…) sont en contact étroit avec la presse.
  • La culture médiatique est à l’origine de l’esthétique de la modernité que Baudelaire développe dans ses articles du Figaro de 1863. Les romanciers comme Daudet, Flaubert, Zola utilisent les outils des reporters et leurs brouillons deviennent des carnets d’enquêtes.

La presse au service des combats 

  • Combat politique
  • Exemple, critique de Napoléon III dans les Châtiments de Victor Hugo
  • Combat esthétique 
  • Le concept de modernisation passe par une nouvelle définition du beau, le réalisme pour Maupassant, le naturalisme pour Zola. 
  • L'esthétique est en procés avec Les Fleurs du mal de Baudelaire et Madame Bovary de Flaubert (voir l'analyse en haut de page)
  • Combat humaniste
  • Victor Hugo combat la précarité, la misère des plus démunis dans son roman Les Misérables en date de 1862. Dans Le Dernier jour d'un condamné en 1829, il prend position contre la peine de mort

Un recul de la liberté de la presse pendant les guerres mondiales

  • Un littérature de la résistance se développe pour lutter contre la censure : la presse devient un outil de propagande contre le nazisme. Nombreux sont les écrivains résistants, on peut citer Eluard, René CharDesnos qui écrivent pour dénoncer les horreurs et l'absurdité de la guerre. Boris Vian, contre le militarisme publie le Déserteur contre la guerre d'Indochine. Primo Levi dans Si c'est un homme s'interroge sur la déshumanisation en faisant le récit de son histoire dans les camps de concentration et les théoriciens de l'absurde comme Camus dans l'Etranger propose un monde sans Dieu dans son roman, l'absurdité du monde est encore évoquée dans le théatre de l'absurde avec Beckett, Ionesco
  • L'engagement se poursuit après la seconde guerrre mondiale avec les intellectuels comme Jean-Paul- Sartre qui, contre le totalitarisme prend position avec sa pièce engagée, "Les Mains sales" ou encore Camus, par son roman "La Peste". 
  • Apparition d'un genre nouveau,  la dystopie avec 1984  de George Orwell en dénonciation des manipulations des sociétés totalitaires et leur pseudo-promesse de bonheur. La manipulation de la société de consommation, autre modèle de société totalitaire est dénoncée par Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes et Ray Bradbury dans Fahrenheit 451

Un recul de la presse au XXI pour un engagement public au sens d'un contre-pouvoir

  • Avec internet, l'information est l'arme favorite des lanceurs d'alerte. De nombreuses mobilisations sont rendues possibles assez facilement par les réseaux sociaux, internet devient le meilleur moyen des lanceurs d'alerte pour organiser des manifestations contre l'Etat. 
  • La littérature tout comme la presse sont au XXIe siècle transformés autour des préoccupations politiques, écologiques, sociologiques de la société d'aujourd'hui en profonde mutation.

 

Le vocabulaire journalistique

 

 

Zola, un auteur phare de la littérature d'idées

Un article de presse, publié dans L’Aurore en 1898

 

 Zola, J'accuse, lecture PDF

Émile Zola (1840-1902)

D'abord journaliste (donc familier des enquêtes de terrain et des techniques de documentation journalistiques).

Premier roman : Thérèse Raquin (1867), 1er succès : L’Assommoir (1877), son plus grand triomphe : Germinal (1885).

Chef de file du Naturalisme que l'on définira en introduction comme un prolongement du réalisme adossé à des théories scientifiques.

Écrivain engagé (notamment en faveur des idéaux du socialisme). Voir aussi la défense du capitaine Dreyfus, injustement accusé de trahison, avec l'article « J'accuse » (1898).

 

J accuse zola titre 1Lettre ouverte intitulée “J’accuse” et publiée dans L’Aurore par Émile Zola le 13 janvier 1898. C’est une lettre de dénonciation au sujet de l’affaire Dreyfus (un soldat juif piégé par ses supérieurs et condamné à mort). C’est un plaidoyer contre cette affaire et contre l’antisémitisme sous-jacent qu’il révèle au sein de l’armée

Pour son article, Zola opte pour un plan simple. L'objectif de l'écrivain est de faire comprendre l'écheveau de l'affaire Dreyfus de la manière la plus lumineuse possible. Il fait bien acte d'écrivain en ordonnant clairement son récit

Zola explique d'abord, dans son introduction, les ressorts initiaux de l'erreur judiciaire, qu'il qualifie d'implacable, d'inhumaine. Il justifie aussi la forme de son message, en une lettre ouverte au président de la République. Dans sa première partie, il use du procédé de l'analepse, transportant le lecteur trois ans auparavant, à l'automne 1894. On assiste aux différentes procédures judiciaires contre Alfred Dreyfus, de son arrestation à sa condamnation. Dans la seconde, le romancier explique les conditions de la découverte du véritable coupable, Ferdinand Esterhazy.

La troisième partie est consacrée à la collusion des pouvoirs publics afin de protéger le véritable traître en l'acquittant lors du conseil de guerre du 11 janvier. Le double crime est consommé : « Condamnation d'un innocent, acquittement d'un coupable ». Il reste à Zola, en conclusion, à asséner ses accusions nominatives contre les hommes qu'il considère comme responsables du crime, par une anaphore de la formule « j'accuse… »

 

Lettre à la jeunesse, Zola 

Émile ZOLA, « Lettre à la jeunesse », 14 décembre 1897

 

En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus est accusé d’avoir livré des secrets aux Allemands, et condamné au bagne à l’issue d’une procédure judiciaire

Or, il est juif, et l’antisémitisme se déchaîne contre lui dans des campagnes de presse

Cette lettre paraît le 14 décembre 1897. Devant l’inefficacité des preuves de l’innocence de Dreyfus, Zola se tourne vers l’opinion publique, notamment vers la jeunesse.

 

  • Le contexte: affaire Dreyfus
  • Situation du passage et présentation de l'extrait : cette lettre s'adresse à la jeunesse qui doit selon Zola faire comme ses pères, s'engager. Il tente de convaincre en s'appuyant sur la raison et de persuader par les sentiments. Zola transpose son espoir en l'engagement de la jeunesse.
  • Problématique possible = Quel rôle Zola confie t'-il à la jeunesse ?
  • Analyse de la lettre
  • Un appel à la jeunesse dans une lettre ouverte
  • Une invitation à l'engagement et au combat
  • Il tente de convaincre
  • Appel au sens du devoir et de l'engagement
  • Une foi en l'avenir
  • Portrait d'une jeunesse en marche vers l'idéal de la justice et du combat
  • Il tente de persuader
  • Lire le commentaire de la lettre 

 

 

La Revue "Les Temps modernes"

Une revue contestataire

 

On peut également mentionner la revue Les Temps modernes était une revue politique, littéraire et philosophique française, fondée en 1945 par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, publiée par les éditions Gallimard. Elle disparaît en 2018 à la suite de la mort de Claude Lanzmann qui en avait repris la direction.

 

Les Illusions perdues, Balzac

 Dans ses "Illusions perdues", Balzac

 écrivain-journaliste, décortiquait les travers de la presse alors que le siècle entrait dans l'ère médiatique.

 

Inspiré à Balzac par son expérience dans l'imprimerie, Illusions perdues raconte l’échec de Lucien de Rubempré, jeune provincial épris de gloire littéraire. En contrepoint au parcours malheureux de ce « grand homme de province », alternativement héros et antihéros plein de faiblesses, l'histoire évoque les modèles de vertu que sont la famille de Lucien et le Cénacle, cercle intellectuel de « vrais grands hommes ». Les « illusions perdues » sont celles de Lucien face au monde littéraire et à sa propre destinée, mais aussi celles de sa famille envers les capacités et les qualités humaines du jeune homme

Dès la préface de ses Illusions perdues, Balzac s'enorgueillit de s'attaquer à un sujet que, selon lui, personne n'ose aborder : les dessous du monde de la presse et de l'édition. Son but ? "Traîner les journalistes au tribunal où le ridicule 'castigat ridendo mores' [où le ridicule corrige les mœurs]"

"[Je crois] qu'il y a là une grande mais difficile tâche. En dévoilant les mœurs intimes du journalisme, il fera rougir plus d'un front ; mais il expliquera peut-être bien des dénouements inexpliqués dans plus d'une existence littéraire qui donnait de belles espérances et qui a mal fini. Puis les succès honteux de quelques hommes médiocres se trouveront justifiés aux dépens de leurs protecteurs et peut-être aussi de la nature humaine."

A la fois fasciné et effrayé par l'entrée de la littérature dans le siècle médiatique, Honoré de Balzac fut l'un des critiques les plus mordants du milieu journalistique. On doit à sa Monographie de la presse parisienne (1842) cette sentence impitoyable : "Si la presse n’existait pas, il faudrait ne pas l’inventer". 

 

Le Musée du Vivant-AgroParisTech : Cabu, dessinateur citoyen !

  • Une trentaine de dessins originaux de Cabu sur l’agriculture, la nature et l’écologie constituent l'exposition virtuelle intitulée « Cabu, dessinateur citoyen ! ». 
  • Créée à l'initiative du Musée du Vivant-AgroParisTech, en partenariat avec Canopé, La Ligue de l’enseignement et le Clémi, cette exposition évoque la caricature, la liberté de la presse à travers le travail de Cabu.
  • L'histoire entre le musée international sur l’écologie et le développement durable et Cabu est forte puisque le dessinateur a réalisé leur logo et leur a donné sa plus grande collections de dessins originaux dont les plus anciens datent de 1954. Cette exposition est à la fois un hommage à Cabu et un outil pour aborder la liberté d'expression.
  • Cabu, dessinateur citoyen

 

De l'information à la désinformation

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Initiation au commentaire littéraire en seconde : comment analyser un texte argumentatif? Quelles questions se poser pour faire un bon repérage?

Etude litteraire

 

 

Pour un texte argumentatif

en rapport avec la séquence littérature d’idées 

 

Les questions à se poser pour faire un bon repérage

 

  • Avons-nous une argumentation directe ? Indirecte ?
  • Quelle est la forme argumentative ? Poème allégorique, roman à thèse, pamphlet, traité, fable, conte philosophique, article, essai, préface…
  • Quel est le thème ? Analyser les champs lexicaux essentiels et les commenter. Quelle est la thèse ou les thèses ?
  • N’oubliez pas la structure du texte : Un paragraphe contient une idée. Il faut repérer la structure de l’argumentation, thème/ thèse/ arguments / exemples
  • Le raisonnement est-il inductif ? Exemple, puis argument, puis thèse ou au contraire déductif ? Thèse, puis arguments, puis exemples
  • Ce texte a t’-il pour but de convaincre ? De persuader ? De délibérer ?
  • Avons-nous un éloge ? Plaidoyer, discours officiel, oraison funèbre…
  • Avons-nous un blâme ? Une critique polémique, un réquisitoire, une satire…
  • Comment la stratégie argumentative s’organise t’-elle ? L’auteur fait-il appel aux sentiments, à la raison, si oui, quel est le discours logique ?
  • Vous devez ensuite analyser les arguments et étudier leur nature, par exemple, relever les arguments d’autorité, la référence aux faits, les raisonnements par l’absurde, les syllogismes…
  • Etudier les procédés littéraires, les figures de style, les registres, les adjectifs péjoratifs, mélioratifs…
  • Les structures des phrases, ponctuation, temps des verbes
  • Ne pas oublier l’étude de l’énonciation : qui parle ? A qui ?
  • A quel mouvement littéraire peut-on rattacher le texte ? 

 

 

Les procédés d'écriture             Revisions

Faire un repérage sur un texte argumentatif Réviser en 15 leçons -  Quiz  

 

 

 

Ce qu’il faut retenir:

  • – le fond et la forme
  • Le fond = le thème
  • La forme = les procédés d’écriture
  • Il faut pour réussir son commentaire, mêler le fond et la forme
  • Ne pas faire une liste des figures de style, des registres, des champs lexicaux…
  • Montrer que ces figures de style, ces registres, ces champs lexicaux… sont évocateurs du thème

 Les premiers repérages à faire au brouillon

 

 

MicromegasExemples de commentaires

 

 

 

Emile zolaZola, l’Assommoir

  • Le naturalisme
  • Analyse de l'oeuvre intégrale et commentaires 
  • L'alambic (chapitre II)
  • L'incipit
  • Réflexion problématisée :
  • «Le naturalisme de Zola se limite-t-il à la reproduction fidèle de la réalité de son temps et au respect d'une méthodologie empruntée aux sciences?»
  • La découverte du « Voreux » Germinal (1885), Émile Zola 
  • *** Initiation au commentaire littéraire
  • L'incipit
  • Première partie chapitre 1 : l'arrivée d'Etienne
  • Première partie, chapitre 3
  • Consulter le dossier bac niveau seconde

 

 

S'initier à la dissertation en seconde : méthodologie et entraînement

Méthodologie

Comment réussir une dissertation? 

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DissertationExercices d'application

  • Entraînez-vous
  • Sujet n°1 à traiter
  • «Le naturalisme de Zola se limite-t-il à la reproduction fidèle de la réalité de son temps et au respect d'une méthodologie empruntée aux sciences?»
  • Consulter le dossier bac niveau seconde
  • Sujet n° 2
  • Le genre de la fable a t'il perdu sa vocation originelle?
  • Sujet n° 3
  • Les fables de La Fontaine sont un miracle de la culture a écrit André Gide, expliquez.
  • Correction du sujet 
 

Disserter sur une oeuvre integrale bac 2024

 

La contraction de texte (correction) : Zola, écrits sur l'art, article de presse paru dans le Figaro du 23 mai 1881- Les combats des femmes, Simone de Beauvoir - La Tour Eiffel, quand l'art fait débat

Contraction

 

Pour vous entraîner à l'exercice de la contraction 

  • Contraction de texte et correction : Zola, écrits sur l'art, article de presse paru dans le Figaro du 23 mai 1881
  • Classe de seconde, la littérature d’idées et la presse du XIXe siècle au XXIe siècle
  • la contraction et le texte (664 mots)

 

 

 

 

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Questions de grammaire sur "Mes forêts" Hélène Dorion 

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